Question d'origine :
Bonjour,
Dans le cadre d'une autobiographie, l'auteur a t il le droit de citer librement son entourage ? Ses derniers peuvent ils lui réclamer des droits ou des dommages ?
Merci
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 25/08/2014 à 09h43
Bonjour,
Citer son entourage dans son autobiographie doit être fait avec beaucoup de précautions. Le blog Ecrire un livre propose un entretien de l’auteur du blog avec une avocate spécialisée en droits d’auteur et qui expose les principaux risques encourus par un auteur lors de la publication de son livre :
« L’INJURE
Pouvez-vous nous expliquer la différence entre l’injure et la diffamation ?
L’injure est constituée par « toute expression outrageante, termes de mépris ou invective, qui ne renferme l’imputation d’aucun fait précis » alors que la diffamation est « toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ».
Par exemple si dans un récit de vie, j’écris que mon frère est malhonnête sans autre précision, il s’agit d’une injure ou de diffamation ?
Aucun fait précis n’étant imputé à votre frère, il s’agit d’une injure. Mais si vous aviez écrit : « mon frère est malhonnête parce qu’il a dépouillé nos parents de leur fortune », il pourra s’agir de diffamation. Vous alléguez que votre frère a volé vos parents, c’est un fait précis.
En cas d’injure, quels risques j’encours ?
L’injure est considérée comme un délit. Sur le plan pénal, vous risquez au maximum une contravention de 12 000 €, outre les dommages et intérêts que la personne injuriée pourrait vous réclamer.
Dans quels cas, je peux être poursuivi ?
La mauvaise foi est présumée, cependant pour être condamné, il faut que la personne mise en cause soit clairement identifiée. Par exemple il faut qu’elle soit nommée ou que le descriptif soit suffisamment précis pour qu’on puisse l’identifier sans le moindre doute. Si la personne est clairement identifiée, pour vous défendre vous pouvez faire valoir l’excuse de provocation en démontrant notamment que votre réponse a été donnée sous le coup de l’émotion. Mais dans ce cas, il vous faut réagir vite, dans les jours qui viennent. Cela est possible lorsqu’il s’agit d’un article de presse, mais difficile, voire impossible lorsqu’on écrit un livre. En tant qu’auteur d’un livre, mieux vaut alors s’abstenir de proférer des injures, même à votre pire ennemi.
Je bénéficie de quels délais de prescription ?
Trois mois à partir de la publication. Cela signifie que trois mois après la publication de votre livre, personne ne pourra vous attaquer pour injure à son encontre pour cette publication.
Quels conseils me donneriez-vous pour éviter d’être poursuivi pour le délit d’injure ?
Tout simplement de changer les noms propres et l’appellation des lieux afin que la ou les personnes ne puissent être clairement identifiées.
LA DIFFAMATION
En cas de diffamation, quels risques j’encours ?
Rappelons que la diffamation est constituée par « toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ».Les risques encourus dépendent de la qualité des personnes visées. Il y a diffamation aggravée lorsque les personnes visées appartiennent à un corps public comme l’armée, à une administration, à un mouvement religieux, etc. Ce sera également le cas si vous diffamez une personne en raison de sa race, de son appartenance ethnique, etc. La peine maximale sera un an d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.
Quels arguments je peux faire valoir pour éviter la condamnation ?
La diffamation ne sera pas constituée si vous pouvez prouver la véracité des faits. Il y a toutefois une exception lorsque la diffamation porte sur des éléments de la vie privée. Dans ce dernier cas, vous n’aurez pas le droit de prouver la véracité des faits, car cela serait considéré comme une atteinte à la vie privée. Un autre moyen de défense est de prouver votre bonne foi. Comment ? En faisant valoir la légitimité du but que vous poursuivez (par exemple une mission d’information), en montrant que vos propos sont mesurés, en démontrant la qualité de votre enquête et en prouvant votre absence d’animosité personnelle. Ces arguments vous seront très précieux pour vous défendre si vous avez écrit un livre dénonçant telle ou telle pratique de l’administration, d’hommes publics, de personnalités, etc.
En cas de diffamation, quels sont les délais de prescription ?
Trois mois, les mêmes qu’en matière d’injure.
Comment éviter de faire l’objet d’une poursuite pour diffamation ?
Contrairement à l’injure, il ne suffira pas toujours de changer le nom des personnes et des lieux. Il suffit que la personne que vous visez soit facilement identifiable pour que vous soyez condamné. Rappelez-vous l’affaire Yann Piat, une députée assassinée dans le Var. Deux journalistes avaient écrit un livre dénonçant deux hommes politiques comme commanditaires de l’assassinat. Désignés sous les sobriquets de L’Encornet et de Trotinette, ils furent cependant rapidement identifiés comme étant Jean-Claude Gaudin et François Léotard. Les auteurs et l’éditeur furent donc attaqués et condamnés pour diffamation.
