Question d'origine :
Bonjour,
est-il vrai que le FMI interdit d'utiliser l'or comme monnaie ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 11/08/2014 à 09h48
Bonjour,
Pour comprendre les raisons de cette interdiction de l’or comme monnaie, il faut revenir sur l’histoire de la création du FMI et des différents accords qui l’ont institutionnalisé.
Le FMI a été créé par les accords de Bretton Woods en 1944, ces accords sont restés en place jusqu’en 1976, date des accords de Jamaïque qui remettent en cause le système des taux de change fixes :
« Il s’agit d’un ensemble d’accord mis en place durant l’année 1944 par le président White et l’économiste Keynes et ayant pour but de favoriser le développement des économies des pays ayant subi la seconde guerre mondiale.
Les accords de Bretton Woods ont 2 caractéristiques :
1. Le système de change fixe : chaque devise a une parité officielle, c’est-à-dire un taux de change par rapport au dollar négocié par des accords internationaux. L’or devient monétisée (à l’époque, 1 once = 35$)
2. Chaque banque centrale s’engage à intervenir sur le marché des changes lorsque la monnaie dépasse de plus ou moins 1%.
L’avantage d’un système de change fixe est que les taux de change sont stables, ce qui induit la stabilité des économies, fait baisser l’incertitude au niveau du taux de change, contribuant dans le même temps à diminuer les mouvements spéculateurs.
A partir des années 1970, on assiste à la fin des accords de Bretton Woods.
Comment s’est déroulée cette transition ?
Au début des années 1970, le dollar est le pivot du système économique mondial, c’est à dire l’étalon par rapport aux autres devises et c’est la monnaie d’échange sur le marché des biens et des services. Cela confère un avantage considérable à l’économie américaine car les Etats-Unis peuvent créer de la monnaie pour alimenter l’économie sans faire diminuer la valeur du dollar.
En 1971 : Nixon décide de supprimer la convertibilité du dollar en or pour 2 raisons :
•La masse d’euro/dollars est supérieure aux stocks d’or de la réserve Fédérale, donc les banques centrales vont à ce moment s’interroger sur la « vraie » valeur du dollar en or.
•D’autre part, on assiste à une véritable « course à l’or » : toutes les banques centrales réclament leur or de peur que les réserves américaines s’épuisent vite.
Devant cette situation, Nixon va alors décider de stopper la convertibilité pour éviter que l’intégralité du stock d’or des Etats-Unis parte vers les grands pays exportateurs.
Enfin, les accords de la Jamaïque en 1976 mettront fin de manière « officielle » au système de Bretton Woods : on annule alors l’obligation pour les banques centrales d’intervenir pour garantir une parité officielle, celle-ci n’existant plus.
Quelle conséquence de la fin du système de Bretton Woods ?
On passe d’un système de change fixe à un système de change flexible.
Les principaux avantages d’un système de change flexible sont les suivants :
•Les banques centrales n’ont plus l’obligation d’intervenir pour stabiliser les taux de change
•Le rééquilibrage de la balance courante (solde des flux monétaires provenant des échanges de biens et services au niveau international) devient automatique : l’excédent de devise augmente le taux de change, ce qui baissera la compétitivité prix, et c’est ce qui diminuera les excédents
Ce changement de système est très favorable aux banques centrales car parfois elles ne peuvent plus intervenir sur le marché car elles ne disposent pas des réserves de change suffisantes.
Plusieurs exemples pour illustrer :
1. Une entreprise française veut acquérir des produits américains. Elle va acheter les produits, puis en prendre livraison, et le décalage entre le paiement et la livraison va pousser l’entreprise française à intervenir sur le marché des changes.
2. Pour attirer les capitaux, il est indispensable que les entreprises fassent un calcul précis sur le prix des produits qu’elle a l’intention de réexporter. De plus, pour attirer les IDE, il faut une certaine stabilité pour les investisseurs. »
Source : Daily bourse.
Le journal Le Monde a publié un article sur les accords de Jamaïque (cet article est accessible en totalité depuis les bibliothèques de Lyon via Europresse) :
« La fin de Bretton Woods :
Les accords conclus à la Jamaïque, les 7 et 8 janvier 1976, ont marqué l'aboutissement d'une longue négociation sur la réforme du système monétaire international, dont le point de départ remonte à 1964.
Ils se présentent sous la forme d'un deuxième amendement aux statuts du Fonds monétaire international (FMI), découlant des accords de Bretton Woods (1944). Un premier amendement avait été adopté, en 1969, pour créer les droits de tirage spéciaux (DTS).
Cette formulation juridique est trompeuse : en réalité, le deuxième amendement ne modifie pas seulement le système monétaire de Bretton Woods; il en répudie les principales dispositions, à la fois dans la lettre et dans l'esprit.
Il entérine les pratiques actuelles de changes flottants, qui s'opposent au système antérieur de parités fixes rattachées à l'or par l'intermédiaire du dollar, système dont l'application aura en réalité duré pendant une douzaine d'années - du 1er janvier 1959, date du retour à la convertibilité des monnaies européennes, à août 1971 et à la « suspension » par le président américain Richard Nixon de la convertibilité du dollar en or.
