Question d'origine :
peut-on provoquer des reves ?
Réponse du Guichet
gds_ah
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 21/02/2012 à 17h12
Bonjour,
Tout d’abord tentons d’établir la situation du rêve dans le contexte du sommeil. Les rêves apparaissent dans la phase du sommeil paradoxal. Des expériences ont été réalisées, qui analysent les processus entrant en jeu lors ce cette phase. L’article de l'Encyclopédie universalis indique notamment les conditions physiologiques endogènes qui permettent l’apparition des rêves. Au vu de cette définition, il semblerait difficile de dégager des facteurs exogènes provoquant l’apparition de rêves.
Voici ce que nous révèle l'Encyclopédie Universalis :
[En ce qui concerne les aspects électroencéphalographiques du sommeil], on distingue ainsi quatre stades au cours du sommeil. Le stade I (descending stage one) correspond à l'endormissement ; il ne dure que quelques minutes et se traduit par la disparition du rythme alpha de l'éveil et par une certaine accélération de l'activité électrique. Le stade II associe quelques fuseaux à un rythme thêta. Le stade III est représenté par l'association de fuseaux et d'ondes delta à 2-3 c/s. Le stade IV s'objective par la succession d'ondes lentes delta de haut voltage. (…)
Le sommeil paradoxal, ou l'activité onirique, se caractérise, comme chez l'animal, par un ensemble de signes toniques et phasiques. (…)
Au point de vue électroencéphalographique, l'activité cérébrale du sommeil paradoxal redevient rapide et ressemble un peu au stade I du sommeil, d'où le nom : emergent stage one, qui a été donné au sommeil paradoxal par certaines écoles américaines. Quelques particularités électriques, telles que la présence d'ondes en « dents de scie » au niveau du vertex, permettent cependant de différencier le sommeil paradoxal du stade I. Chez l'homme, comme chez le chat, le sommeil paradoxal correspond à un stade de sommeil profond, car des stimulations très fortes sont nécessaires pour réveiller un dormeur. (…)
Un sujet qui s'endort va franchir ainsi successivement les stades I, II, III et IV pendant les 90 premières minutes. La première phase de sommeil paradoxal apparaît alors et dure environ 15 minutes (le sommeil paradoxal peut apparaître dès l'endormissement dans des conditions pathologiques : narcolepsie). Elle marque l'achèvement d'un premier cycle de sommeil. Ensuite survient un deuxième cycle qui dure 90 minutes environ et se termine par une nouvelle phase de sommeil paradoxal de 15 à 20 minutes. Au cours d'une nuit, quatre ou cinq cycles de sommeil et de rêve se succèdent.Le sommeil paradoxal constitue 20 p. 100 de la durée totale du sommeil, soit environ 100 minutes. Ce pourcentage de 20 p. 100 est relativement fixe chez l'homme adulte, puisque l'on admet que des pourcentages de sommeil paradoxal au-dessous de 15 p. 100 ou supérieur à 25 p. 100 peuvent être considérés comme anormaux.
L'assimilation du sommeil paradoxal à l'activité onirique est due aux travaux de l'école de Chicago avec E. Aserinski, N. Kleitman et W. C. Dement (1954-1957). Le réveil de sujets au cours du sommeil paradoxal entraîne des souvenirs de rêve très précis dans plus de 80 p. 100 des cas, tandis que des sujets qui sont réveillés en dehors du sommeil paradoxal se souviennent rarement d'avoir rêvé.
L'intérêt porté au phénomène du rêve en neurophysiologie remonte aux années 1960. Pendant longtemps, le rêve fut tenu pour une activité permanente de l'esprit restant éveillé, alors que le corps se repose dans le sommeil. Les expériences de A. Maury (1878) démontrèrent qu'il n'était pas un phénomène continu au cours du sommeil ; en effet, le réveil ne s'accompagne que rarement de souvenir de rêve. Pour Maury, le rêve était considéré comme un phénomène épisodique, induit par des stimulations internes ou externes, un état de demi-éveil intermédiaire entre le sommeil profond et l'éveil. Les découvertes de l'école de Chicago (Dement et Kleitman), en révélant l'existence de mouvements oculaires périodiques au cours du sommeil, permirent un abord objectif de l'activité onirique, mais ne changèrent pas radicalement cette conception. Le rêve restait assimilé à un demi-sommeil intermédiaire entre le sommeil profond et l'éveil, d'où la dénomination : emergent stage one. On tend à penser actuellement que l'activité onirique correspond, au contraire, à un état du système nerveux central aussi différent du sommeil que celui-ci diffère de l'éveil.
