Densité pentes de la Croix-Rousse.
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 06/01/2015 à 19h24
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Question d'origine :
Bonjour,
J'ai entendu dire que les Pentes de la Croix-Rousse, l'un des quartiers les plus emblématiques de Lyon, aurait été un des quartiers les plus denses du monde à sa création. Est-ce vrai ? Qu'en est-il aujourd'hui ? Quelle densité ?
Merci
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 09/01/2015 à 10h06
Bonjour,
Notre réponse portera sur les pentes de la Croix-Rousse à l’exclusion du faubourg (ce qui forme aujourd’hui le plateau), mais qui ne faisait à l’époque pas encore partie de la ville de Lyon.
Après la révolution de 1789 et la vente des biens ecclésiastiques, les Pentes deviendront le territoire de l’industrialisation avec l'intense développement de l'industrie textile et notamment des métiers de la soie.
Lorsque vous parlez de la « création » de ce quartier (les Pentes), il faut donc se replacer à l’époque de la révolution industrielle, lorsque le métier à bras Jacquard se développe et Lyon concentre des travailleurs pour produire de la soie en quantité.
Nous vous conseillons la lecture du chapitre « Le fièvre de construction de la première moitié du XIXème siècle », dans l’ouvrage La colline de la Croix Rousse de Josette Barre. On trouve notamment :
« Tandis que l’ouest de la colline conserve presque partout son habitat dispersé, son paysage verdoyant et ses types d’occupation de l’époque moderne, l’est se transforme et devient un gigantesque chantier durant la première moitié du XIXè siècle. Comme le constate en 1826 la municipalité faubourienne, « là sur un sol où venaient d’être cultivées des arbres, des fleurs, plusieurs quartiers distribués par des rues nouvelles sont formés ». Cette fièvre de lotissement n’affecte pas d’abord les Pentes puis le Plateau, mais les deux simultanément. En un demi-siècle (1796-1844), une vingtaine de propriétés, occupant au total une cinquantaine d’hectares, sont ainsi morcelées. La plus petite a 0,3 hectare et la plus grande 7,2 hectares. A l’exception d’une propriété possédée par la Ville de Lyon, toutes les autres appartiennent à des particuliers. Il s’agit de propriétés bourgeoises sur le plateau et généralement d’anciens biens notariaux sur le Pentes. »
Pour étudier la densité de population, il faut un nombre d’habitants par rapport à une surface. Les recensements de population permettent de connaître le nombre d’habitants. Cependant, les Pentes ne forment pas un arrondissement. Elles font partie du 1er arrondissement, qui comprend une assez grande zone des Terreaux, qui est bien plus lâche s’agissant de la densité de population.
Pour trouver des chiffres justes, nous avons donc consulté Déclin d'un quartier populaire : les pentes de la Croix-Rousse et Lyon : 1870-1940, de Valentine Favel-Kapolan. On trouve « Industrie complexe, aux étapes nombreuses, la Fabrique de soierie connaît une histoire mouvementée au 19e siècle. Entre un formidable élan qui pousse les promoteurs à lotir de nouveaux quartiers, dont les pentes de la croix-Rousse, et un déclin irrémédiable accéléré par la crise des années 50, durant plus d’un demi-siècle cette industrie fait vivre et vit des hommes et des femmes qui travaillent le fil de soie ». L’auteur a délimité sa zone d’étude : sur les 60 hectares des pentes, une trentaine de rues a été retenue « entre la côte Saint-Sébastien, à l’est, la montée de la Grand-Côté, à l’ouest, la rue des Capucins, au sud et enfin, le boulevard de la Croix-Rousse au nord ». Ce périmètre est qualifié de noyau des Pentes, le plus dense et urbanisé.
L’auteur s’est surtout intéressé à la constitution des foyers, non à la densité.
Un schéma (page 16) nous a permis de calculer la surface de la zone d’étude, à l’aide de l’outil du cadastre vectoriel (outils avancés, mesurer une surface). Cette zone fait environ 20,55 hectares, soit 0,205 kilomètres carrés.
A la page 39, on trouve un tableau avec le nombre d’habitants, et son évolution dans le temps
En prenant le chiffre de l’année 1886 (début du déclin de l’activité de tissage à la Croix-Rousse), il y a 16 985 habitants (pour information, il y avait 65 573 habitants dans le 1er arrondissement en 1886).
16 985 / 0,205 = 82 853 habitants au kilomètre carré. Ce chiffre est en effet conséquent.
Ainsi, la plus forte densité d’habitants ne se situe certainement pas à la construction du quartier des Pentes de la Croix-Rousse. Il s’agit plutôt du moment pic de l’activité de tissage, juste avant le déclin de l’industrialisation dans la ville. L’auteur de l’étude qualifie d’ailleurs cette époque (1870-1940), de « passage ».
Il est à souligner que les « Pentes de la Croix-Rousse » font partie d’une ZUS (Zone Urbaine Sensible). Cette zone est plus importante que le cœur de l’étude qui nous a intéressés précédemment, car elle fait 48 hectares (0,48 kilomètre carré). La population totale de cette ZUS compte 15 455 habitants ; soit en densité : 15455 / 0,48 = 32 198 habitants par kilomètre carré en 2006.
Une étude faite par l’agence d’urbanisme sur le territoire de Lyon s’est intéressée au processus de densification Aujourd’hui, la densité de l’habitat est donc bien loin de celle de l’époque où le maximum de canuts était concentré à Lyon. Les conditions de vie des canuts ne sont pas les nôtres, différentes générations vivaient sous le même toit.
Nous vous laissons le soin de comparer tous ces chiffres à ceux de villes de tissage du Nord de la France, ou bien les premières villes de l’industrialisation au monde : Glasgow, Londres. Aujourd’hui, certaines villes du Japon sont certainement les plus denses.
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