Question d'origine :
Bonjour,
Les minéraux contenus dans l'eau de boisson sont-ils assimilables par l'organisme ou gênent-ils le bon fonctionnement des reins ? Est-il souhaitable de boire de l'eau purifiée par osmose inverse (donc presque dépourvue de sels minéraux) ?
Si vous n'avez pas de réponse claire et définitive, quel auteur scientifique est-il possible de lire pour avoir un avis détaillé sur la question, car il est difficile de se faire une idée précise face aux débats (voire polémiques) opposant les marchands d'osmoseurs et les marchands d'autres systèmes de filtration de l'eau...
Merci bcp pour votre contribution et bon courage !
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 01/04/2005 à 12h58
.L'eau constitue une source d'apport en sels minéraux et oligoéléments : calcium, magnésium, fluor... Contrairement aux idées reçues, l'eau du robinet en contient. Dans son parcours naturel, au contact des sols et des roches, l'eau se charge en sels minéraux et oligoéléments. L'eau étant un produit local, elle peut présenter, selon les régions, des teneurs différentes de ces composants. Les seuils de minéralité sont fixés par les normes pour que l'eau soit bonne à goûter et bénéficie d'un bon équilibre minéral. Le fluor fait exception puisqu'il est classé parmi les substances "indésirables", avec un seuil maximal compris entre 0,7 et 1,5 mg/l car, au-delà de ces taux, il peut avoir des effets négatifs sur l'organisme
Calcaire, chlore et eau de boisson : mythes et réalités
Quand on évoque la qualité de l'eau, les discussions s'orientent souvent sur le calcaire et le chlore. C'est alors que l'on entend bien des affirmations erronées; des erreurs qu'il importe de corriger.
La dureté de l'eau est proportionnelle à sa teneur en calcium mais aussi en magnésium. Elle dépend de la nature géologique des sols qu'elle a traversés.
Quoi qu'il en soit, les désagréments d'une eau trop dure sont uniquement de l'ordre du confort (entartrage, eau désagréable pour l'épiderme...). Par contre, on n'a pas démontré d'effets sanitaires négatifs liés à la dureté de l'eau et à la présence de calcaire, en particulier sur la fréquence des calculs rénaux. Au contraire, l'eau de boisson participe à l'apport de calcium à l'organisme, ce qui est particulièrement important chez la femme (cela même s'il y a débat sur la proportion de calcium qui est réellement absorbée par l'organisme) et l'adolescent.
Le goût de chlore... n'est pas celui du chloreLe goût de chlore est un des reproches les plus fréquemment adressés à l'eau potable. En réalité, l'apparition du goût et de l'odeur "d'eau de Javel" correspond à la liaison du chlore à des matières organiques, afin d'éliminer des éléments indésirables : une eau à la saveur et à l'odeur fortement chlorées peut ne contenir que très peu de choses (pour combattre ce désagrément, il suffit de laisser l'eau s'aérer).
Quoi qu'il en soit, le chlore utilisé dans l'eau potable ne présente pas de risque sur le plan sanitaire. Ce n'est que pour le confort et l'agrément du consommateur que la teneur en "chlore libre résiduel" reste limitée à 0,1 mg/l d'eau (ce qui correspond à une goutte pour 1 000 litres) et 0,3 mg/l dans le cadre du plan "Biotox", lors des menaces bioterroristes. Mais l'impératif sanitaire fait que, parfois, cette valeur doit être dépassée afin d'obtenir une plus grande sécurité microbiologique sans problème particulier de tolérance.
Selon la législation française, une eau minérale naturelle se différencie des autres par une composition constante et pouvant présenter des propriétés favorables à la santé dûment constatées par l'Académie Nationale de Médecine. Pour l'OMS, si certaines eaux minérales notamment celles des pays européens, permettent d'apporter à l'organisme des micronutriments essentiels, les effets bénéfiques de leur consommation n'ayant pas été sérieusement prouvés, l'institution s'abstient de toute recommandations sur les concentrations maximales admissibles de composés essentiels dans ses "Directives de qualité pour l'eau de boisson". En revanche, la commission du Codex Alimentarius, organisme intergouvernemental responsable de l'élaboration de normes alimentaires, a élaboré une Norme Codex pour les eaux minérales naturelles qui décrit le produit ainsi que les caractéristiques relatives à son étiquetage, sa composition et sa qualité, et fixe des limites maximales pour certains produits chimiques, de même que des exigences en matière d'hygiène, d'emballage et d'étiquetage. Le Code d'usages du Codex pour le captage, le traitement et la commercialisation des eaux minérales naturelles fournit des orientations aux entreprises concernées sur plusieurs aspects des bonnes pratiques de fabrication.
