1ere guerre mondiale
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 18/06/2014 à 09h51
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Question d'origine :
Bonjour,
Je suis actuellement en train de rédiger mon mémoire de fin d'étude qui à pour sujet: comment aborder la notion de mémoire collective en bibliothèque à travers la première guerre mondiale?
Pouvez vous me donner une définition simple de mémoire collective ? et une autre plus détaillée. Cela m'aidera et complétera ma propre définition.
De plus, j'aimerai savoir comment vous aborderiez cette problématique.
Merci beaucoup.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 19/06/2014 à 12h45
Bonjour,
Tout d’abord, nous vous rappelons que le Guichet du Savoir n’a pas pour vocation d’effectuer votre travail de réflexion à votre place : nous ne pouvons donc pas vous aider à définir votre plan.
Nous pouvons en revanche vous indiquer des définitions de la mémoire collective :
Mémoire collective. , « Savoir mystérieux d'un fond commun qu'on suppose inhérent au groupe » (J.-C. Filloux, La-Mémoire, Paris, P.U.F., 1967, p.51). Mémoire collective de la famille, de classe; mémoire collective religieuse. La vivacité de la mémoire collective opposée à l'histoire écrite par le pouvoir est l'une des permanences observées par Marc Ferro au terme d'une enquête dans le monde entier (La Manipulation de l'histoireds L'Histoire,févr. 1982, no42, p.92).
Source : Cnrtl
Le terme de mémoire collective renvoie, de manière générale, aux souvenirs partagés au sein d’une collectivité ou aux représentations du passé d'un groupe partagées au sein de celui-ci. S'il n'existe pas de consensus quant à la manière de la définir, l'expression "mémoire collective" consiste (au moins métaphoriquement ) à attribuer une faculté psychologique individuelle - c'est-à-dire la mémoire - à un groupe, comme une famille ou une nation. Ce concept fait l'objet de travaux dans de nombreuses disciplines, notamment la sociologie, l'histoire, la philosophie et la psychologie.
Les travaux sur la mémoire collective ont été initiés par Maurice Halbwachs avec son ouvrage Les cadres sociaux de la mémoire, publié en 1925. Dans son œuvre, Halbwachs a donné au concept de mémoire collective au moins deux sens distincts dont on peut retrouver l'influence jusque dans les travaux actuels. Dans le premier, la notion de mémoire collective renvoie à l'idée que la mémoire individuelle est systématiquement influencée par les cadres sociaux dans lesquels elle s'insère. Dans le deuxième sens, la mémoire collective prend un sens plus radicalement collectiviste et renvoie à la mémoire du groupe en lui-même, au-delà de la mémoire de ses membres.
Source : Wikipedia
Voici la définition de Pierre Nora : « La mémoire collective est ce qui reste du
passé dans le vécu des groupes, ou ce que ces groupes font du passé. Groupes larges
à l’échelle d’aires culturelles ou de nations, d’idéologies politiques ou religieuses ;
familles plus étroites comme les générations ou les mouvements minoritaires, politiques,
ouvriers, féminins. A ce titre, elles évoluent avec ces groupes dont elles constituent
un lien à la fois inaliénable et manipulable, un instrument de lutte et de
pouvoir, en même temps qu’un enjeu affectif et symbolique. La mémoire historique
est unitaire. Elle est le fruit d’une tradition savante et « scientifique », elle est ellemême
la mémoire collective du groupe des historiens… La mémoire collective et
globalisante et sans frontière, floue et télescopante, relève de la croyance qui n’assimile
que ce qui la conforte elle-même. La mémoire historique, analytique et critique,
précise et distincte, relève de la raison qui instruit sans convaincre ».
source : Mémoire et histoire, André Lasserre
La notion de mémoire a une histoire, en France notamment. Si l'on fait abstraction des travaux fondateurs de Maurice Halbwachs sur Les cadres sociaux de la mémoire (1925),cette notion émerge réellement au milieu des années soixante-dix, portée pour l’essentiel par la réflexion des historiens sur la relativité de la connaissance en histoire et le conflit des interprétations . Dans ce cadre, la définition propre de la mémoire et particulièrement de la mémoire dite collective importe moins que l’" utilisation stratégique " de la notion pour " le renouveau de l’historiographie " (Pierre Nora, 1978). Mais le succès aussitôt rencontré par la notion renvoie plus certainement à un contexte marqué par de fortes mutations sociales et politiques, au renouvellement des générations, à un intérêt teinté de nostalgie pour des mondes - ouvriers et paysans notamment- en voie de dilution, en bref à la question du souvenir et de la transmission.
