Question d'origine :
on parle de supprimer le terme de la Constitution française, on en entend parler de partout, mais le terme de race a-t-il un fondement scientifique?
Les sciences humaines ne seront peut-être pas concordantes avec les sciences dures.
Or, il me semble qu'il n'y a pas de vrai synonyme à ce mot.
La biologie nous amène à la notion d'hérédité mais la culture exprime également avec force la notion d'appartenance; alors...
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 18/05/2013 à 13h14
Bonjour,
Quelques définitions pour commencer :
RACE :
La race est un principe de classification des groupes d’hommes, d’animaux s’appuyant sur des critères biologiques, génétiques ou plus généralement physiques. Le concept de race apparaît dans le vocabulaire scientifique et philosophique au XVIIIe siècle à l’époque des premières tentatives de catalogage et de classification des phénomènes naturels, organiques et inorganiques. Buffon et Linné adoptent le terme de race humaine et ses variations pour classer les êtres humains. Race désigne alors des groupes d’hommes différenciés selon des critères extérieurs (couleur, traits physiques, etc.) ou psychologiques (industrieux, nonchalants, etc.) puis plus tard selon des traits héréditaires. Avec le développement de l’évolutionnisme au XIXe siècle, les critères d’anthropologie physique cèdent la place aux critères biologique et génétique. Les caractéristiques somatiques permettant de classer les hommes en race sont alors conçues comme le résultat d’une évolution du patrimoine héréditaire modifié soit par adaptation soit par sélection naturelle. Ainsi naît une hiérarchie des races établie en fonction de leur place dans l’arbre de l’évolution, idée à la base du racisme.
Sous les hospices de l’Unesco, anthropologues, biologistes, généticiens et sociologues ont tenté de cerner le concept de race. D’un point de vue biologique et génétique, la race est un principe de classification conventionnel et arbitraire n’ayant pas de portée scientifique réelle en raison de l’absence de différentiation génétique significative entre les groupes humains actuels. D’un point de vue anthropologique et sociologique, la race est un moyen de décrire et de classer la grande diversité des populations humaines. Il s’agit alors d’un système reposant sur des valeurs culturelles et pouvant déboucher sur des mythes sociaux . (In Notions philosophiques, dictionnaire)
Autre article dans Le dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie :
Un grand nombre d’anthropologues sont actuellement convaincus de l’inapplicabilité du concept de race à l’espèce humaine. D’autres cependant répugnent à renoncer au confort mental d’une logique classificatoire, souvent liée dans leur esprit à un schéma évolutif qui voit dans les races les rameaux terminaux de branchements successifs au départ d’un tronc représentant la souche humaine primordiale. Cette image est elle-même loin de correspondre à la réalité : du fait de l’intensité du brassage des populations humaines, associée à leur capacité à vivre dans les milieux les plus variés et à leur faible aptitude à s’adapter biologiquement à des milieux contrastés, l’image du réseau représente l’évolution humaine de façon bien plus réaliste que celle de l’arbre. Le recours aux classifications raciales n’est pas prêt néanmoins de disparaître. De la même manière, on continue en certains lieux de faire appel aux typologies raciales, c'est-à-dire de considérer toute population humaine comme constituée de pourcentages différents d’un petit nombre de types raciaux arbitrairement définis (comme les types nordique et méditerranéen), conception dont la génétique a pourtant montré l’absence de fondement scientifique. Quoi qu’il en soit, l’anthropobiologie se consacre désormais essentiellement à étudier la diversité humaine sans biais classificatoire, et à en rechercher l’explication en termes de génétique des populations et d’influence du milieu sur l’expression des gènes.
Avant même que les biologistes aient remis en cause la pertinence de la notion de race, l’anthropologie sociale avait déjà cessé de rechercher des corrélations entre « races » et cultures.
Pour approfondir :
L’idée de race :
Pour retracer l’histoire de l’idée de race entre Grèce et Asie orientale, l’auteur examine la race avant la race dans l’Antiquité et l’Europe classique, puis la race à son zénith au XIXe siècle et enfin la race sans race, du lendemain de la Seconde Guerre mondiale à nos jours Au terme d’un parcours spatio-temporel, qui scrute la fortune de l’idée de race, il apparaît alors que l’Antiquité a forgé des récits originels dont les dérivés, les « origines gentium », ont fini par engendrer, liée le plus souvent à l’idée de nation, l’idée plastique et infiniment malléable de race, laquelle continue de nourrir, souvent à notre insu, les imaginaires actuels et ce, même si d’autres termes, culture, identité, altérité ou ethnicité, ni plus justes, ni plus généreux , ni moins pernicieux, sont venus remplacer l’idée de race afin de reconduire les fictions d’appartenance.
