Pourquoi met-on de l'eau au fond des cuvettes ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 24/07/2014 à 04h58
140 vues
Question d'origine :
Bonjour mesdames et messieurs les bibliothécaires du Guichet du Savoir,
j'aurais une question qui paraît peut-être bête mais dont je ne trouve pas de réponse, du moins satisfaisante.
La question est la suivante: pourquoi a-t-on inventé ce système dans nos toilettes où nos déchets se retrouvent plongés dans un bain d'eau avant d'être débarrassés. Je m'explique: ne serait-il pas plus simple mais surtout plus économique et écologique de fabriquer des toilettes avec un système d'aspiration à air chaud évitant donc un gaspillage de l'eau potable en étant tout aussi efficace ?
J'espère que la question n'est pas trop " crue" voire dégoutante.
Merci beaucoup.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 25/07/2014 à 14h04
Bonjour,
Nous l’avouons, nous ne sommes pas entièrement convaincus que le système que vous proposez soit très efficace du point de vue de l’hygiène, puisque l’air chaud favorise le développement des bactéries… et, accessoirement, ne fait rien pour masquer les odeurs.
Toutefois, sachez que les toilettes sèches existent, et non seulement elles vous permettent d’économiser l’eau potable, mais elles sont en outre écologiques… et vous fournissent en compost pour votre jardin :
LES PRINCIPES
Comme leur nom l’indique les toilettes sèches sont des toilettes qui n’utilisent pas d’eau. Parmi les nombreuses familles de toilettes sèches, les toilettes sèches à litière ou plus exactement les toilettes à litière biomaîtrisée (TLB) remplacent la chasse d’eau par de la sciure ou d’autres matières carbonées non grossières (copeaux, feuilles mortes, paille hachée…) ou encore mieux par un mélange de ces éléments. Elles permettent d’économiser de l’eau, de diminuer la pollution de nos eaux usées et de valoriser nos urines et nos matières fécales. En effet, loin de se contenter de récupérer nos excréments, les toilettes sèches à litière permettent de transformer biologiquement ceux-ci sous la forme d’un compost réutilisable au moins pour le jardin d’ornement.
Idées reçues...
Loin de ressembler à la vieille et très mal réputée cabane au fond du jardin, les toilettes sèches qui fleurissent aujourd’hui un peu partout ont le mérite d’intégrer, pour le bonheur de tous, l’intérieur des maisons. Elles ne génèrent pas de mauvaises odeurs (même si cela en surprend plus d’un) et laissent une grande place à l’imagination pour l’aménagement d’un lieu original si on le souhaite mais permettent aussi une installation quasi-identique à des toilettes à eau.
Une utilisation très simple
Le principe des TLB est simple, un seau (conseillé en inox) est placé à l’intérieur d’un caisson en bois au dessus duquel on peut ajouter un abattant pour toilettes classiques. Après chaque utilisation, on ajoute un peu de sciure (ou autres matières carbonées) qui absorbera l’humidité et fera disparaître les odeurs. Lorsque le seau est plein, il suffit de le sortir du caisson et de le transporter jusqu'à l’aire de compostage. On vide le seau dans le compost, on le nettoie et on le ramène dans la maison.
Les principaux avantages
• économies d’eau
• pas de gaspillage d’eau potable
• diminution de la pollution des eaux usées (non souillées par les matières fécales)
• recyclage des déjections sans transport coûteux ni polluant.
• production d’un compost valorisable au jardin - Nous proposons des formations pour une bonne gestion de votre compost
• prise de conscience de son rôle d’éco-citoyen et éducation à l’environnement
• simplicité d’installation pour les TLB
Les inconvénients
• Vider le seau des toilettes sèches
• S'approvisionner en sciure (voir nos conseils d'utilisation)
Source : toilettes-seches-ecologiques.fr
source : Wikipedia
Précisons par ailleurs que les « toilettes à l’anglaise » utilisant l’eau et le tout-à-l’égout pour évacuer les excréments sont une invention relativement récente, et firent leur première apparition en 1596 : Sir John Harrington conçut et construisit des toilettes à chasse d’eau et réservoir pour l’usage de la reine Elisabeth 1ère.
On dit que celle-ci apprécia pleinement l’aspect pratique de la chose mais, curieusement, Harrington fut couvert de ridicule pour son invention « repoussante » et n’en construisit jamais d’autres. Il fallut près de deux cents ans pour qu’un dispositif similaire soit ressuscité.
Source : Toilettes du monde, Morna E. Gregory et Sian James; traduit de l'anglais par Antoine Vierne
En 1775, Alexander Cummings conçoit une tuyauterie en forme de U qui empêche les odeurs de refluer.
(source: Le compagnon des toilettes : miscellanées sur la pièce la plus fréquentée de la maison, James Buckley)
Il faut attendre 1875 pour que l’ensemble des logements parisiens soient équipés de toilettes à chasse d’eau raccordées au système d’assainissement.
Ressituées dans le contexte qui a vu leur emploi se généraliser, l'avantage des toilettes hydrauliques est évidemment qu'il suffit de tirer la chasse pour évacuer les excréments dans les réseaux d'égouts, ce qui apporte un confort extraordinaire aux habitants des grandes villes à la fin du XIXe siècle. Jusque-là, le contenu des latrines parisiennes était recueilli dans des cuves placées dans les caves, vidées régulièrement par des gadouards, profession peu prestigieuse qui ne fut longtemps exercée que de nuit. Jusqu'au XVIIIe siècle, se promener dans les rues était périlleux : on s'exposait au risque de recevoir sur la tête le contenu d'un pot de chambre, évacué ensuite avec les eaux de pluie par un canniveau central...
Si aujourd’hui dans les pays occidentaux les toilettes sèches sont considérées comme une alternative écologique ou une solution pratique pour les manifestations publiques, elles sont le quotidien de centaines de millions de personnes qui ne disposent pas d’eau en quantité suffisante ni de réseau d’assainissement. Et utilisent leurs excréments comme engrais, ce qui était de pratique courante dans le monde entier jusqu’au siècle dernier.
Voici en outre quelques chiffres sur lesquels méditer :
- 1,2 millards de personnes n’ont d’autre ressource que de déféquer dans la nature
- En Afrique, 2% seulement de la population a accès à l’assainissement
- 5000 enfants de moins de 5 ans meurent quotidiennement de maladies diarrhéiques liées au manque d’eau potable, d’installations sanitaires et d’hygiène
- 2,6 milliards de personnes ne disposent pas de système d’assainissement amélioré (soit 38% de la population mondiale)
- 300 millions d’enfants de moins de 5 ans n’ont pas accès à des installations sanitaires améliorées (soit 46% de la population mondiale des moins de 5 ans.
- En Ile-de-France, les chasses d’eau représentent 20% de la consommation d’eau d’une famille
- La consommation d’eau quotidienne moyenne d’un francilien est 140 litres, et celle d’un lyonnais 200 litres. Dans cette consommation, seule 1% concerne l’eau de boisson…
- Au total, l’eau des chasses d’eau représente 20% des eaux usées
Source : Autour du pot… les toilettes dans tous leurs états
Pour aller plus loin :
Toilettes sèches : chassez les préjugés !, consoglobe.com
Un petit coin pour soulager la planète : toilettes sèches et histoires d'eau, Christophe Elain
La pratique du compost et des toilettes sèches, Eric Sabot
Composts et paillis : pour un jardin sain, facile et productif, Denis Pépin; préface de Bruno Genty
Les lieux : histoire des commodités Roger-Henri Guerrand; préface inédite de Thierry Paquot
Nous l’avouons, nous ne sommes pas entièrement convaincus que le système que vous proposez soit très efficace du point de vue de l’hygiène, puisque l’air chaud favorise le développement des bactéries… et, accessoirement, ne fait rien pour masquer les odeurs.
Toutefois, sachez que les toilettes sèches existent, et non seulement elles vous permettent d’économiser l’eau potable, mais elles sont en outre écologiques… et vous fournissent en compost pour votre jardin :
Comme leur nom l’indique les toilettes sèches sont des toilettes qui n’utilisent pas d’eau. Parmi les nombreuses familles de toilettes sèches, les toilettes sèches à litière ou plus exactement les toilettes à litière biomaîtrisée (TLB) remplacent la chasse d’eau par de la sciure ou d’autres matières carbonées non grossières (copeaux, feuilles mortes, paille hachée…) ou encore mieux par un mélange de ces éléments. Elles permettent d’économiser de l’eau, de diminuer la pollution de nos eaux usées et de valoriser nos urines et nos matières fécales. En effet, loin de se contenter de récupérer nos excréments, les toilettes sèches à litière permettent de transformer biologiquement ceux-ci sous la forme d’un compost réutilisable au moins pour le jardin d’ornement.
Loin de ressembler à la vieille et très mal réputée cabane au fond du jardin, les toilettes sèches qui fleurissent aujourd’hui un peu partout ont le mérite d’intégrer, pour le bonheur de tous, l’intérieur des maisons. Elles ne génèrent pas de mauvaises odeurs (même si cela en surprend plus d’un) et laissent une grande place à l’imagination pour l’aménagement d’un lieu original si on le souhaite mais permettent aussi une installation quasi-identique à des toilettes à eau.
