Question d'origine :
Cher Guichet du Savoir,
On entend parfois parler de l'avortement sélectif en fonction du sexe (surtout les filles) qui serait pratiqué dans des pays occidentaux par des communautés pour lesquelles avoir une fille est honteux et qui préfèrent les garçons. Bien entendu, dans les pays occidentaux, c'est illégal.
Je me demandais s'il y avait des pays où c'est un acte légal. Je pense notamment à la Chine, avec sa politique de l'enfant unique.
Par ailleurs, dans un pays comme le Canada, où l'avortement peut, en théorie, être pratiqué en tout temps pendant la grossesse (éthiquement, les médecins ne pratiqueront pas un avortement tardif, mais légalement ils en ont le droit), est-ce qu'il y a des raisons pour lesquelles l'avortement est illégal (comme, par exemple, le fait de ne pas désirer une fille)?
Merci beaucoup!
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 24/06/2013 à 09h47
Bonjour,
* L’ONU a réalisé de nombreuses enquêtes à travers le monde sur les questions d’avortement sélectif, voici ce que disent les rapports des Comités :
- En Chine, l’avortement sélectif est illégal :
« S’il constate que l’État partie a adopté des dispositions juridiquesinterdisant l’avortement sélectif selon le sexe et l’infanticide des filles et d’autres mesures, comme la campagne nationale de prise en charge des filles lancée en 2006 et la mise en place d’un système d’incitation, le Comité est préoccupé par la persistance de la pratique illégale de l’avortement sélectif, ainsi que de l’infanticide des filles, du non-enregistrement des petites filles à la naissance et de leur abandon, et de l’avortement forcé. Le Comité craint que la trop grande disproportion numérique entre les sexes n’aggrave la traite des femmes et des filles. »
- En Azerbaïdjan, les avortements sélectifs sont en baisse:
«La délégation a noté la tendance à la baisse des avortements sélectifs, même si à présent la préoccupation principale est la santé du nouveau-né plutôt que son sexe. »
Un article de Courrier international indique que les avortements sélectifs se banalisent au Vietnam :
«Le Vietnam interdit d’interrompre une grossesse en raison du sexe du futur bébé. “Mais avec une enveloppe d’argent, les patientes achètent le silence des médecins et s’évitent leurs questions”, confie un gynécologue, qui préfère garder l’anonymat. En moyenne, les tarifs oscillent entre 500 000 dongs [20 euros] pour un fœtus de quatre mois et 700 000 dongs au-delà de sept mois. Des sommes accessibles à presque tous les foyers. Peu de femmes avouent, même à leur mari, avoir recours à l’avortement sélectif. Pourtant, entre elles, les “bonnes” adresses circulent. »
Une étude publiée dans la revue Population and Development Review sur les avortements sélectifs en Grande-Bretagne et relayée dans la revue Sciences humaines donne des renseignements sur cette pratique dans les pays occidentaux :
« Une étude, cosignée par David Coleman et vous-même, met en évidence la pratique d’avortements sélectifs dans les communautés immigrées indiennes en Angleterre et au pays de Galles.
Aucune mesure directe des avortements sélectifs n’étant disponible, ces chiffres peuvent être estimés indirectement en observant la proportion de garçons et de filles à la naissance. Ainsi, alors que le ratio moyen mondial est de 105 garçons pour 100 filles, ceux de l’Inde, la Chine et la Corée du Sud ont atteint 110 et plus. Cela met en évidence, pour ces pays, le recours à l’avortement sélectif. Notre étude s’appuie sur les données annuelles des naissances en Grande-Bretagne, entre 1969 et 2005, répartis selon le sexe, le rang de naissance et le pays de naissance de la mère. À partir de 1990, on observe une augmentation significative du sex-ratio des naissances chez les mères nées en Inde. Entre 1969 et 1989, la proportion est de 104 garçons pour 100 filles. Elle atteint 108 en moyenne entre 1990 et 2005.