Les changes flottants légalisés
En vertu des accords de la Jamaïque, les pays membres du FMI sont autorisés à adopter le régime monétaire de leur choix, à condition que celui-ci ne consiste pas à fixer la valeur de leur monnaie respective par référence à un certain poids d'or. Les changes flottants sont ainsi légalisés, mais soumis à un certain nombre de conditions dont le FMI, appelé à exercer une « surveillance » sur le nouveau régime, devra assurer le respect (les pays ne peuvent pas, par exemple, manipuler leur taux de change pour s'assurer des avantages de concurrence).
Il est convenu que, dans un avenir indéterminé, les pays membres du FMI pourront à la majorité de 85 % (ce qui donne un droit de veto aux Etats-Unis, détenteurs d'environ 21 % du total des voix au Fonds) adopter un système « reposant sur des parités stables mais ajustables ». Tout pays aura, toutefois, le droit de se tenir à l'écart : le nouveau système sera en réalité à mi-chemin entre un système de taux de change fixes et le flottement, puisque la marge de fluctuation admise sera de 4,5 % de part et d'autre de la parité.
Le DTS sera placé au centre du système, ce qui, dans une première phase, semble simplement signifier qu'il continuera comme aujourd'hui à être la monnaie de compte dans laquelle on définit le cours des différentes devises.
Toute référence à l'or est bannie des nouveaux statuts, ce qui signifie qu'il n'y aura plus désormais de prix officiel du métal jaune. On en a tiré la conclusion a contrario que les banques centrales recouvreront le droit d'acheter ou de vendre de l'or à un prix supérieur au prix officiel (42,22 dollars l'once) théoriquement en vigueur tant que le deuxième amendement n'aura pas été ratifié par un nombre suffisant de pays.
Le FMI se dessaisira dans les quatre années à venir du tiers de ses avoirs en or, qui s'élevaient au début de cette année à 154 millions d'onces, soit 4 771 tonnes. Un sixième de ce stock doit être restitué aux pays membres et un autre sixième vendu aux enchères. Cinq adjudications ont déjà eu lieu.
Enfin, les accords de la Jamaïque ont stipulé un nouvel accroissement des ressources du FMI. Le total des quotes-parts (contributions des pays membres) sera augmenté de 32,5 %. »
La revue Alternatives économiques propose un résumé des accords de Jamaïque :
« Accords de la Jamaïque
Signés le 8janvier 1976 (et ratifiés lors de l'assemblée générale du Fonds monétaire international, FMI, de 1976), ils amendent les accords de Bretton Woodsfixant les règles du système monétaire international. Aux termes de ces accords, les monnaies convertibles ne sont plus définies par un poids d'or ou une parité fixe (ce qui exempte les autorités monétaires de leur obligation de veiller au respect de cette parité), mais par le seul marché (système de changes flottants). Le FMI n'a plus pour tâche de veiller au respect de cette obligation, mais de promouvoir la stabilité des changes et la liquidité du système monétaire international. »
L’interdiction d’utiliser l’or comme monnaie est donc issue de ces accords. Cette interdiction permet aux pays de réaliser des taux de change variables entre les monnaies, ces taux ne sont plus basés sur la valeur du dollar lui-même indexée sur la valeur de l’or. L’or n’a ainsi plus de valeur fixe. Les banques peuvent vendre et acheter de l’or à des prix variables.
Pour aller plus loin :
- Etalon-or sur Wikipédia.
- Fonds monétaire international.
- Statuts du FMI.
Bonne journée.
Pour comprendre les raisons de cette interdiction de l’or comme monnaie, il faut revenir sur l’histoire de la création du FMI et des différents accords qui l’ont institutionnalisé.
Le FMI a été créé par les accords de Bretton Woods en 1944, ces accords sont restés en place jusqu’en 1976, date des accords de Jamaïque qui remettent en cause le système des taux de change fixes :
« Il s’agit d’un ensemble d’accord mis en place durant l’année 1944 par le président White et l’économiste Keynes et ayant pour but de favoriser le développement des économies des pays ayant subi la seconde guerre mondiale.
Les accords de Bretton Woods ont 2 caractéristiques :
2. Chaque banque centrale s’engage à intervenir sur le marché des changes lorsque la monnaie dépasse de plus ou moins 1%.
L’avantage d’un système de change fixe est que les taux de change sont stables, ce qui induit la stabilité des économies, fait baisser l’incertitude au niveau du taux de change, contribuant dans le même temps à diminuer les mouvements spéculateurs.
A partir des années 1970, on assiste à la fin des accords de Bretton Woods.
Comment s’est déroulée cette transition ?
Au début des années 1970, le dollar est le pivot du système économique mondial, c’est à dire l’étalon par rapport aux autres devises et c’est la monnaie d’échange sur le marché des biens et des services. Cela confère un avantage considérable à l’économie américaine car les Etats-Unis peuvent créer de la monnaie pour alimenter l’économie sans faire diminuer la valeur du dollar.
•La masse d’euro/dollars est supérieure aux stocks d’or de la réserve Fédérale, donc les banques centrales vont à ce moment s’interroger sur la « vraie » valeur du dollar en or.
