Question d'origine :
Bonjour,
J'aurais souhaité savoir pourquoi certains nom de profession (conservateur, régisseur) ne s'accordait, jusqu'à il y a peu de temps, au féminin? Si on voit par exemple écrit "conservatrice du patrimoine", beaucoup de femmes se désignent comme "conservateur". Quelle en est la raison? Est-il correct grammaticalement de mettre ces noms au féminin?
Merci d'avance pour votre réponse!
Lili
Réponse du Guichet
gds_ah
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 12/03/2013 à 10h14
Bonjour,
La raison pour laquelle il existe un flottement dans l’usage du féminin de certains noms de métiers et de titres est liée à la question : qui est légitime pour normaliser un usage linguistique, ou décider de ce qui est juste, voire ‘légal’ en matière de langue ? Ce point d’orthographe est l’objet d’un débat, ne datant pas d’aujourd’hui, entre les sages de la nation, experts en linguistiques, et les politiques soucieux de défendre la cause féminine, même sur le plan linguistique. En fait, le gouvernement de 1984, et plus tard en 1998, le Premier ministre, M. Lionel Jospin, ont demandé à une commission d’étudier les besoins de féminisation des noms de métiers et titres. La commission des années 1980 a établi une liste de mots à féminiser. La deuxième commission, sous Jospin, ne déconseille pas le principe de la féminisation ; toutefois, elle indique qu’il est souhaitable de préserver la neutralité liée aux titres, aux grades, et fonctions, et montre du doigt les limites d’une féminisation arbitraire et systématique. Malgré ces recommandations, une nouvelle liste de termes féminisés établie par l’INALF, et publiée par la Documentation française est mise à la disposition des administrations. La position de l’Académie française, réceptacle de la sagesse de la nation, est de manifester ses réserves quant à ces projets de féminisation des métiers et titres. L’Académie met en garde contre une féminisation abusive et autoritaire, en publiant en mars 2002 une déclaration qui dénonce le risque de contresens linguistique en cas de féminisation systématique. Elle ne s’oppose pas en tant que tel au principe de féminisation : la 8ème édition de son dictionnaire avait laissé place à plusieurs formes féminines de métiers. Toutefois, elle l'a fait avec prudence et dans le respect de la morphologie de la langue, afin d’éviter des incohérences linguistiques.
Par exemple :
« Les termes chercheure, professeure, auteure, par exemple, ne sont aucunement justifiés linguistiquement car les masculins en -eur font, en français, leur féminin en -euse ou en -trice (les rares exceptions comme prieure ou supérieure proviennent de comparatifs latins dont les formes féminines et masculines sont semblables). En revanche, en ce qui concerne les titres, les grades et les fonctions, au nom de la neutralité institutionnelle et juridique qui leur est attachée, l’Académie française recommande d’éviter, dans tous les cas non consacrés par l’usage, les termes du genre dit « féminin » et de préférer les dénominations de genre non marqué. »
Ainsi, lorsqu’il s’agit de titres, fonctions, grades, il est recommandé de garder la forme non marquée, ou masculin, pour désigner une femme dans cette fonction afin de respecter la neutralité de cette fonction.
Pour ce qui est de conservateur, le dictionnaire de l’académie française présente conservateur et conservatrice, dans le cas ou ce titre est porté par une femme. Lorsqu’il s’agit d’un titre ou grade, il est d’usage de dire Madame le conservateur :
CONSERVATEUR, -TRICE n. XIIIe siècle, « celui qui maintient un droit ». (…)
2. N. m. ADM. Fonctionnaire chargé de gérer et d'entretenir des biens appartenant à l'État ou à une collectivité, d'enrichir les collections existantes et de les faire connaître au public. Le conservateur d'un musée, d'un château. (…) Madame le conservateur de la bibliothèque.
En ce qui concerne régisseur, le Robert Dictionnaire de la Langue française d’Alain Rey, indique que le féminin est Régisseuse :
L’autre dérivé de régir, Régisseur, euse n., apparaît au XVIIIe s., d’abord avec le sens d’administratif de « personne qui gère par commission et a charge de rendre compte » (1724), disparu avec l’Ancien Régime. Depuis 1732, le mot s’emploie pour désigner la personne qui administre, gère une propriété, rarement employé au féminin régisseuse. Depuis le XIXe s., il s’emploie comme régie dans l’administration des spectacles, désignant la personne qui organise matériellement un représentation (1831) et par analogie, dans un studio de cinéma, de télévision, le tournage (XXe s.)
Pour finir, si l’on regarde, les débats entre linguistes et politiques qui ont eu lieu dans d’autres contrées, parfois, cette question a été tranchée positivement pour faciliter la vie des citoyens : ainsi, une réforme de l’alphabet, initiée par Mustafa Kemal Atatürk a résolu les problèmes d’orthographe des petites écoliers de Turquie, une fois pour toute : une lettre est utilisée pour un son en turc. Il est vrai que cette réforme réussie, est juste en Turquie, car elle a permis de passer de l’alphabet ottoman (proche de la transcription arabe) à l’alphabet latin, qui paraissait correspondre davantage à la phonétique turque, riche de voyelles.
