Question d'origine :
Je dois rendre un travail qui a pour intitulé "les services innovants en bibliothèque".
Pourriez-vous me donner quelques détails sur les dernières tendances en bibliothèque ?
Quels sont les derniers services mis en œuvre pour satisfaire le lecteur ?
Merci de votre réponse.
Réponse du Guichet
gds_ah
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 30/03/2012 à 09h27
Bonjour,
Les services innovants en bibliothèque relèvent du concept de « Bibliothèque troisième lieu ». Nous vous proposons ainsi, un extrait de l’article de Mathilde Servet, intitulé « les Bibliothèques troisième lieu », publié dans le BBF d’avril 2010 (n°4, p. 57-63). Les passages en question donnent une définition du troisième lieu, avec ses caractéristiques, ainsi que son application aux bibliothèques. Cette dernière partie présente notamment les innovations en bibliothèques.
En outre, vous trouverez, ci-dessous, une liste de références sur les bibliothèques troisième lieu, avec d’autres éclairages.
Pour conclure, nous souhaitons vous informer que le Guichet du savoir n’a pas pour vocation de traiter les questions de bibliothéconomie. En effet, il existe un site plus spécialisé, celui de l’Enssib, qui est doté d’un service de Questions-Réponses. Il sera plus à même d’apporter des réponses précises à vos interrogations.
Bonnes recherches !
EXTRAIT DE L’ARTICLE DE MATHILDE SERVET
Qu’est-ce que le troisième lieu ?
Le troisième lieu, notion forgée au début des années 1980 par Ray Oldenburg, professeur émérite de sociologie urbaine à l’université de Pensacola en Floride, se distingue du premier lieu, sphère du foyer, et du deuxième lieu, domaine du travail. Il s’entend comme volet complémentaire, dédié à la vie sociale de la communauté, et se rapporte à des espaces où les individus peuvent se rencontrer, se réunir et échanger de façon informelle.
Oldenburg insiste sur la nécessité du troisième lieu et déplore son déclin à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, avec le développement des « automobile suburbs » américaines, banlieues tentaculaires sans véritable épicentre, où l’usage quotidien de la voiture régit la vie et éloigne les individus les uns des autres. Ces nouvelles configurations urbaines ont fait imploser les anciens rituels sociaux qui prenaient autrefois place à l’église, au marché ou dans les commerces de proximité. L’individualisation des modes de vie a conduit à l’étiolement du lien social.
Caractéristiques du troisième lieu :
• Un espace neutre et vivant
• Un lieu d’habitués
• Comme à la maison…
• L’œcuménisme social
• Un cadre propice au débat
Le concept appliqué aux bibliothèques
Si Oldenburg ne répertorie pas la bibliothèque au nombre des troisièmes lieux dans ses ouvrages, un autre sociologue, Robert Putnam, qui a fortement contribué à la médiatisation du capital social (…), n’hésite pas à le faire en prenant l’exemple d’une des bibliothèques de Chicago
• Un ancrage physique fort
Dans les Idea Stores londoniens ou les bibliothèques hollandaises, la palette de couleurs retenues, le confort, le design, voire l’excentricité, tranchent avec l’image austère parfois véhiculée par leurs aînées. De nombreux dispositifs introduisent de l’intime dans la bibliothèque et gomment les frontières entre sphère publique et privée. (…)
L’agencement des espaces prend davantage en compte la diversité de ces pratiques : des zones silencieuses côtoient des espaces de travail informel, des salles dédiées à la réunion ou des cafés. De vastes plateaux alternent avec des espaces plus modestes ou des niches intimistes. Ce découpage spatial, parfois appelé « zoning », permet à plusieurs usages de cohabiter dans un même lieu.
