Question d'origine :
Bonjour,
on cite souvent la Ford T pour la production en série mais quel est le tout projet objet manufacturé à avoir été fabriqué sur une chaîne d'usine et qui soit emblématique de la révolution industrielle?
Merci pour votre réponse.
L.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 19/07/2012 à 09h27
Bonjour,
Il n’est pas aisé de répondre à votre question car tout dépend de ce que l’on entend par « objet manufacturé produit en série ». De même, l’idée d’emblématique demeure en grande partie subjective et il est vrai que généralement on associe la révolution industrielle et la production en masse avec la construction automobile. Les avis divergent donc quant à l’essor de cette production d’objets en série.
Ainsi, le site inutile.com mentionne que le premier objet manufacturé de l'histoire de l'humanité fut une arme : le revolver Colt, fabriqué en grande série pour la Guerre de Sécession.
Du coup il semble utile de comprendre le pourquoi de cette proposition « inutile ». Le Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale de 1856 rappelle que M. Colt emploie maintenant des machines-outils pour les huit dixièmes de sa fabrication, et il obtient ainsi beaucoup plus d’économie, d’exactitude et d’uniformité (…) Les appareils nécessaires pour cette fabrication, paraissent d’abord compliqués, et ne se composent cependant que d’éléments fort simples qui répètent constamment les mêmes opérations (…) il a fallu nécessairement construire un grand nombre de machines pour effectuer tous ces résultats, d’autant que l’on a trouvé avantageux d’en avoir une pour chaque genre de travail, plutôt que de réunir plusieurs opérations dans un seul appareil. Les machines sont ainsi presque complètement automatiques, et des femmes ou des enfants suffisent pour en surveiller la marche qui a lieu avec beaucoup d’économie et de précision.
(Sur ce sujet voir également From the American System to Mass Production, 1800-1932 par David A. Hounshell)
Pour autant on ne peut parler pour ce type de fabrication de chaîne de montage et la production de pièces en série n’est pas chose nouvelle puisqu’elle fut inaugurée au XVe siècle avec la fabrication des caractères mobiles d’imprimerie. Par conséquent, on ne peut l’associer à une production industrielle de masse.
En revanche l’invention d’Eli Whitney, le système d’interchangeabilité des pièces, marque un tournant dans la production de masse. En 1798, il obtient un contrat du gouvernement américain pour la fabrication de 10 000 mousquets à livrer sous vingt-huit mois. Il entreprend de répartir la tâche de la manufacture des éléments du mousquet entre des ouvriers peu qualifiés, qui travaillent sur des machines et avec des moules, grâce auxquels ils peuvent fabriquer en grande série des éléments distincts de mousquet. Ces derniers sont ensuite assemblés de sorte à former le produit final.
Source : Grandes inventions de l'humanité / Michel Rival.
De là à dire que la production des mousquets est devenue emblématique de la Révolution Industrielle !!! « Ford » demeure à bien des égards un symbole de cette production.
Si ce sujet de la production à la chaîne vous intéresse, nous vous suggérons la lecture de l’article écrit par Moutet Aimée, Introduction de la production à la chaîne en France du début du XXème siècle à la grande crise en 1930, Histoire, économie et société, 1983.
Il n’est pas aisé de répondre à votre question car tout dépend de ce que l’on entend par « objet manufacturé produit en série ». De même, l’idée d’emblématique demeure en grande partie subjective et il est vrai que généralement on associe la révolution industrielle et la production en masse avec la construction automobile. Les avis divergent donc quant à l’essor de cette production d’objets en série.
Ainsi, le site inutile.com mentionne que le premier objet manufacturé de l'histoire de l'humanité fut une arme : le revolver Colt, fabriqué en grande série pour la Guerre de Sécession.
Du coup il semble utile de comprendre le pourquoi de cette proposition « inutile ». Le Bulletin de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale de 1856 rappelle que M. Colt emploie maintenant des machines-outils pour les huit dixièmes de sa fabrication, et il obtient ainsi beaucoup plus d’économie, d’exactitude et d’uniformité (…) Les appareils nécessaires pour cette fabrication, paraissent d’abord compliqués, et ne se composent cependant que d’éléments fort simples qui répètent constamment les mêmes opérations (…) il a fallu nécessairement construire un grand nombre de machines pour effectuer tous ces résultats, d’autant que l’on a trouvé avantageux d’en avoir une pour chaque genre de travail, plutôt que de réunir plusieurs opérations dans un seul appareil. Les machines sont ainsi presque complètement automatiques, et des femmes ou des enfants suffisent pour en surveiller la marche qui a lieu avec beaucoup d’économie et de précision.
