L'origine de l'Oroborus
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 20/11/2014 à 21h18
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Question d'origine :
Bonjour,
Je retrouve parfois ce mot, "oroborus", notamment dans une chanson du groupe de metal Gojira.
Cependant, d'où vient ce mot ? Quelle signification donner exactement à ce serpent (ou dragon ?) qui se mord la queue ? A quoi l'associer ?
Merci d'avance.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 21/11/2014 à 15h02
Bonjour,
L’Ouroboros, ou serpent qui se mord la queue, est un symbole présent dans de nombreuses cultures à travers le monde. Le nom Ouroboros vient du grec ancien, latinisé sous la forme uroborus et qui signifie littéralement « qui se mord la queue ».
Origines
Antiquités occidentales et asiatiques
L'ouroboros un symbole très ancien que l'on rencontre dans plusieurs cultures sur tous les continents. La représentation la plus ancienne connue est sans doute une représentation égyptienne datant du XVIe siècle avant notre ère : « Attesté en Mésopotamie, l'ourobore se rencontre surtout en Égypte, et ce depuis une période très ancienne : il est déjà mentionné dans les textes des pyramides ».
Les premières représentations figurées remontent à la XVIIIe dynastie : on en a notamment des exemples sur une des chapelles dorées de Toutânkhamon. Par la suite, le motif est fréquemment employé : on le trouve sur les cercueils et sur les vignettes des papyrus dits mythologiques. Sa forme circulaire a suscité diverses interprétations de la part des Égyptiens. Il semblerait qu'à l'origine on ait considéré l'orobore comme marquant la limite entre le Noun et le monde ordonné ; entourant la totalité du monde existant, il en vient tout naturellement à symboliser le cycle du temps et de l'éternité. En outre, l'ourobore fut parfois représenté encerclant le soleil naissant à l'horizon du ciel, pour figurer la renaissance de l'astre du jour, chaque matin, au sortir du Noun. Il fut, dès lors, perçu comme un symbole de rajeunissement et de résurrection, d'où sa présence sur les cercueils. Il semble qu'on lui ait parfois attribué un rôle de protecteur. Par ailleurs, puisqu'il se mange la queue, on l'a aussi considéré comme un symbole d'autodestruction et d'anéantissement5.
Cependant, les dragons de la culture chinoise Hongshan (-4700 / -2600), appelés dragon-cochon (猪龍, zhulong, en chinois et Pig dragon en anglais) faits en jade ont pu inspirer les représentations anciennes grâce aux échanges nés de la route de la soie.
Les Phéniciens ont probablement hérité ces représentations des Égyptiens, et les ont à leur tour transmises aux Grecs qui leur ont donné le nom qu'on leur connaît.
Un ouroboros est intégré dans la boucle d'oreille traditionnelle portée par les hommes du canton d'Appenzell, boucle d'apparat du dimanche.
Mythologie nordique
Le serpent Jörmungand de la mythologie nordique est l'un des trois enfants de Loki. Il a grandi à un point tel qu'il encercle le monde et peut saisir sa queue dans sa bouche, maintenant ainsi les océans en place.
Dans les légendes de Ragnar Lodbrok, le roi de Götaland Herraud donne comme cadeau à sa fille Þora un petit dragon (Lindworm) qui, en grandissant, encercla le pavillon de la fille en avalant sa queue. Le serpent est tué par Ragnar Lodbrok qui se mariera avec Þora. Ragnar aura plus tard un fils (d'une autre femme, Kraka), qui naît avec l'image d'un serpent blanc dans un œil, ce qui lui vaudra le nom de Siegfried Œil de Serpent ; ce serpent encercle son iris en avalant sa queue.
On peut rajouter au niveau de la signification symbolique qu'il représente le début et la fin de toutes choses. C'est donc un symbole d'espoir et de renouveau.
Traditions védiques
Dans le brahmanisme, on présente sous la forme d'un serpent titanesque à plusieurs têtes, une divinité appelée Shesha qui représente la succession des univers.
