Question d'origine :
Ou est ce que c'est juste une impression que beaucoup de gens ont ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 19/01/2015 à 15h15
Bonjour,
Le monde irait de plus en plus mal ?
Le pessimisme est de plus en plus prégnant dans nos sociétés, les médias, l’actualité, les évènements politiques, sociaux, climatiques… alimentent cette peur dans l’avenir. Or les conditions de vie ont évolué de manière positive depuis plusieurs décennies partout dans le monde.
C’est ce qui est expliqué dans l’Edito du site RTFLASH, ce site scientifique s’interroge sur le monde et la rumeur de son déclin :
« Le monde va-t-il si mal ?
Lorsque l’on évoque l’avenir de la planète, il est frappant de constater à quel point le pessimisme, voir le catastrophisme, semblent s’être imposés dans les discours et les esprits, au point parfois de devenir un nouveau dogme, tenu comme incontestable. Nous n’avons jamais nié dans notre lettre la réalité et la gravité des grands défis auxquels notre planète va devoir faire face, à commencer par celui du changement climatique et de la transition énergétique, questions essentielles auxquelles j’ai consacré de très nombreux articles et plusieurs éditoriaux.
Pourtant, sans minimiser le moins du monde l’ampleur des problèmes que va devoir affronter l’humanité au cours de ce siècle, il est toujours utile de se replacer dans une perspective historique pour mieux considérer l’état de notre monde.
Si l’on examine par exemple l’évolution de la richesse mondiale créée chaque année - le produit mondial brut - on constate que celle-ci est a été multipliée par plus de 50 depuis 1960, passant de 1 300 milliards de dollars par an, en 1960, à 72 000 milliards de dollars aujourd’hui. Cette progression du produit mondial brut s’est d’ailleurs accélérée récemment, avec un doublement au cours de la dernière décennie !
Cette tendance devrait se poursuivre selon deux rapports publiés respectivement par HSBC et la société de conseil et d'audit PricewaterhouseCooper (PwC). La première étude prévoit que la richesse mondiale produite annuellement sera multipliée par trois d’ici 2050, passant à 225 000 milliards de dollars. Le rapport de la banque britannique HSBC prévoit qu’en 2050, 19 des 30 plus grandes économies mondiales seront émergentes.
[…]
Il faut également rappeler que, depuis 25 ans, la part mondiale des personnes très pauvres , vivant avec moins de 1,25 dollar par jour, a été divisé par plus de deux, passant de 43% à 20 %, alors que dans la même période, la population mondiale a augmenté de 1,8 milliards d’habitants… Selon un autre rapport conjoint de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), la proportion de la population mondiale ayant accès à un «assainissement amélioré» est passée de 49% en 1990 à 64% en 2012.
En outre, en 2012, 89% de la population dans le monde (soit 13% de plus qu'en 1990) avaient accès à des «sources d'eau améliorées», soit des points d'eau qui, par leur construction ou une intervention active, sont protégées contre la contamination extérieure, en particulier les matières fécales.
La lutte contre la faim a également marqué des progrès spectaculaires depuis 20 ans. En effet, entre 1990 et 2013, le nombre de personnes sous-alimentées est passé de 24% à 14% de la population mondiale, selon le rapport de la FAO sur l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde (SOFI 2013).
[…]
Une autre évolution, fortement liée à cette diminution importante de la malnutrition au niveau mondial, mérite d’être rappelée : elle concerne l’augmentation sans précédent de l’espérance de vie moyenne à la naissance. L'espérance de vie moyenne à l'échelle mondiale qui n'était que de 33 ans à la veille de la première guerre mondiale et n'était encore que de 46 ans en 1955, atteint désormais 70 ans, selon le rapport statistique annuel de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) publié le 15 mai dernier.
Dans les pays à revenu faible, l'espérance de vie moyenne a connu une croissance de 9 ans entre 1990 et 2012, contre 6 ans en moyenne, tous pays confondus. C'est dans l'Afrique sub-saharienne, où neuf pays sont sous les 55 ans pour les deux sexes, que l'espérance de vie est la plus faible. Pour la première fois dans le cadre de ce rapport, l'OMS évalue les "années de vie perdues", donnée qui tient compte de l'âge auquel surviennent les décès et de leur nombre, pour discerner les causes de la mortalité.
