Question d'origine :
Bonsoir,
Je viens de revoir Le Pianiste de Roman Polanski. A la fin du film, on nous indique que l'allemand qui a sauvé le pianiste est mort dans un camp en 1952.
Y a -t-il eu de nombreux prisonniers gardés pendant aussi longtemps dans des camps en Russie ? Je pensais qu'il n'y avait plus de prisonniers une fois que l'armistice est signé !
Pouvez vous m'éclairer sur ce point ?
D'avance merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 15/12/2012 à 14h58
Bonjour,
Entre 1941 et 1945, plus de 2 300 000 soldats allemands furent capturés par l'Armée rouge et envoyés dans les camps soviétiques de la région de Kolyma. Ces prisonniers ont fourni une main d'œuvre servile particulièrement utile quand sonna l'heure de la reconstruction après la guerre. Les derniers prisonniers allemands ne quitteront l'URSS qu'en 1953.(Soure : Mémorial de Caen)
En 1949, le Bureau fédéral des statistiques à Wiesbaden avait recueilli les noms de 69 000 prisonniers de guerre, détenus ou personnes en détention préventive, ainsi que ceux de 1 148 000 de l'ancienne Wehrmacht membres portés disparus - dont Hans Sternemann - et de 190 000 civils portés disparus. Ils avaient été déportés et étaient contraints maintenant de travailler à titre de réparation, essentiellement en Union soviétique […] L'Union soviétique n'avait pas signé la Convention de Genève de 1929 relative aux prisonniers de guerre. Par conséquent, Moscou ne se sentait pas obligé de transmettre au CICR les noms des quelque 2 388 000 prisonniers de guerre allemands, et encore moins de donner des informations sur les endroits où ils avaient été transférés, ou sur leur décès. […]
( Source : La recherche des Allemands prisonniers ou portés disparus au cours de la Seconde Guerre mondiale, Revue internationale de la Croix-Rouge, 834)
D’après les statistiques officielles, l’Union soviétique fit 2 388 000 prisonniers de guerre allemands entre 1941 et 1945, auxquels il faut ajouter 1 097 000 autres soldats européens combattant pour l’Axe et autour de 600 00 japonais : ce chiffre est sidérant quand on sait que l’union soviétique ne fut en guerre qu’assez brièvement contre Japon. A l’heure de l’armistice, le nombre total de soldats capturés avait dépassé les 4 millions. - L’auteur précise que des chiffres analogues tirés d’un document soviétique (2 079000 Allemands, 1 220 000 non-Allemands, 590 000 Japonais et 570 000 morts).
(Source : Goulag, une Histoire / Anne Applebaum)
Les Soviétiques firent 3,5 millions de prisonniers de guerre (allemands, autrichiens, roumains et hongrois pour l’essentiel) ; la plupart rentrèrent au pays après la guerre.
(Source : Après Guerre / Tony Judt)
Si, en règle générale, les Britanniques et les Américains visent bien à la dénazification, du côté soviétique, les arrestations se font sur des bases beaucoup plus floues. Figurent bien, parmi les internés, des anciens nazis, mais aussi, en nombre important, des individus décrits par les agents soviétiques, comme hostiles au socialisme. Selon un mémo du ministère de l’Intérieur soviétique daté de juillet 1990, quelque 122 671 Allemands auraient été détenus dans les Spéziallagern (camps situés sur le territoire qui deviendra la RDA) de 1945 à 1950. Parmi eux, 42 889 seraient morts sur place, 45 262 auraient été libérés, 12770 déportés en URSS, 6 680 transférés dans des camps de prisonniers de guerre, 14 202 confiés à l’administration allemande , 756 condamnés par le tribunal militaire, 212 auraient pris la fuite.
(Source : Le siècle des camps : détention, concentration, extermination : cent ans de mal radical / Joël Kotek, Pierre Rigoulot
Pour évoquer la difficulté de connaitre le sort de ces prisonniers de guerre allemands en URSS, un article du Guardian mentionnait l’arrestation en 2009 de Mikhail Suprun, un historien russe enquêtant sur le sort d’Allemands emprisonnés en Union soviétique durant la Seconde Guerre mondiale : Les recherches de Suprun étaient effectuées en liaison avec la Croix-Rouge allemande, qui cherche à faire toute la lumière sur le sort de milliers d’Allemands emmenés prisonniers en Russie soviétique durant la guerre, et dont la plupart ne sont jamais revenus. La Croix-Rouge allemande s’est dite perplexe après l’arrestation de l’historien.