•D’autre part, on assiste à une véritable « course à l’or » : toutes les banques centrales réclament leur or de peur que les réserves américaines s’épuisent vite.
Devant cette situation, Nixon va alors décider de stopper la convertibilité pour éviter que l’intégralité du stock d’or des Etats-Unis parte vers les grands pays exportateurs.
Enfin, les accords de la Jamaïque en 1976 mettront fin de manière « officielle » au système de Bretton Woods : on annule alors l’obligation pour les banques centrales d’intervenir pour garantir une parité officielle, celle-ci n’existant plus.
Quelle conséquence de la fin du système de Bretton Woods ?
Les principaux avantages d’un système de change flexible sont les suivants :
•Les banques centrales n’ont plus l’obligation d’intervenir pour stabiliser les taux de change
•Le rééquilibrage de la balance courante (solde des flux monétaires provenant des échanges de biens et services au niveau international) devient automatique : l’excédent de devise augmente le taux de change, ce qui baissera la compétitivité prix, et c’est ce qui diminuera les excédents
Ce changement de système est très favorable aux banques centrales car parfois elles ne peuvent plus intervenir sur le marché car elles ne disposent pas des réserves de change suffisantes.
Plusieurs exemples pour illustrer :
1. Une entreprise française veut acquérir des produits américains. Elle va acheter les produits, puis en prendre livraison, et le décalage entre le paiement et la livraison va pousser l’entreprise française à intervenir sur le marché des changes.
2. Pour attirer les capitaux, il est indispensable que les entreprises fassent un calcul précis sur le prix des produits qu’elle a l’intention de réexporter. De plus, pour attirer les IDE, il faut une certaine stabilité pour les investisseurs. »
Source : Daily bourse.
Le journal Le Monde a publié un article sur les accords de Jamaïque (cet article est accessible en totalité depuis les bibliothèques de Lyon via Europresse) :
« La fin de Bretton Woods :
Les accords conclus à la Jamaïque, les 7 et 8 janvier 1976, ont marqué l'aboutissement d'une longue négociation sur la réforme du système monétaire international, dont le point de départ remonte à 1964.
Ils se présentent sous la forme d'un deuxième amendement aux statuts du Fonds monétaire international (FMI), découlant des accords de Bretton Woods (1944). Un premier amendement avait été adopté, en 1969, pour créer les droits de tirage spéciaux (DTS).
Cette formulation juridique est trompeuse : en réalité, le deuxième amendement ne modifie pas seulement le système monétaire de Bretton Woods; il en répudie les principales dispositions, à la fois dans la lettre et dans l'esprit.
Les changes flottants légalisés
Il est convenu que, dans un avenir indéterminé, les pays membres du FMI pourront à la majorité de 85 % (ce qui donne un droit de veto aux Etats-Unis, détenteurs d'environ 21 % du total des voix au Fonds) adopter un système « reposant sur des parités stables mais ajustables ». Tout pays aura, toutefois, le droit de se tenir à l'écart : le nouveau système sera en réalité à mi-chemin entre un système de taux de change fixes et le flottement, puisque la marge de fluctuation admise sera de 4,5 % de part et d'autre de la parité.
Le DTS sera placé au centre du système, ce qui, dans une première phase, semble simplement signifier qu'il continuera comme aujourd'hui à être la monnaie de compte dans laquelle on définit le cours des différentes devises.
Le FMI se dessaisira dans les quatre années à venir du tiers de ses avoirs en or, qui s'élevaient au début de cette année à 154 millions d'onces, soit 4 771 tonnes. Un sixième de ce stock doit être restitué aux pays membres et un autre sixième vendu aux enchères. Cinq adjudications ont déjà eu lieu.
Enfin, les accords de la Jamaïque ont stipulé un nouvel accroissement des ressources du FMI. Le total des quotes-parts (contributions des pays membres) sera augmenté de 32,5 %. »
La revue Alternatives économiques propose un résumé des accords de Jamaïque :
« Accords de la Jamaïque
Signés le 8janvier 1976 (et ratifiés lors de l'assemblée générale du Fonds monétaire international, FMI, de 1976), ils amendent les accords de Bretton Woodsfixant les règles du système monétaire international. Aux termes de ces accords, les monnaies convertibles ne sont plus définies par un poids d'or ou une parité fixe (ce qui exempte les autorités monétaires de leur obligation de veiller au respect de cette parité), mais par le seul marché (système de changes flottants). Le FMI n'a plus pour tâche de veiller au respect de cette obligation, mais de promouvoir la stabilité des changes et la liquidité du système monétaire international. »
L’interdiction d’utiliser l’or comme monnaie est donc issue de ces accords. Cette interdiction permet aux pays de réaliser des taux de change variables entre les monnaies, ces taux ne sont plus basés sur la valeur du dollar lui-même indexée sur la valeur de l’or. L’or n’a ainsi plus de valeur fixe. Les banques peuvent vendre et acheter de l’or à des prix variables.
Pour aller plus loin :
- Etalon-or sur Wikipédia.
- Fonds monétaire international.
- Statuts du FMI.
Bonne journée.
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