Question d'origine :
Bonjour,
Sur l'article consacré au clos St-Benoit (http://qse.free.fr/spip.php?article101), on voit une photo d'une signature d'un tailleur de pierre. Il s'agit de celle avec un + dans un O.
Pourriez-vous m'indiquer de quelle tailleur de pierre il s'agit ? ou de quelle famille de tailleur il s'agit ? Ou tout renseignement relatif à cette marque ?
Je vous remercie
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 27/02/2014 à 10h06
N’ayant pas de catalogue des marques de tacherons des édifices lyonnais nous ne pouvons vous fournir l’identité de l'auteur de cette marque. Les inventaires existants, comme le répertoire des marques relevées sur les maisons de Couzon publié dans l’ouvrage du préinventaire des monuments et richesses artistiques sur Couzon au Mont d’Or, n’apportent d’ailleurs pas nécessairement d’information sur les tailleurs de pierre à l’origine de ces marques.
Voici cependant quelques éléments que nous avons pu trouver sur un signe similaire repéré sur l'église de Saint-Nizier.
Il est signalé sur la façade occidentale de la tour Nord de Saint-Nizier dans Marques lapidaires lyonnaises de la fin du Moyen-âge, une contribution de Nicolas Reveyron aux Actes du Ixe colloque international de glyptographie de Belley. Le cercle croisé fait partie des marques bien représentées sur l'édifice et attachées au calcaire type Villebois , bien qu’apparaissant aussi sur un bloc de Lucenay à l’intérieur de la tourelle. Ce signe apparaît plutôt à hauteur de façade entre 10 et 15 m, et sa dimension varie entre 40 mm et 100 mm. La chronologie de la tour Nord n’est pas nettement établie mais certains éléments datent au plus tôt du début du XVIe siècle. A propos de ces marques tardives (le cercle croisé n'est pas la seule marque concernée), l’auteur indique que « la gravure des marques accuse un réel manque de maîtrise, ou plutôt une étonnante négligence. On sent bien, à l’étude détaillée de ces marques, que leur réalisation non seulement a été rapide, par des mouvements peu sûrs et relativement incontrôlés, mais qu’elle dénonce aussi vraisemblablement plusieurs mains, et ce dans un laps de temps court qui ne saurait justifier une rotation si rapide de personnels qualifiés. (…) Dans ce contexte, la qualité du parement des blocs devient peut-être un indice révélateur. En effet, ce qui frappe le regard dans l’ensemble de la tour nord, c’est le caractère inachevé des blocs, smillés dans les voussures du portail, dressés relativement grossièrement pour les blocs type Villebois (…) l’association de ce niveau de finition et des marques indique peut-être le lieu de leur production ; tout se présente en effet comme si les blocs avaient été réalisés en carrière, et non pas sur place, ce qui laisse supposer une organisation particulière du chantier. L’attachement de groupes de marques à des qualités de pierre précises ; même si le cercle croisé apparaît sur un bloc de Lucenay, semble aller dans le même sens. Mais on peut imaginer aussi des formes de sous-traitance qui seraient d’autant plus justifiées qu’à la même époque, la construction civile était en plein développement à Lyon, et que les nombreux chantiers devaient faire appel à une main d’œuvre toujours plus abondante et sans doute, pour cette raison même, très mobile. »
L’exploitation de la pierre de Villebois (carrières situées dans l'Ain) s’est développée à partir du XVIe siècle et a été couramment utilisée à Lyon notamment au XIXe siècle pour les travaux publics. L’article d’Isabelle Guiennet La Pierre de Villebois et son école de stéréotomie paru dans les Travaux de l'institut d'histoire de l'art de Lyon (no 13, sept. 1990) pour intéressant qu’il soit n’évoque pas de marques de tailleurs de pierre.
L’ouvrage Carriers et carrières dans le Mont d’Or Lyonnais, (tome 3, La civilisation du symbole) qui consacre un chapitre aux marques lapidaires dans le Mont d’Or indique la présence de cette même marque sur un édifice à Albigny. Si ce livre identifie les tailleurs et familles de tailleurs à l’origine de certaines marques, ce n’est pas le cas pour celle-ci.
Qu’en est-il pour l’édifice qui vous intéresse ? Le prieuré de Saint-Benoît est livré au sœurs en 1664, mais a été agrandi en 1684 et 1740. La marque provient-elle du même maître tailleur que sur l’église de Saint-Nizier, ou de la même famille ? Les Archives municipales de Lyon conservent un fonds concernant le prieuré Saint-Benoît. Celui-ci pourrait peut-être contenir des informations sur la construction du bâtiment.
Autres documents consultés :
Lyon, cité carrefour, mosaïque de pierres, Centre national de documentation pédagogique, 1988
Les marques lapidaires gravées sur l'enveloppe extérieure du chevet de la cathédrale de Lyon : approche méthodologique, N. Reveyron, Archéologie du Midi médiéval, No 13, 1995
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