Question d'origine :
Madame, Monsieur,
J'aimerais connaître la méthode pour capter le fil d'une araignée ou d'une certaine araignée, autrement dit j'aimerais savoir comment on peut traire une certaine araignée pour arriver au même résultat. Existe-t'il un manuel ou un livre traitant du sujet en question.
D'avance, je vous remercie
Philippe Delatte
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 30/07/2012 à 15h03
Bonjour,
Je ne voudrais pas être celui qui vous dé-soie, mais il semble que les araignées ne se laissent pas filer bien facilement. En effet, nos recherches sur la toile n’ont pas abouti à des documents concrets sur l’extraction du fil des araignées.
Cependant, pour une première approche, très expérimentale, nous vous proposons cette vidéo (en anglais) du journal The Guardian. On peut y voir, à 3'10", un scientifique extraire ce fil. Il explique que l’araignée est d’abord délicatement maintenue sur le dos, puis le fil tiré doucement.
Dans l'émission de Radio Canada - Découverte, no. 2963, du 6 février 2011, un documentaire intitulé «Les secrets du fil d'araignée» décrit de manière plus détaillée cette production expérimentale de soie :
Pour filer, l'araignée n'expulse pas le fil de son abdomen, elle le tire avec ses pattes. Cette traction, c'est le moteur qui déclenche le processus de filage [...].
On endort d'abord une Néphila avec du gaz carbonique. Les pattes de l'araignée sont ensuite immobilisées entre des épingles sans la blesser. Quand elle se réveille, on tire sur le fil de soie qui pend de son abdomen. On enroule ce fil sur la fileuse. On peut ainsi filer la soie d'araignée pendant des heures, 1 cm de fil à la seconde. Au bout de 3 heures, un anneau d'or s'est formé : 100 mètres de fil de soie caractéristique de la Néphila clavipes, dont la toile a des reflets dorés au soleil.
Le scientifique japonais Shigeyoshi Osaki parvient, lui, àpousser les araignées à produire du fil sur commande, en leur tapotant le ventre avec une brindille . Comme l’explique cet article du Figaro, il maîtrise si bien cette production, qu’il a pu tisser récemment des cordes de violon, avec l’aide de 300 araignées.
Dans un article du Japan Times (en anglais), il explique quela clef est de les approcher avec un mélange de rudesse et de délicatesse . Si vous êtes trop strict, vous allez les agacer et elles ne produiront pas de soie. Elles peuvent aussi faire semblant d'être mortes.
Cependant, il faut bien savoir qu’il a développé sa technique grâce à de longues années de recherches et expérimentations. Ses études ont fait l’objet de publications scientifiques (Physical Review Letters, Polymer Journal), mais nous n’y avons pas accès.
Dans une autre vidéo, de l'Art Institute of Chicago, on voit de manière incomplète comment la soie d’araignée peut être obtenue. Mais ce qui est plus intéressant ici, c'est qu'elle est ensuite tissée, pour aboutir à une superbe étoffe, exposée temporairement dans ce musée.
(Photo R. Mickens/American Museum of Natural History)
Notez bien que dans cet exemple impressionnant, la soie a été tissée grâce à un million d’araignées, 96 filaments d’araignée étant nécessaire à la fabrication d’un seul fil à tisser !
Par ailleurs, il est intéressant de constater que l’exploitation de la soie des araignées a commencé à être étudiée il y a bien longtemps.
Le site L’araignée et sa soie propose ainsi, outre un dossier complet sur cette soie, ses spécificités et débouchés éventuels, un bref historique :
Déjà, au XVIIIème siècle des chercheurs s’intéressaient à la soie d’araignées et à sa possible utilisation pour l’homme. Ainsi, en 1710 François Xavier Bon de Saint Hilaire fit paraître un mémoire intitulé "Dissertation sur l'araignée contenant la vertu & les propriétés de cet insecte, avec la qualité & l'usage de la soie qu'il produit & des gouttes qu'on en tire pour la guérison de l'apoplexie, de la léthargie et de toutes les maladies soporeuses". Celui-ci connût un franc succès et fut publié dans de nombreux pays. [Cette popularité fluctura par la suite] Ainsi, l’idée de Bon de Saint Hilaire est abandonnée jusqu’au XIXème siècle, date à laquelle le père Camboué s'intéresse de nouveau à l’utilisation de la soie d’araignée et entreprend d’en produire. Il utilise ainsi l’araignée fileuse de Madagascar autrement dit la Néphila. Ce premier essai de production est une réussite. En effet, à Antananarivo, 5000 mètres de cette soie jaune doré sont alors produits en un mois. Des échantillons de cette soie sont aujourd’hui conservés au muséum d’histoire naturelle de Lyon.
Le site Ballades enthomologiques aborde lui aussi ce sujet, en développant plus l’historique, sur sa page intitulée : le tissu en soie d’araignée ce n’est pas un mythe.
On y apprend queBon de Saint Hilaire prépara, avec les coques que les araignées construisent pour y déposer leurs oeufs, une certaine quantité de fil et il fit fabriquer, avec cette soie, des bas et des mitaines .
Le site mentionne également son livre "Dissertation sur l'araignée" dans lequel il enseignait le moyen de filer la soie de cet insecte, ouvrage traduit dans toutes les langues en Europe, et même en chinois. Un livre consultable au Fonds Ancien de la Bibliothèque municipale de Lyon.
Enfin, ce site rapporte que des traditions de tissage de soie d’araignée ont aussi existé aux îles Solo, au Paraguay et en Indochine.
L’article La soie d’araignée, du site Madasilk - soies artisanales de Madagascar, précise cependant le faible rendement de production de cette soie, en présentant de véritables ateliers actuels, situés à sur l’île de Madagascar :
C'est un fil très long à produire... Entre la récolte des araignées dans la nature (on ne peut pas faire d'élevages, elles se mangent entr'elles), l'installation des bébêtes sur la "trayeuse", le dévidage qui doit se faire assez lentement, le moulinage et l'assemblage, on ne peut guère produire plus de 0,5 gramme par jour à 2 personnes... ajoutez à cela la rareté du produit et on peut appeler la soie d'araignée "l'or animal" !
Pour approfondir les connaissances sur le fil d'araignée et son avenir scientifique ou industriel, nous vous recommandons finalement ces quelques sites :
- Saeta Aranea – TPE soie d’araignée
- La folle aventure de la soie d’araignée
- La soie d'araignée, une chimère ?
- Un ver génétiquement modifié pour produire de la soie chimérique
Je ne voudrais pas être celui qui vous dé-soie, mais il semble que les araignées ne se laissent pas filer bien facilement. En effet, nos recherches sur la toile n’ont pas abouti à des documents concrets sur l’extraction du fil des araignées.
Cependant, pour une première approche, très expérimentale, nous vous proposons cette vidéo (en anglais) du journal The Guardian. On peut y voir, à 3'10", un scientifique extraire ce fil. Il explique que l’araignée est d’abord délicatement maintenue sur le dos, puis le fil tiré doucement.
Dans l'émission de Radio Canada - Découverte, no. 2963, du 6 février 2011, un documentaire intitulé «Les secrets du fil d'araignée» décrit de manière plus détaillée cette production expérimentale de soie :
Pour filer, l'araignée n'expulse pas le fil de son abdomen, elle le tire avec ses pattes. Cette traction, c'est le moteur qui déclenche le processus de filage [...].
Le scientifique japonais Shigeyoshi Osaki parvient, lui, à
Dans un article du Japan Times (en anglais), il explique que
Cependant, il faut bien savoir qu’il a développé sa technique grâce à de longues années de recherches et expérimentations. Ses études ont fait l’objet de publications scientifiques (Physical Review Letters, Polymer Journal), mais nous n’y avons pas accès.
Dans une autre vidéo, de l'Art Institute of Chicago, on voit de manière incomplète comment la soie d’araignée peut être obtenue. Mais ce qui est plus intéressant ici, c'est qu'elle est ensuite tissée, pour aboutir à une superbe étoffe, exposée temporairement dans ce musée.
(Photo R. Mickens/American Museum of Natural History)
Notez bien que dans cet exemple impressionnant, la soie a été tissée grâce à un million d’araignées, 96 filaments d’araignée étant nécessaire à la fabrication d’un seul fil à tisser !
Par ailleurs, il est intéressant de constater que l’exploitation de la soie des araignées a commencé à être étudiée il y a bien longtemps.
Le site L’araignée et sa soie propose ainsi, outre un dossier complet sur cette soie, ses spécificités et débouchés éventuels, un bref historique :
Déjà, au XVIIIème siècle des chercheurs s’intéressaient à la soie d’araignées et à sa possible utilisation pour l’homme. Ainsi, en 1710 François Xavier Bon de Saint Hilaire fit paraître un mémoire intitulé "Dissertation sur l'araignée contenant la vertu & les propriétés de cet insecte, avec la qualité & l'usage de la soie qu'il produit & des gouttes qu'on en tire pour la guérison de l'apoplexie, de la léthargie et de toutes les maladies soporeuses". Celui-ci connût un franc succès et fut publié dans de nombreux pays. [Cette popularité fluctura par la suite] Ainsi, l’idée de Bon de Saint Hilaire est abandonnée jusqu’au XIXème siècle, date à laquelle le père Camboué s'intéresse de nouveau à l’utilisation de la soie d’araignée et entreprend d’en produire. Il utilise ainsi l’araignée fileuse de Madagascar autrement dit la Néphila. Ce premier essai de production est une réussite. En effet, à Antananarivo, 5000 mètres de cette soie jaune doré sont alors produits en un mois. Des échantillons de cette soie sont aujourd’hui conservés au muséum d’histoire naturelle de Lyon.
Le site Ballades enthomologiques aborde lui aussi ce sujet, en développant plus l’historique, sur sa page intitulée : le tissu en soie d’araignée ce n’est pas un mythe.
On y apprend que
Le site mentionne également son livre "Dissertation sur l'araignée" dans lequel il enseignait le moyen de filer la soie de cet insecte, ouvrage traduit dans toutes les langues en Europe, et même en chinois. Un livre consultable au Fonds Ancien de la Bibliothèque municipale de Lyon.
Enfin, ce site rapporte que des traditions de tissage de soie d’araignée ont aussi existé aux îles Solo, au Paraguay et en Indochine.
L’article La soie d’araignée, du site Madasilk - soies artisanales de Madagascar, précise cependant le faible rendement de production de cette soie, en présentant de véritables ateliers actuels, situés à sur l’île de Madagascar :
C'est un fil très long à produire... Entre la récolte des araignées dans la nature (on ne peut pas faire d'élevages, elles se mangent entr'elles), l'installation des bébêtes sur la "trayeuse", le dévidage qui doit se faire assez lentement, le moulinage et l'assemblage, on ne peut guère produire plus de 0,5 gramme par jour à 2 personnes... ajoutez à cela la rareté du produit et on peut appeler la soie d'araignée "l'or animal" !
Pour approfondir les connaissances sur le fil d'araignée et son avenir scientifique ou industriel, nous vous recommandons finalement ces quelques sites :
- Saeta Aranea – TPE soie d’araignée
- La folle aventure de la soie d’araignée
- La soie d'araignée, une chimère ?
- Un ver génétiquement modifié pour produire de la soie chimérique
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