Abbé de Saint-Just en 1182
Le 20/05/2013 à 09h47
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Question d'origine :
Bonjour,
Renaud de Forez fut archevêque de Lyon de 1193 à 1226. Je recherche en vain sa date de naissance (au moins l'année) et son lieu, peut-être Montbrison. Des sources indique l'église saint-Irénée comme lieu de sa sépulture. Subsiste-t-elle après les destructions du baron des Adrets ? Quelles sont les traces de ce prélat en dehors du vitrail de la Primatiale qui le représente ?
Merci pour vos réponses
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 23/05/2013 à 13h14
Renaud de Forez est le second fils du comte Guy II de Forez. Dès 1182 Renaud paraît comme abbé de Saint-Just. […] Renaud, lors de son élection en 1193 était sans doute encore assez jeune, puisqu’il occupa trente trois ans le siège de Lyon. Il disparut le 23 octobre 1226 après un épiscopat particulièrement actif. Aucun archevêque de Lyon ne fut davantage que lui cité dans les obituaires de son diocèse, et celui de la cathédrale lui réserva une notice exceptionnellement longue. Extrait de : Deux archevêchés entre la France et l’Empire : les archevêques de Lyon et les archevêques de Vienne : du milieu du XIIe siècle au milieu du XIVe siècle par Bruno Galland, page 114-115.
En note, on peut lire un renvoi à : Obituaire de l’église primatiale de Lyon par M.-C. Guigue, page 83. Ces deux ouvrages sont consultables à la BM de la Part-Dieu (l’ouvrage de Guigue est en latin).
Sont également cités en note les différents obituaires dans lesquels on trouve une mention de Renaud.
Nous avons consulté également :
- Histoire de Montbrison de Claude Latta, Horvath, 1994. L’auteur présente dans plusieurs tableaux la généalogie des comtes de Forez. Dans le tableau II intitulé : Deuxième race des comtes de Forez dite « Maison d’Albon » ou « de Viennnois » sont notés Guy II et ses deux fils : Guy III d’Outre-Mer décédé en 1202 et Renaud de Forez mort en 1226, archevêque de Lyon tuteur du comte Guy IV. Malheureusement les dates de naissance des deux fils ne sont pas mentionnées.
- Les archevêques de Lyon : de la Bulle d’or aux Philippines, 1157-1308 par Bruno Galland
- Archevêques de Lyon / Bernard Berthod, Jacqueline Boucher… et al., ELAH, 2012
- Renaud de Forez homme d’église / Bruno Galland
- Aux racines de l’Eglise de Lyon : le sanctuaire de Saint-Irénée
- Histoire des églises et chapelles de Lyon / Jean-Baptiste Martin, tome 1 :
Dans le chapitre V consacré à Saint-Irénée on peut lire :
[…] Guillaume le Pieux, duc d’Aquitaine, fondateur de Cluny, donna Grézieu, sa chapelle récemment ouverte, ses dîmes et ses serfs. Nous sommes moins certains des faveurs octroyées par Artaud, comte de Lyon, que La Mure, historien du Forez, rattache à la première race de ses comtes ; l’acte qui les rappelle, quoique chargé de vingt signatures, est très probablement apocryphe ; mais il n’est pas contestable qu’il confia aux chanoines de la colline l’entretien de sa tombe et les prières pour son âme. Plusieurs membres de sa famille vinrent y reposer et le dernier, non le moins illustre, fut l’archevêque Renaud dont le testament du 12 octobre 1226 léguait 1.500 sols pour un anniversaire à perpétuité. […]
- Saint-Irénée (IIe siècle) et l’implantation du christianisme / Jean Etèvenaux :
[…] Un siècle et demi plus tard, en 1562, Lyon passe sous le contrôle des troupes calvinistes du baron des Adrets. Ce catholique déçu qui retournera finalement à sa religion d’origine ne fait pas dans le détail : puisque les réformés condamnent le culte des saints assimilé à l’idolâtrie, il disperse tous les ossements contenus à Saint-Irénée (ils seront ultérieurement regroupés par les catholiques et disposés dans le caveau où l’on peut encore les voir). L’église surplombant la crypte est abattue, mais cette dernière résiste à l’écroulement.
