Question d'origine :
Bonjour,
Une lectrice recherche des documents (fictions ou documentaires) sur les villages désertés durant la 1ère guerre mondiale ou éventuellement la 2ème.
N'ayant pas trouvé de documents, à part un site internet, pouvez-vous nous aider ?
Merci et cordiales salutations
Antonella Donadei
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 22/11/2012 à 10h43
Bonjour,
Nos collègues du département civilisation se chargent de vous apporter une réponse pour l’aspect documentaire. Concernant la fiction, votre sujet ne semble pas avoir retenu l’attention des écrivains. Voilà néanmoins les romans que nous avons pu retenir ; ils ne portent pas spécifiquement sur votre problématique mais évoquent, par bribes, l’idée de « villages » abandonnés :
Résistance de Owen Sheers : Au pays de Galles en septembre 1944. Le débarquement en Normandie a échoué et les Allemands envahissent l'Angleterre. Dans une vallée isolée, cinq femmes constatent que leurs maris ont disparu : ils ont rejoint la Résistance. A Londres, la Wehrmacht envoie en mission dans la vallée une patrouille de cinq hommes. Les femmes sont d'abord méfiantes, puis une forme d'entraide s'installe peu à peu. Premier roman.
Les filles de Hallows farm de Angela Huth : Pendant la Seconde Guerre mondiale, trois Anglaises d'horizons très différents arrivent chez Joe, fils de fermier réformé, pour aider à faire tourner l'exploitation. Des liens compliqués et intenses se nouent entre les personnages de ce roman pastoral.
Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants de Kenzaburo Oe : Dans un village perdu au fond des montagnes, un groupe d'enfants venus d'une maison de correction découvre l'horreur de la Seconde Guerre mondiale. Dans cette atmosphère de terreur, l'auteur décrit la dégradation des rapports humains à travers le regard d'un enfant épouvanté.
La pluie jaune de Julio Llmazares : Au seuil de la mort, un homme achève l'expérience extrême de l'abandon. Pour conjurer la peur, il parle, il raconte avec pudeur sa cruelle traversée
Enfin, nous avons retenu Regain de Giono mais si l’histoire se situe bien dans un village abandonné, elle n’est pas liée à une quelconque guerre …
Nos collègues du département civilisation se chargent de vous apporter une réponse pour l’aspect documentaire. Concernant la fiction, votre sujet ne semble pas avoir retenu l’attention des écrivains. Voilà néanmoins les romans que nous avons pu retenir ; ils ne portent pas spécifiquement sur votre problématique mais évoquent, par bribes, l’idée de « villages » abandonnés :
Résistance de Owen Sheers : Au pays de Galles en septembre 1944. Le débarquement en Normandie a échoué et les Allemands envahissent l'Angleterre. Dans une vallée isolée, cinq femmes constatent que leurs maris ont disparu : ils ont rejoint la Résistance. A Londres, la Wehrmacht envoie en mission dans la vallée une patrouille de cinq hommes. Les femmes sont d'abord méfiantes, puis une forme d'entraide s'installe peu à peu. Premier roman.
Les filles de Hallows farm de Angela Huth : Pendant la Seconde Guerre mondiale, trois Anglaises d'horizons très différents arrivent chez Joe, fils de fermier réformé, pour aider à faire tourner l'exploitation. Des liens compliqués et intenses se nouent entre les personnages de ce roman pastoral.
Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants de Kenzaburo Oe : Dans un village perdu au fond des montagnes, un groupe d'enfants venus d'une maison de correction découvre l'horreur de la Seconde Guerre mondiale. Dans cette atmosphère de terreur, l'auteur décrit la dégradation des rapports humains à travers le regard d'un enfant épouvanté.
