Question d'origine :
Comment nommait-on, à l'époque de la Rome Antique, les débardeurs et leurs contremaîtres ?
Merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 09/10/2012 à 14h39
Bonjour,
Ostie (en latin Ostia, ostium signifiant « embouchure d'un fleuve » ; en italien Ostia Antica) était le port de la Rome antique, situé à l'embouchure du Tibre, à 35 km au sud-ouest de Rome (du fait de l'ensablement, le site se trouve désormais à l'intérieur des terres).
Le port antique importait les céréales, l'huile, le vin, le garum et les autres marchandises en provenance de tout le monde romain, qui étaient ensuite acheminés jusqu'au port fluvial de l'Emporium.
La lecture de cet article vous donnera un aperçu de l’histoire d’Ostie, des fouilles, de l’architecture ainsi que de l’activité portuaire :
En tant que port principal de Rome, Ostie possédait un certain nombre de grandes installations de stockage (horrea), où étaient entreposés le grain, le vin, l'huile et bien d'autres marchandises avant leur expédition vers la capitale. Les entrepôts étaient généralement construits avec les mêmes règles de base : une grande cour à colonnes donnait sur les différents entrepôts, dont certains comportaient probablement plusieurs étages.
Les entrepôts principaux, au centre de la ville, qui existaient déjà sous Claude, furent ensuite rénovés et agrandis à plusieurs reprises. On a calculé que près de 100 × 100 m de ces grands bâtiments pouvait contenir de 5 000 à 7 000 tonnes de céréales, assez pour nourrir environ 17 000 personnes pour un an.
Les Horrea Epagathiana et Epaphroditiana, bien conservés, sont clairement identifiés comme des lieux de stockage, puisque ce nom figure sur une inscription sur marbre scellée au-dessus de l'entrée de l'immeuble86. Le bâtiment, qui appartenait donc à Epagathus et Epaphroditus, des affranchis vu leur surnom d'origine grecque87, date de 145 à 150. Le magasin est relativement peu étendu, mais de construction élégante, avec une cour ornée de mosaïques et les portes sont munies de systèmes perfectionnés de verrouillage, ce qui laisse supposer qu'on gardait là de précieuses marchandises…
La place des Corporations (Piazzale delle Corporazioni) est un des principaux édifices de l’Ostie de la période impériale, situé près du centre de la cité, adossé au mur de fond du théâtre. Entourée de colonnades dont il ne reste que peu de vestiges, la place conserve encore un ensemble de mosaïques qui présente un grand intérêt pour les historiens de la Rome antique : elles apportent des informations sur le commerce maritime et les techniques navales au IIe siècle, et démontrent que la place regroupait en un même lieu les divers entrepreneurs d’Ostie et des représentations commerciales de villes de l’Empire romain en relation avec le port d’Ostie. La fonction de ces installations, déduite des inscriptions dédiées à des magistrats responsables de l’Annone, est très probablement celle de bureaux d'armateurs et de marchands de nombreuses villes portuaires, où l'on pouvait au mieux négocier le transport et la vente des marchandises destinées au ravitaillement de Rome. C’est pourquoi ce nom de place des corporations donné par les premiers fouilleurs paraît impropre, puisqu’un seul des emplacements connus concerne une corporation d’Ostie, celle des tanneurs1. Selon Guido Calza qui a fouillé ce site, il serait plus exact de qualifier ce site sans équivalent dans le monde romain de « Chambre de commerce "
Pour répondre plus précisément à votre question, référons-nous aux documents suivants :
- un ouvrage, où sont évoqués tous les aspects de la vie quotidienne d’une cité romaine. L’auteur utilise des sources multiples, auteurs anciens, inscriptions, récits de voyageurs pour retracer l’histoire de la ville et celle des fouilles ; puis sont analysés les problèmes démographiques et la hiérarchie des classes sociales, ainsi que les divers cursus administratifs, l’activité des ports, les trafics et l’ensemble de la vie économique d’une cité active, véritable poumon de Rome :
[i]On peut imaginer la vie des ports d’après les textes, les inscriptions et les monuments figurés : mosaïques, bas-reliefs (Torlonia et de l’Isola Sacra) et les monnaies de Néron, Trajan et Antoine le Pieux. Quand un navire arrivait avec sa cargaison de blé, il pouvait, si le vent était favorable, entrer directement dans la rade ; Sinon, il était pris en remorque par une chaloupe à rames, scapha, qui le conduit à un quai où son emplacement , marqué par une colonne, est numéroté. On prend soin, dès son arrivée, de tourner la poupe vers le large, pour faciliter le départ ; Si les quais sont trop encombrés, le navire doit attendre au milieu du port, ou bien des bâtiments de transbordement, lenunculi, peuvent venir l’alléger d’une partie de sa cargaison ; Alors interviennent les dockers (phalangarii, sacarri), qui, vêtus d’un simple pagne (nous en voyons un sur une mosaïque, au moment où il franchit le pont volant jeté entre deux navires), transportent sur l’épaule les sacs ou les amphores, ces véritables « containers » de l’antiquité Ils s’aident de quelques machines, connues par Vitruve X,35), et des monuments figurés comme la mosaïque de la station de Narbonne, place des corporations : grues rudimentaires et cabestans…
- à ce travail de recherche :
La seconde partie de l'ouvrage, consacrée aux gens du commerce, se présente avant tout comme une étude de terminologie. Elle permet de dégager l'originalité du vocabulaire maritime romain par rapport aux notions grecques. L'enquête est appliquée à trois catégories fonctionnelles : les gens du port, les gens du navire et les gens du commerce proprement dit. L'étude des gens du port, menée surtout dans les ports du Tibre, vise des catégories fort diverses, depuis les débardeurs jusqu'aux procurateurs d'Ostie. Parmi les gens du navire, l'A. s'attache notamment à définir ce qu'est le gubernator (pp. 222-227), dans lequel il voit le capitaine du navire et non un simple pilote, alors que le nauclère ou naviculaire de l'époque républicaine et du Haut-Empire est le représentant de l'armateur et assume la responsabilité des opérations commerciales qu'il dirige du navire. L'A. ne le classe donc pas parmi les gens du navire. Mais si le terme nauclère ou son équivalent latin magister nauis ne connaît pas d'évolution sémantique durant la période impériale, à partir de l'époque antonine, le terme naviculaire est réservé aux possesseurs de navires, qu'ils soient indépendants ou, au moins pour partie, au service de l'État. En Orient cependant, où le naviculariat fit toujours figure d'institution étrangère, on en revint à Γ époque byzantine à confondre naviculaires et nauclères.
Sous la rubrique « gens du commerce», Γ A. étudie ceux qui se contentent d'embarquer leurs marchandises sur le navire d'autrui (p. 269) : certains kapeloi, les emporoi, les negotiatores qui sous l'Empire s'engagent plus directement dans le commerce maritime et se spécialisent, les mercatores ou commerçants en demi-gros, etc. Enfin, étudiant l'origine sociale et nationale des gens du commerce, l'A. insiste sur la part prépondérante des Orientaux, spécialement des Syriens, qui s'accroît encore au IVe siècle. A noter que même les gens d'église (est-ce à l'origine en raison des liens des communautés chrétiennes avec les milieux orientalisants des ports ?) ne dédaignent pas de participer au commerce maritime, même si un Saint Augustin a scrupule à s'y adonner (p. 318). Le tyrien Meropius, oncle de Frumentius qui évangélisa Axoum, dut, à notre avis, au cours du voyage en mer Rouge qui lui fut fatal, entre 310 et 315 après J.-C, mêler les initiatives commerciales à ses préoccupations savantes ou pieuses. A cette école, le futur évêque d' Axoum apprit de bonne heure la comptabilité, puisque, tout jeune, il fut commis aux finances locales par le roi d'Axoum (Rufin, Hist. eccL, I, 9).
- Ou encore à ce manuel d’épigraphie latine
L’exceptionnel patrimoine épigraphique d’ Ostie Antique a servi de base aux auteurs pour étudier les documents qui concernent les hautes sphères de l’état : empereurs, magistrats, fonctionnaires impériaux de tous rangs, militaires jusqu’aux rouages et aux acteurs de la vie économique et aux individus les plus modestes, connus au travers des listes de corporations, et des inscriptions funéraires :
« De multiples albums de corporations sont encore présents à Ostie, certains lacunaires et d’autres de taille gigantesque, tel le CIL 251…
L’album de l’ordo corporatorum lenuncularior (um) tabulariorum. Auxiliares Ostiens(es). Il s’agit des bateliers chargés de décharger les gros navires de transport à leur arrive dans le port, organises en cinq corporations distinctes, dont celle des tabularii auxiliares ; pour cette dernière, on connaît cinq listes, dont deux sans lacune, supra 62 et 251 = D.6175, datées de 152 et 192…La composition visuelle est très soignée et elle permet, dès l’abord, de distinguer la hiérarchie entre les différentes composantes de la corporation qui regroupait des opérateurs très importants pour le trafic portuaire ; c’est ce qui explique le nombre élevé de collegiati et le patronage de nombreux sénateurs ;;; Ces derniers sont mentionnés dans la colonne de gauche précédés de l’indication patroni, juste en dessous de la date consulaire et du nom du corpus….