Cette évolution est due notamment à une masculinisation des naissances à partir du troisième enfant depuis 1990. Sur la période 1990-2005, on enregistre 113 garçons pour 100 filles en moyenne. Cet effet du rang de naissance et l’ampleur de l’augmentation (4 points en moyenne et 9 points pour les rangs supérieurs) rendent très improbable la thèse d’une variation temporelle aléatoire. De plus, cette évolution est corrélée aux progrès des techniques qui permettent de déterminer le sexe du fœtus, par échographie.Le recours à l’avortement sélectif apparaît dès lors comme la cause la plus probable de cette masculinisation des naissances. »
D’après nos recherches, il n’existe pas de pays à travers le monde où l’avortement sélectif soit légal.
* Pour ce qui est du Canada, sur le site avortement au Canada.ca, un historique présente les grandes étapes de la légalisation de l’avortement.
«Depuis ce temps, le Canada n’a eu aucune restriction à l’avortement, qui est légal pendant les neuf mois de la grossesse jusqu’à la naissance. La plupart des avortements sont financés par les contribuables par l’entremise du système de santé public. Actuellement, plus de 105 000 avortements par année sont pratiqués au Canada. Nous sommes l’un des rares pays occidentaux qui n’a aucune restriction légale à l’avortement. »
Dans une interview donnée au journal « Le Devoir », Alexa Conradi, Présidente de la Fédération des femmes du Québec est interrogée sur l’avortement sélectif, voici sa réponse :
« Nous affirmons que la préférence sociale pour les garçons et l’avortement sexo-sélectif sont inacceptables, car ils témoignent d’une inégalité profonde entre les femmes et les hommes. L’État doit-il pour autant intervenir dans le choix de femmes de disposer de leur corps et de décider de poursuivre ou non une grossesse ? À cela, la FFQ répond non, car une telle interdiction risque d’être inefficace et contre-productive alors que des solutions non sexistes existent.»
Un sondage réalisé en 2009 par la société Angus Reid, montre que les canadiens sont hostiles à l’avortement sélectif :
« Le sondage révèle de plus que près de 95% des canadiens désirent que l'information soit facilement à disposition des femmes désirant avorter, et les options qui se présentent à elles. Les répondants ont déclaré que les informations concernant les risques physiques (pour 95% des répondants) et psychologiques (pour 96% des répondants) devraient être données aux femmes désirant avorter. "Les canadiennes ont le droit de savoir", a fait valoir Yvonne Douma, directeur exécutif de l'association Signal Hill, une organisation pour les droits de l'homme à l'origine du sondage. Le but de cette organisation est justement de fournir une information précise et rigoureuse sur ce problème, et sur d'autres.
Enfin, le sondage montre aussi qu'une écrasante majorité de canadiens refuse l'avortement sélectif, c'est-à-dire l'avortement en fonction du sexe de l'enfant, une pratique légale au Canada : seulement 6% se sont prononcés en faveur de cette possibilité.
"La société reconnaît que la possibilité de choisir n'est pas absolue" a déclaré Douma, "certains choix ne peuvent pas être soutenus, comme évidemment l'avortement sélectif", avant de terminer ; "nous ne voyons pas les femmes recevoir toute l'information dont elles ont besoin avant de pouvoir faire ces décisions susceptibles d'affecter profondément leur vie". »
Source : Avortementivg.ca.
Nous n’avons pas trouvé de situations pour lesquelles l’avortement pouvait devenir illégal.
Bonne journée.
