Question d'origine :
Bonjour,
Je suis à la recherche de renseignements sur le rapport que les femmes (du XXéme siécle) entretiennent avec la philosophie.
Existe t-il une pensée spécifiquement féminine ?
Qu'elles sont les femmes "penseuses" de ce siécle?
Par avance merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 24/02/2005 à 11h55
Votre question sur les rapports que les femmes du XX° siècle entretiennent avec la philosophie comprend plusieurs niveaux :
Vous trouverez ci-dessous quelques pistes, limitées à la France et même pour ce pays non exhaustives.
On peut distinguer :
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Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir est une référence incontournable de la pensée féministe, même si cet ouvrage a connu une phase de latence entre le moment de sa parution, en 1949, et l’essor du mouvement néofémniste des années 70 qui le rouvre à la lecture. S’il fait marque par l’importance des matériaux qu’il rassemble et des problématiques qu’il articule, il ne contient cependant pas en germe tous les aspects que ce mouvement va déployer à partir d’autres sources d’inspiration. Il alimente le courant égalitariste, non le courant différentialiste du féminisme.
« On ne naît pas femme on le devient» : cette formule devenue emblématique rappelle que le rôle et la place que les femmes doivent assumer dans la société leur sont imposés par le pouvoir patriarcal à travers un système complexe de contraintes éducatives , législatives, sociales, économiques et non par nécessité de naissance. »
[..]Le courant égalitariste du féminisme est héritier de la pensée des Lumières retraversée par la marxisme….Un autre courant se développe parallèlement à lui à partir des années 70, courant issu pour une part au mois de la psychanalyse.
Pour ce dernier, la minorisation des femmes tient à ce que leur vraie nature a été déniée. Il s’agit donc d’affirmer la réalité spécifique positive- et non relative- des femmes, et d’arpenter son espace propre tant dans l’ordre de la jouissance que dans l’ordre de la culture. S’il faut déconstruire la définition, des femmes imposée par les hommes , c’est au nom d’une « essence » féminine authentique, articulée à la morphologie, et génératrice d’un rapport au monde original.
Histoire des femmes en Occident : Le XX° siècle Chapitre 9 : Différence et différend : la question des femmes en philosophie.
Les principales théoriciennes de ce courant sont Luce Iragaray et Antoinette Fouque. On peut aussi évoquer Hélène Cixous par exemple.
- Depuis une trentaine d’années,
Des théoriciennes venues d’autres disciplines que la philosophie travaillent dans ces domaines (études sur les femmes, études féminines, études sur le genre) Leur particularité est alors d’introduire dans tous les champs qu’elles abordent le paramètre, la grille de lecture de la différence des sexes, sans préjuger des effets d’importance variable que celle-ci peut produire.
On peut citer à titre indicatif les travaux de Michelle Perrot, François Héritier, Christiane Klapish, Michèle Riot-Sarcey, Christine Planté, Christine Delphy, Danièle Kergoat et les travaux du GEDISST , Margaret Maruani, Colette Guillaumin, Nicole Claude Mathieu, Paola Tabet, Mariette Sineau, Janine Mossuz-Lavau, Irène théry, Paola tabet….
GEDISST=Groupe d'études sur la division sociale et sexuelle du travail aujourd’hui GERS= Genre et rapports sociaux .
Dans l’ouvrage Les femmes de Platon à Derrida : Anthologie, les auteures précisent :
Le déploiement d’une anthologie ainsi conçue porte à essayer de comprendre comment la pensée philosophique a pu si souvent et si longtemps se développer en plaçant les femmes hors jeu ou en apportant au moins sa caution et ses ressources au dispositif de leur mise hors jeu.
[…] Une premier remarque s’impose en effet : la question de la sexuation se présente toujours dans le texte philosophique comme une question de femmes, portant sur les femmes. Cette identification du sexe aux femmes renvoie au statut du sujet pensant et philosophant dont elle éclaire la position masculine, comme l’ont relevé entre autres des penseurs aussi éloignés, non dans le temps mais dans l’inspiration, que Adorno, Beauvoir ou Derrida. Elle permet aussi d’en interroger la position neutre. Cette neutralisation du sujet philosophique concerne l’ensemble des hommes (masculins) identifiés au sujet que dérange et questionne la réalité des femmes, ces « autres du sujet » posés en objets d’analyse.
De nombreux ouvrages pourraient être conseillés pour approfondir ces questions. Nous pouvons citer, en plus de ceux déjà évoqués dans le corps de la réponse
La controverse des sexes de Geneviève Fraisse,
Les cahiers du GRIF Provenances de la pensée, femmes/ philosophie
Intellectuelles : Du genre en histoire des intellectuels
Des femmes, de la philosophie,etc.. de Michèle Le Doeuff
Enfin nous vous conseillons la lecture de la revue CLIO, Histoire, Femmes et Sociétés
DANS NOS COLLECTIONS :
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