Question d'origine :
Bonjour,
Je me demandais comment se déroulait un voyage en mer (notamment une traversée atlantique vers les nouvelles colonies d'Amérique du nord et du sud) dans la seconde moitié du XVIIème siècle? Quels navires utilisait-on (y avait-il des différences entre pays européens ?) pour quels usages ? Où embarquait on en Europe (principaux ports?) ? Combien de temps prenait la traversée ? Comment se passait la traversée pour un voyageur (une femme, des enfants), pour un esclave ? Que mangeait-on sur un navire ?
Je lis un roman sur cette époque, et j'aimerais en savoir davantage.
Merci par avance,
(et encore merci pour votre réponse à mon autre question !)
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 28/10/2014 à 12h04
Bonjour,
Tout d’abord, quelques considérations généralités intéressantes dans le Dictionnaire de l’ancien régime à l’article : voyages, voyageurs :
Il faut bien distinguer le voyage de la migration temporaire ou définitive, même s’il s’agit dans les deux cas de manifestations de la mobilité géographique des populations. Nous n’évoquerons donc ici que pour mémoire aussi bien les migrations de travail temporaires des Savoyards ou des Limousins, les départs définitifs ou non vers les colonies (colons, marchands engagés), les expatriations pour cause religieuse par exemple (diaspora protestante) et à plus forte raison les voyages forcés des Noirs victimes de la traite. Pour la plupart, ces »voyageurs » contraints ou pressés par la nécessité n’ont guère laissé de traces écrites de leurs pérégrinations ; remarquons cependant que globalement, ; la mobilité n’était pas la même partout : Ibériques et Anglais apparaissent plus mobiles que les Français, avec tout ce que cela implique pour le peuplement des colonies en Amérique du Nord notamment. En France même, les populations d’une ligne Saint-Malo-Genève « bougent nettement plus que celles du nord, les citadins sont peut-être plus mobiles que les ruraux, à l’exception des. Régions pauvres vouées par leur pauvreté même aux migrations temporaires ou définitives (Auvergnats et Pyrénéens vers L’Espagne), les gens du littoral-les marins en tous cas- se déplacent plus peut-être que ceux de l’intérieur des terres.
Naturellement, il faut distinguer voyages et voyageurs en fonction des distances parcourues… Le voyage transatlantique vers les îles de l’Amérique qui reste pour la première moitié du XVIIe siècle une aventure, se fait en moyenne plus facilement à la fin du XVIIIe siècle, même s’il continue à exiger quatre à six semaines de mer.
Enfin, il importe de s’intéresser à la personnalité même des voyageurs, et aux motifs de leur entreprise ; Il y a d’abord ceux qui voyagent à titre officiel, administrateurs et diplomates…
Ces missions officielles devaient aussi ouvrir la voix aux compagnies de commerce. Mais celles-ci n’étaient pas seules à voir loin, et des marchands de tous types furent aussi de grands voyageurs…
La foi religieuse pouvait être aussi une incitation majeure au voyage… C’est cependant la volonté missionnaire qui a lancé des « voyageurs » sur les routes maritimes et terrestres…
Finalement, on ne trouve que relativement peu de voyageurs dont l’objectif principal soit simplement la volonté de satisfaire une curiosité, de voir d’autres paysages et d’autres hommes, ce que nous appellerions aujourd’hui du tourisme. Il n’y avait que peu de voyages d’agrément parce que les conditions matérielles ne donnaient guère d’agrément aux voyages…
Il est enfin une dernière catégorie de voyageurs, dont le rôle a été essentiel dans les progrès de la connaissance géographique, c’est celle des découvreurs qui partent avec l’objectif d’explorer au-delà des limites de l’œkoumène…
Pour répondre plus précisément à votre question, l’exemple de la « Mayflower », 1620, dans :
La grande aventure des océans :
Le paquebot le plus célèbre de l’histoire a peut-être été la « Mayflower ». Or la « Mayflower », était une pinasse à trois mâts, malodorante, ventrue et disgracieuse. Ce ne sont pas ses prouesses maritimes qui ont fait sa gloire ,mais la qualité de ses passagers…
