Question d'origine :
Je suis intrigué depuis longtemps par la vêture de l'être humain au fil des siècles, ou lors de circonstances inhabituelles.
C'est ainsi qu'en 1945, quand le Japon capitula, ses représentants se rendirent sur le cuirassé américain Missouri, vêtus en grande tenue européenne : pantalon à rayure, gilet, chapeau claque, etc.
Je suis très intrigué par ces habillements, tout autant que par la mode européenne qui est toujours de mise dans le monde entier.
Que celui qui me prouve que le costar trois pièces est indispensable me le prouve !
Si vous avez une idée... Merci d'avance !
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 10/01/2014 à 15h44
Bonjour,
Les représentants du gouvernement japonais, avec ici Mamoru Shigemitsu, ministre des Affaires étrangères se sont effectivement présentés en costume jaquette et chapeau haut-de-forme à la signature de la reddition japonaise le 2 septembre 1945 sur le cuirassé Missouri. Si les journalistes de l'époque (voir cette vidéo) ont effectivement qualifié le cortège de "curieux et hallucinant", il faut néanmoins préciser que les japonais se sont depuis quelques décennies mis à la mode occidentale. Depuis le milieu du XIXe siècle, le Japon s'est en effet ouvert économiquement, politiquement mais également culturellement au monde occidental, adoptant sa mode vestimentaire.
Nous vous laissons consulter ces extraits de documents pour en savoir plus :
« Aucun autre pays d'Asie, et plus généralement du monde non-occidental, ne s'est, comme le Japon, aussi fortement imprégné de l'héritage moderne européen. Dès la fin du XIXe siècle, le Japon devint un étranger dans sa propre région en menant une politique d'occidentalisation aussi rapide qu'irréversible. L'expansion colonialiste européenne de cette époque constitua un gigantesque séisme pour une grande partie de la planète. [...]
Le choix de l'occidentalisation par le Japon ne se fit pas, a priori, par opposition à ses voisins. (...) L'idée de sortir du système chinois n'avait rien d'évident de prime abord pour toute une partie de l'élite et de la population japonaises. Parmi les réformateurs, certains imaginèrent au contraire une modernisation à l'occidentale menée en concertation avec les pays voisins les plus proches, la Chine et la Corée. »
source : La singularité de la trajectoire japonaise
Mutsuhito, le jeune empereur Meiji, et ses dynamiques conseillers ouvrirent le Japon non seulement aux idées et au commerce occidentaux, mais à tous les courants qui agitaient le monde du 19e siècle. La Restauration Meiji qui remonte exactement à cent ans fut comme l'effondrement d'une digue derrière laquelle s'étaient accumulées les énergies et les forces séculaires. Le Japon se flattait de réussir en quelques décennies ce que l'Occident avait mis des siècles à réaliser : la création d'une nation moderne, pourvue d'industries modernes, d'institutions politiques modernes et d'un type de société moderne.
Troquant le costume japonais contre le chapeau haut de forme et le complet sombre, les jeunes samouraïs s'embarquèrent pour l'Europe et l'Amérique en vue d'étudier les méthodes de gouvernement et les techniques industrielles et guerrières de l'Occident. Les révolutionnaires de l'ère Meiji accomplirent un véritable tour de force de modernisation en élevant leur pays, en moins de quarante ans, à un niveau égal à celui des puissances occidentales, sans sacrifier pour autant sa culture traditionnelle.
source : L'EMPEREUR MEIJl père du Japon moderne / par Ki Kimura
En 1850, les Etats-Unis forcèrent le Japon à rouvrir ses ports. Dès lors, les vêtements occidentaux devinrent un symbole recherché de modernisation. On demanda aux fonctionnaires de se vêtir en complet-veston. On dessina pour l'Armée de terre et pour la Marine des uniformes d'inspirations française et britannique. En 1890, le premier magazine de mode japonais fut publié. [...] Les hommes sortaient en complet, ou en kimono et chapeau melon. Dans les années 50, sous l'influence des troupes américaines stationnées à travers le pays, les japonaises découvrirent le pantalon corsaire.
