Question d'origine :
Bonjour,
Pourquoi écrit-on "emprunter un escalier" et non "empreinter un escalier"?
Connaissez vous l'origine de cette expression?
Merci
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 01/12/2014 à 15h42
Bonjour,
Révérence gardée envers Bernard Cerquiligny (et Alain Rey avant lui), nous aimons beaucoup jouer à « Merci Professeur » nous aussi
Tout d’abord empreinter* n’existe pas. Si nous voulions « appuyer fortement » sur une marche de l’escalier, nous ne pourrions que l’empreindre . Elle se trouverait ainsi empreinte d’une marque de pas.
Emprunter vient lui du latin juridique signifiant « avance d’argent ». Le verbe a reçu en Ancien français des valeurs extensives, figurées, comme celle de « utiliser, recourir à » qui s’applique aussi bien à un escalier qu’à un chemin, puisque aussi bien vous ne vous l’appropriez pas définitivement et le restituez après votre passage, non peut-être sans y avoir laissé votre empreinte...
Il s’agit, comme le définit relativement récemment le Trésor de la langue française du cas de « voies de communication » et « moyens de transports » dans la catégorie « Avoir recours à, utiliser occasionnellement » :
« P. ext., style recherché.
♦ [Le compl. d'obj. désigne une voie de communication] Emprunter une rue. L'itinéraire de Marco Polo, empruntant les vallées et les cols (Giraudoux, Simon,1926, p. 105).Louis VII, renonçant à poursuivre sa route par terre jusqu'en Syrie, décida d'emprunter la voie de mer (Grousset, Croisades,1939, p. 169).
♦ [Le compl. d'obj. désigne un moyen de transport] J'ai décidé d'emprunter le train de 11 h 09 (Bernanos, Joie,1929, p. 708)."
Comme l’expression est peu exemplifiée dans les dictionnaires, nous ajoutons quelques citations d’auteurs empruntées à la Base Frantext, pour jouer les lexicographes jusqu’au bout :
« Je n'osais emprunter l'escalier par crainte de rencontrer madame Éléonore muée en bête-cimetière. »
Patrick Chamoiseau, Texaco.
« un de mes rêves récurrents, qui me poursuivra plusieurs décennies, est lié à ce raide escalier, si étroit que dans mon rêve jamais mon père ne peut l'emprunter. »
François Bon, Mécanique.
« Au début, les deux étages de combles n'étaient occupés que par les domestiques. Ils n'avaient pas le droit d'emprunter le grand escalier ; ils devaient entrer et sortir par la porte de service à l'extrémité gauche de l'immeuble et prendre l'escalier de service (…) »
Georges Perec, La Vie mode d’emploi.
Bonne journée.
Merci professeur, "Emprunte et empreinte"
Révérence gardée envers Bernard Cerquiligny (et Alain Rey avant lui), nous aimons beaucoup jouer à « Merci Professeur » nous aussi
Tout d’abord empreinter* n’existe pas. Si nous voulions « appuyer fortement » sur une marche de l’escalier, nous ne pourrions que l’
Il s’agit, comme le définit relativement récemment le Trésor de la langue française du cas de « voies de communication » et « moyens de transports » dans la catégorie « Avoir recours à, utiliser occasionnellement » :
« P. ext., style recherché.
♦ [Le compl. d'obj. désigne une voie de communication] Emprunter une rue. L'itinéraire de Marco Polo, empruntant les vallées et les cols (Giraudoux, Simon,1926, p. 105).Louis VII, renonçant à poursuivre sa route par terre jusqu'en Syrie, décida d'emprunter la voie de mer (Grousset, Croisades,1939, p. 169).
♦ [Le compl. d'obj. désigne un moyen de transport] J'ai décidé d'emprunter le train de 11 h 09 (Bernanos, Joie,1929, p. 708)."
Comme l’expression est peu exemplifiée dans les dictionnaires, nous ajoutons quelques citations d’auteurs empruntées à la Base Frantext, pour jouer les lexicographes jusqu’au bout :
« Je n'osais emprunter l'escalier par crainte de rencontrer madame Éléonore muée en bête-cimetière. »
Patrick Chamoiseau, Texaco.
« un de mes rêves récurrents, qui me poursuivra plusieurs décennies, est lié à ce raide escalier, si étroit que dans mon rêve jamais mon père ne peut l'emprunter. »
François Bon, Mécanique.
« Au début, les deux étages de combles n'étaient occupés que par les domestiques. Ils n'avaient pas le droit d'emprunter le grand escalier ; ils devaient entrer et sortir par la porte de service à l'extrémité gauche de l'immeuble et prendre l'escalier de service (…) »
Georges Perec, La Vie mode d’emploi.
Bonne journée.
Merci professeur, "Emprunte et empreinte"
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