• Une vocation sociale affirmée
Souvent situées sur des artères marchandes très fréquentées ou en centre-ville, disposant d’amplitudes horaires plus larges, regroupant des services diversifiés, elles attirent nombre d’usagers et se déclinent en lieux bourdonnants de vie. Elles permettent l’accès à un premier niveau de rencontre informelle entre usagers, habitants d’un même quartier ou d’une même ville. Mais les structures de taille plus modeste favorisent également le développement d’échanges plus personnels et d’une atmosphère « familiale ». Le confort physique et humain incite au prolongement du séjour et y introduit de nouveaux usages sociaux : parler, téléphoner, boire ou manger. Les cafés, de plus en plus présents, constituent des moteurs privilégiés de cette sociabilité. (…)
Pivots de la vie de la collectivité, ces établissements remplissent une mission citoyenne. Ils offrent des services à la personne (alphabétisation, formation, aide à la recherche pour l’emploi, aide aux devoirs, etc.) et entretiennent des partenariats privilégiés avec les associations, les écoles ou la presse locale. Cours, débats, ateliers, rencontres de clubs y prennent place, plaçant « l’humain » au centre de leur démarche
• Une nouvelle approche culturelle
(…) la bibliothèque troisième lieu célèbre les dissonances culturelles (…), le voisinage de contenus, la diversité des supports culturels. Elle s’adresse à un usager « omnivore (…) » et lui propose une offre riche et variée, sans hiérarchisation marquée. Ce faisant, elle déculpabilise et désinhibe l’usager. (…)
Les goûts et les pratiques des usagers ont d’ailleurs une incidence directe sur la déclinaison des collections et des services proposés. L’usager se fait souvent cocréateur, producteur de contenus. Les pratiques collaboratives du web 2.0 sont importées en bibliothèque : open podiums dédiés aux créations musicales ou littéraires, productions culturelles collectives, possibilité d’emprunter des réalisations des usagers (projet Demotek en Europe du Nord). À Heerhugowaard, aux Pays-Bas, deux classes d’école primaire ont même travaillé avec les architectes à la conception du bâtiment.
Source : bbf.enssib.fr
REFERENCES
• Les bibliothèques troisième lieu : mémoire janvier 2009 / Enssib / Mathilde Servet / Sous la direction de Yves Desrichard
• Bibliothèques troisième lieu : les 10 essentiels
• Micro-animations pour une bibliothèque troisième lieu
• La sidération du troisième lieu : blog critique sur les bibliothèques troisième lieu / Bertrand Calenge
Les services innovants en bibliothèque relèvent du concept de « Bibliothèque troisième lieu ». Nous vous proposons ainsi, un extrait de l’article de Mathilde Servet, intitulé « les Bibliothèques troisième lieu », publié dans le BBF d’avril 2010 (n°4, p. 57-63). Les passages en question donnent une définition du troisième lieu, avec ses caractéristiques, ainsi que son application aux bibliothèques. Cette dernière partie présente notamment les innovations en bibliothèques.
En outre, vous trouverez, ci-dessous, une liste de références sur les bibliothèques troisième lieu, avec d’autres éclairages.
Pour conclure, nous souhaitons vous informer que le Guichet du savoir n’a pas pour vocation de traiter les questions de bibliothéconomie. En effet, il existe un site plus spécialisé, celui de l’Enssib, qui est doté d’un service de Questions-Réponses. Il sera plus à même d’apporter des réponses précises à vos interrogations.
Bonnes recherches !
EXTRAIT DE L’ARTICLE DE MATHILDE SERVET
Le troisième lieu, notion forgée au début des années 1980 par Ray Oldenburg, professeur émérite de sociologie urbaine à l’université de Pensacola en Floride, se distingue du premier lieu, sphère du foyer, et du deuxième lieu, domaine du travail. Il s’entend comme volet complémentaire, dédié à la vie sociale de la communauté, et se rapporte à des espaces où les individus peuvent se rencontrer, se réunir et échanger de façon informelle.
Oldenburg insiste sur la nécessité du troisième lieu et déplore son déclin à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, avec le développement des « automobile suburbs » américaines, banlieues tentaculaires sans véritable épicentre, où l’usage quotidien de la voiture régit la vie et éloigne les individus les uns des autres. Ces nouvelles configurations urbaines ont fait imploser les anciens rituels sociaux qui prenaient autrefois place à l’église, au marché ou dans les commerces de proximité. L’individualisation des modes de vie a conduit à l’étiolement du lien social.