Aujourd'hui, le kimono se remarque surtout à des réunions où le consensus exige un certain décorum traditionnel : cérémonies du thé, visites à des temples sacrés, funérailles. Il figure cependant dans la garde-robe de quelques jeunes contestataires élégants, séduits par a sophistication de ses couleurs, de ses motifs,. Porter le kimono les oblige à penser à leur façon de marcher, de s'asseoir, et c'est ce qui leur plaît. Certaines femmes affirment que le kimono leur donne l'impression d'être plus féminine. Mais la plupart des jeunes Japonais jugent ce vêtement ennuyeux et démodé, et l'excluent de leur vie quotidienne.
source : Mode au Japon / Leonard Koren
Karoline Postel-Vinay dans La révolution silencieuse du Japon explique qu'avec l'ouverture du pays qui accompagna la Restauration de Meiji (1868), les Japonais se familiarisèrent avec les Occidentaux d'horizons divers, le monde Occidental devenant une référence dans le domaine des idées, des arts et des modes de vie. Le Japon s'est par la suite distingué comme étant le seul pays non occidental à avoir organisé une relation très étroite avec l'Occident.
La modernisation de l'archipel était conçue comme devant conduite à "quitter l'Asie pour rejoindre l'Occident", ainsi que le préconisait Fukuzawa Yukichi, penseur du XIXe siècle.
C'est ainsi que sur cette photo représentant le cabinet du prince Naruhiko Higashikuni, on peut voir ces japonais habillés à l'occidentale, de même qu'à la signature de la reddition du Japon le 2 septembre 1945 sur le cuirassé Missouri.
source : Wikipedia
source : Wikipedia
Nous vous invitons à lire aussi :
- Les japonais sont-ils des occidentaux ? : sociologie d'une acculturation volontaire / Toshiaki Kozakaï
- Les habits du pouvoir : une histoire politique du vêtement masculin / Dominique Gaulme & François Gaulme
- Histoire de la mode masculine / Colin Mc Dowell
- Des modes et des hommes : deux siècles d'élégance masculine / Farid Chenoune
Enfin, pour répondre à votre dernière remarque, nous pensons, mais cela n'engage que nous, qu'un homme n'a pas besoin de porter un costume trois pièces pour paraître distingué.
Nous vous laissons consulter ces ouvrages qui pourront certainement vous inspirer :
- Le guide de l'homme stylé... : même mal rasé / Geoffrey Bruyère, Benoît Wojtenka
- Petit précis d'élégance / Olivier Cechman
Les représentants du gouvernement japonais, avec ici Mamoru Shigemitsu, ministre des Affaires étrangères se sont effectivement présentés en costume jaquette et chapeau haut-de-forme à la signature de la reddition japonaise le 2 septembre 1945 sur le cuirassé Missouri. Si les journalistes de l'époque (voir cette vidéo) ont effectivement qualifié le cortège de "curieux et hallucinant", il faut néanmoins préciser que les japonais se sont depuis quelques décennies mis à la mode occidentale. Depuis le milieu du XIXe siècle, le Japon s'est en effet ouvert économiquement, politiquement mais également culturellement au monde occidental, adoptant sa mode vestimentaire.
Nous vous laissons consulter ces extraits de documents pour en savoir plus :
« Aucun autre pays d'Asie, et plus généralement du monde non-occidental, ne s'est, comme le Japon, aussi fortement imprégné de l'héritage moderne européen. Dès la fin du XIXe siècle, le Japon devint un étranger dans sa propre région en menant une politique d'occidentalisation aussi rapide qu'irréversible. L'expansion colonialiste européenne de cette époque constitua un gigantesque séisme pour une grande partie de la planète. [...]
Le choix de l'occidentalisation par le Japon ne se fit pas, a priori, par opposition à ses voisins. (...) L'idée de sortir du système chinois n'avait rien d'évident de prime abord pour toute une partie de l'élite et de la population japonaises. Parmi les réformateurs, certains imaginèrent au contraire une modernisation à l'occidentale menée en concertation avec les pays voisins les plus proches, la Chine et la Corée. »
source : La singularité de la trajectoire japonaise
Mutsuhito, le jeune empereur Meiji, et ses dynamiques conseillers ouvrirent le Japon non seulement aux idées et au commerce occidentaux, mais à tous les courants qui agitaient le monde du 19e siècle. La Restauration Meiji qui remonte exactement à cent ans fut comme l'effondrement d'une digue derrière laquelle s'étaient accumulées les énergies et les forces séculaires. Le Japon se flattait de réussir en quelques décennies ce que l'Occident avait mis des siècles à réaliser : la création d'une nation moderne, pourvue d'industries modernes, d'institutions politiques modernes et d'un type de société moderne.