Etude critique sur la formation de la doctrine des races : au XVIIIe siècle et son expansion au XIXe siècle :
Retrace l'histoire de la doctrine des races, de ses fondateurs et de ses commentateurs en France et en Europe. Après une étude des origines psychologiques de la théorie des races (Linné, Buffon, Lamarck...), T. Simar (1883-1930) la met en parallèle avec la théorie des classes et analyse son développement au XIXe siècle avec Gobineau, Taine, Drumont.
Races et racismes :
De Platon, saint Augustin, Kant à Freud, Chomsky, Foucault ou Derrida, l'ouvrage présente la multiplicité des idéologies racistes et des théories contraires développées par les philosophes. Aborde également la biologie, la psychanalyse, l'anthropologie et la pensée politique. Les extraits choisis sont précédés de la présentation de leur auteur et de sa démarche.
La société pure :
L'auteur montre comment certaines idéologies véhiculées par la biologie nourrissent les idéologies politiques, de l'eugénisme au racisme, en passant par le darwinisme social.
L’humanité au puriel :
L'humanité est-elle séparée en races différentes? Vérité scientifique au XIXe siècle et durant une bonne partie du XXe, cette affirmation a été battue en brèche après la Seconde Guerre mondiale. Au cours des dernières décennies, la biologie a nié la pertinence même de la question, au motif que tous les humains auraient en commun 99,9 % de leur patrimoine génétique. Mais les avancées toutes récentes de la génétique nuancent cette affirmation. L'étude fine du génome humain montre l'existence de différenciations héréditaires stables qui, au-delà des seules apparences (couleur de peau, chevelure, etc.), rendent possible de remonter aux origines géographiques lointaines des individus, ou peuvent parfois expliquer leur vulnérabilité à certaines maladies. Certes, les groupes ainsi repérés ont des limites floues, leur diversité interne est élevée, et aucun classement hiérarchique global ne peut être justifié à partir de ces éléments. Les "races", au sens classique du terme, n'existent effectivement pas. Néanmoins, la pluralité humaine, telle qu'on peut l'appréhender avec les techniques les plus modernes, est plus grande et plus subtile qu'on ne voulait le croire...
Vous pourrez trouver aussi un certain nombre d’éléments de réflexion dans le dossier législatif,
qui précise les attendus de la loi présentée au parlement, les mesures proposées et les débats.
Bonnes lectures.
Quelques définitions pour commencer :
RACE :
La race est un principe de classification des groupes d’hommes, d’animaux s’appuyant sur des critères biologiques, génétiques ou plus généralement physiques. Le concept de race apparaît dans le vocabulaire scientifique et philosophique au XVIIIe siècle à l’époque des premières tentatives de catalogage et de classification des phénomènes naturels, organiques et inorganiques. Buffon et Linné adoptent le terme de race humaine et ses variations pour classer les êtres humains. Race désigne alors des groupes d’hommes différenciés selon des critères extérieurs (couleur, traits physiques, etc.) ou psychologiques (industrieux, nonchalants, etc.) puis plus tard selon des traits héréditaires. Avec le développement de l’évolutionnisme au XIXe siècle, les critères d’anthropologie physique cèdent la place aux critères biologique et génétique. Les caractéristiques somatiques permettant de classer les hommes en race sont alors conçues comme le résultat d’une évolution du patrimoine héréditaire modifié soit par adaptation soit par sélection naturelle. Ainsi naît une hiérarchie des races établie en fonction de leur place dans l’arbre de l’évolution, idée à la base du racisme.
