Question d'origine :
Bonjour cher GdS,
Le concept de "syndérèse " rend-il compte de l'affirmation de l'existence d'une inclination naturelle de l'homme au bien ?
A défaut, quel terme est adéquat ?
Où se trouve développé ledit concept ?
Jérôme de Stridon (saint Jérôme) emploierait le terme, en tant que conscience spontanée du mal, dans un commentaire de l'état d'esprit de Caïn après le meurtre de son frère Abel : mais quelle est précisément la référence textuelle ?
Où trouver une élaboration de la théorie sous-jacente ?
La modernité reprend-elle l'idée, hors contexte religieux ?
Merci
Jérôme
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 10/10/2013 à 15h11
La syndérèse est un "terme employé en théologie morale pour désigner la conscience habituelle, plus particulièrement les premiers principes innés à la conscience morale." Origine du mot : "L'expression semble due à une leçon fautive d'un texte de Saint Jérôme. Dans le commentaire de la vision d'Ezechiel, l'auteur cite une théorie philosophique qui compare les quatre animaux de la vision avec la distinction platonicienne des parties de l'âme." "La réalité appelé syndérèse correspondrait également à ce que Saint Paul entend par le terme esprit, l'esprit qui prie en nous en des gémissements ineffables, qui connaît ce qui est dans l'homme et que l'apôtre recommande aux chrétiens de sauvegarder... Le passage cité de Saint Jérôme est incontestablement le point de départ de l'acception du terme chez les théologiens scolastiques. On trouverait encore l'expression syndérèse chez Saint Grégoire de Nazianze, mais dans un sens étranger à celui de Saint Jérôme, pour désigner l'union de l'âme et du corps."
..."Le sens du terme pose le problème du dernier fondement de la moralité dans l'homme..."
"La doctrine de la syndérèse est chez les scolastiques nécessairement fonction de la conception qu'ils se font de la finalité morale, c'est à dire de la dotation morale qui oriente la nature humaine vers sa fin dernière. De la nature de cette orientation dépend la réalité décrite sous le vocable de syndérèse..."
"La doctrine franciscaine voit dans la syndérèse un pouvoir appartenant exclusivement à la volonté et qui incline l'homme au bien moral. Ce pouvoir est indépendant de la conscience habituelle que la doctrine franciscaine décrit d'une manière analogue à celle de Saint Thomas..."
in Dictionnaire de théologie catholique Tome 14, 2ème partie
Pour plus de détails, vous pouvez consulter aussi Google books, où vous trouverez les références suivantes
Jean Gerson, théoricien de la théologie mystique de Marc Vial : "c'est au XIIe siècle qu'est élaboré pour la première fois un traité spécifique de la syndérèse, dans le cadre d'un commentaire des Sentences, traité qui a donné lieu, au XIIIe siècle, à deux approches principales. D'origine stoïcienne selon certains, elle connaît une fortune particulière au cours du Moyen Age latin grâce à un extrait du commentaire d'Ezechiel par Saint Jérôme, passé dans la Glose Ordinaire, et qui lie très étroitement cette notion à celle de conscience. La syndérèse n'est autre que l'étincelle de la conscience, présente chez tout homme et l'inclinant naturellement vers le bien. Le tout est de cerner la modalité de cette inclination ; à ce sujet les positions de Thomas d'Aquin et de Bonaventure difèrent nettment... Pour Saint Bonaventure, la syndérèse est la volonté considérée comme tendance naturelle au bien moral ; pour Saint Thomas d'Aquin elle est la raison pratique en tant qu'elle dicte les règles fonamentales de la conduite...
Les philosophies du sens commun : pragmatique et déconstruction de Thierry Briault : "Jérôme ne distingue pas explicitement la conscience (syneidèsis) de la réalité qui sera nommée syndérèse. On nous apprend encore que Saint Thomas ne veut ni confondre conscience et syndérèse ni les séparer. La syndérèse est abordée par Saint THomas à travers trois articles : est-ce une puissance ou un habitus ? peut-elle pécher ? peut-elle s'éteindre chez certains ?"
Vous pouvez consulter aussi :
Vers la contemplation: études sur la syndérèse et les modalités de la contemplation de l'Antiquité à la Renaissance de Christian Trottmann (A la BM de Lyon).
Du même auteur, nous vous proposons Faire, agir, contempler : contrepoint à la "Condition de l'homme moderne", dont le chapitre 4 développe certaines notions développées dans "vers la contemplation".
..."Le sens du terme pose le problème du dernier fondement de la moralité dans l'homme..."
"La doctrine de la syndérèse est chez les scolastiques nécessairement fonction de la conception qu'ils se font de la finalité morale, c'est à dire de la dotation morale qui oriente la nature humaine vers sa fin dernière. De la nature de cette orientation dépend la réalité décrite sous le vocable de syndérèse..."
"La doctrine franciscaine voit dans la syndérèse un pouvoir appartenant exclusivement à la volonté et qui incline l'homme au bien moral. Ce pouvoir est indépendant de la conscience habituelle que la doctrine franciscaine décrit d'une manière analogue à celle de Saint Thomas..."
in Dictionnaire de théologie catholique Tome 14, 2ème partie
Pour plus de détails, vous pouvez consulter aussi Google books, où vous trouverez les références suivantes
Jean Gerson, théoricien de la théologie mystique de Marc Vial : "c'est au XIIe siècle qu'est élaboré pour la première fois un traité spécifique de la syndérèse, dans le cadre d'un commentaire des Sentences, traité qui a donné lieu, au XIIIe siècle, à deux approches principales. D'origine stoïcienne selon certains, elle connaît une fortune particulière au cours du Moyen Age latin grâce à un extrait du commentaire d'Ezechiel par Saint Jérôme, passé dans la Glose Ordinaire, et qui lie très étroitement cette notion à celle de conscience. La syndérèse n'est autre que l'étincelle de la conscience, présente chez tout homme et l'inclinant naturellement vers le bien. Le tout est de cerner la modalité de cette inclination ; à ce sujet les positions de Thomas d'Aquin et de Bonaventure difèrent nettment... Pour Saint Bonaventure, la syndérèse est la volonté considérée comme tendance naturelle au bien moral ; pour Saint Thomas d'Aquin elle est la raison pratique en tant qu'elle dicte les règles fonamentales de la conduite...
Les philosophies du sens commun : pragmatique et déconstruction de Thierry Briault : "Jérôme ne distingue pas explicitement la conscience (syneidèsis) de la réalité qui sera nommée syndérèse. On nous apprend encore que Saint Thomas ne veut ni confondre conscience et syndérèse ni les séparer. La syndérèse est abordée par Saint THomas à travers trois articles : est-ce une puissance ou un habitus ? peut-elle pécher ? peut-elle s'éteindre chez certains ?"
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Vers la contemplation: études sur la syndérèse et les modalités de la contemplation de l'Antiquité à la Renaissance de Christian Trottmann (A la BM de Lyon).
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