Question d'origine :
Bonjour,
Je m'appelle Clémentine et j'ai 17 ans. Voilà plusieurs mois que je m'intéresse de près à cette histoire connue de tous, ce jeune se tenant debout devant une rangée de char sur la place Tianan'men. J'ai en fait été frappée par plusieurs incohérence. Mes questions sont les suivantes; comment se fait-il que nous trouvons une seule et unique vidéo de ce fait historique, et que cette vidéo s'arrête justement toujours au moment ou l'étudiant se fait ramener vers la foule. En effet après quelques recherches j'ai su que cette vidéo a été prise d'un hotel qui était remplit de journaliste du monde entier ( Jeff Widner le photographe qui a prit "The unknown rebel" se tient d'ailleurs parmis eux. ) Sauriez vous me dire pourquoi et comment il est possible que ces vidéos et photos nous sont inconnu ? Je suis au courant de l'efficacité de la censure chinoise. Cependant parmi tous ces journalistes ( et cette foule de manifestants ), le manque de vidéos et photographies me paraît vraiment étrange. J'ai au préalable envoyé cette question à Jeff Widner, et celui ma tout simplement renvoyé vers les informations que je peux trouver sur le net. C'est pour cette raison que je me tourne vers vous.
Merci d'avoir pris le temps de lire cette longue question,
En attente de votre réponse,
Clémentine
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 30/04/2014 à 10h25
Bonjour,
Nous vous conseillons la lecture d’un ouvrage qui devrait répondre à un certain nombre de vos questions.
Dans l’homme de la place Tiananmen, Adrien Gombaud raconte l’histoire de cette image inoubliable. Il a retrouvé les photographes (4) à la fois rivaux et liés à jamais par un instant mythique, à Londres, Hong Kong et Bali ; il revient sur leur parcours professionnel, il raconte les prises de vue, la sortie rocambolesque des pellicules hors de l’hôtel…
Mais surtout il décrit le contexte de ces photos ; en effet, il parle de quatre photographes ayant produit des clichés quelque peu différents : Stuart Franklin, Charlie Cole, Jeff Widener et Arthur Tsang Hin-wah. Mais aussi d’autres qui ont « raté » cette photo. Il rappelle le massacre des étudiants chinois notamment la nuit du 4 juin.
Il resitue la place des medias dans ce conflit depuis le début jusqu'à la situation complexe des reporters quand la répression se fit sanglante. Les 4000 journalistes étrangers furent assignés à résidence dans leur chambre d’hôtel. Plusieurs hôtels leur étaient réservés dont l’hôtel Beijing , au cœur des scènes de révolte et de répression. Si les journalistes ne respectèrent pas, autant qu’ils le purent, les consignes, certains se retrouvèrent bloqués dans l’hôtel gardé par la police. D’autres se réfugièrent dans les hôtels devant la violence des combats qui mettaient leur vie en danger. Et c’est du balcon de cet hôtel Beijing que certains purent saisir ce cliché.
« Pour obtenir le droit d’installer son présentateur et un petit studio sur le toit, la chaîne info américaine (CNN) avait avancé 75000$. L’affaire ne se conclut pas et CNN installa son QG au Sheraton. Cependant, le journaliste Larry Register loua une chambre ordinaire en se faisant passer pour le représentant d’une société de surveillance, ce qui justifiait la caméra et le trépied qui dormaient auprès de lui. […] Finalement, la chambre louée par Register permit au caméraman John Schaer de capturer les cinq minutes cruciales : la danse de l’homme et du char.»
Le livre fait le point aussi sur ce qu’on peut savoir de l’homme de la place Tienanmen, Tank Man et sur la force symbolique de cette image.
« Cette photographie représente un cas unique ou la force du sujet éclipse totalement son auteur(ou plutôt ses auteurs). Aujourd’hui encore, non seulement on ignore bien souvent le nom des photographes, comme le disait Charlie Cole, mais surtout, le grand public ignore aussi que, derrière cette image, ne se cache pas un seul objectif, mais quatre, et quatre photos. La puissance de l’homme est telle, la situation si poignante, que le cadrage, la lumière, le point de vue… bref, le travail des photographes, devient secondaire ; L’image se distingue surtout d’autres grandes photos du siècle car le sujet crée lui-même l’instant. Il n’est pas pris dans le tourbillon de l’histoire […] L’inconnu de la Place […] décide d’être le créateur de son propre destin : il est l’écrivain, le metteur en scène de quelques secondes de l’histoire du monde […] Les photographes n’ont fait que transmettre, raconter au monde ce que cet homme a accompli. Tous ont pris une série d’images, mitraillé les cinq minutes où l’homme s’engage sur l’avenue et celui où quelques individus l’éloignent du char et de notre champ de vision. Cinq minutes de film ou à peine une fraction de seconde, le temps que l’obturateur en détache une image. Il suffit parfois d’un instant pour écrire toute une histoire »
P 68
Voici donc quelques éléments tirés de cet ouvrage. Mais le mieux très certainement est de lire intégralement ce document pour vous permettre de répondre à vos interrogations.