Entre 1941 et 1945, plus de 2 300 000 soldats allemands furent capturés par l'Armée rouge et envoyés dans les camps soviétiques de la région de Kolyma. Ces prisonniers ont fourni une main d'œuvre servile particulièrement utile quand sonna l'heure de la reconstruction après la guerre. Les derniers prisonniers allemands ne quitteront l'URSS qu'en 1953.(Soure : Mémorial de Caen)
En 1949, le Bureau fédéral des statistiques à Wiesbaden avait recueilli les noms de 69 000 prisonniers de guerre, détenus ou personnes en détention préventive, ainsi que ceux de 1 148 000 de l'ancienne Wehrmacht membres portés disparus - dont Hans Sternemann - et de 190 000 civils portés disparus. Ils avaient été déportés et étaient contraints maintenant de travailler à titre de réparation, essentiellement en Union soviétique […] L'Union soviétique n'avait pas signé la Convention de Genève de 1929 relative aux prisonniers de guerre. Par conséquent, Moscou ne se sentait pas obligé de transmettre au CICR les noms des quelque 2 388 000 prisonniers de guerre allemands, et encore moins de donner des informations sur les endroits où ils avaient été transférés, ou sur leur décès. […]
( Source : La recherche des Allemands prisonniers ou portés disparus au cours de la Seconde Guerre mondiale, Revue internationale de la Croix-Rouge, 834)
D’après les statistiques officielles, l’Union soviétique fit 2 388 000 prisonniers de guerre allemands entre 1941 et 1945, auxquels il faut ajouter 1 097 000 autres soldats européens combattant pour l’Axe et autour de 600 00 japonais : ce chiffre est sidérant quand on sait que l’union soviétique ne fut en guerre qu’assez brièvement contre Japon. A l’heure de l’armistice, le nombre total de soldats capturés avait dépassé les 4 millions. - L’auteur précise que des chiffres analogues tirés d’un document soviétique (2 079000 Allemands, 1 220 000 non-Allemands, 590 000 Japonais et 570 000 morts).
(Source : Goulag, une Histoire / Anne Applebaum)
Les Soviétiques firent 3,5 millions de prisonniers de guerre (allemands, autrichiens, roumains et hongrois pour l’essentiel) ; la plupart rentrèrent au pays après la guerre.
(Source : Après Guerre / Tony Judt)
Si, en règle générale, les Britanniques et les Américains visent bien à la dénazification, du côté soviétique, les arrestations se font sur des bases beaucoup plus floues. Figurent bien, parmi les internés, des anciens nazis, mais aussi, en nombre important, des individus décrits par les agents soviétiques, comme hostiles au socialisme. Selon un mémo du ministère de l’Intérieur soviétique daté de juillet 1990, quelque 122 671 Allemands auraient été détenus dans les Spéziallagern (camps situés sur le territoire qui deviendra la RDA) de 1945 à 1950. Parmi eux, 42 889 seraient morts sur place, 45 262 auraient été libérés, 12770 déportés en URSS, 6 680 transférés dans des camps de prisonniers de guerre, 14 202 confiés à l’administration allemande , 756 condamnés par le tribunal militaire, 212 auraient pris la fuite.
(Source : Le siècle des camps : détention, concentration, extermination : cent ans de mal radical / Joël Kotek, Pierre Rigoulot
Pour évoquer la difficulté de connaitre le sort de ces prisonniers de guerre allemands en URSS, un article du Guardian mentionnait l’arrestation en 2009 de Mikhail Suprun, un historien russe enquêtant sur le sort d’Allemands emprisonnés en Union soviétique durant la Seconde Guerre mondiale : Les recherches de Suprun étaient effectuées en liaison avec la Croix-Rouge allemande, qui cherche à faire toute la lumière sur le sort de milliers d’Allemands emmenés prisonniers en Russie soviétique durant la guerre, et dont la plupart ne sont jamais revenus. La Croix-Rouge allemande s’est dite perplexe après l’arrestation de l’historien.
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