La classification actuelle des eaux minérales repose sur des bases chimiques et tient compte pour chaque eau de l’élément quantitatif. Ainsi on distingue :
Les eaux sulfurées,
les eaux sulfatées,
les eaux chlorurées sodiques,
les eaux bicarbonatées,
les eaux à minéralisation spéciale.
Quant à L'osmose inverse :
cette méthode permet le passage à travers une membrane des seules molécules d’eau, sans les impuretés. C’est la technologie utilisée par la Nasa dans les capsules spatiales. Les performances d’élimination vont de 99 % pour les matières organiques, à plus de 95 % pour le plomb, 80 % au moins pour les nitrates, plus de 92 % pour les fluorures. Selon le type d’appareil et la qualité de l’eau utilisée, pour produire 1 litre d’eau le purificateur en rejette entre 2,5 et 10 litres.
Des performances inégales
Les fabricants affichent, avec plus ou moins de précision, les performances de leurs produits. « Des tests réalisés en Laboratoires (sic) montrent que la cartouche X réduit jusqu’à 80 % de l’aluminium, 95 % du cadmium, 88 % du plomb, 85 % des pesticides… », vante la publicité d’une grande marque.
La réalité serait moins glorieuse d’après un essai comparatif de 60 Millions de consommateurs, publié en novembre 1997, portant aussi bien sur des carafes que sur des filtres branchés au robinet ; cette enquête ne portait pas sur les dispositifs à « osmose inverse ».Le test faisait ressortir que si, pour le chlore et le mauvais goût, la plupart des filtres étaient performants, il ne fallait pas attendre d’eux une action très efficace contre le plomb, les nitrates et autres matières toxiques. Des conclusions, contestées par une marque comme Brita. Les analyses – effectuées par l’Institut Pasteur de Lille – attribuaient une filtration du plomb à 98 % à l’une de leurs carafes, alors que l’enquête de 60 Millions de consommateurs ne lui en attribuait que 40 % en moyenne ! À qui faire confiance ? Le consommateur a quelques raisons d’être méfiant devant ce manque flagrant de fiabilité des résultats.Depuis cette enquête, d’autres produits sont apparus sur le marché et certains, aux dires des fabricants, ont été améliorés. Les consommateurs doivent lire attentivement notices et étiquettes, et choisir… sans garantie totale d’efficacité.
L’efficacité de ces dispositifs reste aléatoire. Sans compter les risques de rejet des matières contenues dans les filtres. « Le remède peut même se révéler pire que le mal », explique Bruno Galiber, vétérinaire, spécialiste de l’hygiène alimentaire. « Débarrassée de son chlore, l’eau est plus vulnérable. Les cartouches n’ont pas toujours la durée de vie annoncée et peuvent devenir de véritables “nids à microbes” si elles ne sont pas conservées immergées ou au frais. De plus, les eaux utilisées sont si différentes qu’il paraît difficile de promettre des résultats égaux avec des paramètres qui varient énormément. » Les règles d’hygiène strictes sont donc à observer avec ces dispositifs ; cela dit, ils permettent au moins d’obtenir une eau au meilleur goût.
La filtration par osmose inverse est chère mais efficace. Elle produit une eau très pure et très peu minéralisée. Paradoxalement, l’osmose inverse produit une eau si pure qu’elle est parfois considérée comme trop appauvrie. Selon les Drs Suzanne et Pierre Déoux, des mesures pratiquées après ce type de filtration donnent des taux de l’ordre de 18 mg/l de sels minéraux, autrement dit une eau de classe « très faiblement minéralisée » (moins de 50 mg/l).
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