Question d'origine :
Bonjour,
le 18 septembre s'est tenu un référendum pour l'indépendance de l'Ecosse. Pourquoi les écossais ont-ils voulu redevenir indépendants ?
Cordialement,
Mikooto
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 01/12/2014 à 10h30
Bonjour,
Les Pictes de Caledonia ont résisté aux Romains, le Royaume d’Ecosse pendant plusieurs siècles aux Normands, jusqu’à la reconnaissance au XIVe siècle de sa souveraineté. On considère que c’est le premier « nationalisme » européen, un siècle avant Jeanne d’Arc.
«L'Écosse a longtemps conservé, en tout ou partie, une indépendance politique remarquable , confirmée avec éclat au début du XIVe siècle contre l'Angleterre, adversaire déjà héréditaire ; en 1603, selon les concepts du temps, l'acquisition par héritage de la Couronne anglaise par Jacques VI Stuart, qui devient Jacques Ier d'Angleterre, peut même être considérée comme une annexion de l'Angleterre au domaine écossais ! Depuis 1707 et l'Acte d'union, l'Écosse est pourtant devenue, en dépit de quelques vains soubresauts, une « nation sans État », qui a difficilement préservé quelques traits d'une identité originale , moins la langue gaélique que la religion [presbytérienne], moins un mode de vie que des lois et usages, des institutions, une fiscalité propres. Fait significatif : le réveil nationaliste est autant lié dans l'entre-deux-guerres au profond déclin de l'économie régionale qu'à la prise de conscience de différences culturelles majeures, et la déception économique a ainsi conduit d'aucuns à faire appel d'une intégration à la Grande-Bretagne que la révolution industrielle et la prospérité du XIXe siècle avaient au contraire semblé consolider. Sans jamais en arriver aux convulsions irlandaises, l'Écosse est entrée dans les temps des remuements et de la contestation, d'autant plus dans les années 1970 que les espérances suscitées par le pétrole ont démesurément enflé les perspectives d'un âge d'or qui naîtrait d'une indépendance retrouvée. »
Encyclopaedia Universalis (Nous soulignons).
Pour ce qui concerne l’histoire contemporaine, par un premier referendum le 11 septembre 1997, 74, 3% des votants se sont prononcés pour « la création d’un parlement écossais » , c’est-à-dire pour un certain degré d’autonomie (avec un nombre de « devolutions », compétences déléguées par le Scotland Act 1998 du Parlement anglais). Quinze après, s’est posé la question de savoir si l’autonomie ne se transformerait pas en indépendance. Depuis l’élection du Parlement écossais le 6 mai 1999, le premier depuis l’Union en 1707, où les travaillistes (parti majoritaire au Parlement britannique) étaient majoritaires, les élections de 2003, puis de 2007 et 2011, ont vu la progression du parti nationaliste, avec un First Minister issu du Scottish National Party, depuis 7 ans.
Le projet de referendum sur l’indépendance, différé depuis 2010, ne pouvait plus être évité . Les conceptions politiques et économiques du SNP (créé en 1934) différent de la gestion anglaise. Du point de vue institutionnel, le Parlement unique (il n’y a jamais eu de Chambre des Lords en Ecosse), élu pour 4 ans avec une bonne dose de proportionnelle, se veut un Parlement du Peuple :
« Dès son ouverture en 1999, le nouveau Parlement écossais s’est voulu « le Parlement du Peuple ».Il s’agissait, dans l’esprit des nationalistes mais aussi des travaillistes alors majoritaires, d’affirmer la souveraineté populaire, par opposition, au moins implicite, avec la souveraineté parlementaire, axiome constitutionnel de l’Angleterre. »
Un système original permet aux citoyens de donner leur avis, par consultations, pétitions publiques…, dans une orientation « résolument sociale [suppression des droits universitaires, gratuité des soins et des transports pour les personnes âgées…], au risque même du décalage par rapport à Londres, bien que leur marge de manœuvre soit réduite par la limitation de leurs pouvoirs fiscaux en vertu de la loi de dévolution. »
Du point de vue économique, le SNP considère que la part budgétaire affectée par le Royaume-Uni à l’Ecosse est insuffisante , notamment la part de l’exploitation du gaz et du pétrole en Mer du Nord, largement dans les eaux territoriales écossaises. L’économie écossaise, très exportatrice, a subi de plein fouet la crise des subprimes en 2007. Ses points forts restent la Silicon Glen, production électronique, l’agro-alimentaire, la pêche, l’aquaculture, la sylviculture (1/3 des forêts britannique est écossais). ¾ des échanges commerciaux ont lieu avec le Royaume-Unis.
