Question d'origine :
Bonjour, j'aimerais en apprendre plus sur le mouvement de l'absurde, et si possible ensuite à propos des nihilistes, peut-on lier l'absurde et le nihilisme ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 06/02/2013 à 09h24
Si nous abordons l'absurde et le nihilisme strictement comme mouvements littéraires, tels qu'ils sont apparus au cours de l'histoire des idées, il n'y a aucun lien entre les deux . Le mot nihilisme apparaît chez Tourgueniev en 1862, dans Pères et fils (ebook) : "un nihiliste est un homme qui ne s'incline devant aucune autorité, qui n'accepte aucun principe sans examen, quel que soit le respect dont ce principe est entouré." La tête de file de ces nihilistes russes est Tchernychevski dont le roman Que faire ? (ebook) est considéré comme la bible de ce mouvement.
Sur les nihilistes russes, vous trouverez dans nos collections :
Les nihilistes russes de Wanda Bannour : "le nihilisme n'appartient pas aux concepts gris. Son intensité tantôt lui confère l'incandescence des apocalypses, tantôt ouvre l'abîme vertigineux du NIHIL - du rien.Le NIHIL n'est prisonnier ni d'une attitude, ni d'une pensée, ni d'une praxis . Des cyniques à Netchaiev, des sceptiques à Schopenhauer, ses figures sont légion. Pourtant, s'il fallait donner au nihilisme une terre d'élection, sans aucun doute ce serait la Russie. "Nous sommes tous des nihilistes" : dans ce jugement de Dostoïevski le nous désigne les Russes. Nihilistes les Tchernychewski, Dobrolioubov, Pisarev ; nihilistes Netchaiev, Bakounine. Et Dostoïevski lui-même n'est-il pas atteint en profondeur par le virus de la nihilisation ?
Les nihilistes russes, textes choisis : "sous la dénomination de nihilistes nous présentons... les écrivains que l'opinion russe de l'époque a baptisés de ce nom : les porte-parole de l'idéologie révolutionnaire des années qui précédèrent et suivirent les réformes promulguées par le gouvernement tsariste, à partir du décret du 19 février 1861 annonçant l'abrogation du droit féodal... La mauvaise réputation de ces contestataires vient de ce qu'ils refusaient - aussi fortement qu'il était possible, compte tenu de la surveillance constante qu'exerçait la tristement célèbre Troisième Section et la censure gouvernementale - l'ordre tsariste fondé sur le servage, ordre injuste et knoutocratique."
Quant à l'absurde, il apparaît comme mouvement dans le théâtre des années 50 avec Ionesco, Beckett, Adamov. Vous pouvez vous reporter à une précédente réponse déjà publiée sur ce même site, qui contient de nombreuses références au sujet de l'absurde.
Sur le théâtre de l'absurde, vous trouverez dans nos collections :
Le Théâtre de l'Absurde de Martin Esslin
"Le sens premier du mot "absurde" était "inharmonieux" au sens musical, d'où la définition du dictionnaire : en désaccord avec la raison et la bienséance, incongru, irraisonnable, illogique. "Dans le langage courant "absurde" ne peut signifier que "ridicule". Ce n'est ni le sens dans lequel Camus utilise ce mot, ni celui que nous entendons quand nous parlons du Théâtre de l'Absurde. Dans un essai sur Kafka, Ionesco en définit sa conception : "Est absurde ce qui n'a pas de but... Coupé de ses racines religieuses ou métaphysiques, l'homme est perdu, toute sa démarche devient insensée, inutile, étouffante. Ce sentiment de l'anxiété métaphysique face à l'absurdité de la condition humaine est en gros le thème des pièces de Beckett, Adamov, Ionesco, Genet... Un sentiment identique du non-sens de la vie, de l'inévitable dépréciation des idéaux, de la pureté des buts, inspire maintes oeuvres d'auteurs dramatiques tels que Giraudoux, Anouilh, Salacrou, Sartre et Camus lui-même."