La pluie jaune de Julio Llmazares : Au seuil de la mort, un homme achève l'expérience extrême de l'abandon. Pour conjurer la peur, il parle, il raconte avec pudeur sa cruelle traversée
Enfin, nous avons retenu Regain de Giono mais si l’histoire se situe bien dans un village abandonné, elle n’est pas liée à une quelconque guerre …
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 22/11/2012 à 12h14
Bonjour,
Il existe six communes en France qui ont été désignées Mortes pour la France, puisque totalement désertées et quasiment détruites pendant la Première Guerre Mondiale : Beaumont-en-Verdunois, Bezonvaux, Cumières-le-Mort-Homme, Haumont-près-Samogneux, Louvemont-Côte-du-Poivre, Fleury-devant-Douaumont.
Situés dans la Meuse dans la région de la bataille de Verdun, ces villages ont été occupés par les français et les allemands, puis définitivement abandonnés à la fin de la guerre, tant leur terrain était miné suite aux combats.
La France a décidé de conserver leur identité de commune mais, « par l'absence d'électeurs, les maires de ces villages sont donc désignés par le préfet de la Meuse, la mairie se trouvant à leur domicile, souvent dans un village voisin. Toutefois, ils n'ont pas la qualité de "maire de Xxxx" mais de "président de la commission municipale, maire de Xxxx". Ils reçoivent tout de même une écharpe tricolore, et tiennent le registre d'état civil (ou plutôt le conservent). Ils n'ont pas le statut de grand électeur, et ne peuvent donc pas voter pour élire les sénateurs. »
Pour en savoir plus sur ces communes :
Une page sur Internet : Histoire: Les villages martyrs
Un site : Les villages détruits
Un petit reportage : Les 6 villages fantômes de Verdun
Deux articles sur Wikipédia, un sur la notion de Ville fantôme, l’autre sur les Villages français détruits durant la Première Guerre mondiale.
Cette question des villages désertés pose celle desréfugiés français de la Grande guerre , traitée notamment par Philippe Nivet dans son ouvrage.
En effet, les conflits et l’occupation par les allemands des départements du Nord de la France ont entrainé d'importants déplacements de population civile. Une circulaire du Grand quartier général datée de 1917 définit trois types de réfugiés :
« - les réfugiés, s’ils ont fui devant l’invasion ;
- les évacués, s’ils ont quitté leur domicile par ordre de l’autorité militaire française ;
- les rapatriés, si ayant du vivre sous la domination ennemie en pays envahi, ils ont été renvoyés en France par les autorités allemandes. »
L’auteur cite par exemple l’évacuation de 45000 personnes dans les premières semaines de février, suite à l’offensive de Verdun début 1916. On peut imaginer alors que certains villages dont ceux cités ci-dessus aient été vidés de leur population. En 1918, le nombre de réfugiés avait atteint son maximum : 2 millions de personnes.
Il évoque aussi le retour de ces réfugiés, qui commence dès juillet 1918, mais « la population des départements dévastés équivaut, en octobre 1920, à 77% de celle de 1914. »
Dans son chapitre "Les retours après juillet 1918", il cite de nombreux témoignages de réfugiés décrivant leurs villages, dont celui-ci : « pas un civil, pas un soldat, pas un chien, pas un chat, pas un rat. La solitude complète, le vide absolu. »
Vous pouvez trouver des résumés de son ouvrage dans le Dictionnaire de la Grande Guerre, 1914-1918 (pp 874-876), article Réfugiés en France ; ainsi que dans l’Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918 (pp. 799-811), article Réfugiés.
Dans ce même livre, un article sur les campagnes , évoque le sort de ces villages du Nord : « Pour certaines régions, il faut prendre en compte les destructions des biens due aux opérations militaires. Le premier conflit mondial connait en quelques phases la guerre de mouvement. Elle suscite l’exode de paysans belges ou français du Nord, abandonnant le sol familier pour un destin précaire…La zone des combats est dévastée par le creusement des tranchées, par l’intensification des bombardements, par l’explosion des mines…Ce sera une tâche longue et coûteuse de reconstruire, de repeupler, de remettre en culture. Au nord de Verdun, quelques villages détruits ne renaîtront pas, dans la «zone rouge » vidée et reboisée ».(p.655)
Vous trouverez dans Les enfants de la Grande Guerre : 90 ans après, Lorrains et Alsaciens se souviennent : Verdun, 1916-2006, des témoignages concernant l’exode, les villages détruits, les maisons occupées par l’ennemi, dans le Nord.