* L’ONU a réalisé de nombreuses enquêtes à travers le monde sur les questions d’avortement sélectif, voici ce que disent les rapports des Comités :
- En Chine, l’avortement sélectif est illégal :
« S’il constate que l’État partie a adopté des dispositions juridiques
- En Azerbaïdjan, les avortements sélectifs sont en baisse:
«
Un article de Courrier international indique que les avortements sélectifs se banalisent au Vietnam :
«
Une étude publiée dans la revue Population and Development Review sur les avortements sélectifs en Grande-Bretagne et relayée dans la revue Sciences humaines donne des renseignements sur cette pratique dans les pays occidentaux :
« Une étude, cosignée par David Coleman et vous-même, met en évidence la pratique d’avortements sélectifs dans les communautés immigrées indiennes en Angleterre et au pays de Galles.
Aucune mesure directe des avortements sélectifs n’étant disponible, ces chiffres peuvent être estimés indirectement en observant la proportion de garçons et de filles à la naissance. Ainsi, alors que le ratio moyen mondial est de 105 garçons pour 100 filles, ceux de l’Inde, la Chine et la Corée du Sud ont atteint 110 et plus. Cela met en évidence, pour ces pays, le recours à l’avortement sélectif. Notre étude s’appuie sur les données annuelles des naissances en Grande-Bretagne, entre 1969 et 2005, répartis selon le sexe, le rang de naissance et le pays de naissance de la mère. À partir de 1990, on observe une augmentation significative du sex-ratio des naissances chez les mères nées en Inde. Entre 1969 et 1989, la proportion est de 104 garçons pour 100 filles. Elle atteint 108 en moyenne entre 1990 et 2005.
Cette évolution est due notamment à une masculinisation des naissances à partir du troisième enfant depuis 1990. Sur la période 1990-2005, on enregistre 113 garçons pour 100 filles en moyenne. Cet effet du rang de naissance et l’ampleur de l’augmentation (4 points en moyenne et 9 points pour les rangs supérieurs) rendent très improbable la thèse d’une variation temporelle aléatoire. De plus, cette évolution est corrélée aux progrès des techniques qui permettent de déterminer le sexe du fœtus, par échographie.
* Pour ce qui est du Canada, sur le site avortement au Canada.ca, un historique présente les grandes étapes de la légalisation de l’avortement.
«
Dans une interview donnée au journal « Le Devoir », Alexa Conradi, Présidente de la Fédération des femmes du Québec est interrogée sur l’avortement sélectif, voici sa réponse :
« Nous affirmons que la préférence sociale pour les garçons et l’avortement sexo-sélectif sont inacceptables, car ils témoignent d’une inégalité profonde entre les femmes et les hommes. L’État doit-il pour autant intervenir dans le choix de femmes de disposer de leur corps et de décider de poursuivre ou non une grossesse ? À cela, la FFQ répond non, car une telle interdiction risque d’être inefficace et contre-productive alors que des solutions non sexistes existent.»
Un sondage réalisé en 2009 par la société Angus Reid, montre que les canadiens sont hostiles à l’avortement sélectif :
« Le sondage révèle de plus que près de 95% des canadiens désirent que l'information soit facilement à disposition des femmes désirant avorter, et les options qui se présentent à elles. Les répondants ont déclaré que les informations concernant les risques physiques (pour 95% des répondants) et psychologiques (pour 96% des répondants) devraient être données aux femmes désirant avorter. "Les canadiennes ont le droit de savoir", a fait valoir Yvonne Douma, directeur exécutif de l'association Signal Hill, une organisation pour les droits de l'homme à l'origine du sondage. Le but de cette organisation est justement de fournir une information précise et rigoureuse sur ce problème, et sur d'autres.
"La société reconnaît que la possibilité de choisir n'est pas absolue" a déclaré Douma, "certains choix ne peuvent pas être soutenus, comme évidemment l'avortement sélectif", avant de terminer ; "nous ne voyons pas les femmes recevoir toute l'information dont elles ont besoin avant de pouvoir faire ces décisions susceptibles d'affecter profondément leur vie". »
Source : Avortementivg.ca.
Nous n’avons pas trouvé de situations pour lesquelles l’avortement pouvait devenir illégal.
Bonne journée.
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