La définition proposée par les historiens choisissant " l’histoire de la mémoire " pour objet, fondée sur la distinction de l’histoire (critique) et de la mémoire - pensée le plus souvent à l’aune de la Nation (la mémoire est dite collective parce que nationale) - sera cependant largement dominante, occultant pour partie les questions propres à la sociologie de la mémoire, et particulièrement celles de la production des mémoires collectives, telles que Halbwachs et Bastide permettent de les poser. Carla notion de mémoire collective met l’accent, moins sur les usages institutionnels et politiques du passé - sur les " politiques " et autres stratégies mémorielles-, que sur les représentations socialement partagées du passé, lesquelles sont effets des identités présentes qu’elles nourrissent pour partie en retour . La question devient alors : comment passe-t-on de la multiplicité des expériences et des souvenirs, à l’unicité d’une mémoire dite " collective " ? Comment, non pas à l’inverse mais dans le même mouvement, une mémoire dite collective parce que portée par des groupes, partis, associations et autres porte-parole autorisés, peut-elle agir sur les représentations individuelles ?
Afin d'apporter des éléments de réponse, il convient de se pencher sur les différentes réalités que peut revêtir le mot "mémoire", telles que la commémoration, le monument, l’usage politique voire polémique ou stratégique du passé, ou encore le souvenir de l’expérience vécue ou transmise.
Tandis que la notion de mémoire est largement polysémique, voire métaphorique en son principe lorsqu’elle recouvre toutes les formes de la présence du passé, la mémoire collective est peut-être moins équivoque dans sa définition.La mémoire collective se définit comme une interaction entre les politiques de la mémoire -encore appelée " mémoire historique "-, et les souvenirs -" mémoire commune ", de ce qui a été vécu en commun)-. Elle se situe au point de rencontre de l’individuel et du collectif, du psychique et du social.
En d’autres termes, les mémoires collectives se constituent dans le travail d’homogénéisation des représentations du passé et de réduction de la diversité des souvenirs, s’opérant éventuellement dans les " faits de communication " entre individus et dans la transmission (Marc Bloch) ; dans les " relations inter-individuelles " qui constituent la réalité des groupes sociaux comme ensembles " structurés " (Roger Bastide), au sein de " communautés affectives " ; ou de " groupes intermédiaires " entre l’individu et la Nation (Maurice Halbwachs) ; ou encore de groupes définis comme " réalité symbolique " fondée dans l’histoire (Anselm Strauss, Miroirs et masques).
Que l'on définisse la mémoire comme effet du présent ou effet du passé, choix ou poids du passé, celle-ci ne se décrète pas, pas plus que l’oubli ; les développements les plus récents du " syndrome de Vichy " (Henry Rousso, 1986) en témoignent.
Les politiques de la mémoire peuvent n'être qu'une prescription sans effet, devenir lettre morte. L’exemple empirique du Parti communiste français, supposé capable, avant les grands bouleversements à l’Est, de promouvoir, contrôler une " mémoire collective " illustre ce propos (Cf. Marie-claire Lavabre, Le fil rouge, sociologie de la mémoire communiste, 1994).
Source : Pour une sociologie de la mémoire collective, Marie-Claire Lavabre
Pour aller plus loin :
Textes sur la mémoire collective :
Préface à La Mémoire Collective, Jean Duvignaud
Usages et mésusages de la notion de mémoire, Marie-Claire Lavabre (sur Persée)
La mémoire collective, Maurice Halbwachs
Explorations de la mémoire collective : grands événements et mythes des origines : actes du XIe colloque franco-polonais de l'Université Adam Mickiewicz de Poznan et de l'Université Marc Bloch de Strasbourg, textes réunis par François-Xavier Cuche et Jean-Paul Schneider
Mémoire collective et première guerre mondiale :
Les fusillés de la Grande Guerre : et la mémoire collective (1914-2009), Nicolas Offenstadt
Paris, Berlin, la mémoire de la guerre : 1914-1933, Elise Julien
Entre deuil et mémoire : la Grande Guerre dans l'histoire culturelle de l'Europe, Jay Winter
La Grande Guerre aujourd'hui : mémoire(s), histoire(s) : actes du colloque d'Agen-Nérac, 14-15 novembre 2008, sous la direction d'Alexandre Lafon, David Mastin et Céline Piot
Le soldat inconnu : invention et postérité d'un symbole, Jean-François Jagielski
Histoire et mémoire de la Grande Guerre, Jean-Jacques Becker; conférence organisée par la Bibliothèque municipale de Lyon (DVD)
Tout d’abord, nous vous rappelons que le Guichet du Savoir n’a pas pour vocation d’effectuer votre travail de réflexion à votre place : nous ne pouvons donc pas vous aider à définir votre plan.
Nous pouvons en revanche vous indiquer des définitions de la mémoire collective :
Mémoire collective. , « Savoir mystérieux d'un fond commun qu'on suppose inhérent au groupe » (J.-C. Filloux, La-Mémoire, Paris, P.U.F., 1967, p.51). Mémoire collective de la famille, de classe; mémoire collective religieuse. La vivacité de la mémoire collective opposée à l'histoire écrite par le pouvoir est l'une des permanences observées par Marc Ferro au terme d'une enquête dans le monde entier (La Manipulation de l'histoireds L'Histoire,févr. 1982, no42, p.92).