Troquant le costume japonais contre le chapeau haut de forme et le complet sombre, les jeunes samouraïs s'embarquèrent pour l'Europe et l'Amérique en vue d'étudier les méthodes de gouvernement et les techniques industrielles et guerrières de l'Occident. Les révolutionnaires de l'ère Meiji accomplirent un véritable tour de force de modernisation en élevant leur pays, en moins de quarante ans, à un niveau égal à celui des puissances occidentales, sans sacrifier pour autant sa culture traditionnelle.
source : L'EMPEREUR MEIJl père du Japon moderne / par Ki Kimura
En 1850, les Etats-Unis forcèrent le Japon à rouvrir ses ports. Dès lors, les vêtements occidentaux devinrent un symbole recherché de modernisation. On demanda aux fonctionnaires de se vêtir en complet-veston. On dessina pour l'Armée de terre et pour la Marine des uniformes d'inspirations française et britannique. En 1890, le premier magazine de mode japonais fut publié. [...] Les hommes sortaient en complet, ou en kimono et chapeau melon. Dans les années 50, sous l'influence des troupes américaines stationnées à travers le pays, les japonaises découvrirent le pantalon corsaire.
Aujourd'hui, le kimono se remarque surtout à des réunions où le consensus exige un certain décorum traditionnel : cérémonies du thé, visites à des temples sacrés, funérailles. Il figure cependant dans la garde-robe de quelques jeunes contestataires élégants, séduits par a sophistication de ses couleurs, de ses motifs,. Porter le kimono les oblige à penser à leur façon de marcher, de s'asseoir, et c'est ce qui leur plaît. Certaines femmes affirment que le kimono leur donne l'impression d'être plus féminine. Mais la plupart des jeunes Japonais jugent ce vêtement ennuyeux et démodé, et l'excluent de leur vie quotidienne.
source : Mode au Japon / Leonard Koren
Karoline Postel-Vinay dans La révolution silencieuse du Japon explique qu'avec l'ouverture du pays qui accompagna la Restauration de Meiji (1868), les Japonais se familiarisèrent avec les Occidentaux d'horizons divers, le monde Occidental devenant une référence dans le domaine des idées, des arts et des modes de vie. Le Japon s'est par la suite distingué comme étant le seul pays non occidental à avoir organisé une relation très étroite avec l'Occident.
La modernisation de l'archipel était conçue comme devant conduite à "quitter l'Asie pour rejoindre l'Occident", ainsi que le préconisait Fukuzawa Yukichi, penseur du XIXe siècle.
C'est ainsi que sur cette photo représentant le cabinet du prince Naruhiko Higashikuni, on peut voir ces japonais habillés à l'occidentale, de même qu'à la signature de la reddition du Japon le 2 septembre 1945 sur le cuirassé Missouri.
source : Wikipedia
source : Wikipedia
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- Les japonais sont-ils des occidentaux ? : sociologie d'une acculturation volontaire / Toshiaki Kozakaï
- Les habits du pouvoir : une histoire politique du vêtement masculin / Dominique Gaulme & François Gaulme
- Histoire de la mode masculine / Colin Mc Dowell
- Des modes et des hommes : deux siècles d'élégance masculine / Farid Chenoune
Enfin, pour répondre à votre dernière remarque, nous pensons, mais cela n'engage que nous, qu'un homme n'a pas besoin de porter un costume trois pièces pour paraître distingué.
Nous vous laissons consulter ces ouvrages qui pourront certainement vous inspirer :
- Le guide de l'homme stylé... : même mal rasé / Geoffrey Bruyère, Benoît Wojtenka
- Petit précis d'élégance / Olivier Cechman
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