(Sur ce sujet voir également From the American System to Mass Production, 1800-1932 par David A. Hounshell)
Pour autant on ne peut parler pour ce type de fabrication de chaîne de montage et la production de pièces en série n’est pas chose nouvelle puisqu’elle fut inaugurée au XVe siècle avec la fabrication des caractères mobiles d’imprimerie. Par conséquent, on ne peut l’associer à une production industrielle de masse.
En revanche l’invention d’Eli Whitney, le système d’interchangeabilité des pièces, marque un tournant dans la production de masse. En 1798, il obtient un contrat du gouvernement américain pour la fabrication de 10 000 mousquets à livrer sous vingt-huit mois. Il entreprend de répartir la tâche de la manufacture des éléments du mousquet entre des ouvriers peu qualifiés, qui travaillent sur des machines et avec des moules, grâce auxquels ils peuvent fabriquer en grande série des éléments distincts de mousquet. Ces derniers sont ensuite assemblés de sorte à former le produit final.
Source : Grandes inventions de l'humanité / Michel Rival.
De là à dire que la production des mousquets est devenue emblématique de la Révolution Industrielle !!! « Ford » demeure à bien des égards un symbole de cette production.
Si ce sujet de la production à la chaîne vous intéresse, nous vous suggérons la lecture de l’article écrit par Moutet Aimée, Introduction de la production à la chaîne en France du début du XXème siècle à la grande crise en 1930, Histoire, économie et société, 1983.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 23/07/2012 à 07h17
Bonjour,
Nous avions posé votre question au centre de documentation du musée des Arts et métiers de Paris et venons d'obtenir cette réponse :
D'après Henri Jorda, "Le métier, la chaîne et le réseau. Petite histoire de la vie ouvrière" (L'Harmattan, 2002), p. 42-43 :
Les premières applications du principe de continuité eurent lieu dans les industries chimiques, de distillerie et de raffinage, dès le milieu des années 1850. Ce sont elles qui sollicitaient le plus cette innovation organisationnelle : les opérations y sont des processus qu'il ne faut pas interrompre si l'on veut obtenir un bon résultat. Elles concernent ensuite la sidérurgie et l'industrie du verre, puis, dès les années 1880 la fabrication des allumettes et des cigarettes. C'est après 1900 que la fabrication à la chaîne trouve dans les industries mécaniques un terrain propice à son application. En effet, avant cela, les machines-outils et les aciers spéciaux à coupe rapide avaient connu des progrès tels que les industriels pouvaient obtenir des pièces interchangeables, des produits standardisés. Le prix de ces produits vendus en masse était bien inférieur à celui des produits fabriqués de manière quasi-artisanale. la demande qui s'en formait laissait espérer une production massive : l'industrie d'armement fut la première concernée, puis les machines à coudre, les bicyclettes et, enfin, l'automobile en 1913.
Le premier chapitre de cet ouvrage est consacré à l'industrie textile, et au métier à tisser, annonceurs de ce type de production dès le XVIIIe siècle.
Nous tenons à les remercier pour leur réponse.
Nous avions posé votre question au centre de documentation du musée des Arts et métiers de Paris et venons d'obtenir cette réponse :
D'après Henri Jorda, "Le métier, la chaîne et le réseau. Petite histoire de la vie ouvrière" (L'Harmattan, 2002), p. 42-43 :
Les premières applications du principe de continuité eurent lieu dans les industries chimiques, de distillerie et de raffinage, dès le milieu des années 1850. Ce sont elles qui sollicitaient le plus cette innovation organisationnelle : les opérations y sont des processus qu'il ne faut pas interrompre si l'on veut obtenir un bon résultat. Elles concernent ensuite la sidérurgie et l'industrie du verre, puis, dès les années 1880 la fabrication des allumettes et des cigarettes. C'est après 1900 que la fabrication à la chaîne trouve dans les industries mécaniques un terrain propice à son application. En effet, avant cela, les machines-outils et les aciers spéciaux à coupe rapide avaient connu des progrès tels que les industriels pouvaient obtenir des pièces interchangeables, des produits standardisés. Le prix de ces produits vendus en masse était bien inférieur à celui des produits fabriqués de manière quasi-artisanale. la demande qui s'en formait laissait espérer une production massive : l'industrie d'armement fut la première concernée, puis les machines à coudre, les bicyclettes et, enfin, l'automobile en 1913.
Le premier chapitre de cet ouvrage est consacré à l'industrie textile, et au métier à tisser, annonceurs de ce type de production dès le XVIIIe siècle.
Nous tenons à les remercier pour leur réponse.
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