Question d'origine :
Pourquoi quand on écoute une certaine musique, nous sommes relaxés alors que d'autre nous rendrons triste ? Est-ce biologique ou culturel ?
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 29/11/2013 à 11h04
Bonjour,
Votre question est très pertinente. La perception de la musique est intimement liée à notre culture mais aussi à nos appareils biologiques qui nous permettent de la recevoir et de l’interpréter : nos oreilles et notre cerveau.
Des chercheurs du CNRS déjouent les cheminements perceptifs et cognitifs à l'œuvre. Ils analysent les signes révélateurs des émotions produites et les processus cérébraux activés par ce langage non verbal, décryptent ce qui apparaît être une véritable stratégie commune de perception… Depuis janvier 2006, une grande partie de ces spécialistes français de la musique ont d'ailleurs regroupé leurs savoir-faire dans un projet financé par l'Agence nationale de la recherche (ANR) et intitulé « La spécificité de la musique : contribution de la musique à l'étude des bases neurales et cognitives de la mémoire humaine et applications thérapeutiques ». En effet, étudier la musique sous le rapport de la biologie permet, au-delà des enseignements musicaux, de mieux saisir comment fonctionne le cerveau.
Mais par quels processus neuronaux une mélodie peut-elle ainsi stimuler nos émotions ?
Les oreilles captent les mouvements de molécules d'air créés par l'instrument de musique ou les baffles du haut-parleur, puis les transforment en influx nerveux. Ensuite, des réseaux distincts du système nerveux central de l'organisme réagissent à l'écoute musicale et au style de musique. Séverine Samson, professeure de psychologie à l'université de Lille et neuropsychologue à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris, collabore avec le laboratoire CNRS de neurosciences cognitives et imagerie cérébrale (Lena). Elle observe des patients épileptiques ayant subi une ablation de certaines zones cérébrales pour le traitement de leurs crises. Résultat : « L'amygdale est essentielle à la perception de la peur induite par l'écoute musicale, une lésion d'une seule amygdale entraîne un fort déficit dans le traitement de ce stimulus. Lorsqu'il s'agit de juger des dissonances désagréables dans l'harmonie d'un morceau, ce sont là des structures proches de l'hippocampe qui jouent un rôle déterminant. »
Dans Musicophilia, Olivier Sacks parle de notre propension à la musique- d’une certaine musicophilie – qui est patente dès la petite enfance : manifeste et centrale dans chaque culture, elle remonte selon toute vraisemblance à l’origine de notre espèce ; elle peut être développée ou façonnée par les cultures auxquelles on appartient, les circonstances de la vie ou les dons ou les faiblesses qui nous caractérisent. […]
L’origine de la musique humaine n’est pas facile à cerner. Pour Pinker (et d’autres auteurs), nos aptitudes musicales – certaines d’entre elles, au moins – n’ont pu voir le jour que grâce à l’utilisation, à la mobilisation ou à la cooptation de systèmes cérébraux précédemment développés à d’autres fins. C’est peut-être pourquoi il n’y a pas de centre de la musique unique dans le cerveau humain : une douzaine de réseaux dispersés dans l’ensemble de cet organe sont conjointement impliqués
« On entend avec les muscles » écrivait Nietzsche. Nous nous mettons au rythme de la musique (quand nous pouvons la percevoir) involontairement même lorsque nous ne lui prêtons pas consciemment attention, notre visage et nos postures reflétant le « narratif » de la mélodie aussi bien que les pensées et sentiments qu’elle suscite.
En résumé, le livre d’Olivier Sacks s’attache ensuite à décrire comment la musique peut être utilisée comme thérapie face à des cas cliniques.
A écouter : Le cerveau musicien existe-t-il ? Les recherches en neurosciences suggèrent que musique et cerveau entretiennent des liens particuliers. Avons-nous, dès notre naissance, un cerveau pré-cablé pour la musique, comme il semble qu’il le soit pour le langage ? Sommes-nous naturellement musiciens ? Pourrait-on soigner le cerveau par la musique ?
La musique peut elle être considérée comme une faculté à part entière ? Correspond t’elle à un domaine spécial de la cognition humaine ? Pour certains, la réponse est positive. Pour Howard Gardner (1983), certaines zones du cerveau sont spécialisées et nous les possédons ou pas. Cependant, la position inverse, à laquelle adhère une large proportion de spécialistes de la cognition, envisage plutôt la musique comme un jeu de l’esprit, comme le reflet du fonctionnement général du cerveau humain [Comme l’envisage aussi Olivier Sacks]. Nous vous laissons découvrir la suite dans le livre en ligne d’Isabelle Peretz « Le cerveau musicien ».
Ensuite, le guichet du savoir a déjà répondu à de nombreuses questions sur cette problématique que nous vous invitons à parcourir :
- Où trouver des ouvrages ou des articles qui expliqueraient comment les sonorités du sitar, et si possible d'autres instruments de musique indienne classique, agissent sur le système nerveux de façon apaisante ?
- Qu'est-ce que la psycho acoustique/ le travail d'un psycho acousticien
- Fonctionnement du cerveau
Bonne lecture !
Cordialement,
L’équipe Cap’Culture Santé.
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