Sous les hospices de l’Unesco, anthropologues, biologistes, généticiens et sociologues ont tenté de cerner le concept de race. D’un point de vue biologique et génétique, la race est un principe de classification conventionnel et arbitraire n’ayant pas de portée scientifique réelle en raison de l’absence de différentiation génétique significative entre les groupes humains actuels. D’un point de vue anthropologique et sociologique, la race est un moyen de décrire et de classer la grande diversité des populations humaines. Il s’agit alors d’un système reposant sur des valeurs culturelles et pouvant déboucher sur des mythes sociaux . (In Notions philosophiques, dictionnaire)
Autre article dans Le dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie :
Un grand nombre d’anthropologues sont actuellement convaincus de l’inapplicabilité du concept de race à l’espèce humaine. D’autres cependant répugnent à renoncer au confort mental d’une logique classificatoire, souvent liée dans leur esprit à un schéma évolutif qui voit dans les races les rameaux terminaux de branchements successifs au départ d’un tronc représentant la souche humaine primordiale. Cette image est elle-même loin de correspondre à la réalité : du fait de l’intensité du brassage des populations humaines, associée à leur capacité à vivre dans les milieux les plus variés et à leur faible aptitude à s’adapter biologiquement à des milieux contrastés, l’image du réseau représente l’évolution humaine de façon bien plus réaliste que celle de l’arbre. Le recours aux classifications raciales n’est pas prêt néanmoins de disparaître. De la même manière, on continue en certains lieux de faire appel aux typologies raciales, c'est-à-dire de considérer toute population humaine comme constituée de pourcentages différents d’un petit nombre de types raciaux arbitrairement définis (comme les types nordique et méditerranéen), conception dont la génétique a pourtant montré l’absence de fondement scientifique. Quoi qu’il en soit, l’anthropobiologie se consacre désormais essentiellement à étudier la diversité humaine sans biais classificatoire, et à en rechercher l’explication en termes de génétique des populations et d’influence du milieu sur l’expression des gènes.
Avant même que les biologistes aient remis en cause la pertinence de la notion de race, l’anthropologie sociale avait déjà cessé de rechercher des corrélations entre « races » et cultures.
Pour approfondir :
L’idée de race :
Pour retracer l’histoire de l’idée de race entre Grèce et Asie orientale, l’auteur examine la race avant la race dans l’Antiquité et l’Europe classique, puis la race à son zénith au XIXe siècle et enfin la race sans race, du lendemain de la Seconde Guerre mondiale à nos jours Au terme d’un parcours spatio-temporel, qui scrute la fortune de l’idée de race, il apparaît alors que l’Antiquité a forgé des récits originels dont les dérivés, les « origines gentium », ont fini par engendrer, liée le plus souvent à l’idée de nation, l’idée plastique et infiniment malléable de race, laquelle continue de nourrir, souvent à notre insu, les imaginaires actuels et ce, même si d’autres termes, culture, identité, altérité ou ethnicité, ni plus justes, ni plus généreux , ni moins pernicieux, sont venus remplacer l’idée de race afin de reconduire les fictions d’appartenance.
Etude critique sur la formation de la doctrine des races : au XVIIIe siècle et son expansion au XIXe siècle :
Retrace l'histoire de la doctrine des races, de ses fondateurs et de ses commentateurs en France et en Europe. Après une étude des origines psychologiques de la théorie des races (Linné, Buffon, Lamarck...), T. Simar (1883-1930) la met en parallèle avec la théorie des classes et analyse son développement au XIXe siècle avec Gobineau, Taine, Drumont.
Races et racismes :
De Platon, saint Augustin, Kant à Freud, Chomsky, Foucault ou Derrida, l'ouvrage présente la multiplicité des idéologies racistes et des théories contraires développées par les philosophes. Aborde également la biologie, la psychanalyse, l'anthropologie et la pensée politique. Les extraits choisis sont précédés de la présentation de leur auteur et de sa démarche.
La société pure :
L'auteur montre comment certaines idéologies véhiculées par la biologie nourrissent les idéologies politiques, de l'eugénisme au racisme, en passant par le darwinisme social.
L’humanité au puriel :
L'humanité est-elle séparée en races différentes? Vérité scientifique au XIXe siècle et durant une bonne partie du XXe, cette affirmation a été battue en brèche après la Seconde Guerre mondiale. Au cours des dernières décennies, la biologie a nié la pertinence même de la question, au motif que tous les humains auraient en commun 99,9 % de leur patrimoine génétique. Mais les avancées toutes récentes de la génétique nuancent cette affirmation. L'étude fine du génome humain montre l'existence de différenciations héréditaires stables qui, au-delà des seules apparences (couleur de peau, chevelure, etc.), rendent possible de remonter aux origines géographiques lointaines des individus, ou peuvent parfois expliquer leur vulnérabilité à certaines maladies. Certes, les groupes ainsi repérés ont des limites floues, leur diversité interne est élevée, et aucun classement hiérarchique global ne peut être justifié à partir de ces éléments. Les "races", au sens classique du terme, n'existent effectivement pas. Néanmoins, la pluralité humaine, telle qu'on peut l'appréhender avec les techniques les plus modernes, est plus grande et plus subtile qu'on ne voulait le croire...
Vous pourrez trouver aussi un certain nombre d’éléments de réflexion dans le dossier législatif,
qui précise les attendus de la loi présentée au parlement, les mesures proposées et les débats.
Bonnes lectures.
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