Aussi en 1584, les chanoines de Saint-Irénée revenus dans leurs murs reconstruisent-ils la basilique. En 1635, la crypte est restaurée […]
Dans : Les chanoines de l’église de Lyon de J. Beyssac, à la fin de la notice consacré à Renaud de Forez, page 37 on peut lire :
[…] décédé le 22 octobre 1226 et inhumé dans l’église de Saint-Irénée.
Portrait dans l’une des verrières de la cathédrale, reproduit par Bégule et Steyert (voir *titres en note). Portrait peint à l’archevêché de Lyon et copie à Chenereilles (Loire), d’après une peinture exécutée sous les ordres de La Mure, en conformité de la bulle de Renaud.
Bulle, sceau et contre-sceau au musée de Lyon, reproduits dans Bégule et Steyert
*Monographie de la cathédrale de Lyon / Bégule
*Nouvelle histoire de Lyon / Steyert
Vous pourriez poursuivre vos recherches auprès du Diocèse de Lyon et également aux Archives départementales du Rhône, notamment en consultant, entre autres, le fonds des archives du chapitre Primatial Saint-Jean.
Commentaire de
Liondance :
Publié le 23/05/2013 à 14:39
Bonjour,
Je rebondis sur la réponse de bml-reg que je remercie beaucoup pour les précisions apportées à ma question du 20 mai.
Est-il plausible que Renaud de Forez abbé dès 1182e le soit à 19 ans ?
La majorité en ce temps là pour les fils de famille féodale etait-elle bien de 14 ans ?
Cordialement
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 24/05/2013 à 07h56
Bonjour,
Dans les dossiers pédagogiques de la Bibliothèque nationale de France, vous trouverez les éléments de réponse suivants, au paragraphe "majorité", de l'article "Les Ages de la vie"' :
"12 ans constitue un moment clé dans la vie des jeunes. En Europe occidentale, c'est l'âge de la majorité pour les filles et celui d'une pré-majorité pour les garçons. Dans le monde scandinave, la période comprise entre 12 et 15 ans est une phase de semi-responsabilité juridique. Partout, la parole des préadolescents est prise au sérieux. Ainsi, 12 ans est l'âge minimum pour prêter serment et le témoignage d'un jeune de cet âge est jugé recevable dans une affaire criminelle. Les juges estiment en effet que sa mémoire est digne de confiance depuis deux ans déjà : les enfants ne peuvent témoigner dans un procès s'ils ont moins de 12 ans, mais on enregistre tout de même leur témoignage, qui devient recevable deux ans plus tard, à leur majorité, "car on se souvient bien de ce que l'on voit dans l'enfance à l'âge de 10 ou 12 ans", dit-on.
De même, les jeunes de 12 ans peuvent prendre des décisions qui engagent leur vie : à partir du XIIe siècle, c'est l'âge à partir duquel un oblat, remis au monastère dans son enfance, a le droit de décider de renoncer à la vie conventuelle. En milieu laïque, un jeune garçon de 12 ans peut décider de conclure une transaction commerciale ; cependant, du fait de sa jeunesse, il a encore le droit à l'erreur : pour réserver ses droits, on lui concède la faveur de pouvoir y renoncer une fois parvenu à l'âge adulte, c'est-à-dire à 14 ans.