Ostie (en latin Ostia, ostium signifiant « embouchure d'un fleuve » ; en italien Ostia Antica) était le port de la Rome antique, situé à l'embouchure du Tibre, à 35 km au sud-ouest de Rome (du fait de l'ensablement, le site se trouve désormais à l'intérieur des terres).
Le port antique importait les céréales, l'huile, le vin, le garum et les autres marchandises en provenance de tout le monde romain, qui étaient ensuite acheminés jusqu'au port fluvial de l'Emporium.
La lecture de cet article vous donnera un aperçu de l’histoire d’Ostie, des fouilles, de l’architecture ainsi que de l’activité portuaire :
En tant que port principal de Rome, Ostie possédait un certain nombre de grandes installations de stockage (horrea), où étaient entreposés le grain, le vin, l'huile et bien d'autres marchandises avant leur expédition vers la capitale. Les entrepôts étaient généralement construits avec les mêmes règles de base : une grande cour à colonnes donnait sur les différents entrepôts, dont certains comportaient probablement plusieurs étages.
Les entrepôts principaux, au centre de la ville, qui existaient déjà sous Claude, furent ensuite rénovés et agrandis à plusieurs reprises. On a calculé que près de 100 × 100 m de ces grands bâtiments pouvait contenir de 5 000 à 7 000 tonnes de céréales, assez pour nourrir environ 17 000 personnes pour un an.
Les Horrea Epagathiana et Epaphroditiana, bien conservés, sont clairement identifiés comme des lieux de stockage, puisque ce nom figure sur une inscription sur marbre scellée au-dessus de l'entrée de l'immeuble86. Le bâtiment, qui appartenait donc à Epagathus et Epaphroditus, des affranchis vu leur surnom d'origine grecque87, date de 145 à 150. Le magasin est relativement peu étendu, mais de construction élégante, avec une cour ornée de mosaïques et les portes sont munies de systèmes perfectionnés de verrouillage, ce qui laisse supposer qu'on gardait là de précieuses marchandises…
La place des Corporations (Piazzale delle Corporazioni) est un des principaux édifices de l’Ostie de la période impériale, situé près du centre de la cité, adossé au mur de fond du théâtre. Entourée de colonnades dont il ne reste que peu de vestiges, la place conserve encore un ensemble de mosaïques qui présente un grand intérêt pour les historiens de la Rome antique : elles apportent des informations sur le commerce maritime et les techniques navales au IIe siècle, et démontrent que la place regroupait en un même lieu les divers entrepreneurs d’Ostie et des représentations commerciales de villes de l’Empire romain en relation avec le port d’Ostie. La fonction de ces installations, déduite des inscriptions dédiées à des magistrats responsables de l’Annone, est très probablement celle de bureaux d'armateurs et de marchands de nombreuses villes portuaires, où l'on pouvait au mieux négocier le transport et la vente des marchandises destinées au ravitaillement de Rome. C’est pourquoi ce nom de place des corporations donné par les premiers fouilleurs paraît impropre, puisqu’un seul des emplacements connus concerne une corporation d’Ostie, celle des tanneurs1. Selon Guido Calza qui a fouillé ce site, il serait plus exact de qualifier ce site sans équivalent dans le monde romain de « Chambre de commerce "
Pour répondre plus précisément à votre question, référons-nous aux documents suivants :
- un ouvrage, où sont évoqués tous les aspects de la vie quotidienne d’une cité romaine. L’auteur utilise des sources multiples, auteurs anciens, inscriptions, récits de voyageurs pour retracer l’histoire de la ville et celle des fouilles ; puis sont analysés les problèmes démographiques et la hiérarchie des classes sociales, ainsi que les divers cursus administratifs, l’activité des ports, les trafics et l’ensemble de la vie économique d’une cité active, véritable poumon de Rome :
[i]On peut imaginer la vie des ports d’après les textes, les inscriptions et les monuments figurés : mosaïques, bas-reliefs (Torlonia et de l’Isola Sacra) et les monnaies de Néron, Trajan et Antoine le Pieux. Quand un navire arrivait avec sa cargaison de blé, il pouvait, si le vent était favorable, entrer directement dans la rade ; Sinon, il était pris en remorque par une chaloupe à rames, scapha, qui le conduit à un quai où son emplacement , marqué par une colonne, est numéroté. On prend soin, dès son arrivée, de tourner la poupe vers le large, pour faciliter le départ ; Si les quais sont trop encombrés, le navire doit attendre au milieu du port, ou bien des bâtiments de transbordement, lenunculi, peuvent venir l’alléger d’une partie de sa cargaison ; Alors interviennent les dockers (phalangarii, sacarri), qui, vêtus d’un simple pagne (nous en voyons un sur une mosaïque, au moment où il franchit le pont volant jeté entre deux navires), transportent sur l’épaule les sacs ou les amphores, ces véritables « containers » de l’antiquité Ils s’aident de quelques machines, connues par Vitruve X,35), et des monuments figurés comme la mosaïque de la station de Narbonne, place des corporations : grues rudimentaires et cabestans…