Caractéristiques du troisième lieu :
• Un espace neutre et vivant
• Un lieu d’habitués
• Comme à la maison…
• L’œcuménisme social
• Un cadre propice au débat
Si Oldenburg ne répertorie pas la bibliothèque au nombre des troisièmes lieux dans ses ouvrages, un autre sociologue, Robert Putnam, qui a fortement contribué à la médiatisation du capital social (…), n’hésite pas à le faire en prenant l’exemple d’une des bibliothèques de Chicago
• Un ancrage physique fort
Dans les Idea Stores londoniens ou les bibliothèques hollandaises, la palette de couleurs retenues, le confort, le design, voire l’excentricité, tranchent avec l’image austère parfois véhiculée par leurs aînées. De nombreux dispositifs introduisent de l’intime dans la bibliothèque et gomment les frontières entre sphère publique et privée. (…)
L’agencement des espaces prend davantage en compte la diversité de ces pratiques : des zones silencieuses côtoient des espaces de travail informel, des salles dédiées à la réunion ou des cafés. De vastes plateaux alternent avec des espaces plus modestes ou des niches intimistes. Ce découpage spatial, parfois appelé « zoning », permet à plusieurs usages de cohabiter dans un même lieu.
• Une vocation sociale affirmée
Souvent situées sur des artères marchandes très fréquentées ou en centre-ville, disposant d’amplitudes horaires plus larges, regroupant des services diversifiés, elles attirent nombre d’usagers et se déclinent en lieux bourdonnants de vie. Elles permettent l’accès à un premier niveau de rencontre informelle entre usagers, habitants d’un même quartier ou d’une même ville. Mais les structures de taille plus modeste favorisent également le développement d’échanges plus personnels et d’une atmosphère « familiale ». Le confort physique et humain incite au prolongement du séjour et y introduit de nouveaux usages sociaux : parler, téléphoner, boire ou manger. Les cafés, de plus en plus présents, constituent des moteurs privilégiés de cette sociabilité. (…)
Pivots de la vie de la collectivité, ces établissements remplissent une mission citoyenne. Ils offrent des services à la personne (alphabétisation, formation, aide à la recherche pour l’emploi, aide aux devoirs, etc.) et entretiennent des partenariats privilégiés avec les associations, les écoles ou la presse locale. Cours, débats, ateliers, rencontres de clubs y prennent place, plaçant « l’humain » au centre de leur démarche
• Une nouvelle approche culturelle
(…) la bibliothèque troisième lieu célèbre les dissonances culturelles (…), le voisinage de contenus, la diversité des supports culturels. Elle s’adresse à un usager « omnivore (…) » et lui propose une offre riche et variée, sans hiérarchisation marquée. Ce faisant, elle déculpabilise et désinhibe l’usager. (…)
Les goûts et les pratiques des usagers ont d’ailleurs une incidence directe sur la déclinaison des collections et des services proposés. L’usager se fait souvent cocréateur, producteur de contenus. Les pratiques collaboratives du web 2.0 sont importées en bibliothèque : open podiums dédiés aux créations musicales ou littéraires, productions culturelles collectives, possibilité d’emprunter des réalisations des usagers (projet Demotek en Europe du Nord). À Heerhugowaard, aux Pays-Bas, deux classes d’école primaire ont même travaillé avec les architectes à la conception du bâtiment.