Une tradition de l'Océan indien, d'inspiration védique et européenne, décrit le père du dieu Kérdik comme un dieu-serpent nommé Paradis, et entourant le jardin des dieux pour le protéger des créatures indignes. Le mot Paradis vient du persan pairi daēza, qui signifie « enceinte royale ». Cette étymologie donnerait une explication au nom du père du dieu.
Autres mythologies
L'Ouroboros apparait également dans les mythologies aztèques et nord-américaines, en Australie dans le Tjukurpa sous le nom de Waagal, Wagyl ou Yurlungur même si ce dernier ne se mord pas constamment la queue.
Symbolisme
Drapeau de la Régence italienne du Carnaro représentant un ouroboros.
Le serpent (ou le dragon parfois) qui se mord la queue, symbolise un cycle d'évolution refermé sur lui-même.
Ce symbole renferme en même temps les idées de mouvement, de continuité, d'autofécondation et, en conséquence, d'éternel retour. Cette connotation de circularité et d'indécidabilité fit du serpent Ouroboros le symbole des paradoxes qui, comme lui, se « mangent la queue », comme dans la formule « Cette phrase est fausse », variante du paradoxe d'Épiménide-le-Crétois (Je mens) : il y a du vrai dans le faux, et du faux dans le vrai, un enchevêtrement indémaillable des causes et des conséquences.
La forme circulaire de l'image a donné lieu à une autre interprétation : l'union du monde chthonien (du grec khthôn : « qui est né de la terre », qualificatif appliqué aux dieux infernaux), figuré par le serpent, et celui du monde céleste, figuré par le cercle. Cette interprétation serait confirmée par le fait que l'ouroboros, dans certaines représentations serait moitié noir, moitié blanc. Il signifierait ainsi l'union de deux principes opposés, soit le ciel et la terre, soit le bien et le mal, soit le jour et la nuit, soit le Yang et le Yin chinois, et toutes les valeurs dont ces opposés sont les porteurs.
Une autre opposition apparait dans une interprétation à deux niveaux : le serpent qui se mord la queue, en dessinant une forme circulaire, rompt avec une évolution linéaire, marque un changement tel qu'il semble émerger à un niveau d'être supérieur, le niveau de l'être céleste ou spiritualisé, symbolisé par le cercle ; il transcende ainsi le niveau de l'animalité, pour avancer dans le sens de la plus fondamentale pulsion de vie ; mais cette interprétation ascendante ne repose que sur la symbolique du cercle, figure d'une perfection céleste. Au contraire, le serpent qui se mord la queue, qui ne cesse de tourner sur lui-même, s'enferme dans son propre cycle, évoque la roue des existences, le Samsâra, comme condamné à ne jamais échapper à son cycle pour s'élever à un niveau supérieur : il symbolise alors le perpétuel retour, le cercle indéfini des renaissances, la continuelle répétition, qui trahit la prédominance d'une fondamentale pulsion de mort.
Héraldique
En héraldique, on retrouve cette figure qui se blasonne : serpent ou plus rarement dragon plié en rond.
Alchimie gréco-égyptienne, et Kekulé
En alchimie, l'ouroboros est un sceau purificateur. Il symbolise en effet l'éternelle unité de toutes choses, incarnant le cycle de la vie (naissance) et la mort. On doit à Zosime de Panopolis, le premier grand alchimiste gréco-égyptien (vers 300) la fameuse formule :
« Un [est] le Tout, par lui le Tout et vers lui [retourne] le Tout ; et si l'Un ne contient pas le Tout, le Tout n'est rien (Ἓν τὸ πᾶν καὶ δι' αὐτοῦ τὸ πᾶν καὶ εἰς αὐτὸ τὸ πᾶν καὶ εἰ μὴ ἒχοι τὸ πᾶν οὐδέν ἐστιν τὸ πᾶν). Un est le serpent l'ouroboros, le serpent qui mord sa queue], celui qui possède l’ios [la teinture en violet ?, dernière étape de la transmutation après le noircissement, le blanchiment] après les deux traitements [noircissement et blanchissement ?]. Cette formule est accompagnée du diagramme de l'ouroboros6. »
D'après Michèle Mertens7 : « Attesté aussi en Mésopotamie, l'ourobore se rencontre surtout en Égypte, et ce depuis une période très ancienne : il est déjà mentionné dans les Textes des Pyramides. Les premières représentations figurées remontent à la XVIIIe dynastie. Selon Leisagang, il symbolise « le cycle de tout devenir avec son double rythme : le développement de l'Un dans le Tout et le retour du Tout à l'Un ». Zosime est le premier alchimiste à faire usage de l'ourobore. La formule Ἓν τὸ πᾶν n'est pas de Zosime. Zosime lui-même l'impute au fondateur éponyme de l'alchimie, le mythique Chymès ».