En échange, les jeunes ont des devoirs : il leur faut désormais abandonner leurs activités ludiques et commencer à travailler. Une lettre de la famille Paston, datée de 1465, montre que les Anglais du XVe siècle estiment que 12 ans est l'âge auquel on doit commencer d'aider son père dans ses travaux : "Tout pauvre homme qui a élevé ses enfants jusqu'à l'âge de 12 ans trouve normal qu'à cet âge-là ceux-ci l'aident et lui soient de quelque utilité." Dans la vie paroissiale, c'est à cet âge qu'il devient inadmissible, sous peine de punition, d'ignorer le catéchisme."
Pour des recherches complémentaires, vous pouvez consulter aussi :
Filles et garçons au Moyen-Age de Didier Lett
Famille et parenté dans l'Occident médiéval de Didier Lett
Histoire du Moyen Age T.03 XIIe- XIIIe siècles de Robert Fossier et André Vauchez
Histoire de la famille T.02 : temps médiévaux
L'enfant et la famille Les collections de l'histoire de juillet-septembre 2006
Education et culture dans l'Occident barbare de Pierre Riché
Histoire de la vie privée T.02 : de l'Europe féodale à la Renaissance sous la dir. de Philippe Ariès et Georges Duby
Dans les dossiers pédagogiques de la Bibliothèque nationale de France, vous trouverez les éléments de réponse suivants, au paragraphe "majorité", de l'article "Les Ages de la vie"' :
"12 ans constitue un moment clé dans la vie des jeunes. En Europe occidentale, c'est l'âge de la majorité pour les filles et celui d'une pré-majorité pour les garçons. Dans le monde scandinave, la période comprise entre 12 et 15 ans est une phase de semi-responsabilité juridique. Partout, la parole des préadolescents est prise au sérieux. Ainsi, 12 ans est l'âge minimum pour prêter serment et le témoignage d'un jeune de cet âge est jugé recevable dans une affaire criminelle. Les juges estiment en effet que sa mémoire est digne de confiance depuis deux ans déjà : les enfants ne peuvent témoigner dans un procès s'ils ont moins de 12 ans, mais on enregistre tout de même leur témoignage, qui devient recevable deux ans plus tard, à leur majorité, "car on se souvient bien de ce que l'on voit dans l'enfance à l'âge de 10 ou 12 ans", dit-on.
De même, les jeunes de 12 ans peuvent prendre des décisions qui engagent leur vie : à partir du XIIe siècle, c'est l'âge à partir duquel un oblat, remis au monastère dans son enfance, a le droit de décider de renoncer à la vie conventuelle. En milieu laïque, un jeune garçon de 12 ans peut décider de conclure une transaction commerciale ; cependant, du fait de sa jeunesse, il a encore le droit à l'erreur : pour réserver ses droits, on lui concède la faveur de pouvoir y renoncer une fois parvenu à l'âge adulte, c'est-à-dire à 14 ans.
En échange, les jeunes ont des devoirs : il leur faut désormais abandonner leurs activités ludiques et commencer à travailler. Une lettre de la famille Paston, datée de 1465, montre que les Anglais du XVe siècle estiment que 12 ans est l'âge auquel on doit commencer d'aider son père dans ses travaux : "Tout pauvre homme qui a élevé ses enfants jusqu'à l'âge de 12 ans trouve normal qu'à cet âge-là ceux-ci l'aident et lui soient de quelque utilité." Dans la vie paroissiale, c'est à cet âge qu'il devient inadmissible, sous peine de punition, d'ignorer le catéchisme."
Pour des recherches complémentaires, vous pouvez consulter aussi :
Filles et garçons au Moyen-Age de Didier Lett
Famille et parenté dans l'Occident médiéval de Didier Lett
Histoire du Moyen Age T.03 XIIe- XIIIe siècles de Robert Fossier et André Vauchez
Histoire de la famille T.02 : temps médiévaux
L'enfant et la famille Les collections de l'histoire de juillet-septembre 2006
Education et culture dans l'Occident barbare de Pierre Riché
Histoire de la vie privée T.02 : de l'Europe féodale à la Renaissance sous la dir. de Philippe Ariès et Georges Duby
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