Source : bbf.enssib.fr
REFERENCES
• Les bibliothèques troisième lieu : mémoire janvier 2009 / Enssib / Mathilde Servet / Sous la direction de Yves Desrichard
• Bibliothèques troisième lieu : les 10 essentiels
• Micro-animations pour une bibliothèque troisième lieu
• La sidération du troisième lieu : blog critique sur les bibliothèques troisième lieu / Bertrand Calenge
Réponse du Guichet
gds_ah
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 30/03/2012 à 13h22
Bonjour,
Nous souhaitons apporter un complément de références à la bibliographie mentionnée précédemment. Voici les deux ouvrages que nous vous suggérons :
• Services innovants en bibliothèque : construire de nouvelles relations avec les usagers / Raphaële Gilbert / Sous la direction de Gilles Eboli / Mémoire pour le Diplôme de conservateur de bibliothèque / Enssib
• Créer des services innovants : stratégies et répertoire d'actions pour les bibliothèques / sous la direction de Marie-Christine Jacquinet (Villeurbanne, Presses de l'ENSSIB, impr. 2011)
Sommaire :
L'INNOVATION DANS LES SERVICES : EN QUETE DE DEFINITION ET DE STRATEGIE. Vade-mecum de l'innovation. Inscrire la démarche d'innovation au coeur du projet de service : faire de la prospective et imaginer un nouveau modèle de médiathèque. Idées en stock : tirer parti d'exemples. Cibler les publics en médiathèque : apports et limites de la notion. Construire et évaluer les services avec les usagers. L’autre public : une logique de réciprocité. IMPACT DU NUMERIQUE SUR L'OFFRE DE LA BIBLIOTHEQUE : NOUVELLES APPROCHES PROFESSIONNELLES. L'évolution des usages numériques appliquée aux bibliothèques. Prêter des liseuses électroniques : un projet en 7 étapes. Scénographier des contenus documentaires. Un blog, une page Facebook : Internet comme support d’innovation. L’offre numérique à l’échelle d’un territoire : genèse d’une co-expérimentation dans le Pas-de-Calais. RENOUVELER LES SERVICES AVEC LES DIFFERENTS ACTEURS : MOBILISER LES EQUIPES, ORGANISER LES ACTIONS DE VEILLE. Outils de participation des équipes, outils de développement de la créativité. Un pour tous et tous pour un : comment renouveler l’organisation interne ? Une professionnelle des musées en bibliothèque : à service innovant, personnel innovant ! Surprendre le public par une offre de lecture dans un lieu inattendu : pilotage transversal et partenarial. Service sur mesure pour les habitants : mettre en œuvre des idées simples et peu coûteuses. Innover en s’inspirant de l’ailleurs ?
Nous souhaitons apporter un complément de références à la bibliographie mentionnée précédemment. Voici les deux ouvrages que nous vous suggérons :
• Services innovants en bibliothèque : construire de nouvelles relations avec les usagers / Raphaële Gilbert / Sous la direction de Gilles Eboli / Mémoire pour le Diplôme de conservateur de bibliothèque / Enssib
• Créer des services innovants : stratégies et répertoire d'actions pour les bibliothèques / sous la direction de Marie-Christine Jacquinet (Villeurbanne, Presses de l'ENSSIB, impr. 2011)
Sommaire :
L'INNOVATION DANS LES SERVICES : EN QUETE DE DEFINITION ET DE STRATEGIE. Vade-mecum de l'innovation. Inscrire la démarche d'innovation au coeur du projet de service : faire de la prospective et imaginer un nouveau modèle de médiathèque. Idées en stock : tirer parti d'exemples. Cibler les publics en médiathèque : apports et limites de la notion. Construire et évaluer les services avec les usagers. L’autre public : une logique de réciprocité. IMPACT DU NUMERIQUE SUR L'OFFRE DE LA BIBLIOTHEQUE : NOUVELLES APPROCHES PROFESSIONNELLES. L'évolution des usages numériques appliquée aux bibliothèques. Prêter des liseuses électroniques : un projet en 7 étapes. Scénographier des contenus documentaires. Un blog, une page Facebook : Internet comme support d’innovation. L’offre numérique à l’échelle d’un territoire : genèse d’une co-expérimentation dans le Pas-de-Calais. RENOUVELER LES SERVICES AVEC LES DIFFERENTS ACTEURS : MOBILISER LES EQUIPES, ORGANISER LES ACTIONS DE VEILLE. Outils de participation des équipes, outils de développement de la créativité. Un pour tous et tous pour un : comment renouveler l’organisation interne ? Une professionnelle des musées en bibliothèque : à service innovant, personnel innovant ! Surprendre le public par une offre de lecture dans un lieu inattendu : pilotage transversal et partenarial. Service sur mesure pour les habitants : mettre en œuvre des idées simples et peu coûteuses. Innover en s’inspirant de l’ailleurs ?
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