Question d'origine :
Bonsoir
J'ai lu que la dictature mondiale du dollar va bientôt être terrassée. Un système informatique et bancaire antagoniste et indépendant s'est mis en place et va fonctionner dès 2015, il s'agit des BRICS ( Brésil - Russie - Inde - Chine - Afrique du Sud ). Il y a, parait-il, déjà des cartes CUP ( China Union Pay ) qui fonctionnent dans 160 pays et qui sont fournies dans 30 pays. Toutes les monnaies soutenues par le dollar ( qui est à bout de souffle ) vont s'effondrer comme un château de carte, sans prévenir. Seuls le Yuan chinois et le rouble resteront en dehors du problème.
Merci pour les informations
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 21/11/2014 à 14h01
Bonjour,
Un livre récent, que nous ne pouvons consulter pour le moment, Guerre et paix entre les monnaies, prend à bras le corps votre interrogation.
Le dollar en effet, en plus d’être la monnaie des Etats-Unis, est une monnaie internationale, c’est-à-dire qu’elle « est utilisée dans les échanges internationaux de biens, de services et d’actifs financiers ». Elle s’est substituée à la Livre sterling, monnaie internationale du XIXe siècle à la moitié du XXe siècle.
« les prix des matières premières sont généralement libellés en dollars sur les marchés mondiaux. Les banques centrales et les gouvernements conservent l’essentiel de leurs réserves de change sous forme de dollars. Les dollars sont également acceptés comme moyens de paiement dans plusieurs pays, aussi facilement, sinon plus, que la monnaie locale. »
Pour être une monnaie internationale, la taille de l’économie est prépondérante, à la fois l’importance du pays dans le commerce international et la taille des marchés financiers :
« A titre d’exemple, les exportations représentent une part nettement plus importante de l’économie coréenne que de l’économie américaine, mais, comme l’économie américaine est environ 14 fois plus importante que l’économie coréenne, les exportations américaines représentent une part beaucoup plus importantes des exportations mondiales. »
Non seulement les Etats-Unis sont un gros acheteur, mais ils produisent aussi 22% des biens mondiaux. « L’établissement de l’UEM [Union Economique et Monétaire] en Europe en liaison avec l’introduction de l’euro a créé la seconde économie mondiale avec plus de deux fois la taille de l’économie japonaise. »
Les Etats-Unis « pèsent » (chiffres 2004) :
22% du PIB mondial
15% des exportations mondiales
et ses marchés financiers 41.000 milliards de dollar
La zone euro :
16% du PIB mondial
19% des exportations mondiales
et ses marchés financiers 24.000 milliards de dollar
Le Japon :
8% du PIB mondial
9% des exportations mondiales
et ses marchés financiers 21.000 milliards de dollar
Depuis la fin du système de Bretton Woods en 1973, selon lequel la plupart des monnaies nationales étaient « arrimées » au dollar (y compris le rouble, à l’exception du dollar canadien), de nombreux pays ont choisi de laisser flotter leur monnaie, d’autre d’en fixer la valeur par rapport à une autre, souvent le dollar.
Un article de juillet 2014, affirme « 70 ans après Bretton Woods : le dollar toujours roi », tout en rendant compte des systèmes émergents :
"Si le dollar reste la devise reine, c’est parce qu’il n’existe pas d’alternative — du moins, pas encore. Lorsqu’il est devenu le pilier du système monétaire, il y a soixante-dix ans, les diverses banques centrales ont constitué leurs réserves dans la monnaie américaine.Aujourd’hui, il pèse toujours 62 % des réserves mondiales de change et surtout, 87 % des échanges internationaux. Toutes les grandes banques et les multinationales empruntent en dollars ; l’essentiel des transactions financières se fait en dollars ; 90 % des matières premières sont libellées dans la monnaie de l’oncle Sam …"
"Les États-Unis sont encore la première puissance économique mondiale. Le poids du dollar en est la conséquence", explique Kim Schoenholtz, économiste à l’université de New York. D’autant que les obligations du Trésor américain, considérées comme une valeur refuge, restent l’un des placements les plus prisés."
Dès les années 1980, le centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales réfléchit à L’Après-dollar, sensiblement dans le mêmes termes que l’article de 2014, vers un système multi-devises, où plusieurs zones monétaires fortes s'équilibreraient :
«les économistes jugent peu probable que le dollar soit supplanté par une seule monnaie. Il devrait plutôt voir émerger plusieurs zones monétaires rivales : l’une autour du yuan, l’autre autour de l’euro . » (Article cité).
Mais les deux institutions internationales créées en même temps que le système de Bretton Woods, le FMI et la Banque mondiale, n’ont, eux, pas évolué. Le poids des votes au FMI ne correspond pas au poids économique actuels des pays :
Cliquer sur l'image pour l'agrandir
Comme la réforme du FMI est conditionnée par le vote du Congrès américain, bloqué depuis des mois, cinq grands pays émergents, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, ont signé, en juillet 2014 lors de leur 6e Sommet, un accord actant la création d’une banque de développement et d’une réserve de change commune.Les "BRICS" représentent plus de 40 % de la population mondiale et près de 30 % du PIB mondial en parité de pouvoir d’achat en 2014 .
« La banque de développement, qui sera basée à Shanghai, aura pour objectif de financer de grands projets d’infrastructures dans les pays concernés et, à terme, dans d’autres pays émergents. Sa présidence sera tournante et sa capitalisation initiale sera de 50 Mds $ sous forme de fonds propres et de garanties. A terme, la banque de développement devrait être dotée de 100 Mds $.
De plus, les BRICS ont également signé un « accord-cadre » instaurant une réserve de change commune. Le fonds sera doté de 100 Mds $, dont 41 Mds $ versés par la Chine, 18 Mds $ par l’Inde, le Russie et le Brésil et 5 Mds $ par l’Afrique du Sud. Il serait opérationnel dès 2015. L’objectif de ce fonds est de permettre à ses membres de se protéger en cas de fortes dépréciations sur leurs devises comme celles déclenchées en mai 2013 après l’annonce du tapering par la Fed. »
(Regard sur les marchés, n° 28, 14-18/07/2014)
Cette création pourrait ouvrir la voie à une zone du Yen, dans la mesure où la Chine est le principal contributeur financier, mais il faudrait encore que les quatre autres fondateurs acceptent un jour cette hégémonie... Le yen devrait aussi devenir convertible ; il ne l’est pour l’instant qu’expérimentalement autour de Shangaï (« Les BRICS rattraperont les Etats-Unis en 2015 », Le Figaro, septembre 2013).
En complément :
La montée en puissance du groupe des BRICS, dossier de la Documentation française, août 2012.
Bonne journée.
Un livre récent, que nous ne pouvons consulter pour le moment, Guerre et paix entre les monnaies, prend à bras le corps votre interrogation.
Le dollar en effet, en plus d’être la monnaie des Etats-Unis, est une monnaie internationale, c’est-à-dire qu’elle « est utilisée dans les échanges internationaux de biens, de services et d’actifs financiers ». Elle s’est substituée à la Livre sterling, monnaie internationale du XIXe siècle à la moitié du XXe siècle.
« les prix des matières premières sont généralement libellés en dollars sur les marchés mondiaux. Les banques centrales et les gouvernements conservent l’essentiel de leurs réserves de change sous forme de dollars. Les dollars sont également acceptés comme moyens de paiement dans plusieurs pays, aussi facilement, sinon plus, que la monnaie locale. »
« A titre d’exemple, les exportations représentent une part nettement plus importante de l’économie coréenne que de l’économie américaine, mais, comme l’économie américaine est environ 14 fois plus importante que l’économie coréenne, les exportations américaines représentent une part beaucoup plus importantes des exportations mondiales. »
Non seulement les Etats-Unis sont un gros acheteur, mais ils produisent aussi 22% des biens mondiaux. « L’établissement de l’UEM [Union Economique et Monétaire] en Europe en liaison avec l’introduction de l’euro a créé la seconde économie mondiale avec plus de deux fois la taille de l’économie japonaise. »
22% du PIB mondial
15% des exportations mondiales
et ses marchés financiers 41.000 milliards de dollar
16% du PIB mondial
19% des exportations mondiales
et ses marchés financiers 24.000 milliards de dollar
8% du PIB mondial
9% des exportations mondiales
et ses marchés financiers 21.000 milliards de dollar
Depuis la fin du système de Bretton Woods en 1973, selon lequel la plupart des monnaies nationales étaient « arrimées » au dollar (y compris le rouble, à l’exception du dollar canadien), de nombreux pays ont choisi de laisser flotter leur monnaie, d’autre d’en fixer la valeur par rapport à une autre, souvent le dollar.
Un article de juillet 2014, affirme « 70 ans après Bretton Woods : le dollar toujours roi », tout en rendant compte des systèmes émergents :
"Si le dollar reste la devise reine, c’est parce qu’il n’existe pas d’alternative — du moins, pas encore. Lorsqu’il est devenu le pilier du système monétaire, il y a soixante-dix ans, les diverses banques centrales ont constitué leurs réserves dans la monnaie américaine.
"Les États-Unis sont encore la première puissance économique mondiale. Le poids du dollar en est la conséquence", explique Kim Schoenholtz, économiste à l’université de New York. D’autant que les obligations du Trésor américain, considérées comme une valeur refuge, restent l’un des placements les plus prisés."
Dès les années 1980, le centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales réfléchit à L’Après-dollar, sensiblement dans le mêmes termes que l’article de 2014, vers un système multi-devises, où plusieurs zones monétaires fortes s'équilibreraient :
«
Mais les deux institutions internationales créées en même temps que le système de Bretton Woods, le FMI et la Banque mondiale, n’ont, eux, pas évolué. Le poids des votes au FMI ne correspond pas au poids économique actuels des pays :
Cliquer sur l'image pour l'agrandir
Comme la réforme du FMI est conditionnée par le vote du Congrès américain, bloqué depuis des mois, cinq grands pays émergents, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, ont signé, en juillet 2014 lors de leur 6e Sommet, un accord actant la création d’une banque de développement et d’une réserve de change commune.
« La banque de développement, qui sera basée à Shanghai, aura pour objectif de financer de grands projets d’infrastructures dans les pays concernés et, à terme, dans d’autres pays émergents. Sa présidence sera tournante et sa capitalisation initiale sera de 50 Mds $ sous forme de fonds propres et de garanties. A terme, la banque de développement devrait être dotée de 100 Mds $.
De plus, les BRICS ont également signé un « accord-cadre » instaurant une réserve de change commune. Le fonds sera doté de 100 Mds $, dont 41 Mds $ versés par la Chine, 18 Mds $ par l’Inde, le Russie et le Brésil et 5 Mds $ par l’Afrique du Sud. Il serait opérationnel dès 2015. L’objectif de ce fonds est de permettre à ses membres de se protéger en cas de fortes dépréciations sur leurs devises comme celles déclenchées en mai 2013 après l’annonce du tapering par la Fed. »
(Regard sur les marchés, n° 28, 14-18/07/2014)
Cette création pourrait ouvrir la voie à une zone du Yen, dans la mesure où la Chine est le principal contributeur financier, mais il faudrait encore que les quatre autres fondateurs acceptent un jour cette hégémonie... Le yen devrait aussi devenir convertible ; il ne l’est pour l’instant qu’expérimentalement autour de Shangaï (« Les BRICS rattraperont les Etats-Unis en 2015 », Le Figaro, septembre 2013).
La montée en puissance du groupe des BRICS, dossier de la Documentation française, août 2012.
Bonne journée.
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