Question d'origine :
Bonjour !
Tout d'abord un grand merci pour ce topo sur le café (viewtopic.php?t=55387&classement=recentes) qui était super interressant et après avoir écouté la chanson une autre question m'est venue : peut on parler d'addiction à la musique ? Car il faut avouer qu'elle fait partie du quotidien de presque tous le monde non ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 07/03/2014 à 15h53
Bonjour,
La musique ne fait pas partie des addictions, elle reste un plaisir sans danger pour le corps et l'esprit.
Même si de nouvelles addictions apparaissent chaque années, ainsi l’ouvrage Accro cite de nouvelles addictions comme l’addiction à l’exercice physique, au shopping ou encore au bronzage !
Cependant des études scientifiques ont été réalisées pour comprendre l’action de la musique sur le cerveau. Elle agit sur les mêmes circuits que les drogues tout en n’ayant pas les effets néfastes.
Un article de la revue Pour la science relate ces expériences :
« La musique est souvent un plaisir, parfois une passion, dans certains cas une addiction. Certains morceaux nous trottent dans la tête, et demandent à être écoutés en boucle au point que l’on développe une relation de quasi-dépendance vis-à-vis d’eux. Comment expliquer ce phénomène ? Des neurobiologistes canadiens ont observé les molécules libérées dans le cerveau d’un auditeur lorsqu’il entend son morceau de musique préféré et ont réussi à visualiser la libération de dopamine, une molécule associée au plaisir, par exemple le sexe, ou la prise de cocaïne ou d’héroïne, dans deux régions du cerveau.
La technique utilisée consiste à injecter un composé radioactif – inoffensif – aux volontaires : ce composé a une structure moléculaire proche de la dopamine et s’accumule sur les neurones tant que la dopamine est absente. Mais au moment où le cerveau produit de la dopamine, cette dernière chasse le composé radioactif et le signal de radioactivité enregistré diminue.
Les chercheurs canadiens ont ainsi constaté deux événements cérébraux liés à l’écoute de la musique : lorsque les auditeurs anticipent leurs passages préférés, la dopamine est libérée dans une zone nommée noyau caudé. Cette structure cérébrale enregistre des associations entre certains gestes et des sensations, par exemple entre le fait de manger et celui d’être rassasié. Ainsi, elle permettrait à l’auditeur d’anticiper, dès les premières mesures, le plaisir qu’il ressentira au passage le plus poignant. Au moment fatidique où les auditeurs confient ressentir un frisson d’extase, la dopamine irrigue alors un autre centre nommé noyau accumbens, cible des drogues : c’est l’accomplissement hédonique, le plaisir pur. Les grands compositeurs savent préparer leurs effets, distillant l’attente avec un art consommé : ils manipulent sans le savoir la production de dopamine dans le cerveau »
L’interview de Robert Zatorre, initiateur de l’étude décrite précédemment, donne des précisions sur l’étude et ses résultats :
« Q - Quel sera l'impact sur la compréhension des dépendances?
R - On voit aussi ces deux phases, anticipation et vrai plaisir, dans les dépendances aux drogues, à l'alcool, au jeu. Quand ils reçoivent leur drogue, les narcomanes ont un rush. Si on montre à une personne ayant une dépendance les choses qui y sont associées, une sensation forte de désir de cet objet, une sensation qui est en partie agréable.
Pour la musique, c'est un phénomène parallèle. Ce n'est pas une drogue, ce n'est pas la même chose. On pensait que la dopamine était seulement liée à des substances donnant des gratifications tangibles, comme l'argent pour le jeu, ou carrément biologiques, comme le plaisir pour le sexe, la nourriture, l'alcool, les drogues. Mais avec la musique, la gratification est abstraite, esthétique. Nous pensons que ça vaut la peine d'étudier davantage cette similitude entre la réponse à la musique et les dépendances.
Ça pourrait nous aider à comprendre pourquoi il y a cet aspect d'anticipation suivi par l'expression d'émotions. Si on veut mieux comprendre ce qui se passe dans les dépendances, c'est important d'observer le phénomène en direct. On peut le faire avec la musique de manière moins dommageable qu'avec les drogues. Il pourrait aussi être intéressant d'étudier les gens qui ne sont pas capables d'éprouver un frisson musical, pour voir s'il y a plus ou moins de dépendances dans ce groupe. »
Cette étude semble être la seule à avoir été menée sur ce sujet. Elle a été reprise dans plusieurs articles mais il n’y a pas eu d’études plus récentes sur le sujet.