La mise en évidence des structures responsables du sommeil paradoxal fut facilitée par l'existence de signes comportementaux et centraux pathognomoniques de cet état : en particulier, l'association d'une atonie totale des muscles de la nuque, de mouvements oculaires et de pointes P.G.O. (cf. leur définition chez le chat). Des expériences de section étagée du tronc cérébral établirent d'abord que la formation réticulée pontique était suffisante et nécessaire à l'apparition du sommeil paradoxal : le pont est en effet suffisant puisque l'ablation de toutes les structures cérébrales situées en avant du pont, y compris l'hypothalamus et l'hypophyse, laisse persister, chez l'animal pontique chronique, l'apparition périodique de phases de sommeil paradoxal caractérisées par l'abolition totale du tonus des muscles de la nuque et par l'existence de mouvements oculaires latéraux.Ainsi, les deux tiers antérieurs du pont semblent contenir les structures déclenchantes du sommeil paradoxal. La formation réticulée pontique est également nécessaire à l'apparition du sommeil paradoxal, puisque des lésions bilatérales et symétriques de la partie dorso-latérale du pont peuvent supprimer sélectivement et définitivement le sommeil paradoxal sans entraîner de troubles notables du sommeil lent.
Pour chacun des paramètres du sommeil paradoxal, les neurones responsables ont été identifiés car leur décharge unitaire est spécifique du sommeil paradoxal (neurones S.P.-on), alors qu'ils sont silencieux pendant l'éveil ou le sommeil lent.
L'activation corticale du sommeil paradoxal dépend principalement de deux structures (fig. 4a) : le tegmentum péribrachial pontique et le noyau magnocellulaire bulbaire. Ces structures contiennent deux populations de neurones : le type I, cholinergique, actif pendant l'éveil et le sommeil paradoxal, et le type II, non cholinergique, uniquement actif pendant le sommeil paradoxal. Ces neurones se projettent de manière diffuse sur le thalamus et l'hypothalamus postérieur, qui sont un relais vers le cortex. Il existe également une activité corticale rapide, à 40 hertz, pendant le rêve, et, pour certains, cette activité à 40 hertz serait à la fois le témoin (sinon la cause) de la conscience de l'éveil et de la « conscience onirique ».
De plus, selon Freud et ses successeurs, le rêve est une manifestation de l’inconscient qui paraît difficilement contrôlable.
Cf. définition du Larousse médical :
Rêve :
Suite plus ou moins organisée et cohérente d'images, de représentations et d'états psychiques caractéristiques du sommeil et de certains états d'affaiblissement de la conscience (onirisme).
Les rêves durent de 5 à 15 minutes. Ils sont plus fréquents au cours du sommeil dit paradoxal que dans le sommeil profond. Ils occupent environ un quart du temps de sommeil. Tout le monde rêve, même les personnes qui, faute de se rappeler leurs rêves, croient ne pas rêver. Les rêves sont un élément important de la vie psychique et constituent une forme de protection (si on empêche le sommeil, les risques de manifestations psychiatriques temporaires sont importants, en relation avec l'absence de rêves).
Le contenu des rêves est en relation avec l'état affectif et les souvenirs du rêveur. Sigmund Freud, dans l'Interprétation des rêves (1900), a souligné que le langage imagé des rêves (contenu manifeste) recouvre toujours un sens profond (contenu latent), que l'on peut comprendre à partir d'associations d'idées. L'étude des divers mécanismes en jeu dans la production du rêve a marqué une étape fondamentale dans l'élaboration de la pensée psychanalytique et dans l'exploration de l'inconscient.
Les méthodes modernes d'exploration du sommeil ont confirmé et complété la théorie freudienne.
Pour finir, nous rêvons toutes les nuits, même si nous ne nous en souvenons pas. Alors, la question doit-elle être posée en termes de provocation de rêves ?
Tout d’abord tentons d’établir la situation du rêve dans le contexte du sommeil. Les rêves apparaissent dans la phase du sommeil paradoxal. Des expériences ont été réalisées, qui analysent les processus entrant en jeu lors ce cette phase. L’article de l'Encyclopédie universalis indique notamment les conditions physiologiques endogènes qui permettent l’apparition des rêves. Au vu de cette définition, il semblerait difficile de dégager des facteurs exogènes provoquant l’apparition de rêves.
Voici ce que nous révèle l'Encyclopédie Universalis :
[En ce qui concerne les aspects électroencéphalographiques du sommeil], on distingue ainsi quatre stades au cours du sommeil. Le stade I (descending stage one) correspond à l'endormissement ; il ne dure que quelques minutes et se traduit par la disparition du rythme alpha de l'éveil et par une certaine accélération de l'activité électrique. Le stade II associe quelques fuseaux à un rythme thêta. Le stade III est représenté par l'association de fuseaux et d'ondes delta à 2-3 c/s. Le stade IV s'objective par la succession d'ondes lentes delta de haut voltage. (…)
Le sommeil paradoxal, ou l'activité onirique, se caractérise, comme chez l'animal, par un ensemble de signes toniques et phasiques. (…)
Au point de vue électroencéphalographique, l'activité cérébrale du sommeil paradoxal redevient rapide et ressemble un peu au stade I du sommeil, d'où le nom : emergent stage one, qui a été donné au sommeil paradoxal par certaines écoles américaines. Quelques particularités électriques, telles que la présence d'ondes en « dents de scie » au niveau du vertex, permettent cependant de différencier le sommeil paradoxal du stade I. Chez l'homme, comme chez le chat, le sommeil paradoxal correspond à un stade de sommeil profond, car des stimulations très fortes sont nécessaires pour réveiller un dormeur. (…)
Un sujet qui s'endort va franchir ainsi successivement les stades I, II, III et IV pendant les 90 premières minutes. La première phase de sommeil paradoxal apparaît alors et dure environ 15 minutes (le sommeil paradoxal peut apparaître dès l'endormissement dans des conditions pathologiques : narcolepsie). Elle marque l'achèvement d'un premier cycle de sommeil. Ensuite survient un deuxième cycle qui dure 90 minutes environ et se termine par une nouvelle phase de sommeil paradoxal de 15 à 20 minutes. Au cours d'une nuit, quatre ou cinq cycles de sommeil et de rêve se succèdent.