La raison pour laquelle il existe un flottement dans l’usage du féminin de certains noms de métiers et de titres est liée à la question : qui est légitime pour normaliser un usage linguistique, ou décider de ce qui est juste, voire ‘légal’ en matière de langue ? Ce point d’orthographe est l’objet d’un débat, ne datant pas d’aujourd’hui, entre les sages de la nation, experts en linguistiques, et les politiques soucieux de défendre la cause féminine, même sur le plan linguistique. En fait, le gouvernement de 1984, et plus tard en 1998, le Premier ministre, M. Lionel Jospin, ont demandé à une commission d’étudier les besoins de féminisation des noms de métiers et titres. La commission des années 1980 a établi une liste de mots à féminiser. La deuxième commission, sous Jospin, ne déconseille pas le principe de la féminisation ; toutefois, elle indique qu’il est souhaitable de préserver la neutralité liée aux titres, aux grades, et fonctions, et montre du doigt les limites d’une féminisation arbitraire et systématique. Malgré ces recommandations, une nouvelle liste de termes féminisés établie par l’INALF, et publiée par la Documentation française est mise à la disposition des administrations. La position de l’Académie française, réceptacle de la sagesse de la nation, est de manifester ses réserves quant à ces projets de féminisation des métiers et titres. L’Académie met en garde contre une féminisation abusive et autoritaire, en publiant en mars 2002 une déclaration qui dénonce le risque de contresens linguistique en cas de féminisation systématique. Elle ne s’oppose pas en tant que tel au principe de féminisation : la 8ème édition de son dictionnaire avait laissé place à plusieurs formes féminines de métiers. Toutefois, elle l'a fait avec prudence et dans le respect de la morphologie de la langue, afin d’éviter des incohérences linguistiques.
Par exemple :
« Les termes chercheure, professeure, auteure, par exemple, ne sont aucunement justifiés linguistiquement car les masculins en -eur font, en français, leur féminin en -euse ou en -trice (les rares exceptions comme prieure ou supérieure proviennent de comparatifs latins dont les formes féminines et masculines sont semblables). En revanche, en ce qui concerne les titres, les grades et les fonctions, au nom de la neutralité institutionnelle et juridique qui leur est attachée, l’Académie française recommande d’éviter, dans tous les cas non consacrés par l’usage, les termes du genre dit « féminin » et de préférer les dénominations de genre non marqué. »
Ainsi, lorsqu’il s’agit de titres, fonctions, grades, il est recommandé de garder la forme non marquée, ou masculin, pour désigner une femme dans cette fonction afin de respecter la neutralité de cette fonction.
Pour ce qui est de conservateur, le dictionnaire de l’académie française présente conservateur et conservatrice, dans le cas ou ce titre est porté par une femme. Lorsqu’il s’agit d’un titre ou grade, il est d’usage de dire Madame le conservateur :
CONSERVATEUR, -TRICE n. XIIIe siècle, « celui qui maintient un droit ». (…)
2. N. m. ADM. Fonctionnaire chargé de gérer et d'entretenir des biens appartenant à l'État ou à une collectivité, d'enrichir les collections existantes et de les faire connaître au public. Le conservateur d'un musée, d'un château. (…) Madame le conservateur de la bibliothèque.
En ce qui concerne régisseur, le Robert Dictionnaire de la Langue française d’Alain Rey, indique que le féminin est Régisseuse :
L’autre dérivé de régir, Régisseur, euse n., apparaît au XVIIIe s., d’abord avec le sens d’administratif de « personne qui gère par commission et a charge de rendre compte » (1724), disparu avec l’Ancien Régime. Depuis 1732, le mot s’emploie pour désigner la personne qui administre, gère une propriété, rarement employé au féminin régisseuse. Depuis le XIXe s., il s’emploie comme régie dans l’administration des spectacles, désignant la personne qui organise matériellement un représentation (1831) et par analogie, dans un studio de cinéma, de télévision, le tournage (XXe s.)
Pour finir, si l’on regarde, les débats entre linguistes et politiques qui ont eu lieu dans d’autres contrées, parfois, cette question a été tranchée positivement pour faciliter la vie des citoyens : ainsi, une réforme de l’alphabet, initiée par Mustafa Kemal Atatürk a résolu les problèmes d’orthographe des petites écoliers de Turquie, une fois pour toute : une lettre est utilisée pour un son en turc. Il est vrai que cette réforme réussie, est juste en Turquie, car elle a permis de passer de l’alphabet ottoman (proche de la transcription arabe) à l’alphabet latin, qui paraissait correspondre davantage à la phonétique turque, riche de voyelles.
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