Source : Cnrtl
Source : Wikipedia
Voici la définition de Pierre Nora : « La mémoire collective est ce qui reste du
passé dans le vécu des groupes, ou ce que ces groupes font du passé. Groupes larges
à l’échelle d’aires culturelles ou de nations, d’idéologies politiques ou religieuses ;
familles plus étroites comme les générations ou les mouvements minoritaires, politiques,
ouvriers, féminins. A ce titre, elles évoluent avec ces groupes dont elles constituent
un lien à la fois inaliénable et manipulable, un instrument de lutte et de
pouvoir, en même temps qu’un enjeu affectif et symbolique. La mémoire historique
est unitaire. Elle est le fruit d’une tradition savante et « scientifique », elle est ellemême
la mémoire collective du groupe des historiens… La mémoire collective et
globalisante et sans frontière, floue et télescopante, relève de la croyance qui n’assimile
que ce qui la conforte elle-même. La mémoire historique, analytique et critique,
précise et distincte, relève de la raison qui instruit sans convaincre ».
source : Mémoire et histoire, André Lasserre
La notion de mémoire a une histoire, en France notamment. Si l'on fait abstraction des travaux fondateurs de Maurice Halbwachs sur Les cadres sociaux de la mémoire (1925),
La définition proposée par les historiens choisissant " l’histoire de la mémoire " pour objet, fondée sur la distinction de l’histoire (critique) et de la mémoire - pensée le plus souvent à l’aune de la Nation (la mémoire est dite collective parce que nationale) - sera cependant largement dominante, occultant pour partie les questions propres à la sociologie de la mémoire, et particulièrement celles de la production des mémoires collectives, telles que Halbwachs et Bastide permettent de les poser. Car
Afin d'apporter des éléments de réponse, il convient de se pencher sur les différentes réalités que peut revêtir le mot "mémoire", telles que la commémoration, le monument, l’usage politique voire polémique ou stratégique du passé, ou encore le souvenir de l’expérience vécue ou transmise.
Tandis que la notion de mémoire est largement polysémique, voire métaphorique en son principe lorsqu’elle recouvre toutes les formes de la présence du passé, la mémoire collective est peut-être moins équivoque dans sa définition.
En d’autres termes, les mémoires collectives se constituent dans le travail d’homogénéisation des représentations du passé et de réduction de la diversité des souvenirs, s’opérant éventuellement dans les " faits de communication " entre individus et dans la transmission (Marc Bloch) ; dans les " relations inter-individuelles " qui constituent la réalité des groupes sociaux comme ensembles " structurés " (Roger Bastide), au sein de " communautés affectives " ; ou de " groupes intermédiaires " entre l’individu et la Nation (Maurice Halbwachs) ; ou encore de groupes définis comme " réalité symbolique " fondée dans l’histoire (Anselm Strauss, Miroirs et masques).
Que l'on définisse la mémoire comme effet du présent ou effet du passé, choix ou poids du passé, celle-ci ne se décrète pas, pas plus que l’oubli ; les développements les plus récents du " syndrome de Vichy " (Henry Rousso, 1986) en témoignent.
Les politiques de la mémoire peuvent n'être qu'une prescription sans effet, devenir lettre morte. L’exemple empirique du Parti communiste français, supposé capable, avant les grands bouleversements à l’Est, de promouvoir, contrôler une " mémoire collective " illustre ce propos (Cf. Marie-claire Lavabre, Le fil rouge, sociologie de la mémoire communiste, 1994).
Source : Pour une sociologie de la mémoire collective, Marie-Claire Lavabre
Textes sur la mémoire collective :
Préface à La Mémoire Collective, Jean Duvignaud
Usages et mésusages de la notion de mémoire, Marie-Claire Lavabre (sur Persée)
La mémoire collective, Maurice Halbwachs
Explorations de la mémoire collective : grands événements et mythes des origines : actes du XIe colloque franco-polonais de l'Université Adam Mickiewicz de Poznan et de l'Université Marc Bloch de Strasbourg, textes réunis par François-Xavier Cuche et Jean-Paul Schneider
Mémoire collective et première guerre mondiale :
Les fusillés de la Grande Guerre : et la mémoire collective (1914-2009), Nicolas Offenstadt
Paris, Berlin, la mémoire de la guerre : 1914-1933, Elise Julien
Entre deuil et mémoire : la Grande Guerre dans l'histoire culturelle de l'Europe, Jay Winter
La Grande Guerre aujourd'hui : mémoire(s), histoire(s) : actes du colloque d'Agen-Nérac, 14-15 novembre 2008, sous la direction d'Alexandre Lafon, David Mastin et Céline Piot
Le soldat inconnu : invention et postérité d'un symbole, Jean-François Jagielski
Histoire et mémoire de la Grande Guerre, Jean-Jacques Becker; conférence organisée par la Bibliothèque municipale de Lyon (DVD)
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