[…]
On voit donc que, contrairement à beaucoup d’idées reçues, notre planète, même si elle reste confrontée à d’immenses problèmes, a connu des changements positifs absolument considérables au cours de ce dernier demi-siècle et va très probablement continuer à connaître, sous l’effet des révolutions scientifiques et technologiques en cours, des bouleversements que nous pouvons à peine imaginer.
Dans de nombreuses régions du monde, le sort des hommes et leur qualité de vie se sont davantage améliorés en quelques décennies qu’en plusieurs siècles et pour la première fois dans sa longue histoire, l’espèce humaine est aujourd’hui en capacité de pouvoir raisonnablement espérer éradiquer la faim et la misère au cours de ce XXI° siècle et réaliser ainsi le rêve de Victor Hugo qui disait " Vous voulez la misère secourue, moi je la veux supprimée!"
Ces immenses progrès humains n’auraient jamais pu être obtenus sans une succession de découvertes scientifiques et de ruptures technologiques majeures et il faut souhaiter qu’à une époque où de multiples formes d’obscurantisme et de conservatisme cherchent à s’imposer, nous restions résolument tournés vers la connaissance scientifique et le progrès technologique qui depuis 26 siècles n’ont cessé de libérer les corps et les esprits, d’améliorer la vie des hommes et d’élargir leur vision du monde. »
Malgré ces chiffres et ces faits, de nombreuses personnes estiment que le monde va de plus en plus mal… et beaucoup en France. D’après les résultats d’un sondage publié en décembre 2014, la France fait partie des pays les moins optimistes du monde ! Elle est classée 60 sur 65 pays interrogés.
Le journal Le Point a consacré un article à cette étude :
« Sur 65 nationalités, il n'y a guère que les Italiens à être encore plus pessimistes que nous, selon la nouvelle édition du "baromètre mondial de la confiance en l'avenir", publié par BVA-WIN*. Seuls 17 % des Français pensent que l'année 2015 sera "meilleure" que l'année 2014 contre une moyenne mondiale de 53 %.
Mais c'est toute la vieille Europe qui semble perdre confiance en l'avenir. 42 % des Italiens, 40 % des Belges et 29 % des Portugais pensent que 2015 sera "pire" que l'année écoulée. Encore plus que les Français (34 %) ! Seuls les Allemands, et plus étonnamment les Espagnols, sont moins touchés par ce pessimisme ambiant.
Les 10 pays les plus confiants en l’année 2015 : 1.Fidji, 2.Nigéria, 3.Inde, 4.Arabie Saoudite, 5.Maroc, 6.Pakistan, 7.Afghanistan, 8.Chine, 9. Vietnam, 10.Panama.
Les 10 pays les moins confiants en l’année 2015 : 1.Bosnie-Herzégovine, 2.Italie, 3.Liban, 4.Serbie, 5.Belgique, 6.France, 7.Bulgarie, 8.Mexique, 9.Hong-Kong, 10.Grèce.
[…]
11% des Français sont malheureux
Sans surprise, le tableau brossé par les Français est encore plus noir sur le front économique. L'Hexagone est le pays qui affiche l'indicateur de confiance le plus bas du monde (voir illustration) ! 57 % des Français pensent que 2015 sera une année "de difficultés économiques" et 33 % qu'elle sera "semblable à 2014". Ils ne sont que 6 % à prédire une "année de prospérité économique". Seuls les Autrichiens et les Belges sont encore moins nombreux à y croire.
