Question d'origine :
Bonjour, je souhaiterai savoir s'il existe une relation de cause à effet entre le fait de souffrir du syndrome de Benjamin (personnes qui ressentent une profonde opposition entre leur identité psychologique et leur sexe anatomique) et la schizophrénie.
Je souhaiterai également savoir s'il existe également un lien de causalité dans le cas de personne souffrant d'hermaphrodisme. Le cas qui m'intéresse plus particulièrement concerne les androgynoïdes. Cette affection correspond à une variété de pseudo-hermaphrodisme masculin donnant aux hommes une apparence féminine, suite à une maladie héréditaire du testicule féminisant. Les patients présentent une apparence générale idéalement féminine avec un appareil génital externe proche de celui de la femme, mais se caractérisant par l'absence d'utérus, d'ovaire et de trompes. La puberté étant masculine, des troubles psychologiques peuvent se déclencher chez les sujet élevés en fille. En résumé, je recherche les éventuels troubles psychologiques de type schizophrénique résultant soit du syndrome de Benjamin, soit du syndrome du testicule féminisant ou androgynoïde. Merci d'avance. Bien cordialement.
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 09/04/2014 à 11h13
Bonjour,
Pour répondre directement à votre question,
En France, la transsexualité a été déclassifiée le 8 février 2010 de la liste des Affections de Longue Durée (ALD) psychiatriques, par décret paru au Journal Officiel1. Source : « Transsexualité : améliorer la prise en charge » sur le site Doctissimo.
En novembre 2009, la Haute autorité de santé a publié le premier rapport sur La situation actuelle et les perspectives d’évolution de la prise en charge du transsexualisme en France dans lequel est évoquée (page 95) une comorbidité avec des troubles mentaux citant 3 études. Extraits :
« Ainsi, selon une étude chez des patients transsexuels(Hepp U, Kraemer B, Schnyder U, Miller N, « Delsignore A. Psychiatric comorbidity in gender identity disorder ». J Psychosom Res. 2005;58(3):259-61.), 42 % des patients présentaient un trouble de la personnalité.
Une autre étude (Coolidge FL, Thede LL, Young SE. The heritability of gender identity disorder in a child and adolescent twin sample. Behav Genet 2002;32(4):251-7.) a mis en évidence une corrélation significative entre transsexualité et dépression (p < 0,05), mais la corrélation avec l’anxiété de séparation n’était pas significative (p > 0,05).
Enfin, une étude prospective a identifié des facteurs prédictifs de la réussite ou de l’échec du traitement (Smith YLS, van Goozen SHM, Kuiper AJ, Cohen-Kettenis PT. « Sex reassignment: outcomes and predictiors of treatment for adolescent and adult transsexuals”. Psychol Med. 2005;35(1):89-99.). La présence chez des transsexuels MtF d’un mauvais fonctionnement psychique, d’une insatisfaction de leur apparence physique et d’une transsexualité insuffisamment marquée, constituaient un facteur de risque et s’accompagnaient d’une moindre satisfaction quant aux résultats de la chirurgie de réassignation. »
Le “transsexualisme” est une transition d'un sexe à l'autre. C'est une personne qui naît dans un corps d'homme, qui, pour se préserver, se comporte assez souvent en apparence comme un homme mais qui a un sexe psychologique de femme (ou l'inverse). Cette personne qui fait sa transition ne change pas de sexe psychologique, mais d'apparence et de comportement. C'est physiquement et socialement que les choses se passent. Il y a un mouvement, un changement d'apparence d'un homme qui devient femme ou l'inverse. Même si elle n'est pas génétiquement de l'autre sexe, la personne “transsexuelle” l'est psychologiquement, socialement et physiquement. Ce qui fait une femme ou un homme, c'est avant tout le social, c'est donc une affaire de culture. Si le terme “transsexuel” décrit bien une transition physique (d'un sexe à l'autre), il ne décrit pas la réalité identitaire des personnes concernées. » Source : Tom Reucher / Ehnopsychiatrie, théorie queer et « transsexualisme » (syndrome de Benjamin) : Pratiques cliniques »mémoire de DESS de psychologie clinique et pathologique.
Vous évoquez dans votre question aussi la situation des personnes intersexuées, c'est-à-dire ni tout à fait fille, ni tout à fait garçon, dont l'anatomie des organes génitaux externes est ambiguë.
Apparemment, à la naissance d’enfants intersexués, les médecins font souvent un « choix de sexe » pour l’enfant, utilisant les médicaments et la chirurgie pour leur donner un sexe unique. Les patient.e.s ne souffrent d’aucune maladie : sauf dans les cas très minoritaires où certains signes laissent présager un futur cancer, les patient.e.s ne sont pas en danger ou en souffrance organique. Si on les opère, c’est pour leur éviter une souffrance psychosociale dans un contexte culturel qui ne prévoit aucun statut social pour eux / elles. Mais il s’avère que certains intersexués à qui l’on a attribué un sexe définitif se retrouvent mal à l’aise dans le rôle et le sexe qu’on leur a assigné.
- Changer de sexe : illusion et réalité / Colette Chiland
- Psychologie des transsexuels et des transgenres / Françoise Sironi
- Le transsexualisme : l’illustration d’une alliance entre médecine et société : Mémoire bibliographique/Noémie Amouyal et David Benzaquem.
Cordialement,
L’équipe Cap’Culture Santé.
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