Voir aussi : Les civils dans la France occupée entre 1914 et 1918
Une question sur Le forum Pages 14-18
Mémoire de la Grande guerre en Lorraine par Stéphane Gaber
Œuvres de fiction relatives aux réfugiés et à leur village "abandonné" :
- Roland Dorgelès, Le réveil des morts, 1923
- Maxence Van der Meersch, Invasion 14, Albin Michel, 1935
- Marie-France Hélaers, La Tiote, Woignarue, La Vague verte, 1997
- Paul Ladurelle, Réfugiés, Paris, 1936
Concernant laDeuxième Guerre Mondiale , le village martyr d’Oradour-sur-Glane en Limousin est l’exemple le plus connu de village abandonné pour raisons de guerre. En effet, suite aux massacres perpétrés par les SS dans le village en juin 1944, les quelques survivants se sont installés dans des baraquements à proximité des ruines du village, puis ont construit un nouveau bourg. Quant au village, il est resté tel qu’il avait été laissé par les allemands et le Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane situé à côté des ruines, commémore le souvenir des victimes.
Vous pouvez vous reporter à l’article de Wikipédia et regarder les documentaires suivants :
Une vie avec Oradour, réalisé par Patrick Séraudie
Oradour, réalisé par Marc Wilmart
Nous avons pensé aussi à Valchevrière dans le Vercors, haut lieu de Résistance. Ce hameau parfois nommé le « village assassiné » fût incendié par les Allemands durant leur assaut sur le Vercors du 21 au 23 juillet 1944. Ces ruines ont été préservées, et un belvédère ainsi qu’un chemin de croix ont été aménagés sur le site, mais, en réalité, si le village a bien servi de camp pour les maquisards, il n’était déjà plus habité avant la guerre.
D’autres villages du Vercors dans lesquels l’armée allemande a perpétré de nombreux massacres, ont été en grande partie détruits, le plus célèbre étant Vassieux-en-Vercors, mais ils ont été reconstruits et repeuplés après la guerre.
Vous pouvez consulter à ce sujet l’ouvrage suivant Résistance dans le Vercors, Histoire et lieux de mémoire par Gilles Vergnon.
Comme vous le constatez, il n'existe pas de document traitant spécifiquement de votre question, mais nous espérons que ces quelques pistes vous aiderons dans votre recherche.
Il existe six communes en France qui ont été désignées Mortes pour la France, puisque totalement désertées et quasiment détruites pendant la Première Guerre Mondiale : Beaumont-en-Verdunois, Bezonvaux, Cumières-le-Mort-Homme, Haumont-près-Samogneux, Louvemont-Côte-du-Poivre, Fleury-devant-Douaumont.
Situés dans la Meuse dans la région de la bataille de Verdun, ces villages ont été occupés par les français et les allemands, puis définitivement abandonnés à la fin de la guerre, tant leur terrain était miné suite aux combats.
La France a décidé de conserver leur identité de commune mais, « par l'absence d'électeurs, les maires de ces villages sont donc désignés par le préfet de la Meuse, la mairie se trouvant à leur domicile, souvent dans un village voisin. Toutefois, ils n'ont pas la qualité de "maire de Xxxx" mais de "président de la commission municipale, maire de Xxxx". Ils reçoivent tout de même une écharpe tricolore, et tiennent le registre d'état civil (ou plutôt le conservent). Ils n'ont pas le statut de grand électeur, et ne peuvent donc pas voter pour élire les sénateurs. »
Une page sur Internet : Histoire: Les villages martyrs
Un site : Les villages détruits
Un petit reportage : Les 6 villages fantômes de Verdun
Deux articles sur Wikipédia, un sur la notion de Ville fantôme, l’autre sur les Villages français détruits durant la Première Guerre mondiale.
Cette question des villages désertés pose celle des
En effet, les conflits et l’occupation par les allemands des départements du Nord de la France ont entrainé d'importants déplacements de population civile. Une circulaire du Grand quartier général datée de 1917 définit trois types de réfugiés :
« - les réfugiés, s’ils ont fui devant l’invasion ;
- les évacués, s’ils ont quitté leur domicile par ordre de l’autorité militaire française ;
- les rapatriés, si ayant du vivre sous la domination ennemie en pays envahi, ils ont été renvoyés en France par les autorités allemandes. »
L’auteur cite par exemple l’évacuation de 45000 personnes dans les premières semaines de février, suite à l’offensive de Verdun début 1916. On peut imaginer alors que certains villages dont ceux cités ci-dessus aient été vidés de leur population. En 1918, le nombre de réfugiés avait atteint son maximum : 2 millions de personnes.
Il évoque aussi le retour de ces réfugiés, qui commence dès juillet 1918, mais « la population des départements dévastés équivaut, en octobre 1920, à 77% de celle de 1914. »
Dans son chapitre "Les retours après juillet 1918", il cite de nombreux témoignages de réfugiés décrivant leurs villages, dont celui-ci : « pas un civil, pas un soldat, pas un chien, pas un chat, pas un rat. La solitude complète, le vide absolu. »
Vous pouvez trouver des résumés de son ouvrage dans le Dictionnaire de la Grande Guerre, 1914-1918 (pp 874-876), article Réfugiés en France ; ainsi que dans l’Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918 (pp. 799-811), article Réfugiés.
Dans ce même livre, un article sur les campagnes , évoque le sort de ces villages du Nord : « Pour certaines régions, il faut prendre en compte les destructions des biens due aux opérations militaires. Le premier conflit mondial connait en quelques phases la guerre de mouvement. Elle suscite l’exode de paysans belges ou français du Nord, abandonnant le sol familier pour un destin précaire…La zone des combats est dévastée par le creusement des tranchées, par l’intensification des bombardements, par l’explosion des mines…Ce sera une tâche longue et coûteuse de reconstruire, de repeupler, de remettre en culture. Au nord de Verdun, quelques villages détruits ne renaîtront pas, dans la «zone rouge » vidée et reboisée ».(p.655)
Vous trouverez dans Les enfants de la Grande Guerre : 90 ans après, Lorrains et Alsaciens se souviennent : Verdun, 1916-2006, des témoignages concernant l’exode, les villages détruits, les maisons occupées par l’ennemi, dans le Nord.
Une question sur Le forum Pages 14-18
Mémoire de la Grande guerre en Lorraine par Stéphane Gaber
- Roland Dorgelès, Le réveil des morts, 1923
- Maxence Van der Meersch, Invasion 14, Albin Michel, 1935
- Marie-France Hélaers, La Tiote, Woignarue, La Vague verte, 1997
- Paul Ladurelle, Réfugiés, Paris, 1936
Concernant la
Vous pouvez vous reporter à l’article de Wikipédia et regarder les documentaires suivants :
Une vie avec Oradour, réalisé par Patrick Séraudie
Oradour, réalisé par Marc Wilmart
Nous avons pensé aussi à Valchevrière dans le Vercors, haut lieu de Résistance. Ce hameau parfois nommé le « village assassiné » fût incendié par les Allemands durant leur assaut sur le Vercors du 21 au 23 juillet 1944. Ces ruines ont été préservées, et un belvédère ainsi qu’un chemin de croix ont été aménagés sur le site, mais, en réalité, si le village a bien servi de camp pour les maquisards, il n’était déjà plus habité avant la guerre.
D’autres villages du Vercors dans lesquels l’armée allemande a perpétré de nombreux massacres, ont été en grande partie détruits, le plus célèbre étant Vassieux-en-Vercors, mais ils ont été reconstruits et repeuplés après la guerre.
Vous pouvez consulter à ce sujet l’ouvrage suivant Résistance dans le Vercors, Histoire et lieux de mémoire par Gilles Vergnon.
Comme vous le constatez, il n'existe pas de document traitant spécifiquement de votre question, mais nous espérons que ces quelques pistes vous aiderons dans votre recherche.
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