Source : http://qz.com/
Nous vous conseillons la lecture d’un ouvrage qui devrait répondre à un certain nombre de vos questions.
Dans l’homme de la place Tiananmen, Adrien Gombaud raconte l’histoire de cette image inoubliable. Il a retrouvé les photographes (4) à la fois rivaux et liés à jamais par un instant mythique, à Londres, Hong Kong et Bali ; il revient sur leur parcours professionnel, il raconte les prises de vue, la sortie rocambolesque des pellicules hors de l’hôtel…
Mais surtout il décrit le contexte de ces photos ; en effet, il parle de quatre photographes ayant produit des clichés quelque peu différents : Stuart Franklin, Charlie Cole, Jeff Widener et Arthur Tsang Hin-wah. Mais aussi d’autres qui ont « raté » cette photo. Il rappelle le massacre des étudiants chinois notamment la nuit du 4 juin.
Il resitue la place des medias dans ce conflit depuis le début jusqu'à la situation complexe des reporters quand la répression se fit sanglante. Les 4000 journalistes étrangers furent assignés à résidence dans leur chambre d’hôtel. Plusieurs hôtels leur étaient réservés dont l’hôtel Beijing , au cœur des scènes de révolte et de répression. Si les journalistes ne respectèrent pas, autant qu’ils le purent, les consignes, certains se retrouvèrent bloqués dans l’hôtel gardé par la police. D’autres se réfugièrent dans les hôtels devant la violence des combats qui mettaient leur vie en danger. Et c’est du balcon de cet hôtel Beijing que certains purent saisir ce cliché.
« Pour obtenir le droit d’installer son présentateur et un petit studio sur le toit, la chaîne info américaine (CNN) avait avancé 75000$. L’affaire ne se conclut pas et CNN installa son QG au Sheraton. Cependant, le journaliste Larry Register loua une chambre ordinaire en se faisant passer pour le représentant d’une société de surveillance, ce qui justifiait la caméra et le trépied qui dormaient auprès de lui. […] Finalement, la chambre louée par Register permit au caméraman John Schaer de capturer les cinq minutes cruciales : la danse de l’homme et du char.»
Le livre fait le point aussi sur ce qu’on peut savoir de l’homme de la place Tienanmen, Tank Man et sur la force symbolique de cette image.
« Cette photographie représente un cas unique ou la force du sujet éclipse totalement son auteur(ou plutôt ses auteurs). Aujourd’hui encore, non seulement on ignore bien souvent le nom des photographes, comme le disait Charlie Cole, mais surtout, le grand public ignore aussi que, derrière cette image, ne se cache pas un seul objectif, mais quatre, et quatre photos. La puissance de l’homme est telle, la situation si poignante, que le cadrage, la lumière, le point de vue… bref, le travail des photographes, devient secondaire ; L’image se distingue surtout d’autres grandes photos du siècle car le sujet crée lui-même l’instant. Il n’est pas pris dans le tourbillon de l’histoire […] L’inconnu de la Place […] décide d’être le créateur de son propre destin : il est l’écrivain, le metteur en scène de quelques secondes de l’histoire du monde […] Les photographes n’ont fait que transmettre, raconter au monde ce que cet homme a accompli. Tous ont pris une série d’images, mitraillé les cinq minutes où l’homme s’engage sur l’avenue et celui où quelques individus l’éloignent du char et de notre champ de vision. Cinq minutes de film ou à peine une fraction de seconde, le temps que l’obturateur en détache une image. Il suffit parfois d’un instant pour écrire toute une histoire »
P 68
Voici donc quelques éléments tirés de cet ouvrage. Mais le mieux très certainement est de lire intégralement ce document pour vous permettre de répondre à vos interrogations.
Source : http://qz.com/
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