La « Mayflower » était bondée au matin du 6 septembre 1620, lorsqu’elle appareilla de Plymouth. Cent deux émigrants avaient pris passage : quarante et un hommes adultes, dix neuf femmes et des enfants ; Les hommes pouvaient être mariés ou célibataires, mais les jeunes filles n’étaient admises qu’accompagnées de leurs parents…
Les dimensions du bateau qui jaugeait seulement 180 tonneaux, ne permettaient pas aux passagers de prendre leurs aises ; Ils s’entassèrent dans le château avant et dans les cales ; La longue traversée houleuse, le mal de mer, la mauvaise nourriture à base de pommes de terres, le manque total d’hygiène, l’atroce promiscuité de cette prison flottante aurait pu les décimer. Seuls deux jeunes gens, le domestique de l’unique médecin à bord et une nouvelle mariée moururent en mer…
La traversée dura 70 jours…
Pendant plus de deux siècles, « les transatlantiques » demeurèrent aussi inconfortables. Que la « Mayflower », parfois davantage ; ils ne transportaient que peu d’hommes d’affaires et pas de touristes 95% de leurs passagers étaient des émigrants.. La grande aventure des océans
Voir aussi :
Mayflower
Sur les conditions d’hygiène, l’alimentation et pour toutes les questions que vous vous posez sur la vie à bord d’un « transatlantique », ce site, Traversée de l’Atlantique devrait vous intéresser.
Venons- en aux bateaux :
Issue de la de » la coque, la caraque va naître de la rencontre et de l’apport entre deux types d’architectures navales : méditerranéenne et nordique ; La coque, d’une trentaine de mètres de longueur pour huit de large, portait habituellement deux mâts et six voiles carrées. La lourde construction de sa coque arrondie, avec un bordage fait a clin, descendait des navires de commerce Wiking ; Gréée en voiles latines, la caraque méditerranéenne est plus légère et rapide.. En usage à Venise dès le XIVe siècle, la caraque, appelée nao par les espagnols et nau par les Portugais (navire) va assurer par la suite le commerce transatlantique et les transports vers les indes orientales ; Ses dimensions ne vont cesser de croitre de 1000 tonneaux au XVe à 2000 siècle suivant. Elle peut dépasser les 60 mètres de long et les plus grandes possèdent quatre ponts ou étages ; Elle se caractérise par deux hauts châteaux avant et arrière ; la caravelle lui ressemble au XVe siècle, avec sa coque ventrue et pontée, son arrière plat permettant la pose du gouvernail d’étambot, se deux mâts à voile carrée a l’avant et en voile latine à l’arrière ; la synthèse technologique qu’elle représente va permettre les grandes découvertes à venir.
IN : Jusqu’au bout du monde, histoires de grandes traversées
Les ports et le transport des marchandises:
Dans bien des cas, la navigation entre ports et entres Etats reste un moyen plus commode et plus économique que la voie d’eau intérieure. Le cabotage est particulièrement actif en Europe, et ce depuis le Moyen-Age. Les échanges sont réalisés à l’aide de navires de petit et moyen tonnages semblables aux flûtes, les célèbres bateaux hollandais. Ces petits navires maniables se retrouvent dans les grands ports européens qui captent l’essentiel du trafic commercial continental, comme les ports de Liverpool, Amsterdam, Rotterdam, Séville, Cadix, Naples, Saint-Malo, Bordeaux, Le Havre, Rouen, Nantes, Marseille, ou encore La Rochelle. In : : Les circulations internationales en Europe (1680-1780)
Pour terminer sur la condition des esclaves victimes de la traite négrière, revenons au dictionnaire précédemment cité à l’article traite négrière :
Les esclaves vivent à l’avant du navire, séparés des femmes qui restent avec l’état-major de l’autre coté de la rambarde. En pleine mer, ils passent la journée sur le pont et redescendent la nuit et les jours de tempête dans l’entrepont où on les enchaîne. Pour maintenir une forme physique, on les contraint à danser à coups de fouet ; Les repas composés de fèves, de riz et parfois d’ignames manquent en général de vitamines. Le scorbut et les épidémies fauchent également la « cargaison » et l’équipage. Les révoltes (86 connues pour 3343 expéditions) sont matées avec le minimum de violence pour préserver le capital. On ne tire à l’arme à feu qu’en dernière extrémité. Sur l’ensemble du siècle la mortalité des captifs avoisine 15%, celle des matelots 13%, et celle des officiers 10%.
