Question d'origine :
Bonjour,
La prise en charge des bébés prématurés en couveuses fonctionne très bien. Cependant, par curiosité, je voudrais savoir ce qui limiterait le maintien d'un bébé dans un bain optimisé (température, nutriments, pH...) pour allonger de quelques heures/jours la fin de son développement avec ou sans lien physique avec sa mère (rallongement de cordon ombilical ?). Cela demanderait un accouchement sous l'eau je pense mais après ?
Merci !
Nicolas
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 14/08/2014 à 09h35
Bonjour,
L’invention de la couveuse en 1880 par Stéphane Tarnier a été une grande avancée en néonatologie, pour permettre d’apporter aux prématurés chaleur et air (plus ou moins enrichi en oxygène). Mais elle ne remplace pas le système complexe de la matrice et notamment leplacenta , qui n’alimente pas seulement le fœtus en nutriments mais aussi en oxygène. L’accouchement fait passer le bébé d’un système à un autre, la naissance permet d’un moment à l’autre que les poumons prennent le relais du système d’oxygénation intra-utérin. Et cela est irréversible, d’autant plus que l’accouchement, les contractions de l’utérus, provoquent aussi l’expulsion du placenta qui est le vrai lien entre la mère et l’enfant, et qui est partie intégrante du sac ovulaire.
« On nomme d'ordinaire placenta la partie de la couche périphérique du sac ovulaire (chorion) que vascularisent les vaisseaux allantoïdiens et qui s'accole à la muqueuse utérine (ou la pénètre) en vue d'établir des échanges physiologiques entre la mère et le fœtus. » ("Embryologie", Encylcopaedia universalis)
On pourrait imaginer une substitution artificielle du liquide amniotique, mais on ne peut en revanche reconstituer l’ensemble :
« Le liquide amniotique offre à l'embryon un milieu aqueux stérile protégeant son développement. La présence de ce « coussinet hydraulique » s'avère indispensable au développement harmonieux des différentes parties de l'embryon et de son placenta. De plus, le compartiment amniotique représente un carrefour métabolique très important pour les échanges materno-fœtaux. Dès que le fœtus peut déglutir, il ingère du liquide amniotique qu'il peut ainsi assimiler par la voie digestive. Il existe donc une régulation physiologique permanente dans le système amniotique constitué par les trois compartiments : circulation maternelle, circulation fœtale et cavité amniotique, entre lesquels s'effectuent tout au long de la gestation des échanges très importants et très rapides. » (Ibid.)
En outre, la prématurité n’est pas définie seulement par le temps plus ou moins long passé dans la matrice, ni par un petit poids. Elle se définit aussi par le degré de développement des organes internes et notamment des poumons.
Dès 1904, « Budin faisait ainsi apparaître la notion de retard de croissance intra-utérine du fœtus, sans retentissement sur la maturation des organes, et qui aboutit à la naissance d'un enfant hypotrophique (c'est-à-dire un enfant dont le poids de naissance est nettement inférieur au poids idéal d'un fœtus pour un âge gestationnel donné) bien différent du prématuré vrai. En effet, la maturation des organes vitaux de ce nouveau-né hypotrophique lui fera courir des « risques » moins graves qu'au prématuré vrai, pour qui la maturation des organes au moment de la naissance est insuffisante (d'où le nom de « pré-maturé »). » ("Naissance : prématurité Encyclopaedia universalis).
Les causes de la prématurité sont à prendre en compte également. Certains, dit « hypotrophiques » ont subi une « souffrance fœtale anténatale prolongée » pour différentes raisons et le ventre maternel n’est pas leur meilleur refuge. (Ibid) Mais hormis ces cas de souffrance fœtale, le meilleur remède à la prématurité (et à ses conséquences) est de la prévenir.
On peut aussi imaginer que, la prise en charge de la prématurité posant des questions éthiques, le fait de garder le bébé artificiellement relié à sa mère, si elle était techniquement possible, rendrait problématique le statut de la mère et de la femme, considérée comme un incubateur, nonobstant le traumatisme important vécu par l’enfant prématuré et ses parents.
A lire aussi :
Naître trop tôt
"Coeur de fœtus", Guichet du savoir
« L'Homme 2.0 : l'être humain réparé, transformé, augmenté... Jusqu'où ? », Pour la science : édition française de Scientific american, n° spécial 422 (décembre 2012) ; p.22-119.
CC
L’invention de la couveuse en 1880 par Stéphane Tarnier a été une grande avancée en néonatologie, pour permettre d’apporter aux prématurés chaleur et air (plus ou moins enrichi en oxygène). Mais elle ne remplace pas le système complexe de la matrice et notamment le
« On nomme d'ordinaire placenta la partie de la couche périphérique du sac ovulaire (chorion) que vascularisent les vaisseaux allantoïdiens et qui s'accole à la muqueuse utérine (ou la pénètre) en vue d'établir des échanges physiologiques entre la mère et le fœtus. » ("Embryologie", Encylcopaedia universalis)
On pourrait imaginer une substitution artificielle du liquide amniotique, mais on ne peut en revanche reconstituer l’ensemble :
« Le liquide amniotique offre à l'embryon un milieu aqueux stérile protégeant son développement. La présence de ce « coussinet hydraulique » s'avère indispensable au développement harmonieux des différentes parties de l'embryon et de son placenta. De plus, le compartiment amniotique représente un carrefour métabolique très important pour les échanges materno-fœtaux. Dès que le fœtus peut déglutir, il ingère du liquide amniotique qu'il peut ainsi assimiler par la voie digestive. Il existe donc une régulation physiologique permanente dans le système amniotique constitué par les trois compartiments : circulation maternelle, circulation fœtale et cavité amniotique, entre lesquels s'effectuent tout au long de la gestation des échanges très importants et très rapides. » (Ibid.)
En outre, la prématurité n’est pas définie seulement par le temps plus ou moins long passé dans la matrice, ni par un petit poids. Elle se définit aussi par le degré de développement des organes internes et notamment des poumons.
Dès 1904, « Budin faisait ainsi apparaître la notion de retard de croissance intra-utérine du fœtus, sans retentissement sur la maturation des organes, et qui aboutit à la naissance d'un enfant hypotrophique (c'est-à-dire un enfant dont le poids de naissance est nettement inférieur au poids idéal d'un fœtus pour un âge gestationnel donné) bien différent du prématuré vrai. En effet, la maturation des organes vitaux de ce nouveau-né hypotrophique lui fera courir des « risques » moins graves qu'au prématuré vrai, pour qui la maturation des organes au moment de la naissance est insuffisante (d'où le nom de « pré-maturé »). » ("Naissance : prématurité Encyclopaedia universalis).
Les causes de la prématurité sont à prendre en compte également. Certains, dit « hypotrophiques » ont subi une « souffrance fœtale anténatale prolongée » pour différentes raisons et le ventre maternel n’est pas leur meilleur refuge. (Ibid) Mais hormis ces cas de souffrance fœtale, le meilleur remède à la prématurité (et à ses conséquences) est de la prévenir.
On peut aussi imaginer que, la prise en charge de la prématurité posant des questions éthiques, le fait de garder le bébé artificiellement relié à sa mère, si elle était techniquement possible, rendrait problématique le statut de la mère et de la femme, considérée comme un incubateur, nonobstant le traumatisme important vécu par l’enfant prématuré et ses parents.
Naître trop tôt
"Coeur de fœtus", Guichet du savoir
« L'Homme 2.0 : l'être humain réparé, transformé, augmenté... Jusqu'où ? », Pour la science : édition française de Scientific american, n° spécial 422 (décembre 2012) ; p.22-119.
CC
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