Le principe des TLB est simple, un seau (conseillé en inox) est placé à l’intérieur d’un caisson en bois au dessus duquel on peut ajouter un abattant pour toilettes classiques. Après chaque utilisation, on ajoute un peu de sciure (ou autres matières carbonées) qui absorbera l’humidité et fera disparaître les odeurs. Lorsque le seau est plein, il suffit de le sortir du caisson et de le transporter jusqu'à l’aire de compostage. On vide le seau dans le compost, on le nettoie et on le ramène dans la maison.
• économies d’eau
• pas de gaspillage d’eau potable
• diminution de la pollution des eaux usées (non souillées par les matières fécales)
• recyclage des déjections sans transport coûteux ni polluant.
• production d’un compost valorisable au jardin - Nous proposons des formations pour une bonne gestion de votre compost
• prise de conscience de son rôle d’éco-citoyen et éducation à l’environnement
• simplicité d’installation pour les TLB
• Vider le seau des toilettes sèches
• S'approvisionner en sciure (voir nos conseils d'utilisation)
Source : toilettes-seches-ecologiques.fr
source : Wikipedia
Précisons par ailleurs que les « toilettes à l’anglaise » utilisant l’eau et le tout-à-l’égout pour évacuer les excréments sont une invention relativement récente, et firent leur première apparition en 1596 : Sir John Harrington conçut et construisit des toilettes à chasse d’eau et réservoir pour l’usage de la reine Elisabeth 1ère.
On dit que celle-ci apprécia pleinement l’aspect pratique de la chose mais, curieusement, Harrington fut couvert de ridicule pour son invention « repoussante » et n’en construisit jamais d’autres. Il fallut près de deux cents ans pour qu’un dispositif similaire soit ressuscité.
Source : Toilettes du monde, Morna E. Gregory et Sian James; traduit de l'anglais par Antoine Vierne
En 1775, Alexander Cummings conçoit une tuyauterie en forme de U qui empêche les odeurs de refluer.
(source: Le compagnon des toilettes : miscellanées sur la pièce la plus fréquentée de la maison, James Buckley)
Il faut attendre 1875 pour que l’ensemble des logements parisiens soient équipés de toilettes à chasse d’eau raccordées au système d’assainissement.
Ressituées dans le contexte qui a vu leur emploi se généraliser, l'avantage des toilettes hydrauliques est évidemment qu'il suffit de tirer la chasse pour évacuer les excréments dans les réseaux d'égouts, ce qui apporte un confort extraordinaire aux habitants des grandes villes à la fin du XIXe siècle. Jusque-là, le contenu des latrines parisiennes était recueilli dans des cuves placées dans les caves, vidées régulièrement par des gadouards, profession peu prestigieuse qui ne fut longtemps exercée que de nuit. Jusqu'au XVIIIe siècle, se promener dans les rues était périlleux : on s'exposait au risque de recevoir sur la tête le contenu d'un pot de chambre, évacué ensuite avec les eaux de pluie par un canniveau central...
Si aujourd’hui dans les pays occidentaux les toilettes sèches sont considérées comme une alternative écologique ou une solution pratique pour les manifestations publiques, elles sont le quotidien de centaines de millions de personnes qui ne disposent pas d’eau en quantité suffisante ni de réseau d’assainissement. Et utilisent leurs excréments comme engrais, ce qui était de pratique courante dans le monde entier jusqu’au siècle dernier.
Voici en outre quelques chiffres sur lesquels méditer :
- 1,2 millards de personnes n’ont d’autre ressource que de déféquer dans la nature
- En Afrique, 2% seulement de la population a accès à l’assainissement
- 5000 enfants de moins de 5 ans meurent quotidiennement de maladies diarrhéiques liées au manque d’eau potable, d’installations sanitaires et d’hygiène
- 2,6 milliards de personnes ne disposent pas de système d’assainissement amélioré (soit 38% de la population mondiale)
- 300 millions d’enfants de moins de 5 ans n’ont pas accès à des installations sanitaires améliorées (soit 46% de la population mondiale des moins de 5 ans.
- En Ile-de-France, les chasses d’eau représentent 20% de la consommation d’eau d’une famille
- La consommation d’eau quotidienne moyenne d’un francilien est 140 litres, et celle d’un lyonnais 200 litres. Dans cette consommation, seule 1% concerne l’eau de boisson…
- Au total, l’eau des chasses d’eau représente 20% des eaux usées
Source : Autour du pot… les toilettes dans tous leurs états
Toilettes sèches : chassez les préjugés !, consoglobe.com
Un petit coin pour soulager la planète : toilettes sèches et histoires d'eau, Christophe Elain
La pratique du compost et des toilettes sèches, Eric Sabot
Composts et paillis : pour un jardin sain, facile et productif, Denis Pépin; préface de Bruno Genty
Les lieux : histoire des commodités Roger-Henri Guerrand; préface inédite de Thierry Paquot
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