Voir aussi :
L’article : galériens.
Bonnes lectures
Tout d’abord, quelques considérations généralités intéressantes dans le Dictionnaire de l’ancien régime à l’article : voyages, voyageurs :
Il faut bien distinguer le voyage de la migration temporaire ou définitive, même s’il s’agit dans les deux cas de manifestations de la mobilité géographique des populations. Nous n’évoquerons donc ici que pour mémoire aussi bien les migrations de travail temporaires des Savoyards ou des Limousins, les départs définitifs ou non vers les colonies (colons, marchands engagés), les expatriations pour cause religieuse par exemple (diaspora protestante) et à plus forte raison les voyages forcés des Noirs victimes de la traite. Pour la plupart, ces »voyageurs » contraints ou pressés par la nécessité n’ont guère laissé de traces écrites de leurs pérégrinations ; remarquons cependant que globalement, ; la mobilité n’était pas la même partout : Ibériques et Anglais apparaissent plus mobiles que les Français, avec tout ce que cela implique pour le peuplement des colonies en Amérique du Nord notamment. En France même, les populations d’une ligne Saint-Malo-Genève « bougent nettement plus que celles du nord, les citadins sont peut-être plus mobiles que les ruraux, à l’exception des. Régions pauvres vouées par leur pauvreté même aux migrations temporaires ou définitives (Auvergnats et Pyrénéens vers L’Espagne), les gens du littoral-les marins en tous cas- se déplacent plus peut-être que ceux de l’intérieur des terres.
Naturellement, il faut distinguer voyages et voyageurs en fonction des distances parcourues… Le voyage transatlantique vers les îles de l’Amérique qui reste pour la première moitié du XVIIe siècle une aventure, se fait en moyenne plus facilement à la fin du XVIIIe siècle, même s’il continue à exiger quatre à six semaines de mer.
Enfin, il importe de s’intéresser à la personnalité même des voyageurs, et aux motifs de leur entreprise ; Il y a d’abord ceux qui voyagent à titre officiel, administrateurs et diplomates…
Ces missions officielles devaient aussi ouvrir la voix aux compagnies de commerce. Mais celles-ci n’étaient pas seules à voir loin, et des marchands de tous types furent aussi de grands voyageurs…
La foi religieuse pouvait être aussi une incitation majeure au voyage… C’est cependant la volonté missionnaire qui a lancé des « voyageurs » sur les routes maritimes et terrestres…
Finalement, on ne trouve que relativement peu de voyageurs dont l’objectif principal soit simplement la volonté de satisfaire une curiosité, de voir d’autres paysages et d’autres hommes, ce que nous appellerions aujourd’hui du tourisme. Il n’y avait que peu de voyages d’agrément parce que les conditions matérielles ne donnaient guère d’agrément aux voyages…
Il est enfin une dernière catégorie de voyageurs, dont le rôle a été essentiel dans les progrès de la connaissance géographique, c’est celle des découvreurs qui partent avec l’objectif d’explorer au-delà des limites de l’œkoumène…
Pour répondre plus précisément à votre question, l’exemple de la « Mayflower », 1620, dans :
La grande aventure des océans :
Le paquebot le plus célèbre de l’histoire a peut-être été la « Mayflower ». Or la « Mayflower », était une pinasse à trois mâts, malodorante, ventrue et disgracieuse. Ce ne sont pas ses prouesses maritimes qui ont fait sa gloire ,mais la qualité de ses passagers…
La « Mayflower » était bondée au matin du 6 septembre 1620, lorsqu’elle appareilla de Plymouth. Cent deux émigrants avaient pris passage : quarante et un hommes adultes, dix neuf femmes et des enfants ; Les hommes pouvaient être mariés ou célibataires, mais les jeunes filles n’étaient admises qu’accompagnées de leurs parents…
Les dimensions du bateau qui jaugeait seulement 180 tonneaux, ne permettaient pas aux passagers de prendre leurs aises ; Ils s’entassèrent dans le château avant et dans les cales ; La longue traversée houleuse, le mal de mer, la mauvaise nourriture à base de pommes de terres, le manque total d’hygiène, l’atroce promiscuité de cette prison flottante aurait pu les décimer. Seuls deux jeunes gens, le domestique de l’unique médecin à bord et une nouvelle mariée moururent en mer…
La traversée dura 70 jours…
Pendant plus de deux siècles, « les transatlantiques » demeurèrent aussi inconfortables. Que la « Mayflower », parfois davantage ; ils ne transportaient que peu d’hommes d’affaires et pas de touristes 95% de leurs passagers étaient des émigrants.. La grande aventure des océans
Voir aussi :
Mayflower
Sur les conditions d’hygiène, l’alimentation et pour toutes les questions que vous vous posez sur la vie à bord d’un « transatlantique », ce site, Traversée de l’Atlantique devrait vous intéresser.
Venons- en aux bateaux :
Issue de la de » la coque, la caraque va naître de la rencontre et de l’apport entre deux types d’architectures navales : méditerranéenne et nordique ; La coque, d’une trentaine de mètres de longueur pour huit de large, portait habituellement deux mâts et six voiles carrées. La lourde construction de sa coque arrondie, avec un bordage fait a clin, descendait des navires de commerce Wiking ; Gréée en voiles latines, la caraque méditerranéenne est plus légère et rapide.. En usage à Venise dès le XIVe siècle, la caraque, appelée nao par les espagnols et nau par les Portugais (navire) va assurer par la suite le commerce transatlantique et les transports vers les indes orientales ; Ses dimensions ne vont cesser de croitre de 1000 tonneaux au XVe à 2000 siècle suivant. Elle peut dépasser les 60 mètres de long et les plus grandes possèdent quatre ponts ou étages ; Elle se caractérise par deux hauts châteaux avant et arrière ; la caravelle lui ressemble au XVe siècle, avec sa coque ventrue et pontée, son arrière plat permettant la pose du gouvernail d’étambot, se deux mâts à voile carrée a l’avant et en voile latine à l’arrière ; la synthèse technologique qu’elle représente va permettre les grandes découvertes à venir.
IN : Jusqu’au bout du monde, histoires de grandes traversées
Les ports et le transport des marchandises:
Dans bien des cas, la navigation entre ports et entres Etats reste un moyen plus commode et plus économique que la voie d’eau intérieure. Le cabotage est particulièrement actif en Europe, et ce depuis le Moyen-Age. Les échanges sont réalisés à l’aide de navires de petit et moyen tonnages semblables aux flûtes, les célèbres bateaux hollandais. Ces petits navires maniables se retrouvent dans les grands ports européens qui captent l’essentiel du trafic commercial continental, comme les ports de Liverpool, Amsterdam, Rotterdam, Séville, Cadix, Naples, Saint-Malo, Bordeaux, Le Havre, Rouen, Nantes, Marseille, ou encore La Rochelle. In : : Les circulations internationales en Europe (1680-1780)
Pour terminer sur la condition des esclaves victimes de la traite négrière, revenons au dictionnaire précédemment cité à l’article traite négrière :
Les esclaves vivent à l’avant du navire, séparés des femmes qui restent avec l’état-major de l’autre coté de la rambarde. En pleine mer, ils passent la journée sur le pont et redescendent la nuit et les jours de tempête dans l’entrepont où on les enchaîne. Pour maintenir une forme physique, on les contraint à danser à coups de fouet ; Les repas composés de fèves, de riz et parfois d’ignames manquent en général de vitamines. Le scorbut et les épidémies fauchent également la « cargaison » et l’équipage. Les révoltes (86 connues pour 3343 expéditions) sont matées avec le minimum de violence pour préserver le capital. On ne tire à l’arme à feu qu’en dernière extrémité. Sur l’ensemble du siècle la mortalité des captifs avoisine 15%, celle des matelots 13%, et celle des officiers 10%.
Voir aussi :
L’article : galériens.
Bonnes lectures
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