Question d'origine :
Mon grand-père, né le 1 mai 1883 a été incorporé puis blessé en 1915 ( gueules cassées). Il est resté prisonier en Allemagne jusqu'à la fin de la guerre.
Je cherche le motif de cette incorporation?
Il était marié depuis le 21 novembre 1908 et avait un fils né le 7 décembre 1909.
Un cousin m'assure qu' il remplaçait un conscrit.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 22/06/2013 à 11h35
Bonjour,
Votre question étant concomitante à celle d’un autre usager, nous vous proposons une réponse commune sur :
- l’incorporation d’hommes chargés de famille ou handicapés,
- le remplacement par un autre soldat,
- les numéros de matricule,
lors du conflit de 1914-1918.
Comme elles nous semblent pouvoir être une mine de renseignements pour vous, nous vous orienterons vers quelques unes de nos précédentes réponses sur ce thème.
Qui a été mobilisé ?
Cette page vous donnera les informations essentielles.
Résumé des dispositions légales :
La loi du 27 juillet 1872 marque la fin du remplacement et rend le service militaire personnel obligatoire pour tous. Néanmoins, le service militaire n'est pas universel. Le tirage au sort est maintenu : les bons numéros sont intégrés pour un an dans l'armée active, les mauvais numéros le sont pour cinq ans. Sont exclus du recrutement, par exemple, les soutiens de famille et les ministres du culte. Le temps passé dans l'armée active est alors de cinq ans.
La loi du 15 juillet 1889 stipule que "l'obligation du service est égale pour tous" et la plupart des exemptions (instituteurs, séminaristes...) sont supprimées. Cette loi fixe la durée dans l'armée active à trois ans.
La loi du 21 mars 1905 supprime le tirage au sort et énonce le principe de l'égalité pour tous devant le service militaire. Les dispenses sont abolies et le service est porté à deux ans.
La loi du 7 août 1913 fixe le service à trois ans.
En août 1914, la mobilisation concerne tout le monde. Le conscrit reste jusqu'à la fin des hostilités.
- La conscription.
A l’âge de vingt ans, tous les citoyens passent devant unConseil de révision qui les reconnaît bons ou non pour le service militaire. « Le conseil de révision est chargé de procéder à la sélection et à l’incorporation des jeunes gens inscrits sur le tableau de recensement. Le préfet, un conseiller de préfecture, un membre du conseil général, un membre du conseil d’arrondissement, un officier général, un sous-intendant militaire, un médecin militaire le composent. » Ouvrage de Charles Ridel Les embusqués , p. 317.
La Commission des trois médecins , créée par la circulaire du 14 novembre 1914, doit inspecter tous les deux mois les hommes du service armé déclarés inaptes et les hommes du service auxiliaire des dépôts. Elle est composée de trois médecins étrangers aux garnisons où ils doivent opérer et choisis de préférence parmi des médecins militaires en retraite ou revenus du front pour cause de blessure.
Dès janvier 1915 la revendication enfle en France pour « l’égalité de l’impôt de sang » et la « chasse aux embusqués ». (Lire Les embusqués ).
Il s’ensuivra l’adoption dela loi Dalbiez, le 17 aout 1915 qui fixe les conditions de rappel des exemptés, et notamment leur passage devant la Commission de réforme (suppression de la Commission des trois médecins).
-Annie Crépin , dans son ouvrage intitulé Histoire de la conscription indique : « On croyait que la guerre serait courte, elle dure, et il faut reconstituer sans cesse pendant quatre ans les effectifs d'une armée de masse. A la fin du conflit, 8 millions d'hommes auront été recrutés, les classes de 1887 à 1919 auront été mobilisées. Diverses pratiques permettent d'adapter le système aux exigences de cette guerre et de «récupérer» le plus d'hommes possible. D'abord, les appels par anticipation, anticipation qui va de dix à vingt-deux mois, permettant d'avancer le moment de l'incorporation ; ensuite le réexamen systématique des hommes qui avaient été exemptés ou réformés par le conseil de révision avant la guerre : 60 % — 1 187 497 hommes — sont ainsi repris par l'armée. »
Guerre de 14-18
Comme vous pourrez le lire dans une de ces réponses précédentes, « La situation familiale n'entrait en général pas en ligne de compte pour les permissions, mais dans l'affectation des soldats. Les pères de 5 enfants, les veufs pères de 2 enfants, les soldats ayant eu 3 frères tués etc. étaient affectés à des unités chargées des étapes, contrôle des trains, des gares, travaux forestiers, travaux de défenses, instruction dans les dépôts... ».
-Mobilisation 1914 . Pour compléter, l’extrait de l’article de Philippe BoulangerLes conscrits de 1914 : La contribution de la jeunesse française à la formation d’une armée de masse « L’extension du recrutement à de nouvelles catégories de jeunes gens. Dès le début de la guerre, l’importance des pertes humaines et la préparation des nouvelles offensives militaires amènent le Gouvernement à améliorer le rendement des incorporations au conseil de révision. Celles-ci se révèlent rapidement insuffisantes. Pour combler les déficits des ressources et préparer de nouvelles réserves, la politique des effectifs se tourne vers une ressource incertaine, mais susceptible d’apporter l’aide escomptée. Elle se compose essentiellement des jeunes gens classés avant la guerre soit comme exemptés, soit comme réformés, soit comme ajournés. » (…) « La sévérité des mesures de récupération conduit à prélever presque 60 % de ces hommes reconnus, avant les hostilités, inaptes à servir dans les armées. Les résultats de la loi du 20 février 1917 traduisent cependant les limites du recrutement. L’incapacité physique d’un très grand nombre marque un coup d’arrêt à la récupération dans cette réserve humaine. »
- Vous trouverez surce forum un tableau des dates d’appel et de libération des différentes classes, qui vous permettra de constater qu’en 1915 et 1916 on mobilisa des hommes qui avaient largement dépassé la quarantaine, et étaient chargés de famille. Que les soldats dussent laisser femmes enceintes, enfants en bas âge ou très nombreux, parents infirmes n’entrait plus en ligne de compte. Charles Ridel cite notamment le cas de ce père de famille qui ayant déjà perdu 4 fils sur 5, supplie le député Maurice Barrès d’intervenir pour que le dernier ne soit pas affecté dans une troupe combattante…
- La question duremplacement d’un soldat nous semble bien résumée par cet extrait de cours de Cours de l'université Nanterre : « Le remplacement militaire, exceptionnel dans la loi Jourdan, sera généralisé à partir de 1802, avec cette importante limite que le remplaçant et le remplacé soient du même canton. En fait l'importance de la mobilisation dans cette période limitera considérablement les possibilités de remplacement. S'ajoutant à cela, les risques du remplacement en période de guerre rendront le remplacement fort onéreux. Après Waterloo on vit des remplacés, qui avaient payé une petite fortune pour obtenir un remplaçant, agir en justice contre des remplaçants revenus dans leurs foyers au bout de quelques semaines sans avoir été blessés. De tels recours eurent encore lieu après 1870. La jurisprudence donna tort aux remplacés, soit en qualifiant le remplacement de contrat aléatoire, soit en le définissant comme l'achat de la certitude d'être libéré de l'obligation militaire. En revanche un recours était possible contre un remplaçant qui désertait puisque le remplacé devait alors prendre lui-même l'uniforme pour le temps qui restait à faire.
Ce fut ensuite la période de la Revanche conduisant à la Première guerre mondiale. Le remplacement militaire ne survécut pas à la Guerre de 1870, mais il y eut encore un tirage au sort entre 1872 et 1888 (6 mois ou 5 ans). L'égalité par la caserne et la véritable armée nationale annoncée par la Révolution furent approchées du fait de la loi de 1905 fixant le service militaire à 2 ans. En 1913, une loi de circonstances porta le service militaire à trois ans afin que la France ait plus de monde sous les drapeaux au moment où l'inévitable conflit éclaterait. »
Le «bis » accompagnant le matricule ne signifie donc en aucun cas que le soldat mobilisé remplaçait un autre soldat. Il existait aussi des matricules « ter » .
Pour comprendre la logique d’attribution des matricules et sa complexité, nous vous recommandons de consulterce site et, à l’intérieur, cette page .
D’autres renseignements précieux surce forum , qui renvoie notamment à l’ouvrage de L. Beaugé, Manuel de législation, d'administration et de comptabilité militaires à l'usage des officiers et des sous-officiers de toutes armes. – Paris : Librairie Militaire de L. Baudoin, 1896 (10e édition - 2 volumes).
Voir aussi la règle présidant à l’établissement du matricule dans leJournal officiel militaire sur le site Gallica de la Bibliothèque Nationale de France.
Votre question étant concomitante à celle d’un autre usager, nous vous proposons une réponse commune sur :
- l’incorporation d’hommes chargés de famille ou handicapés,
- le remplacement par un autre soldat,
- les numéros de matricule,
lors du conflit de 1914-1918.
Comme elles nous semblent pouvoir être une mine de renseignements pour vous, nous vous orienterons vers quelques unes de nos précédentes réponses sur ce thème.
Qui a été mobilisé ?
Cette page vous donnera les informations essentielles.
Résumé des dispositions légales :
En août 1914, la mobilisation concerne tout le monde. Le conscrit reste jusqu'à la fin des hostilités.
- La conscription.
A l’âge de vingt ans, tous les citoyens passent devant un
Dès janvier 1915 la revendication enfle en France pour « l’égalité de l’impôt de sang » et la « chasse aux embusqués ». (Lire Les embusqués ).
Il s’ensuivra l’adoption de
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Comme vous pourrez le lire dans une de ces réponses précédentes, « La situation familiale n'entrait en général pas en ligne de compte pour les permissions, mais dans l'affectation des soldats. Les pères de 5 enfants, les veufs pères de 2 enfants, les soldats ayant eu 3 frères tués etc. étaient affectés à des unités chargées des étapes, contrôle des trains, des gares, travaux forestiers, travaux de défenses, instruction dans les dépôts... ».
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- Vous trouverez sur
- La question du
Ce fut ensuite la période de la Revanche conduisant à la Première guerre mondiale. Le remplacement militaire ne survécut pas à la Guerre de 1870, mais il y eut encore un tirage au sort entre 1872 et 1888 (6 mois ou 5 ans). L'égalité par la caserne et la véritable armée nationale annoncée par la Révolution furent approchées du fait de la loi de 1905 fixant le service militaire à 2 ans. En 1913, une loi de circonstances porta le service militaire à trois ans afin que la France ait plus de monde sous les drapeaux au moment où l'inévitable conflit éclaterait. »
Le «
Pour comprendre la logique d’attribution des matricules et sa complexité, nous vous recommandons de consulter
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Voir aussi la règle présidant à l’établissement du matricule dans le
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