Plus grave encore, les Français ont du mal à apprécier leur propre vie. Ils ne sont que 43 % à se déclarer "heureux" ou "très heureux", contre une moyenne de 70 % dans l'ensemble des pays étudiés. 11 % d'entre eux se déclarent même "malheureux", voire "très malheureux". Des résultats qui les classent à la 55e place sur 65, devant les Irakiens, les Grecs, les Bulgares, les Roumains, les Hongkongais, les Italiens, les Serbes, les Israéliens, les Turcs et tout juste avant les Irlandais. Là encore, toute l'Europe de l'Ouest vieillissante est touchée par la déprime. »
Le pessimisme serait donc un trait de caractère commun à tous les français, mais quelles sont les raisons d’une telle morosité. Des historiens, des économistes, des sociologues et des politologues se sont penchés sur cette question et ont cherché les raisons de ce pessimisme, leurs résultats ont été publiés dans un article du Monde, Liberté, égalité, morosité :
« C'est une énigme aussi vieille que les classements internationaux sur le bonheur : si l'on en croit les enquêtes, les Français sont un peuple d'incorrigibles grincheux. Un sondage du réseau Gallup mené en 2013 dans 51 pays les sacre ainsi champions du monde du pessimisme, loin devant les Afghans ou même les Irakiens.
Ils se disent inquiets pour leur avenir, mécontents de leurs élites, déçus par leur école : à les entendre, leur pays va à vau-l'eau, leurs élus sont des incapables, leur économie est en lambeaux. "Ce qui fait aujourd'hui défaut, en France, c'est la capacité à se projeter dans des lendemains qui chantent", résume en souriant l'historien Christophe Prochasson, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
Cette mélancolie persistante intrigue depuis des années sociologues, historiens, politologues et économistes. "Ces chiffres contrastent avec le niveau de vie élevé des Français, s'étonne Claudia Senik, professeure à l'université Paris-IV-Sorbonne et à l'Ecole d'économie de Paris. Ils ont tous accès gratuitement aux soins médicaux, aux hôpitaux, aux écoles et aux universités, et ils bénéficient d'équipements de qualité, comme en témoigne l'afflux exceptionnel de touristes." Pour tenter de comprendre ce mystérieux "paradoxe français", l'économiste a disséqué pendant deux ans les enquêtes internationales afin d'en traquer le moindre biais.
[...]
DE PIRE EN PIRE
Ils sont également beaucoup plus sceptiques qu'eux à l'idée que l'on puisse "faire confiance à la plupart des gens", voire que l'on puisse "s'aider les uns les autres dans un quartier". La proportion de sondés convaincus que "pour la plupart des gens, la vie est de pire en pire" bat, en France, tous les records...
Contrairement à une idée reçue, les Français ne sont guère plus optimistes au sujet de leur situation personnelle : sur une échelle graduée de 0 à 10, ils s'infligent spontanément une note de 7,2 - seuls les Portugais font pire. Là encore, les Français sont bien moins heureux que ne laisserait présager l'indice de développement humain, qui prend en compte le revenu par tête, l'éducation et l'espérance de vie. Selon Claudia Senik, le fait de vivre dans l'Hexagone réduit de 20 % la probabilité de se déclarer très heureux. "Il y a sans doute, en France, une difficulté à se projeter dans quelque chose qui a du sens", résume-t-elle.
Le spleen français varie évidemment en fonction de la conjoncture - lors des crises financières de 2008 et 2011, les Français étaient encore plus méfiants et malheureux que d'habitude -, mais l'affliction française est ancienne : on la repère dès les premières enquêtes internationales, c'est-à-dire depuis les années 1970.