Le chimiste August Kekulé a affirmé que c'est un anneau en forme d'ouroboros qui a inspiré sa découverte de la structure du benzène, modèle qui lui aurait été inspiré par la vision onirique d'un Ouroboros. D'où son exhortation célèbre à ses collègues : « pour comprendre, apprenons à rêver ! »
Source : Wikipedia
L’Ouroboros est aussi un symbole maçonnique anglais d’éternité, de renouveau, d’amour et de science, qui orne souvent les façades, les autels et même les planchers et les plafonds.
Pour les gnostiques, le « monde serpent » symbolisait l’humanité prise au piège dans la Terre, bloquée dans un système empêchant la connexion divine. Le serpent était un symbole important pour les gnostiques, particulièrement pour la secte des Naaséens, dont le nom vient de naass, serpent. Certains rites gnostiques incluaient les serpents comme élément de la cérémonie.
Source : Les symboles mystiques : guide pratique des signes et symboles magiques et sacrés, Brenda Mallon
Voici ce que dit l’Encyclopédie des symboles à propos de l’Ouroboros :
L’ouroboros est le serpent qui se mord ou qui « avale sa queue ». Cette image représente, sous une forme animale, le cercle incarnant « l’éternel retour » et indique qu’un nouveau début coïncide avec une fin dans une perpétuelle répétition, ou que le terme d’une voie et son début sont une seule et même chose d’un point de vue supérieur. Le sens intrinsèque de l’image du serpent et l’idée qui lui est attachée, qui veut que, à travers sa mue, il se « rajeunisse perpétuellement », sont ici confondus jusqu’à ne plus pouvoir être distingués. Le plus important est pourtant cette forme circulaire qui emporte avec elle les notions de perfection et d’éternité. Equivalent psychologique de l’inceste, mais d’un inceste symbolisé, l’ouroboros signale l’existence d’un indifférencié d’où toutes choses sont sorties et à laquelle elles retournent. La signification, ici, en est pourtant double : soit il s’agit d’un phénomène de simple répétition, et tout finit par retourner au chaos fondateur ; soit il s’agit au contraire d’un renouvellement perpétuel qui repasse sans cesse par la même phase de « mort et résurrection », et on est supposé alors atteindre à cet indifférencié divin qui se tient au-delà de tous les couples d’opposés, et dont on ne peut rien dire puisqu’il échappe à toutes les catégories de notre logique. L’indifférencié, qui transcende les catégories et les possibilités du langage, est, aussi bien le Brahman des Védas, la Déité de Maître Eckart, que le nirvana du bouddhisme, sans que l’on puisse confondre ces termes les uns avec les autres, leur signification et leur visée théologique étant à l’évidence singulières à chacune des religions concernées. – En alchimie, l’ouroboros symbolise un processus qui se referme sur lui-même et qui doit contribuer, au cours du chauffage, de l’évaporation, du refroidissement et de la condensation d’un liquide, à l’affinage des substances. Le serpent enroulé en cercle est alors souvent remplacé par deux créatures dont la gueule de l’une avale la queue de l’autre ; celle qui se trouve placée en haut symbolise la volatilisation, et c’est pourquoi on la représente sous la forme d’un dragon ailé. A la confluence de l’alchimie et des spéculations philosophiques de type néo-platonicien et hermétiste (inspirés par la tradition d’Hermès Trismégiste), l’Ouroboros désigne à la fois le principe et la finalité de l’Œuvre, qui est la découverte de l’Un et, à la fois au-delà et en-deçà de cet Un, d’un « Un-qui-n’est-pas », d’un « Néant suressentiel » dont surgit cet Un, au sujet duquel nous ne pouvons rien dire et pour lequel le symbole seul est parlant. C’est dans ce sens qu’il apparaît par exemple dans le traité alexandrin d’alchimie appelé le canon de Cléopâtre – longtemps attribué à tort à cette reine, mais qui se réclamait sans doute de ce nom pour mettre en scène l’idée de royauté spirituelle (voir Souveraineté).
