Question d'origine :
Madame, Monsieur,
J'ai écrit plusieurs fois au GduS au sujet de mon ancêtre J.Bioletto et vous remercie des réponses que vous m'avez apportées et qui me furent bien utiles. Aujourd'hui je vous sollicite car je recherche des précisions sur plusieurs points.
Sur le statut du "Cercle Pierre Dupont" ainsi que sur "Le Biniou". J.Bioletto y chantait bien souvent les chansons de P.Dupont. Ces institutions étaient-elles des associations, des goguettes, des clubs ou cercles de chansonniers ??
Pour "Le Cercle P.Dupont" j'ai découvert que les réunions étaient mensuelles et se tenaient 31 place Bellecour dans les Salons Monnier. Était-ce le lieu de réunion habituel de ce Cercle ?
Pour "Le Biniou" il semblerait qu'il se réunissait dans les salons Casati.
Existe-t-il un article, monographie, livre ou des images sur "Le Cercle Pierre Dupont" ou "Le Biniou" ?
Par ailleurs J.Bioletto possédait une usine de reproduction en platinotypie, rue Faurax. Malheureusement je n'ai pas le numéro. Auriez-vous quelques précisions à m'apporter. Cette usine a-t-elle été démolie ? etc..
Merci d'avance, sachez que je suis tout particulièrement intéressée par des images car je suis entrain de réaliser un document illustré évoquant cet ancêtre. Cordialement C.Lemaire
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 14/02/2014 à 15h19
Bonjour,
Dans l’Indicateur Fournier pour les années 1901 et 1904, on trouve mentionné, au 11 rue du Commandant-Faurax, un Bioletto (J.) fabric. Papier p. photogr.
Concernant votre recherche à propos des Cercles Pierre Dupont et Le Biniou, nous vous épargnons les résultats qu’on peut trouver dans la base Presse lyonnaise du XIXème que vous avez sans doute déjà consultée.
Pierre Dupont, poète et chansonnier du peuple fait référence au Cercle Pierre Dupont et nous en apprend davantage sur les conditions de sa création. P.344 :
Le 25 octobre eu lieu [de l’]inauguration du [monument en hommage à Pierre Dupont au dessus de sa tombe] en présence des membres du Caveau lyonnais et du Cercle Pierre Dupont, fondé en 1894, sous la présidence de Jean Aicard, par des membres du Caveau, mécontent qu’on n’y donnât pas à l’œuvre du poète la place imminente qui devait lui revenir.
On y apprend plus loin qu’à l’époque de la publication du livre (1991) le Cercle existe toujours, et que « chaque année, à la Toussaint, le Cercle, aujourd’hui présidé par Robert Dumont, fleurit la tombe du poète [et qu’]il organise, en outre, une journée Pierre Dumont, au cours de laquelle ses membres accomplissent un pèlerinage à Rochetaillée, sur les lieux où [Pierre Dupont] a passé son enfance. »
Sur les réunions du Cercle à la fin du XIXème siècle, on trouve quelques informations dans le Courrier de Lyon ; les lieux et dates des réunions varient au cours des ans. Citons par exemple (nous reproduisons l’intégralité des articles pour vous donner une idée du déroulement de ces soirées) :
Courrier de Lyon, 1895-04-05
Le cercle « Pierre-Dupont » :
Le cercle « Pierre-Dupont » donnera la vendredi S avril à 8 heures 1/2 du soir dans les salons du café de la Concorde (ancien café Casati) rue du Bât-d'Argent, 12, une séance intime. Au cours de la séance, il sera fait une communication importante au sujet de la fête a laquelle doit assister M. Lafarge.
Courrier de Lyon, 1898-11-12
Au Cercle Pierre Dupont
De parti pris et on ne sait pourquoi, les Lyonnais vivent de ce préjugé que dans leur grande cité où s'active chaque jour davantage une vie commerciale, intensive, il ne peut y avoir place pour les Lettres, la Poésie et la Musique. Cruel démenti infligé hier à ce préjugé par le Cercle Pierre Dupont. Comme le fit remarquer en excellents termes son dévoué président, notre confrère, M. Mayet, une ville où l'on peut une fois par mois, à date fixe, se réunir plus de quatre cents pour fêter la Chanson et glorifier les chansonniers français, il y a tout à espérer. Ces réunions sont en effet la meilleure preuve d'une vitalité qui ne peut aujourd'hui se contester. Le Cercle Pierre Dupont vit et se maintient avec beaucoup de brio à la hauteur de la lâche qu'il s'impose.
Donc,
A la table d'honneur, nous retrouvons tous les fervents du couplet, M. Mayet, le président du cercle, M. Bourdin, M. Guinard, secrétaire ; MM. Guillot, Lombard, Girier, Pelletier, Lassaignes, Bioletto, Pasquet, Jost, Bourgeois, Cour, Giron, membres fondateurs. Nous retrouvons aussi disséminés dans la salle plusieurs de nos excellents poètes. Tout à l'heure ils viendront sur la scène nous dire leurs œuvres.
Le président ouvre la séance. Il donne le traditionnel coup de maillet. Il lui serait difficile d'en faire autrement ; mais pardon, la place nous est comptée, ne la perdons point en jeux de mots.
