Un bon roman ? (suite du 28/08/2012)
LANGUES ET LITTÉRATURES
+ DE 2 ANS
Le 28/08/2012 à 19h23
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Question d'origine :
Un animateur de radio, parlant ce jour d'un livre de Amélie Nothonb, le qualifie de "bon roman".
Mesdames et Messieurs les bibliothécaires, je vous remercie de me préciser, de manière générale, ce qu'est un "bon écrit".
Une question peut-être bête pour des bacs + !! Je suis bac - !!
Bonne soirée.
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 31/08/2012 à 07h31
Bonjour,
Fiez-vous plus aux critiques littéraires qu’aux animateurs de radio, préférez la presse écrite à la presse parlée !
Vous pouvez par exemple consulter les revues suivantes, disponibles en version papier à la BM de Lyon ou les consulter en ligne dans une des bibliothèques du réseau via Europresse et/ou Le Kiosque :
Lire
Le Matricule des Anges
La Quinzaine Littéraire
Le Magazine Littéraire
Les Inrockuptibles
Transfuge
Le Monde des Livres
En fait, il ne faudrait se fier qu’à soi-même et au plaisir que l’on a pris ou pas pris à la lecture de tel ou tel roman.
Sauf que cette méthode suppose de se lancer à l’aveuglette, sans repères, de lire intégralement un livre, au risque de découvrir a posteriori que l’on a perdu son temps.
Donc, qui que l’on soit, bac + 11 ou bac – 11, on sollicite des avis, on consulte les critiques littéraires dans les journaux, on se laisse parfois aller à écouter la radio.
Tous ces renseignements pris, on peut encore tomber à côté, tant un « bon roman » pour vous n’est pas forcément un « bon roman » pour moi.
Alors, puisque vous sollicitez l’avis de bibliothécaires, sachez que nous avons quand même, par habitude professionnelle, des outils, des réflexes, des intuitions. Et pas trop de complexes, au fil du temps, pour décider et affirmer que tel roman est bon ou pas.
Sont bons, presque par définition, les romans qui ont défié le temps, ceux que l’on appelle « classiques » pour aller vite, et l’on peut ranger dans cette catégorie les auteurs classiques de deuxième catégorie, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas trop connus, ainsi que les œuvres mineures d’écrivains classiques de première catégorie.
Sont bons, à force d’expertises consécutives, les romans traduits depuis une langue étrangère, parce que ce sont en général des romans qui ont été reconnus dans leurs pays d’origine, dont les droits de cession sont élevés, dont la traduction coûte cher, que les agents littéraires surveillent attentivement, et donc pour lesquels les éditeurs français ne s’engagent pas à la légère.
Méfiance cependant : la vogue actuelle du roman policier et de la science fiction conduit certains éditeurs à faire traduire un grand nombre de romans quelconques, notamment d’origine anglo-saxonne, dans l’espoir que l’un d’entre eux décollera vraiment, son succès compensant tous les frais engendrés par les autres.
Au-delà du plaisir de lecture, à propos duquel nous avons commencé notre réponse, on peut trouver mille définitions : des plus exigeantes, comme dire avec Kafka qu’un bon roman est un roman qui « brise la mer gelée en nous », à la plus terre à terre, comme dire avec Paul-Emile Victor qu’un bon roman est un roman qui vous emmène au-delà des mers. Pour certains, un bon roman sera celui qui les fera prendre conscience de la réalité politique d’un pays, pour d’autres, celui qui leur dévoilera des tréfonds de l’âme humaine qu’ils n’avaient pas soupçonnés, celui qui leur fera découvrir une religion dont ils ignoraient les tenants et aboutissants…
Dans votre question, vous passez de « bon roman » à « bon écrit ». Un bon roman doit forcément être bien écrit. En tant que lecteur ne tolérez ni coquilles, ni maladresses, ni cuirs, ni impropriétés, ni clichés, ni lieux communs, ni à peu près. N’admettez grossièretés, langage parlé, truismes que s’ils sont ouvertement revendiqués par l’écrivain. N’acceptez que des livres bien imprimés et bien mis en page.
Et consultez à nouveau les bibliothécaires, qui adorent conseiller.
Commentaire de
DEVINES :
Publié le 23/11/2012 à 15:29
Bonjour à toute l'équipe.
J'en reviens à votre réponse à ma question citée plus haut qui vous demandais ce qu'est un bon roman.
"En tant que lecteur" me disiez-vous, "ne tolérez ni coquilles, ni maladresses, ni cuirs....".
"N'acceptez que des livres bien imprimés et bien mis en pages...".
Vos conseils me sont bien utiles. Mais que faire devant un roman comportant pas moins d'une bonne vingtaine de fautes d'orthographe, d'erreurs dans la mise en page, ...rien que dans les quatorze premières pages !!
Tout d'abord, donner son titre :LES CAPSULES DU TEMPS
son auteur : ANGEL NELLEN
son éditeur : NELLEN EDITIONS
son code ISBN : 978-2-9541-2990-7.
Existe-t-il une possibilité de porter une réclamation auprès de l'éditeur qui s'apprête d'ailleurs à faire paraître une suite ?
Je pense que dans votre rôle de spécialiste de la littérature, cette publication ne doit pas figurer dans votre catalogue de conseils.
Avec mes sincères salutations.
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 27/11/2012 à 09h08
Bonjour,
Quand un libraire reçoit un livre comportant un défaut de fabrication, il peut le retourner à l’éditeur ou au diffuseur de ce dernier, il peut même retourner un livre qu’un client lui a acheté et rapporté. Il nous arrive, à la Bibliothèque, de découvrir tardivement de tels défauts, et le retour est toujours possible, même après un long délai.
Il n’en est malheureusement pas de même quand le défaut porte sur le contenu, la grammaire, l’orthographe.
Cependant, il n’y a pas de raison de ne pas manifester votre désapprobation.
Un Monsieur Nellen qui publie chez Nellen éditions est un auteur qui s’auto-publie. A la Bibliothèque, nous possédons ce livre, car nous l’avons reçu d’office par le biais du "dépôt légal" (qui, depuis François 1er fait obligation à tous les éditeurs de déposer officiellement des exemplaires de leurs livres dans les bibliothèques, aux fins de contrôle de l’édition à l’origine) et que cet éditeur est villeurbannais.
Comme le libraire chez qui vous avez acheté ce livre n’est sans doute pas disposé à recevoir une telle plainte, vous pouvez, si vous en avez le courage, écrire à ce Monsieur Nellen pour lui expliquer que respecter son lecteur suppose de lire et relire son texte, de corriger ses fautes, de maîtriser la mise en page… en gros de travailler proprement.
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Commentaires 1
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