Enfin, en psychanalyse, l'ouroboros est associé à l'archétype jungien de l'indifférenciation:
Dans la psychologie analytique de Jung, l’ouroboros a été mis en relation avec l’archétype de l’indifférenciation et de l’indistinction qui précède le développement de la personnalité et dans lequel on aperçoit la coexistence des oppositions (ambivalence). Il apparaît comme « le rouleau contenant » et il serait donc un symbole du féminin. Toutefois, en tant que serpent l’ouroboros représente aussi le principe masculin. La coexistence du masculin et du féminin en font un contenant d’opposés. Cet aspect renvoie aussi à « la condition enfantine de l’humanité et de l’enfant ». L’ouroboros présente en outre « en soi un élément autarcique », d’où son « autosuffisance », son indépendance par rapport à tout « tu » et à tout « autre ».
Comme l’écrit Erich Neumann : « Il tue soi-même, il épouse et féconde soi-même. Il est homme et femme, il engendre et conçoit, dévore et accouche, il est actif et passif, il est au-dessus et au-dessous en même temps » (Neumann, 1949).
source : L'Homme qui se mange les pieds : du cauchemar adolescent d'une anorexique, Salvatore Zipparri, Foi de cannibale ! : la dévoration, entre religion et psychanalyse Hubert Auque, Dominique Bourdin, Pierre-Yves Brandt...
Source : Wikipedia
Pour aller plus loin :
Le Serpent : Symboles, mythes et caractères, Jean Sadaka
Bonne journée.
L’Ouroboros, ou serpent qui se mord la queue, est un symbole présent dans de nombreuses cultures à travers le monde. Le nom Ouroboros vient du grec ancien, latinisé sous la forme uroborus et qui signifie littéralement « qui se mord la queue ».
Antiquités occidentales et asiatiques
L'ouroboros un symbole très ancien que l'on rencontre dans plusieurs cultures sur tous les continents. La représentation la plus ancienne connue est sans doute une représentation égyptienne datant du XVIe siècle avant notre ère : « Attesté en Mésopotamie, l'ourobore se rencontre surtout en Égypte, et ce depuis une période très ancienne : il est déjà mentionné dans les textes des pyramides ».
Les premières représentations figurées remontent à la XVIIIe dynastie : on en a notamment des exemples sur une des chapelles dorées de Toutânkhamon. Par la suite, le motif est fréquemment employé : on le trouve sur les cercueils et sur les vignettes des papyrus dits mythologiques. Sa forme circulaire a suscité diverses interprétations de la part des Égyptiens. Il semblerait qu'à l'origine on ait considéré l'orobore comme marquant la limite entre le Noun et le monde ordonné ; entourant la totalité du monde existant, il en vient tout naturellement à symboliser le cycle du temps et de l'éternité. En outre, l'ourobore fut parfois représenté encerclant le soleil naissant à l'horizon du ciel, pour figurer la renaissance de l'astre du jour, chaque matin, au sortir du Noun. Il fut, dès lors, perçu comme un symbole de rajeunissement et de résurrection, d'où sa présence sur les cercueils. Il semble qu'on lui ait parfois attribué un rôle de protecteur. Par ailleurs, puisqu'il se mange la queue, on l'a aussi considéré comme un symbole d'autodestruction et d'anéantissement5.