- à ce travail de recherche :
La seconde partie de l'ouvrage, consacrée aux gens du commerce, se présente avant tout comme une étude de terminologie. Elle permet de dégager l'originalité du vocabulaire maritime romain par rapport aux notions grecques. L'enquête est appliquée à trois catégories fonctionnelles : les gens du port, les gens du navire et les gens du commerce proprement dit. L'étude des gens du port, menée surtout dans les ports du Tibre, vise des catégories fort diverses, depuis les débardeurs jusqu'aux procurateurs d'Ostie. Parmi les gens du navire, l'A. s'attache notamment à définir ce qu'est le gubernator (pp. 222-227), dans lequel il voit le capitaine du navire et non un simple pilote, alors que le nauclère ou naviculaire de l'époque républicaine et du Haut-Empire est le représentant de l'armateur et assume la responsabilité des opérations commerciales qu'il dirige du navire. L'A. ne le classe donc pas parmi les gens du navire. Mais si le terme nauclère ou son équivalent latin magister nauis ne connaît pas d'évolution sémantique durant la période impériale, à partir de l'époque antonine, le terme naviculaire est réservé aux possesseurs de navires, qu'ils soient indépendants ou, au moins pour partie, au service de l'État. En Orient cependant, où le naviculariat fit toujours figure d'institution étrangère, on en revint à Γ époque byzantine à confondre naviculaires et nauclères.
Sous la rubrique « gens du commerce», Γ A. étudie ceux qui se contentent d'embarquer leurs marchandises sur le navire d'autrui (p. 269) : certains kapeloi, les emporoi, les negotiatores qui sous l'Empire s'engagent plus directement dans le commerce maritime et se spécialisent, les mercatores ou commerçants en demi-gros, etc. Enfin, étudiant l'origine sociale et nationale des gens du commerce, l'A. insiste sur la part prépondérante des Orientaux, spécialement des Syriens, qui s'accroît encore au IVe siècle. A noter que même les gens d'église (est-ce à l'origine en raison des liens des communautés chrétiennes avec les milieux orientalisants des ports ?) ne dédaignent pas de participer au commerce maritime, même si un Saint Augustin a scrupule à s'y adonner (p. 318). Le tyrien Meropius, oncle de Frumentius qui évangélisa Axoum, dut, à notre avis, au cours du voyage en mer Rouge qui lui fut fatal, entre 310 et 315 après J.-C, mêler les initiatives commerciales à ses préoccupations savantes ou pieuses. A cette école, le futur évêque d' Axoum apprit de bonne heure la comptabilité, puisque, tout jeune, il fut commis aux finances locales par le roi d'Axoum (Rufin, Hist. eccL, I, 9).
- Ou encore à ce manuel d’épigraphie latine
L’exceptionnel patrimoine épigraphique d’ Ostie Antique a servi de base aux auteurs pour étudier les documents qui concernent les hautes sphères de l’état : empereurs, magistrats, fonctionnaires impériaux de tous rangs, militaires jusqu’aux rouages et aux acteurs de la vie économique et aux individus les plus modestes, connus au travers des listes de corporations, et des inscriptions funéraires :
« De multiples albums de corporations sont encore présents à Ostie, certains lacunaires et d’autres de taille gigantesque, tel le CIL 251…
L’album de l’ordo corporatorum lenuncularior (um) tabulariorum. Auxiliares Ostiens(es). Il s’agit des bateliers chargés de décharger les gros navires de transport à leur arrive dans le port, organises en cinq corporations distinctes, dont celle des tabularii auxiliares ; pour cette dernière, on connaît cinq listes, dont deux sans lacune, supra 62 et 251 = D.6175, datées de 152 et 192…La composition visuelle est très soignée et elle permet, dès l’abord, de distinguer la hiérarchie entre les différentes composantes de la corporation qui regroupait des opérateurs très importants pour le trafic portuaire ; c’est ce qui explique le nombre élevé de collegiati et le patronage de nombreux sénateurs ;;; Ces derniers sont mentionnés dans la colonne de gauche précédés de l’indication patroni, juste en dessous de la date consulaire et du nom du corpus….
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