Tout d'abord, M. Blanchon se fait applaudir dans « Hymne d'Amour » et aura un vrai succès dans son duo de « Sigurd » chanté avec M. Dauvert. M. Payen, le poète délicat dont nous connaissons l'œuvre nouvelle : « Vers la Vie » dit une poésie : « L'âme antique. A son tour, M. Raymond dans « Automnale » oblige le président à lui adresser des félicitations et M. Delleveaux, en nous lisant sa « Ballade » nous charme une fois de plus. Citons encore le jeune poète Croix-Roussien Jehan de Trept. Il nous permettra de lui donner le conseil de ne point trop verser dans le couplet patriotique. D'abord, il offre moins de difficultés, l'auteur a de ce fait moins de mérite, et ensuite il est déplaisant, en ce moment surtout, d'entendre accorder une lyre dont M. Déroulède a usé toutes les cordes.
Nous aurions bien à faire en signalant à nos lecteurs toutes les belles œuvres dites ou chantées au Cercle Pierre Dupont. Citons de M. Giron: « L'anneau de Gisèle
» ; de M. Chapuis : « Les Mamans » ; de M. Bioletto : « Madjé » (Gounod) ; de
M. Maurin : « La Cloche » (Saint-Saëns) ; de M. Coulon : « Vous êtes si jolie (Delmet) ; de M. Guinard : « L'Entrevue de Noisy-le-Sec » et le « Czar à Paris » ; de M. Pelletier : « La Toilette de Nuit » ; de M. Godot-Paquet : « La Jolie Fille dePerthe ; de Stéphane Borel : « Pierre Dupont » ; de M. Benoit : « Révélations » ; de M. Lassaigues : « Ma Muse » ; de M. Abeyl, du théâtre des Céle3tins : « Les Cochons Roses », (monologue d'Edmond Rostand), et la « Ballade du Godiveau. »
M. Abeyl qui dit avec beaucoup de finesse et d'expression, a eu en partage la note gaie, il nous le fit bien voir.
Nous serions bien incomplets — nous sommes déjà si peu galants, — si nous ne parlions des dames. Mlle Mastio, de notre Grand-Théâtre, a merveilleusement chanté l'air de « Lakmé
», c'est pour notre artiste un nouveau laurier. Toute gracieuse' Mlle Véry, du même théâtre, nous chante « La Valse des Ramiers e et nous ne saurions trop la complimenter, puisqu'elle charma son auditoire. Enfin, Mme Lefranc, le professeur de chant bien connu des Lyonnais et dont la réputation n'est plus à taire, souleva d'unanimes applaudissements en nous donnant « Samson et Dalhila » et « Adieux à la Poésie » parfaitement accompagnés par le distingué pianiste M. Duval. Cette soirée comptera dans les annales du Cercle Pierre Dupont comme l'une de ses plus brillantes.
Courrier de Lyon, 1899-02-11
Au Cercle Pierre Dupont
Nous ne voudrions pas médire des
Belle chambrée
Il était donc permis de tout dire, M. CouIon interprète des plus délicats et des plus fins poètes montmartrois, M. Rose le comique hilare, M. Giron, l'ami du monument Carnot et des microbes, nous le firent bien voir et toute fausse pudeur mise au rang du ridicule nous les en remercions.
MM. Morin, Buthion, Bioletto, deux nouveaux venus, MM. Brunaud-Faure, Richard, nous donnèrent, qui en chantant, qui en disant, une note plus grave, se trouva ainsi rétabli l'équilibre. Seul le pianiste, M. Duval, fut le martyr de ces variations puisque toujours il est au piano ; il mérite bien de publiques félicitations, d'autres plus autorisés que nous les lui ont sans doute faites.
Pour notre ami Pommiers, Guinard interpréta une chanson du genre « rosse » et personne ne le lui reprochera, loin de là.
Ce furent ensuite nos artistes du Grand Théâtre et des Célestins, MM. Forest, Abeyl, qui eurent le doux rôle de nous désopiler et grâce à l'heureuse complexion de notre « anatomie » (A vous, Rose) nous fûmes à l'aise pour nous laisser aller à la franche gaîté. Puis M. Barriquaod avec les Vingt-huit jours nous fit pisser vingt-huit minutes charmantes, et un court entr'acte nous permit de fredonner le joyeux refrain de caserne en grillant la traditionnelle cigarette. Bourdin, lui, l'affreux sceptique et le plus galant - pourtant - des chevaliers servants nous lut une de ses chroniques. Qu'il nous permette un reproche : nous lisons chaque semaine le Tout-Lyon et le Tony d'Urbino ne nous est point inconnu.
Fort heureusement il est de ceux qu'on relit plutôt deux fois qu'une.
N'oublions pas en terminant de citer MM. Ghavent et Bruchon qui comme tous eurent leur part d'applaudissements.
M. Lombard, une physionomie sympathique, vivante incarnation de l'ancien - ne chanson, d'une voix caressante et vibrante encore nous a charmé par ses strophes ; « Quand j'étais jeune ».
En somme, une soirée très agréable et très animée à mettre à l'actif du cercle Pierre Dupont. Ses séances deviennent, du reste, déplus en plus intéressantes si nous en jugeons par l'affluence des auditeurs parmi lesquels il nous sera bien permis de noter la présence de quelques notabilités: MV. Martin, vice-président du conseil de préfecture ; Perret, conseiller de préfecture ; Lagrange, conseiller général ; Rieussec avocat, etc.
A la prochaine !
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter