Adam et Eve chassés du Paradis
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 06/11/2014 à 17h39
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Question d'origine :
Adam et Eve ont été chassés du paradis pour avoir consommé le fruits de la connaissance.
Un mythe similaire existe-t-il dans d'autres religions, dans d'autres parties du monde?
Merci par avance de votre réponse.
Eveline
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 08/11/2014 à 10h28
Bonjour,
• Dans la mythologie grecque, on peut éventuellement voir certains rapprochements entre le mythe d’Adam et Eve et celui de la boîte de Pandore. Ce mythe est aussi lié à celui de Prométhée, Pandore étant l’épouse du frère de ce dernier, Epiméthée :
D’après la Théogonie d’Hésiode , c’est Prométhée qui créa les hommes à partir d’une motte d’argile et qui, malgré l’opposition de Zeus, leur enseigna la métallurgie et d’autres arts. Après la victoire des nouveaux dieux dirigés par Zeus sur les Titans, Prométhée leur donna aussi le feu, qu’il avait dérobé aux dieux, et entra de ce fait en confl it avec Zeus. Celui-ci, par vengeance, le fi t enchaîner sur le mont Caucase pour y avoir chaque jour le foie dévoré par un aigle. Héraclès le
délivra au cours de ses douze travaux.
En philosophie, le mythe de Prométhée est admis comme métaphore de l’apport de la connaissance aux hommes. Il est repris par le philosophe Hans Jonas, dans le Principe responsabilité, pour faire allusion aux risques inconsidérés liés aux conséquences de certains comportements humains et de certains choix techniques, par rapport à l’équilibre écologique, social, et économique de la planète.
On peut aussi retrouver dans le mythe prométhéen, une partie des fondements de ce qui devient ensuite le christianisme. Dans cette optique, Prométhée descend du Ciel comme un dieu pour s’incarner charnellement et sauver l’Humanité.
Selon certaines versions grecques ou latines, il fut enchaîné sur un rocher, mais selon d’autres, il y fut crucifié.Ce mythe peut également être mis en parallèle avec le récit biblique d’Adam et Ève, chassés du Paradis pour avoir goûté le fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Ces mythes sont aussi évocateurs de l’hybris, la tentation de l’homme de se mesurer aux dieux, ou plus généralement de s’élever au-dessus de sa condition.
Dans la mythologie grecque, Pandore (en grec ancien Πανδώρα/Pandô´ra, «tous les dons») est la première femme. Elle est associée à la légende de la «boîte de Pandore» (en fait, une jarre).
Pandore fut créée sur l’ordre de Zeus qui voulait se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée. Il offrit la main de Pandore à Épiméthée, frère de Prométhée.
Pandore apporta dans ses bagages une jarre (ou une boîte) mystérieuse contenant tous les maux de l’humanité, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie et la Passion, ainsi que l’Espérance. Il lui fut interdit d’ouvrir cette jarre. Une fois installée comme épouse, elle céda à la curiosité et l’ouvrit : elle libéra ainsi les maux qu’elle contenait. Elle referma la boîte trop tard pour les retenir, et seule l’Espérance, plus lente à réagir, y resta enfermée. C’est ainsi que l’on explique que même si l’être humain est frappé par de nombreux maux, il ne perd jamais espoir.
Un autre symbole est à rechercher dans ce passage. La jarre n’est pas qu’une simple amphore : c’est un très gros vase, qui sert à stocker le grain. Ce vase ne peut être rempli de grain que par l’effort, le travail au champ, et son contenu est alors une symbolique de la condition humaine. Par la suite, ce sera la femme qui l’ouvrira et s’y servira, pour nourrir la famille.
Un rapprochement de ce mythe peut, de plus, être fait avec la chute d’Adam et Ève, dans la Genèse (ancien testament). Dans ces deux mythes, c’est la femme, pourtant avertie (par Dieu dans la Bible, ou, ici, par Prométhée et Zeus), qui commet une irrémédiable erreur (en croquant le fruit défendu dans la Bible, ou, ici, en ouvrant la boîte de Pandore), plongeant ainsi l’humanité dans une vie faite de maux et de douleurs. Si la version biblique semble a priori plus indulgente pour la femme (qui y est poussée à la faute par le serpent tentateur, et qui ne porte pas la faute seule, puisque le fruit est partagé avec l’homme), elle est punie de ce péché originel par le fait «d’enfanter dans la douleur» .
Source : Les Mythes de la connaissance, home-educ.org
Nous vous recommandons à ce propos la lecture de l’ouvrage de Jacques Desautels, Dieux et mythes de la Grèce ancienne: la mythologie gréco-romaine, qui développe le propos sur les mythes de la création de l’homme et de la femme, et de la « chute » de l’âge d’or originel :
Des questions difficiles
Notre époque parle beaucoup de l’âge d’or en l’attribuant, par un curieux euphémisme, à l’inévitable vieillesse des hommes : on semble vouloir, comme les « primitifs », conjurer le mauvais sort. Cette litote, qui ne manque pas d’élégance dans sa naïveté, ne correspond toutefois pas à la vision traditionnelle de l’âge d’or qui depuis toujours hante l’esprit des mortels : l’âge d’or, c’est ce temps primitif et premier où hommes et dieux vivaient en commun un bonheur parfait, dans un respect mutuel, sans contrainte, sans problème, à l’abri du mal, des souffrances et de la mort. C’est ce temps que l’on a un jour perdu tout en perdant l’innocence. Le temps de la nostalgie. L’époque du Paradis perdu, que l’homme continuera longtemps de regretter.
Les mythes que nous allons voir ont en commun de nous renvoyer à cet âge d’or primitif, auquel devait un jour mettre fin l’arrivée dans le monde du mal et de la mort. Ils ont aussi en commun de vouloir expliquer comment la race des hommes, jadis bienheureuse et proche des dieux, a pu devenir mortelle.
Notre expérience et nos lectures nous le montrent, dans tous les systèmes mythologiques, une fois dépassé le chaos original, les premiers êtres qui apparaissent, ce sont des dieux et jamais des hommes. Et tous les systèmes mythologiques sont ensuite confrontés à un même problème, celui de rendre compte de l’arrivée des hommes dans le monde.
Comment expliquer la naissance des hommes ? Et du même souffle, comment expliquer l’existence du mal dans le monde, « le malheur des hommes qui mangent le pain », selon l’expression qu’emploiera Hésiode dans la Théogonie (v.512) ?
Pour terminer sur le mythe de l’âge d’or, nous vous indiquons l’abondante bibliographie constituée par le CNDP dans son site consacré aux langues et civilisations gréco-latines : Musagora.
• Dans la mythologie perse (cosmogonie zoroastrienne) on retrouve le mythe d’un couple originel, Mashya et Mashyana :
Parmi les importants mythes mondiaux, il y a celui de la création de l’homme, et les thèmes connexes, c’est-à-dire la manière dont cet homme s’est disséminé à travers le monde, ainsi que la question de sa descendance. Le mythe iranien en la matière parle d’un premier couple, Mashi et Mashyâneh ou Mahli et Mahlyâneh. Le document le plus important et fiable rapportant ce mythe est le Bondaheshn. Dans ce texte, deux versions du mythe existent qui citent toutes les deux l’hypothèse présupposée de l’existence d’une plante fondamentale originelle précédant l’homme et la rapproche de la réalité objective de la fécondité. Dans le premier texte, nous avons ceci : « Quand en mourant, Kioumarth donna sa semence, … quarante ans durant, elle demeura dans le sol. Après la fin des quarante ans, une rhubarbe à la branche unique, à quinze feuilles, Mahli et Mahlyâneh, poussa. Droits comme au garde-à-vous, l’un à l’autre mêlé, ils avaient la même taille et la même personne. Entre tous les deux poussa le farrah,, ils avaient tous la même taille et on ne pouvait distinguer le mâle de la femelle, ni le farrah d’eux deux, lequel était le farrah créé par Ahura Mazda, qui était avec eux, et qui est le farrah avec lequel les hommes furent créés... Puis leur corps végétal se transforma en corps humain et le farrah entra en eux spirituellement et il est l’esprit. Aujourd’hui aussi, les humains sont comme l’arbre bien redressé dont le fruit est de dix espèces d’hommes. Hormozd dit à Mashi et Mashyâneh : « Vous êtes des humains, vous êtes le père et la mère des hommes, je vous ai créé avec la meilleure des raisons, faites les choses avec la meilleure des raisons saines, pensez le bien, dites le bien et faites le bien et n’idolâtrez pas les div (démons). » Quand ils commencèrent à penser l’autre, ils pensèrent d’abord : « Il est humain. » Quand ils se mirent en marche, leur première activité fut de penser. La première parole qu’ils proférèrent fut « Hormozd a créé l’eau et la terre et la plante et l’animal et l’étoile et la lune et le soleil et tout le bonheur qui naît de la vertu », et ils les nommèrent bon-o-barr (le haut et la base). Alors, Ahriman attaqua leur pensée et la pollua et ils dirent : « Ahriman créa l’eau et la terre et la plante et toutes autres choses. » Il fut ainsi dit qu’ils proférèrent leur premier mensonge sous l’instigation des divs. La première joie qu’Ahriman eut d’eux fut qu’à cause de ce premier mensonge leur esprit devint pécheur, menteur et impur et leur esprit est, jusqu’à celui du dernier des hommes, en enfer. Ils se nourrirent pour trente jours de soupe végétale et se vêtirent avec des plantes. Après trente jours, en chasse, ils rencontrèrent une chèvre au poil blanc et sucèrent son lait avec leurs bouches... Trente jours et nuits plus tard, ils rencontrèrent un mouton au poil noir et au museau blanc. Ils le tuèrent et sur l’avis des anges, allumèrent un feu de bois du jujubier et du buis car ces deux bois donnent un meilleur feu... ils rôtirent le mouton et jetèrent une poignée de viande dans le feu et dirent : « Voici la part du feu. » Et ils en jetèrent une tranche au ciel et dirent que c’est la part des anges (...) Ils se couvrirent avec des peaux. Ensuite, ils portèrent des vêtements faits de poil, puis ils filèrent le poil et en firent des tissus et les portèrent. Ils creusèrent un fossé, y mirent le fer à s’épurer, ils coupèrent le fer avec de la pierre et en fabriquèrent une lame, ils coupèrent l’arbre avec elle et décorèrent leur place avec du bois. Leur ingratitude permit aux divs de montrer l’apogée de leur mal. Ainsi, la mauvaise jalousie s’enflamma d’elle-même dans le cœur de ces deux (Mashi et Mashyâneh). Ils s’élancèrent l’un contre l’autre. Ils se frappèrent, se déchirèrent et s’arrachèrent les cheveux. Alors les divs, depuis l’obscurité, annoncèrent que « Vous êtes des hommes, idolâtrez le Div pour que la jalousie se calme. » Mashyâneh s’éloigna, puis elle versa le lait d’une vache qu’ils avaient trait ensemble dans la direction du nord. De leur croyance en les divs, les divs devinrent puissants et ils firent en sorte que pendant cinquante ans, ces deux ne se mêlèrent pas, et s’ils le firent, n’eurent pas d’enfants. Après cinquante ans, ils décidèrent d’enfanter et ils pensaient qu’ils devaient le faire pour cinquante ans. En neuf mois, d’eux naquirent une paire d’homme et de femme. Le goût des enfants était si délicieux que la mère en mâcha un et le père l’autre. Hormozd diminua alors leur goût dans leur esprit et le remplaça par le goût de leur éducation. Six paires d’hommes et de femmes naquirent d’eux. Les frères prirent les sœurs pour femmes. Avec Mashi et Mashyâneh, ils formaient tous ensemble sept paires. De chacun des paires pendant cinquante ans naquirent des enfants et chacun d’eux mourut après cent ans... De chaque paire naquit beaucoup d’enfants et de là vient la multiplicité des hommes..." (Bondaheshn, pp.81-83).
Source : L’alimentation et son évolution logique dans le mythe iranien du premier homme, La Revue de Téhéran, n°57, août 2010
Certaines théories verraient un lien entre ce mythe et celui du premier couple de la mythologie nordique, Ask et Embla).
• La mythologie japonaise parle elle aussi d’un couple originel : Izanagi (l’Auguste mâle) et Izanami (l’Auguste femelle), qui donnent naissance à l’archipel japonais. Ce mythe est aussi entaché d’un « péché originel » : leur première tentative d’enfantement échoue à cause de la femme, qui a parlé la première au lieu de laisser la première parole à l’homme. (sources : Les mythologies, Sabine Jourdain, Les mythes fondateurs japonais, nao-org.com).
Il existe certainement bien d’autres mythes de création évoquant un coupe et/ou une faute originelle, mais, disposant d’un temps limité pour effectuer nos recherches, nous ne pourrons aller plus loin. Pour approfondir le sujet, vous pouvez vous tourner vers des ouvrages consacrés aux mythes de création du monde.
Bonne journée.
• Dans la mythologie grecque, on peut éventuellement voir certains rapprochements entre le mythe d’Adam et Eve et celui de la boîte de Pandore. Ce mythe est aussi lié à celui de Prométhée, Pandore étant l’épouse du frère de ce dernier, Epiméthée :
délivra au cours de ses douze travaux.
En philosophie, le mythe de Prométhée est admis comme métaphore de l’apport de la connaissance aux hommes. Il est repris par le philosophe Hans Jonas, dans le Principe responsabilité, pour faire allusion aux risques inconsidérés liés aux conséquences de certains comportements humains et de certains choix techniques, par rapport à l’équilibre écologique, social, et économique de la planète.
On peut aussi retrouver dans le mythe prométhéen, une partie des fondements de ce qui devient ensuite le christianisme. Dans cette optique, Prométhée descend du Ciel comme un dieu pour s’incarner charnellement et sauver l’Humanité.
Selon certaines versions grecques ou latines, il fut enchaîné sur un rocher, mais selon d’autres, il y fut crucifié.
Pandore fut créée sur l’ordre de Zeus qui voulait se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée. Il offrit la main de Pandore à Épiméthée, frère de Prométhée.
Pandore apporta dans ses bagages une jarre (ou une boîte) mystérieuse contenant tous les maux de l’humanité, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie et la Passion, ainsi que l’Espérance. Il lui fut interdit d’ouvrir cette jarre. Une fois installée comme épouse, elle céda à la curiosité et l’ouvrit : elle libéra ainsi les maux qu’elle contenait. Elle referma la boîte trop tard pour les retenir, et seule l’Espérance, plus lente à réagir, y resta enfermée. C’est ainsi que l’on explique que même si l’être humain est frappé par de nombreux maux, il ne perd jamais espoir.
Un autre symbole est à rechercher dans ce passage. La jarre n’est pas qu’une simple amphore : c’est un très gros vase, qui sert à stocker le grain. Ce vase ne peut être rempli de grain que par l’effort, le travail au champ, et son contenu est alors une symbolique de la condition humaine. Par la suite, ce sera la femme qui l’ouvrira et s’y servira, pour nourrir la famille.
Source : Les Mythes de la connaissance, home-educ.org
Nous vous recommandons à ce propos la lecture de l’ouvrage de Jacques Desautels, Dieux et mythes de la Grèce ancienne: la mythologie gréco-romaine, qui développe le propos sur les mythes de la création de l’homme et de la femme, et de la « chute » de l’âge d’or originel :
Notre époque parle beaucoup de l’âge d’or en l’attribuant, par un curieux euphémisme, à l’inévitable vieillesse des hommes : on semble vouloir, comme les « primitifs », conjurer le mauvais sort. Cette litote, qui ne manque pas d’élégance dans sa naïveté, ne correspond toutefois pas à la vision traditionnelle de l’âge d’or qui depuis toujours hante l’esprit des mortels : l’âge d’or, c’est ce temps primitif et premier où hommes et dieux vivaient en commun un bonheur parfait, dans un respect mutuel, sans contrainte, sans problème, à l’abri du mal, des souffrances et de la mort. C’est ce temps que l’on a un jour perdu tout en perdant l’innocence. Le temps de la nostalgie. L’époque du Paradis perdu, que l’homme continuera longtemps de regretter.
Les mythes que nous allons voir ont en commun de nous renvoyer à cet âge d’or primitif, auquel devait un jour mettre fin l’arrivée dans le monde du mal et de la mort. Ils ont aussi en commun de vouloir expliquer comment la race des hommes, jadis bienheureuse et proche des dieux, a pu devenir mortelle.
Notre expérience et nos lectures nous le montrent, dans tous les systèmes mythologiques, une fois dépassé le chaos original, les premiers êtres qui apparaissent, ce sont des dieux et jamais des hommes. Et tous les systèmes mythologiques sont ensuite confrontés à un même problème, celui de rendre compte de l’arrivée des hommes dans le monde.
Comment expliquer la naissance des hommes ? Et du même souffle, comment expliquer l’existence du mal dans le monde, « le malheur des hommes qui mangent le pain », selon l’expression qu’emploiera Hésiode dans la Théogonie (v.512) ?
Pour terminer sur le mythe de l’âge d’or, nous vous indiquons l’abondante bibliographie constituée par le CNDP dans son site consacré aux langues et civilisations gréco-latines : Musagora.
• Dans la mythologie perse (cosmogonie zoroastrienne) on retrouve le mythe d’un couple originel, Mashya et Mashyana :
Parmi les importants mythes mondiaux, il y a celui de la création de l’homme, et les thèmes connexes, c’est-à-dire la manière dont cet homme s’est disséminé à travers le monde, ainsi que la question de sa descendance. Le mythe iranien en la matière parle d’un premier couple, Mashi et Mashyâneh ou Mahli et Mahlyâneh. Le document le plus important et fiable rapportant ce mythe est le Bondaheshn. Dans ce texte, deux versions du mythe existent qui citent toutes les deux l’hypothèse présupposée de l’existence d’une plante fondamentale originelle précédant l’homme et la rapproche de la réalité objective de la fécondité. Dans le premier texte, nous avons ceci : « Quand en mourant, Kioumarth donna sa semence, … quarante ans durant, elle demeura dans le sol. Après la fin des quarante ans, une rhubarbe à la branche unique, à quinze feuilles, Mahli et Mahlyâneh, poussa. Droits comme au garde-à-vous, l’un à l’autre mêlé, ils avaient la même taille et la même personne. Entre tous les deux poussa le farrah,, ils avaient tous la même taille et on ne pouvait distinguer le mâle de la femelle, ni le farrah d’eux deux, lequel était le farrah créé par Ahura Mazda, qui était avec eux, et qui est le farrah avec lequel les hommes furent créés... Puis leur corps végétal se transforma en corps humain et le farrah entra en eux spirituellement et il est l’esprit. Aujourd’hui aussi, les humains sont comme l’arbre bien redressé dont le fruit est de dix espèces d’hommes. Hormozd dit à Mashi et Mashyâneh : « Vous êtes des humains, vous êtes le père et la mère des hommes, je vous ai créé avec la meilleure des raisons, faites les choses avec la meilleure des raisons saines, pensez le bien, dites le bien et faites le bien et n’idolâtrez pas les div (démons). » Quand ils commencèrent à penser l’autre, ils pensèrent d’abord : « Il est humain. » Quand ils se mirent en marche, leur première activité fut de penser. La première parole qu’ils proférèrent fut « Hormozd a créé l’eau et la terre et la plante et l’animal et l’étoile et la lune et le soleil et tout le bonheur qui naît de la vertu », et ils les nommèrent bon-o-barr (le haut et la base). Alors, Ahriman attaqua leur pensée et la pollua et ils dirent : « Ahriman créa l’eau et la terre et la plante et toutes autres choses. » Il fut ainsi dit qu’ils proférèrent leur premier mensonge sous l’instigation des divs. La première joie qu’Ahriman eut d’eux fut qu’à cause de ce premier mensonge leur esprit devint pécheur, menteur et impur et leur esprit est, jusqu’à celui du dernier des hommes, en enfer. Ils se nourrirent pour trente jours de soupe végétale et se vêtirent avec des plantes. Après trente jours, en chasse, ils rencontrèrent une chèvre au poil blanc et sucèrent son lait avec leurs bouches... Trente jours et nuits plus tard, ils rencontrèrent un mouton au poil noir et au museau blanc. Ils le tuèrent et sur l’avis des anges, allumèrent un feu de bois du jujubier et du buis car ces deux bois donnent un meilleur feu... ils rôtirent le mouton et jetèrent une poignée de viande dans le feu et dirent : « Voici la part du feu. » Et ils en jetèrent une tranche au ciel et dirent que c’est la part des anges (...) Ils se couvrirent avec des peaux. Ensuite, ils portèrent des vêtements faits de poil, puis ils filèrent le poil et en firent des tissus et les portèrent. Ils creusèrent un fossé, y mirent le fer à s’épurer, ils coupèrent le fer avec de la pierre et en fabriquèrent une lame, ils coupèrent l’arbre avec elle et décorèrent leur place avec du bois. Leur ingratitude permit aux divs de montrer l’apogée de leur mal. Ainsi, la mauvaise jalousie s’enflamma d’elle-même dans le cœur de ces deux (Mashi et Mashyâneh). Ils s’élancèrent l’un contre l’autre. Ils se frappèrent, se déchirèrent et s’arrachèrent les cheveux. Alors les divs, depuis l’obscurité, annoncèrent que « Vous êtes des hommes, idolâtrez le Div pour que la jalousie se calme. » Mashyâneh s’éloigna, puis elle versa le lait d’une vache qu’ils avaient trait ensemble dans la direction du nord. De leur croyance en les divs, les divs devinrent puissants et ils firent en sorte que pendant cinquante ans, ces deux ne se mêlèrent pas, et s’ils le firent, n’eurent pas d’enfants. Après cinquante ans, ils décidèrent d’enfanter et ils pensaient qu’ils devaient le faire pour cinquante ans. En neuf mois, d’eux naquirent une paire d’homme et de femme. Le goût des enfants était si délicieux que la mère en mâcha un et le père l’autre. Hormozd diminua alors leur goût dans leur esprit et le remplaça par le goût de leur éducation. Six paires d’hommes et de femmes naquirent d’eux. Les frères prirent les sœurs pour femmes. Avec Mashi et Mashyâneh, ils formaient tous ensemble sept paires. De chacun des paires pendant cinquante ans naquirent des enfants et chacun d’eux mourut après cent ans... De chaque paire naquit beaucoup d’enfants et de là vient la multiplicité des hommes..." (Bondaheshn, pp.81-83).
Source : L’alimentation et son évolution logique dans le mythe iranien du premier homme, La Revue de Téhéran, n°57, août 2010
Certaines théories verraient un lien entre ce mythe et celui du premier couple de la mythologie nordique, Ask et Embla).
• La mythologie japonaise parle elle aussi d’un couple originel : Izanagi (l’Auguste mâle) et Izanami (l’Auguste femelle), qui donnent naissance à l’archipel japonais. Ce mythe est aussi entaché d’un « péché originel » : leur première tentative d’enfantement échoue à cause de la femme, qui a parlé la première au lieu de laisser la première parole à l’homme. (sources : Les mythologies, Sabine Jourdain, Les mythes fondateurs japonais, nao-org.com).
Il existe certainement bien d’autres mythes de création évoquant un coupe et/ou une faute originelle, mais, disposant d’un temps limité pour effectuer nos recherches, nous ne pourrons aller plus loin. Pour approfondir le sujet, vous pouvez vous tourner vers des ouvrages consacrés aux mythes de création du monde.
Bonne journée.
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