L'assimilation du sommeil paradoxal à l'activité onirique est due aux travaux de l'école de Chicago avec E. Aserinski, N. Kleitman et W. C. Dement (1954-1957). Le réveil de sujets au cours du sommeil paradoxal entraîne des souvenirs de rêve très précis dans plus de 80 p. 100 des cas, tandis que des sujets qui sont réveillés en dehors du sommeil paradoxal se souviennent rarement d'avoir rêvé.
L'intérêt porté au phénomène du rêve en neurophysiologie remonte aux années 1960. Pendant longtemps, le rêve fut tenu pour une activité permanente de l'esprit restant éveillé, alors que le corps se repose dans le sommeil. Les expériences de A. Maury (1878) démontrèrent qu'il n'était pas un phénomène continu au cours du sommeil ; en effet, le réveil ne s'accompagne que rarement de souvenir de rêve. Pour Maury, le rêve était considéré comme un phénomène épisodique, induit par des stimulations internes ou externes, un état de demi-éveil intermédiaire entre le sommeil profond et l'éveil. Les découvertes de l'école de Chicago (Dement et Kleitman), en révélant l'existence de mouvements oculaires périodiques au cours du sommeil, permirent un abord objectif de l'activité onirique, mais ne changèrent pas radicalement cette conception. Le rêve restait assimilé à un demi-sommeil intermédiaire entre le sommeil profond et l'éveil, d'où la dénomination : emergent stage one. On tend à penser actuellement que l'activité onirique correspond, au contraire, à un état du système nerveux central aussi différent du sommeil que celui-ci diffère de l'éveil.
La mise en évidence des structures responsables du sommeil paradoxal fut facilitée par l'existence de signes comportementaux et centraux pathognomoniques de cet état : en particulier, l'association d'une atonie totale des muscles de la nuque, de mouvements oculaires et de pointes P.G.O. (cf. leur définition chez le chat). Des expériences de section étagée du tronc cérébral établirent d'abord que la formation réticulée pontique était suffisante et nécessaire à l'apparition du sommeil paradoxal : le pont est en effet suffisant puisque l'ablation de toutes les structures cérébrales situées en avant du pont, y compris l'hypothalamus et l'hypophyse, laisse persister, chez l'animal pontique chronique, l'apparition périodique de phases de sommeil paradoxal caractérisées par l'abolition totale du tonus des muscles de la nuque et par l'existence de mouvements oculaires latéraux.
Pour chacun des paramètres du sommeil paradoxal, les neurones responsables ont été identifiés car leur décharge unitaire est spécifique du sommeil paradoxal (neurones S.P.-on), alors qu'ils sont silencieux pendant l'éveil ou le sommeil lent.
De plus, selon Freud et ses successeurs, le rêve est une manifestation de l’inconscient qui paraît difficilement contrôlable.
Cf. définition du Larousse médical :
Rêve :
Suite plus ou moins organisée et cohérente d'images, de représentations et d'états psychiques caractéristiques du sommeil et de certains états d'affaiblissement de la conscience (onirisme).
Les rêves durent de 5 à 15 minutes. Ils sont plus fréquents au cours du sommeil dit paradoxal que dans le sommeil profond. Ils occupent environ un quart du temps de sommeil. Tout le monde rêve, même les personnes qui, faute de se rappeler leurs rêves, croient ne pas rêver. Les rêves sont un élément important de la vie psychique et constituent une forme de protection (si on empêche le sommeil, les risques de manifestations psychiatriques temporaires sont importants, en relation avec l'absence de rêves).
Le contenu des rêves est en relation avec l'état affectif et les souvenirs du rêveur. Sigmund Freud, dans l'Interprétation des rêves (1900), a souligné que le langage imagé des rêves (contenu manifeste) recouvre toujours un sens profond (contenu latent), que l'on peut comprendre à partir d'associations d'idées. L'étude des divers mécanismes en jeu dans la production du rêve a marqué une étape fondamentale dans l'élaboration de la pensée psychanalytique et dans l'exploration de l'inconscient.
Les méthodes modernes d'exploration du sommeil ont confirmé et complété la théorie freudienne.
Pour finir, nous rêvons toutes les nuits, même si nous ne nous en souvenons pas. Alors, la question doit-elle être posée en termes de provocation de rêves ?
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