Cependant, les dragons de la culture chinoise Hongshan (-4700 / -2600), appelés dragon-cochon (猪龍, zhulong, en chinois et Pig dragon en anglais) faits en jade ont pu inspirer les représentations anciennes grâce aux échanges nés de la route de la soie.
Les Phéniciens ont probablement hérité ces représentations des Égyptiens, et les ont à leur tour transmises aux Grecs qui leur ont donné le nom qu'on leur connaît.
Un ouroboros est intégré dans la boucle d'oreille traditionnelle portée par les hommes du canton d'Appenzell, boucle d'apparat du dimanche.
Le serpent Jörmungand de la mythologie nordique est l'un des trois enfants de Loki. Il a grandi à un point tel qu'il encercle le monde et peut saisir sa queue dans sa bouche, maintenant ainsi les océans en place.
Dans les légendes de Ragnar Lodbrok, le roi de Götaland Herraud donne comme cadeau à sa fille Þora un petit dragon (Lindworm) qui, en grandissant, encercla le pavillon de la fille en avalant sa queue. Le serpent est tué par Ragnar Lodbrok qui se mariera avec Þora. Ragnar aura plus tard un fils (d'une autre femme, Kraka), qui naît avec l'image d'un serpent blanc dans un œil, ce qui lui vaudra le nom de Siegfried Œil de Serpent ; ce serpent encercle son iris en avalant sa queue.
On peut rajouter au niveau de la signification symbolique qu'il représente le début et la fin de toutes choses. C'est donc un symbole d'espoir et de renouveau.
Dans le brahmanisme, on présente sous la forme d'un serpent titanesque à plusieurs têtes, une divinité appelée Shesha qui représente la succession des univers.
Une tradition de l'Océan indien, d'inspiration védique et européenne, décrit le père du dieu Kérdik comme un dieu-serpent nommé Paradis, et entourant le jardin des dieux pour le protéger des créatures indignes. Le mot Paradis vient du persan pairi daēza, qui signifie « enceinte royale ». Cette étymologie donnerait une explication au nom du père du dieu.
L'Ouroboros apparait également dans les mythologies aztèques et nord-américaines, en Australie dans le Tjukurpa sous le nom de Waagal, Wagyl ou Yurlungur même si ce dernier ne se mord pas constamment la queue.
Drapeau de la Régence italienne du Carnaro représentant un ouroboros.
Le serpent (ou le dragon parfois) qui se mord la queue, symbolise un cycle d'évolution refermé sur lui-même.
Ce symbole renferme en même temps les idées de mouvement, de continuité, d'autofécondation et, en conséquence, d'éternel retour. Cette connotation de circularité et d'indécidabilité fit du serpent Ouroboros le symbole des paradoxes qui, comme lui, se « mangent la queue », comme dans la formule « Cette phrase est fausse », variante du paradoxe d'Épiménide-le-Crétois (Je mens) : il y a du vrai dans le faux, et du faux dans le vrai, un enchevêtrement indémaillable des causes et des conséquences.
La forme circulaire de l'image a donné lieu à une autre interprétation : l'union du monde chthonien (du grec khthôn : « qui est né de la terre », qualificatif appliqué aux dieux infernaux), figuré par le serpent, et celui du monde céleste, figuré par le cercle. Cette interprétation serait confirmée par le fait que l'ouroboros, dans certaines représentations serait moitié noir, moitié blanc. Il signifierait ainsi l'union de deux principes opposés, soit le ciel et la terre, soit le bien et le mal, soit le jour et la nuit, soit le Yang et le Yin chinois, et toutes les valeurs dont ces opposés sont les porteurs.