Un vrai point de discorde est l’énergie. La production de pétrole a baissé de 50% en 10 ans mais le gaz reste une ressource en expansion. Le SNP est favorable aux énergies renouvelables : éoliennes terrestres et offshore, énergies hydrauliques et marémotrices. Il est tout à fait opposé au maintien, voire à l’accroissement de l’énergie nucléaire que souhaite le gouvernement britannique (2 centrales actuellement qui produisent 50% de la consommation écossaise).
Pour le referendum du 18 septembre 2014 , une question unique a été choisie qui permettait aux écossais de se prononcer sur le principe de l’indépendance : « Should Scotland become an independent conutry ? » (L’Ecosse doit-elle devenir un pays indépendant), remettant à plus tard les modalités politiques, les relations avec le RU, etc. Les écossais ont répondu non à 55,3% , avec une faible abstention (15, 4%). La bonne campagne indépendantiste, augmentant de 10 points les intentions de vote positif en quelques mois, a toutefois amené des promesses anglaises dans la balance du « non », par une augmentation des dévolutions (« devo-max »). Les débats, très politiques entre libéraux et socio-démocrates, ont eu des conséquences importantes dans tout le RU, avec l’idée de réinventer à nouveaux frais une sorte de fédéralisme des pays du Royaume-Unis.
De plus, « Loin de régler la question de l’Écosse, de stabiliser ses institutions et de répondre à ses aspirations autonomistes, le référendum du 18 septembre 2014 laisse de nombreuses questions en suspens. Il ouvre la voie à une évolution profonde des relations entre les différentes composantes nationales et des équilibres institutionnels du Royaume-Uni, sans garantir l’unité britannique à long terme. Il inspire également de nombreux mouvements nationalistes-régionaux à travers l’Europe, susceptibles de remettre en question l’unité de nombreux pays. Les résultats de ce référendum posent finalement plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. » (Diploweb).
Source :
Histoire de l’Ecosse : des origines à 2013. (Notamment le chapitre « Perspectives sur l’Ecosse du XXIe siècle (1999-2013).
Les Pictes de Caledonia ont résisté aux Romains, le Royaume d’Ecosse pendant plusieurs siècles aux Normands, jusqu’à la reconnaissance au XIVe siècle de sa souveraineté. On considère que c’est le premier « nationalisme » européen, un siècle avant Jeanne d’Arc.
«
Encyclopaedia Universalis (Nous soulignons).
« Dès son ouverture en 1999, le nouveau Parlement écossais s’est voulu « le Parlement du Peuple ».
Un système original permet aux citoyens de donner leur avis, par consultations, pétitions publiques…, dans une orientation « résolument sociale [suppression des droits universitaires, gratuité des soins et des transports pour les personnes âgées…], au risque même du décalage par rapport à Londres, bien que leur marge de manœuvre soit réduite par la limitation de leurs pouvoirs fiscaux en vertu de la loi de dévolution. »
Un vrai point de discorde est l’énergie. La production de pétrole a baissé de 50% en 10 ans mais le gaz reste une ressource en expansion. Le SNP est favorable aux énergies renouvelables : éoliennes terrestres et offshore, énergies hydrauliques et marémotrices. Il est tout à fait opposé au maintien, voire à l’accroissement de l’énergie nucléaire que souhaite le gouvernement britannique (2 centrales actuellement qui produisent 50% de la consommation écossaise).
De plus, « Loin de régler la question de l’Écosse, de stabiliser ses institutions et de répondre à ses aspirations autonomistes, le référendum du 18 septembre 2014 laisse de nombreuses questions en suspens. Il ouvre la voie à une évolution profonde des relations entre les différentes composantes nationales et des équilibres institutionnels du Royaume-Uni, sans garantir l’unité britannique à long terme. Il inspire également de nombreux mouvements nationalistes-régionaux à travers l’Europe, susceptibles de remettre en question l’unité de nombreux pays. Les résultats de ce référendum posent finalement plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. » (Diploweb).
Histoire de l’Ecosse : des origines à 2013. (Notamment le chapitre « Perspectives sur l’Ecosse du XXIe siècle (1999-2013).
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter