adoption et islam

Réponse du Département Civilisation

Bonjour,

Si l’on se reporte à l’ouvrage de Joseph Schacht, Introduction au droit musulman l’adoption ne serait pas possible en droit musulman : « Quoique la reconnaissance de paternité d’une personne d’origine inconnue revienne à une adoption, l’adoption en tant que telle n’existe pas ; elle est rejetée par le Coran (sourate XXXIII, 4 suiv.). », p. 140-141.

Selon le chapitre « La filiation adoptive » de Le droit musulman de François-Paul Blanc aux éditions Dalloz : « A l’époque préislamique l’adoption était d’un usage fréquent. Elle créait une véritable parenté entre l’adoptant et l’adopté ; il y avait donc une filiation adoptive. L’adopté prenait le nom de l’adoptant et avait une vocation héréditaire à peu près identique à celle relevant de la paternité civile et naturelle ; les empêchements au mariage étaient les mêmes. Le Coran (XXXIII-4, 5 et 37) va retirer à l’adoption ses effets de droit à la suite d’évènement précis rapportés par le Coran et la Tradition.
Mahomet avait un fils adoptif Zaïd, époux de Zineb. Zaïd eut le sentiment que son père adoptif désirait cette dernière. Il la répudia et Mahomet l’épousa. Ce mariage surprit la Communauté qui estimait que la filiation adoptive s’opposait à ce type d’union. La Révélation (XXXIII-37) vint alors préciser la norme qu’il importait désormais de suivre : Quand Zaïd eut cessé tout commerce avec son épouse, Nous te l’avons donnée pour femme afin qu’il n’y ait pas de faute à reprocher aux croyants au sujet des épouses de leurs fils adoptifs, quand ceux-ci ont cessé tout commerce avec elles. Confronté à ce verset, les commentateurs musulmans en ont d’abord déduit que la femme de Zaïd n’avait jamais été la bru du Prophète parce que Zaïd ne faisait pas partie de sa famille ; que la révélation du verset 37 enlevait à l’adoption tous les effets juridiques qu’on lui connaissait jusqu’alors : le fils adoptif ne saurait être assimilé à un fils légitime de l’adoptant ; il ne peut donc plus porter son nom ni venir à sa succession ; partant, l’adoption ne suscite plus d’empêchement au mariage.
L’adoption (tabbani) est interdite par la Sharî’a et la loi. Ce texte, (art. 46 du Code de la famille algérien) est un remarquable résumé de la position officielle des législateurs modernes sur cette institution. La plupart, du reste, négligent, le plus souvent, d’en rappeler l’existence tant la norme ne saurait être discutée. Un seul pays est allé résolument à contre-courant du Shar’, la Tunisie qui, dans une loi du 4 mars 1958, a consacré une institution, démarquée de l’adoption française, donc tout à fait hérésiarque au regard du donné coranique. » (p. 90-91).

Vous pouvez compléter vos lectures par :

- le livre Droit et religion musulmane,

- la page de ce site,

- ce texte sur le site du Ministère de la Justice algérien,

- cet article.

Réponse du Département Civilisation

En complément de réponse, nous vous indiquons un article du numéro de la revue Clio consacré aux Liens familiaux (n° 34 / 2011) intitulé : « L’adoption au prisme du genre : l’exemple du Maghreb » d’Emilie Barraud. Il comporte une très intéressante bibliographie.