Une autre opposition apparait dans une interprétation à deux niveaux : le serpent qui se mord la queue, en dessinant une forme circulaire, rompt avec une évolution linéaire, marque un changement tel qu'il semble émerger à un niveau d'être supérieur, le niveau de l'être céleste ou spiritualisé, symbolisé par le cercle ; il transcende ainsi le niveau de l'animalité, pour avancer dans le sens de la plus fondamentale pulsion de vie ; mais cette interprétation ascendante ne repose que sur la symbolique du cercle, figure d'une perfection céleste. Au contraire, le serpent qui se mord la queue, qui ne cesse de tourner sur lui-même, s'enferme dans son propre cycle, évoque la roue des existences, le Samsâra, comme condamné à ne jamais échapper à son cycle pour s'élever à un niveau supérieur : il symbolise alors le perpétuel retour, le cercle indéfini des renaissances, la continuelle répétition, qui trahit la prédominance d'une fondamentale pulsion de mort.
En héraldique, on retrouve cette figure qui se blasonne : serpent ou plus rarement dragon plié en rond.
En alchimie, l'ouroboros est un sceau purificateur. Il symbolise en effet l'éternelle unité de toutes choses, incarnant le cycle de la vie (naissance) et la mort. On doit à Zosime de Panopolis, le premier grand alchimiste gréco-égyptien (vers 300) la fameuse formule :
« Un [est] le Tout, par lui le Tout et vers lui [retourne] le Tout ; et si l'Un ne contient pas le Tout, le Tout n'est rien (Ἓν τὸ πᾶν καὶ δι' αὐτοῦ τὸ πᾶν καὶ εἰς αὐτὸ τὸ πᾶν καὶ εἰ μὴ ἒχοι τὸ πᾶν οὐδέν ἐστιν τὸ πᾶν). Un est le serpent l'ouroboros, le serpent qui mord sa queue], celui qui possède l’ios [la teinture en violet ?, dernière étape de la transmutation après le noircissement, le blanchiment] après les deux traitements [noircissement et blanchissement ?]. Cette formule est accompagnée du diagramme de l'ouroboros6. »
D'après Michèle Mertens7 : « Attesté aussi en Mésopotamie, l'ourobore se rencontre surtout en Égypte, et ce depuis une période très ancienne : il est déjà mentionné dans les Textes des Pyramides. Les premières représentations figurées remontent à la XVIIIe dynastie. Selon Leisagang, il symbolise « le cycle de tout devenir avec son double rythme : le développement de l'Un dans le Tout et le retour du Tout à l'Un ». Zosime est le premier alchimiste à faire usage de l'ourobore. La formule Ἓν τὸ πᾶν n'est pas de Zosime. Zosime lui-même l'impute au fondateur éponyme de l'alchimie, le mythique Chymès ».
Le chimiste August Kekulé a affirmé que c'est un anneau en forme d'ouroboros qui a inspiré sa découverte de la structure du benzène, modèle qui lui aurait été inspiré par la vision onirique d'un Ouroboros. D'où son exhortation célèbre à ses collègues : « pour comprendre, apprenons à rêver ! »
Source : Wikipedia
L’Ouroboros est aussi un symbole maçonnique anglais d’éternité, de renouveau, d’amour et de science, qui orne souvent les façades, les autels et même les planchers et les plafonds.
Pour les gnostiques, le « monde serpent » symbolisait l’humanité prise au piège dans la Terre, bloquée dans un système empêchant la connexion divine. Le serpent était un symbole important pour les gnostiques, particulièrement pour la secte des Naaséens, dont le nom vient de naass, serpent. Certains rites gnostiques incluaient les serpents comme élément de la cérémonie.
Source : Les symboles mystiques : guide pratique des signes et symboles magiques et sacrés, Brenda Mallon
Voici ce que dit l’Encyclopédie des symboles à propos de l’Ouroboros :
L’ouroboros est le serpent qui se mord ou qui « avale sa queue ». Cette image représente, sous une forme animale, le cercle incarnant « l’éternel retour » et indique qu’un nouveau début coïncide avec une fin dans une perpétuelle répétition, ou que le terme d’une voie et son début sont une seule et même chose d’un point de vue supérieur. Le sens intrinsèque de l’image du serpent et l’idée qui lui est attachée, qui veut que, à travers sa mue, il se « rajeunisse perpétuellement », sont ici confondus jusqu’à ne plus pouvoir être distingués. Le plus important est pourtant cette forme circulaire qui emporte avec elle les notions de perfection et d’éternité. Equivalent psychologique de l’inceste, mais d’un inceste symbolisé, l’ouroboros signale l’existence d’un indifférencié d’où toutes choses sont sorties et à laquelle elles retournent. La signification, ici, en est pourtant double : soit il s’agit d’un phénomène de simple répétition, et tout finit par retourner au chaos fondateur ; soit il s’agit au contraire d’un renouvellement perpétuel qui repasse sans cesse par la même phase de « mort et résurrection », et on est supposé alors atteindre à cet indifférencié divin qui se tient au-delà de tous les couples d’opposés, et dont on ne peut rien dire puisqu’il échappe à toutes les catégories de notre logique. L’indifférencié, qui transcende les catégories et les possibilités du langage, est, aussi bien le Brahman des Védas, la Déité de Maître Eckart, que le nirvana du bouddhisme, sans que l’on puisse confondre ces termes les uns avec les autres, leur signification et leur visée théologique étant à l’évidence singulières à chacune des religions concernées. – En alchimie, l’ouroboros symbolise un processus qui se referme sur lui-même et qui doit contribuer, au cours du chauffage, de l’évaporation, du refroidissement et de la condensation d’un liquide, à l’affinage des substances. Le serpent enroulé en cercle est alors souvent remplacé par deux créatures dont la gueule de l’une avale la queue de l’autre ; celle qui se trouve placée en haut symbolise la volatilisation, et c’est pourquoi on la représente sous la forme d’un dragon ailé. A la confluence de l’alchimie et des spéculations philosophiques de type néo-platonicien et hermétiste (inspirés par la tradition d’Hermès Trismégiste), l’Ouroboros désigne à la fois le principe et la finalité de l’Œuvre, qui est la découverte de l’Un et, à la fois au-delà et en-deçà de cet Un, d’un « Un-qui-n’est-pas », d’un « Néant suressentiel » dont surgit cet Un, au sujet duquel nous ne pouvons rien dire et pour lequel le symbole seul est parlant. C’est dans ce sens qu’il apparaît par exemple dans le traité alexandrin d’alchimie appelé le canon de Cléopâtre – longtemps attribué à tort à cette reine, mais qui se réclamait sans doute de ce nom pour mettre en scène l’idée de royauté spirituelle (voir Souveraineté).
Enfin, en psychanalyse, l'ouroboros est associé à l'archétype jungien de l'indifférenciation:
Dans la psychologie analytique de Jung, l’ouroboros a été mis en relation avec l’archétype de l’indifférenciation et de l’indistinction qui précède le développement de la personnalité et dans lequel on aperçoit la coexistence des oppositions (ambivalence). Il apparaît comme « le rouleau contenant » et il serait donc un symbole du féminin. Toutefois, en tant que serpent l’ouroboros représente aussi le principe masculin. La coexistence du masculin et du féminin en font un contenant d’opposés. Cet aspect renvoie aussi à « la condition enfantine de l’humanité et de l’enfant ». L’ouroboros présente en outre « en soi un élément autarcique », d’où son « autosuffisance », son indépendance par rapport à tout « tu » et à tout « autre ».
Comme l’écrit Erich Neumann : « Il tue soi-même, il épouse et féconde soi-même. Il est homme et femme, il engendre et conçoit, dévore et accouche, il est actif et passif, il est au-dessus et au-dessous en même temps » (Neumann, 1949).
source : L'Homme qui se mange les pieds : du cauchemar adolescent d'une anorexique, Salvatore Zipparri, Foi de cannibale ! : la dévoration, entre religion et psychanalyse Hubert Auque, Dominique Bourdin, Pierre-Yves Brandt...
Source : Wikipedia
Le Serpent : Symboles, mythes et caractères, Jean Sadaka
Bonne journée.
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