Si les addictions vous intéressent, voici de précédentes questions du Guichet sur le même thème :
- Jeux d’argent.
- Addiction au sucre et compulsions alimentaires.
- Dépendance aux jeux violents.
Bonne journée.
La musique ne fait pas partie des addictions, elle reste un plaisir sans danger pour le corps et l'esprit.
Même si de nouvelles addictions apparaissent chaque années, ainsi l’ouvrage Accro cite de nouvelles addictions comme l’addiction à l’exercice physique, au shopping ou encore au bronzage !
Cependant des études scientifiques ont été réalisées pour comprendre l’action de la musique sur le cerveau. Elle agit sur les mêmes circuits que les drogues tout en n’ayant pas les effets néfastes.
Un article de la revue Pour la science relate ces expériences :
« La musique est souvent un plaisir, parfois une passion, dans certains cas une addiction. Certains morceaux nous trottent dans la tête, et demandent à être écoutés en boucle au point que l’on développe une relation de quasi-dépendance vis-à-vis d’eux. Comment expliquer ce phénomène ? Des neurobiologistes canadiens ont observé les molécules libérées dans le cerveau d’un auditeur lorsqu’il entend son morceau de musique préféré et ont réussi à visualiser la libération de dopamine, une molécule associée au plaisir, par exemple le sexe, ou la prise de cocaïne ou d’héroïne, dans deux régions du cerveau.
La technique utilisée consiste à injecter un composé radioactif – inoffensif – aux volontaires : ce composé a une structure moléculaire proche de la dopamine et s’accumule sur les neurones tant que la dopamine est absente. Mais au moment où le cerveau produit de la dopamine, cette dernière chasse le composé radioactif et le signal de radioactivité enregistré diminue.
Les chercheurs canadiens ont ainsi constaté deux événements cérébraux liés à l’écoute de la musique : lorsque les auditeurs anticipent leurs passages préférés, la dopamine est libérée dans une zone nommée noyau caudé. Cette structure cérébrale enregistre des associations entre certains gestes et des sensations, par exemple entre le fait de manger et celui d’être rassasié. Ainsi, elle permettrait à l’auditeur d’anticiper, dès les premières mesures, le plaisir qu’il ressentira au passage le plus poignant. Au moment fatidique où les auditeurs confient ressentir un frisson d’extase, la dopamine irrigue alors un autre centre nommé noyau accumbens, cible des drogues : c’est l’accomplissement hédonique, le plaisir pur. Les grands compositeurs savent préparer leurs effets, distillant l’attente avec un art consommé : ils manipulent sans le savoir la production de dopamine dans le cerveau »
L’interview de Robert Zatorre, initiateur de l’étude décrite précédemment, donne des précisions sur l’étude et ses résultats :
« Q - Quel sera l'impact sur la compréhension des dépendances?
R - On voit aussi ces deux phases, anticipation et vrai plaisir, dans les dépendances aux drogues, à l'alcool, au jeu. Quand ils reçoivent leur drogue, les narcomanes ont un rush. Si on montre à une personne ayant une dépendance les choses qui y sont associées, une sensation forte de désir de cet objet, une sensation qui est en partie agréable.
Ça pourrait nous aider à comprendre pourquoi il y a cet aspect d'anticipation suivi par l'expression d'émotions. Si on veut mieux comprendre ce qui se passe dans les dépendances, c'est important d'observer le phénomène en direct. On peut le faire avec la musique de manière moins dommageable qu'avec les drogues. Il pourrait aussi être intéressant d'étudier les gens qui ne sont pas capables d'éprouver un frisson musical, pour voir s'il y a plus ou moins de dépendances dans ce groupe. »
Cette étude semble être la seule à avoir été menée sur ce sujet. Elle a été reprise dans plusieurs articles mais il n’y a pas eu d’études plus récentes sur le sujet.
Si les addictions vous intéressent, voici de précédentes questions du Guichet sur le même thème :
- Jeux d’argent.
- Addiction au sucre et compulsions alimentaires.
- Dépendance aux jeux violents.
Bonne journée.
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