LES ATTEINTES A LA VIE PRIVE
Que recouvre la notion « atteinte à la vie privée » ?
L’article 9 du Code Civil stipule que « chacun a droit au respect de sa vie privée… » Ce principe est également repris dans la convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales, qui affirme à l’article 8 : » Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile, de sa correspondance (…). «
Lorsque j’écris un livre, dans quels cas puis-je être poursuivi pour atteinte à la vie privée ?
Il n’y a d’atteinte que si la personne visée peut être identifiée avec certitude par le lecteur. Ce fut le cas dans le procès qui opposa la romancière Christine Angot à Élise Bidoit. Le personnage du roman Hélène présentant de réelles similitudes avec madame Bidoit, l’auteur et son éditeur ont été condamnés à lui verser des dommages et intérêts. Marcela Lacub fut également condamnée à verser des dommages et intérêts à Dominique Strauss-Kahn après avoir raconté sa liaison avec l’homme politique dans un ouvrage intitulé « Belle et bête ». Dans les deux cas, le changement de nom des personnages n’a pas suffi à écarter les poursuites.
Quels risques j’encours en portant atteinte à la vie privée d’une personne ?
Il ne s’agit pas d’un délit pénal, mais d’une faute civile. Elle ne peut donc être sanctionnée ni par de la prison, ni par des amendes, mais par le versement de dommages et intérêts.
Dans quels cas mon livre peut-il être retiré de la circulation ?
Le retrait d’un ouvrage est extrêmement rare, même lorsqu’il y a une atteinte grave. En général, ce sont les dommages et intérêts qui sont censés réparer le préjudice subi. L’éditeur peut également être condamné à insérer un encart sur la couverture mentionnant la condamnation ou à apporter une rectification.
Pour éviter toutes poursuites judiciaires, n’ai-je pas intérêt à écrire mon livre sous un pseudonyme ?
Non, ce n’est pas une solution. Si vous avez publié votre livre sous un pseudonyme, l’éditeur est tenu de faire figurer ses coordonnées lors du dépôt légal. Il sera donc retrouvé et pourra se retourner contre vous. Même cas de figure, si vous pratiquez l’autoédition, vous avez l’obligation de remplir un formulaire comportant votre véritable identité. »
Cet entretien présente les divers cas pour lesquels vous pouvez être attaqué.
Cependant n’étant pas spécialistes du droit nous vous conseillons de faire relire votre livre à un juriste ou un avocat spécialisé dans le droit d’auteur avant de faire publier votre entourage afin de vérifier que votre ouvrage ne pourra pas être attaqué. Vous pouvez aussi interroger l’avocate de l’entretien Margerie Véron qui tient le blog Des droits, des auteurs.
Vous pouvez aussi consulter cette précédente question du Guichet qui vous propose une bibliographie complète sur l’écriture d’une autobiographie :
Autobiographie.
Bonne journée.
Citer son entourage dans son autobiographie doit être fait avec beaucoup de précautions. Le blog Ecrire un livre propose un entretien de l’auteur du blog avec une avocate spécialisée en droits d’auteur et qui expose les principaux risques encourus par un auteur lors de la publication de son livre :
« L’INJURE
Pouvez-vous nous expliquer la différence entre l’injure et la diffamation ?
L’injure est constituée par « toute expression outrageante, termes de mépris ou invective, qui ne renferme l’imputation d’aucun fait précis » alors que la diffamation est « toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ».
Par exemple si dans un récit de vie, j’écris que mon frère est malhonnête sans autre précision, il s’agit d’une injure ou de diffamation ?
Aucun fait précis n’étant imputé à votre frère, il s’agit d’une injure. Mais si vous aviez écrit : « mon frère est malhonnête parce qu’il a dépouillé nos parents de leur fortune », il pourra s’agir de diffamation. Vous alléguez que votre frère a volé vos parents, c’est un fait précis.
En cas d’injure, quels risques j’encours ?
L’injure est considérée comme un délit. Sur le plan pénal, vous risquez au maximum une contravention de 12 000 €, outre les dommages et intérêts que la personne injuriée pourrait vous réclamer.
Dans quels cas, je peux être poursuivi ?
La mauvaise foi est présumée, cependant pour être condamné, il faut que la personne mise en cause soit clairement identifiée. Par exemple il faut qu’elle soit nommée ou que le descriptif soit suffisamment précis pour qu’on puisse l’identifier sans le moindre doute. Si la personne est clairement identifiée, pour vous défendre vous pouvez faire valoir l’excuse de provocation en démontrant notamment que votre réponse a été donnée sous le coup de l’émotion. Mais dans ce cas, il vous faut réagir vite, dans les jours qui viennent. Cela est possible lorsqu’il s’agit d’un article de presse, mais difficile, voire impossible lorsqu’on écrit un livre. En tant qu’auteur d’un livre, mieux vaut alors s’abstenir de proférer des injures, même à votre pire ennemi.
Je bénéficie de quels délais de prescription ?
Trois mois à partir de la publication. Cela signifie que trois mois après la publication de votre livre, personne ne pourra vous attaquer pour injure à son encontre pour cette publication.
Tout simplement de changer les noms propres et l’appellation des lieux afin que la ou les personnes ne puissent être clairement identifiées.
LA DIFFAMATION
En cas de diffamation, quels risques j’encours ?
Rappelons que la diffamation est constituée par « toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ».Les risques encourus dépendent de la qualité des personnes visées. Il y a diffamation aggravée lorsque les personnes visées appartiennent à un corps public comme l’armée, à une administration, à un mouvement religieux, etc. Ce sera également le cas si vous diffamez une personne en raison de sa race, de son appartenance ethnique, etc. La peine maximale sera un an d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.
Quels arguments je peux faire valoir pour éviter la condamnation ?
La diffamation ne sera pas constituée si vous pouvez prouver la véracité des faits. Il y a toutefois une exception lorsque la diffamation porte sur des éléments de la vie privée. Dans ce dernier cas, vous n’aurez pas le droit de prouver la véracité des faits, car cela serait considéré comme une atteinte à la vie privée. Un autre moyen de défense est de prouver votre bonne foi. Comment ? En faisant valoir la légitimité du but que vous poursuivez (par exemple une mission d’information), en montrant que vos propos sont mesurés, en démontrant la qualité de votre enquête et en prouvant votre absence d’animosité personnelle. Ces arguments vous seront très précieux pour vous défendre si vous avez écrit un livre dénonçant telle ou telle pratique de l’administration, d’hommes publics, de personnalités, etc.
En cas de diffamation, quels sont les délais de prescription ?
Trois mois, les mêmes qu’en matière d’injure.
Contrairement à l’injure, il ne suffira pas toujours de changer le nom des personnes et des lieux. Il suffit que la personne que vous visez soit facilement identifiable pour que vous soyez condamné. Rappelez-vous l’affaire Yann Piat, une députée assassinée dans le Var. Deux journalistes avaient écrit un livre dénonçant deux hommes politiques comme commanditaires de l’assassinat. Désignés sous les sobriquets de L’Encornet et de Trotinette, ils furent cependant rapidement identifiés comme étant Jean-Claude Gaudin et François Léotard. Les auteurs et l’éditeur furent donc attaqués et condamnés pour diffamation.
LES ATTEINTES A LA VIE PRIVE
Que recouvre la notion « atteinte à la vie privée » ?
L’article 9 du Code Civil stipule que « chacun a droit au respect de sa vie privée… » Ce principe est également repris dans la convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales, qui affirme à l’article 8 : » Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile, de sa correspondance (…). «
Il n’y a d’atteinte que si la personne visée peut être identifiée avec certitude par le lecteur. Ce fut le cas dans le procès qui opposa la romancière Christine Angot à Élise Bidoit. Le personnage du roman Hélène présentant de réelles similitudes avec madame Bidoit, l’auteur et son éditeur ont été condamnés à lui verser des dommages et intérêts. Marcela Lacub fut également condamnée à verser des dommages et intérêts à Dominique Strauss-Kahn après avoir raconté sa liaison avec l’homme politique dans un ouvrage intitulé « Belle et bête ». Dans les deux cas, le changement de nom des personnages n’a pas suffi à écarter les poursuites.
Quels risques j’encours en portant atteinte à la vie privée d’une personne ?
Il ne s’agit pas d’un délit pénal, mais d’une faute civile. Elle ne peut donc être sanctionnée ni par de la prison, ni par des amendes, mais par le versement de dommages et intérêts.
Dans quels cas mon livre peut-il être retiré de la circulation ?
Le retrait d’un ouvrage est extrêmement rare, même lorsqu’il y a une atteinte grave. En général, ce sont les dommages et intérêts qui sont censés réparer le préjudice subi. L’éditeur peut également être condamné à insérer un encart sur la couverture mentionnant la condamnation ou à apporter une rectification.
Non, ce n’est pas une solution. Si vous avez publié votre livre sous un pseudonyme, l’éditeur est tenu de faire figurer ses coordonnées lors du dépôt légal. Il sera donc retrouvé et pourra se retourner contre vous. Même cas de figure, si vous pratiquez l’autoédition, vous avez l’obligation de remplir un formulaire comportant votre véritable identité.
Cet entretien présente les divers cas pour lesquels vous pouvez être attaqué.
Vous pouvez aussi consulter cette précédente question du Guichet qui vous propose une bibliographie complète sur l’écriture d’une autobiographie :
Autobiographie.
Bonne journée.
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