Mais cette relative absence de lien du point de vue de l'histoire littéraire n'obère pas le fait qu'il s'agit de deux thématiques que l'on peut retrouver confondues dans des oeuvres particulières. Ainsi, dans l'homme révolté, Albert Camus nous dit : "le nihilisme est l'expérience de l'absurde" et Nietzsche, dans son évocation du dernier homme, nous décrit un monde dénué de sens, où le nihilisme règne. L'effondrement des valeurs, mais aussi les idéaux religieux , politiques, dans leur outrance, peuvent conduire au nihilisme. C'est le sens de la révolte camusienne : "à ceux qui veulent "tuer et mourir pour produire l'être que nous ne sommes pas", il oppose que "nous avons à vivre et faire vivre pour créer ce que nous sommes." De même que Sisyphe est le héros absurde par excellence, qui surmonte le destin par son mépris, concluant que "tout est bien", trouve le bonheur dans un effort inutile". Si vous lisez le numéro du Magazine littéraire consacré au nihilisme : la tentation du néant, vous vous apercevrez que le sentiment de l'absurdité de la vie a conduit de nombreux auteurs à construire une oeuvre que l'on pourrait qualifier de nihiliste : Cioran, Stirner, Sade, parmi tant d'autres... Pour conclure de manière un peu absurde et nihilistement, laissons la parole à Lichtenberg, inventeur de l'instrument dont rêve tout boucher : "un couteau sans lame auquel manque le manche."
Sur les nihilistes russes, vous trouverez dans nos collections :
Les nihilistes russes de Wanda Bannour : "le nihilisme n'appartient pas aux concepts gris. Son intensité tantôt lui confère l'incandescence des apocalypses, tantôt ouvre l'abîme vertigineux du NIHIL - du rien.
Les nihilistes russes, textes choisis : "sous la dénomination de nihilistes nous présentons... les écrivains que l'opinion russe de l'époque a baptisés de ce nom : les porte-parole de l'idéologie révolutionnaire des années qui précédèrent et suivirent les réformes promulguées par le gouvernement tsariste, à partir du décret du 19 février 1861 annonçant l'abrogation du droit féodal... La mauvaise réputation de ces contestataires vient de ce qu'ils refusaient - aussi fortement qu'il était possible, compte tenu de la surveillance constante qu'exerçait la tristement célèbre Troisième Section et la censure gouvernementale - l'ordre tsariste fondé sur le servage, ordre injuste et knoutocratique."
Quant à l'absurde, il apparaît comme mouvement dans le théâtre des années 50 avec Ionesco, Beckett, Adamov. Vous pouvez vous reporter à une précédente réponse déjà publiée sur ce même site, qui contient de nombreuses références au sujet de l'absurde.
Sur le théâtre de l'absurde, vous trouverez dans nos collections :
Le Théâtre de l'Absurde de Martin Esslin
"Le sens premier du mot "absurde" était "inharmonieux" au sens musical, d'où la définition du dictionnaire : en désaccord avec la raison et la bienséance, incongru, irraisonnable, illogique. "Dans le langage courant "absurde" ne peut signifier que "ridicule". Ce n'est ni le sens dans lequel Camus utilise ce mot, ni celui que nous entendons quand nous parlons du Théâtre de l'Absurde. Dans un essai sur Kafka, Ionesco en définit sa conception : "Est absurde ce qui n'a pas de but... Coupé de ses racines religieuses ou métaphysiques, l'homme est perdu, toute sa démarche devient insensée, inutile, étouffante. Ce sentiment de l'anxiété métaphysique face à l'absurdité de la condition humaine est en gros le thème des pièces de Beckett, Adamov, Ionesco, Genet... Un sentiment identique du non-sens de la vie, de l'inévitable dépréciation des idéaux, de la pureté des buts, inspire maintes oeuvres d'auteurs dramatiques tels que Giraudoux, Anouilh, Salacrou, Sartre et Camus lui-même."
Mais cette relative absence de lien du point de vue de l'histoire littéraire n'obère pas le fait qu'il s'agit de deux thématiques que l'on peut retrouver confondues dans des oeuvres particulières. Ainsi, dans l'homme révolté, Albert Camus nous dit : "le nihilisme est l'expérience de l'absurde" et Nietzsche, dans son évocation du dernier homme, nous décrit un monde dénué de sens, où le nihilisme règne. L'effondrement des valeurs, mais aussi les idéaux religieux , politiques, dans leur outrance, peuvent conduire au nihilisme. C'est le sens de la révolte camusienne : "à ceux qui veulent "tuer et mourir pour produire l'être que nous ne sommes pas", il oppose que "nous avons à vivre et faire vivre pour créer ce que nous sommes." De même que Sisyphe est le héros absurde par excellence, qui surmonte le destin par son mépris, concluant que "tout est bien", trouve le bonheur dans un effort inutile". Si vous lisez le numéro du Magazine littéraire consacré au nihilisme : la tentation du néant, vous vous apercevrez que le sentiment de l'absurdité de la vie a conduit de nombreux auteurs à construire une oeuvre que l'on pourrait qualifier de nihiliste : Cioran, Stirner, Sade, parmi tant d'autres... Pour conclure de manière un peu absurde et nihilistement, laissons la parole à Lichtenberg, inventeur de l'instrument dont rêve tout boucher : "un couteau sans lame auquel manque le manche."
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