Elle a même ses intellectuels, les "déclinistes", dont le chef de file, l'essayiste Nicolas Baverez, a publié en 2003 La France qui tombe. Un constat clinique du déclin français (Perrin). "Si la France n'obtient pas toutes les médailles olympiques et tous les prix Nobel, les Français considèrent qu'elle est nulle", résume ironiquement François Dubet, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
D'où vient cette inaptitude au bonheur, à la confiance et à l'optimisme ? Si elle était liée aux conditions de vie, les immigrés installés dans l'Hexagone seraient, eux aussi, touchés par cette étrange maladie. Mais ce n'est pas le cas : selon l'économiste Claudia Senik, ils sont aussi heureux en France qu'ailleurs. [...] »
L’article explique ensuite les différents faits qui participent à la morosité des français : leur manque de confiance en eux et dans le collectif dû à l’école, le manque de confiance dans les institutions, la solidarité en berne, l’histoire de la nation, les rivalités dans l’Etat-providence…
Tous ces éléments mis bout à bout favorisent la diffusion du pessimisme, mais certains ont décidé de lutter contre cette morosité comme dans cet article de L’Express Rester zen face à la morosité :
« La crise n'en finit pas de déprimer les Français, ces champions du pessimisme. Et pourtant, les mêmes sont nombreux à se bricoler une nouvelle sagesse entre quête de soi, goût des autres et petits plaisirs du quotidien. Quelles pistes pour lutter contre la sinistrose? Pour L'Express, des personnalités de tous horizons livrent les leurs :
Se faire plaisir
Une recherche de « fond » plus que de « sens »
« Nous vivons à côté de nous même »
Les pistes, on le voit, sont nombreuses. Parce qu'il est toujours possible d'agir et de modifier son rapport au monde, parce que renouer avec les plaisirs simples est une façon plus subtile qu'on ne le pense de défier l'adversité, nous avons demandé à de nombreuses personnalités - intellectuels, écrivains, psychologues, économistes - de nous parler, avec leurs mots, du temps présent. Le résultat ? Un formidable et réconfortant changement de perspective. »
Pour dépasser cet état psychologique, le psychologue Christophe Fauré propose quelques conseils sur le site Psychologies.com :
« Ecoutez attentivement les nouvelles du matin. Que disent-elles ? A de rares exceptions, il ne s’agit que d’accidents, de décès, de catastrophes, de difficultés, de tension. Elles ne véhiculent que de la lourdeur psychique ! On nous fait très rarement part de bonnes nouvelles qui nous inspireraient, nous tireraient vers le haut, nous donneraient envie de fournir le meilleur de nous même et de nous dépasser pour autrui…
Le conditionnement médiatique a un effet pervers car il agit comme des suggestions hypnotiques : à force d’entendre répéter encore et encore des messages négatifs, nous finissons par les intégrer au niveau inconscient et nous y réagissons émotionnellement par une forme d’abattement.
Faites l’expérience : pendant un mois, éteignez votre télévision, éteignez votre radio, cessez de lire les journaux et regardez si, premièrement le monde s’en porte plus mal et deuxièmement, si vous n’allez pas mieux...
Qu’on soit clair : ce n’est pas faire la politique de l’autruche. En effet, si toutes ces informations négatives vous poussaient concrètement à l’action pour que les choses changent (vous engager politiquement ou au niveau associatif, donner de votre temps pour défendre une cause… etc), alors oui, ces informations auraient un impact positif : elles vous permettraient de vous mettre en mouvement. Mais que se passe-t-il en réalité ? Que faisons nous de ces informations ? Rien. Ou presque.
Elles ne font que se déposer en nous, consciemment et inconsciemment, sans que nous puissions y faire quoi que ce soit. Que se passe-t-il alors ? Comme nous ne pouvons agir concrètement sur les affaires du monde, toutes ces nouvelles catastrophiques induisent en nous, jour après jour, un sentiment d’impuissance, nous donnant une impression de perte de contrôle et de fatalité. Triste résultat, n’est-ce pas ?
Comprenez alors que vous avez réellement le pouvoir de bloquer le flot chaotique de ces informations négatives.
En fait, à vouloir, à tout prix, « être au courant » des affaires du monde, on se trouve happé et on se déconnecte émotionnellement de sa réalité immédiate. Au lieu de vous alarmer sur la pauvreté dans le monde, demandez-vous plutôt : quelles actions concrètes puis-je accomplir contre la pauvreté dans mon quartier ? Qu’est-il possible de mettre en œuvre, ici et maintenant, dans mon environnement immédiat ?
Là, vous ne subirez pas passivement l’impuissance du non-agir. Le Dalaï lama affirme que le premier pas pour faire cesser la guerre dans le monde est de faire cesser la guerre en soi. Quelles sont alors les zones de conflits ou de mal être dans mon existence présente, avec mes proches, mes collègues, mes amis ? Comment y remédier ? Que puis-je y faire maintenant ? Voilà les véritables questions ? »
Pour approfondir le sujet mais aussi positiver, nous vous proposons quelques ouvrages disponibles à la bibliothèque :
- Comment les médias nous parlent (mal) : contre le pessimisme médiatique et ses effets politiques, Mariette Darrigrand.
- Du pessimisme, Jean-Marie Pol.
- La fabrique de la défiance : ... et comment s'en sortir, Yann Algan, Pierre Cahuc, André Zylberberg.
- L'Europe d'après : en finir avec le pessimisme, Thierry Chopin, Christian Lequesne, Jean-Francois Jamet.
- La France d'après : rebondir après la crise, Guillaume Duval.
- Manifeste pour l'optimisme, Thierry Saussez.
- 101 raisons d'être optimiste et de croire en demain, Eduardo Punset.
Bonne journée.
Le monde irait de plus en plus mal ?
Le pessimisme est de plus en plus prégnant dans nos sociétés, les médias, l’actualité, les évènements politiques, sociaux, climatiques… alimentent cette peur dans l’avenir. Or les conditions de vie ont évolué de manière positive depuis plusieurs décennies partout dans le monde.
C’est ce qui est expliqué dans l’Edito du site RTFLASH, ce site scientifique s’interroge sur le monde et la rumeur de son déclin :
« Le monde va-t-il si mal ?
Lorsque l’on évoque l’avenir de la planète, il est frappant de constater à quel point le pessimisme, voir le catastrophisme, semblent s’être imposés dans les discours et les esprits, au point parfois de devenir un nouveau dogme, tenu comme incontestable. Nous n’avons jamais nié dans notre lettre la réalité et la gravité des grands défis auxquels notre planète va devoir faire face, à commencer par celui du changement climatique et de la transition énergétique, questions essentielles auxquelles j’ai consacré de très nombreux articles et plusieurs éditoriaux.
Pourtant, sans minimiser le moins du monde l’ampleur des problèmes que va devoir affronter l’humanité au cours de ce siècle, il est toujours utile de se replacer dans une perspective historique pour mieux considérer l’état de notre monde.
Si l’on examine par exemple l’évolution de la richesse mondiale créée chaque année - le produit mondial brut - on constate que celle-ci est a été multipliée par plus de 50 depuis 1960, passant de 1 300 milliards de dollars par an, en 1960, à 72 000 milliards de dollars aujourd’hui. Cette progression du produit mondial brut s’est d’ailleurs accélérée récemment, avec un doublement au cours de la dernière décennie !
Cette tendance devrait se poursuivre selon deux rapports publiés respectivement par HSBC et la société de conseil et d'audit PricewaterhouseCooper (PwC). La première étude prévoit que la richesse mondiale produite annuellement sera multipliée par trois d’ici 2050, passant à 225 000 milliards de dollars. Le rapport de la banque britannique HSBC prévoit qu’en 2050, 19 des 30 plus grandes économies mondiales seront émergentes.
[…]
Il faut également rappeler que, depuis 25 ans, la part mondiale des personnes très pauvres , vivant avec moins de 1,25 dollar par jour, a été divisé par plus de deux, passant de 43% à 20 %, alors que dans la même période, la population mondiale a augmenté de 1,8 milliards d’habitants… Selon un autre rapport conjoint de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), la proportion de la population mondiale ayant accès à un «assainissement amélioré» est passée de 49% en 1990 à 64% en 2012.
En outre, en 2012, 89% de la population dans le monde (soit 13% de plus qu'en 1990) avaient accès à des «sources d'eau améliorées», soit des points d'eau qui, par leur construction ou une intervention active, sont protégées contre la contamination extérieure, en particulier les matières fécales.
La lutte contre la faim a également marqué des progrès spectaculaires depuis 20 ans. En effet, entre 1990 et 2013, le nombre de personnes sous-alimentées est passé de 24% à 14% de la population mondiale, selon le rapport de la FAO sur l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde (SOFI 2013).
[…]
Une autre évolution, fortement liée à cette diminution importante de la malnutrition au niveau mondial, mérite d’être rappelée : elle concerne l’augmentation sans précédent de l’espérance de vie moyenne à la naissance. L'espérance de vie moyenne à l'échelle mondiale qui n'était que de 33 ans à la veille de la première guerre mondiale et n'était encore que de 46 ans en 1955, atteint désormais 70 ans, selon le rapport statistique annuel de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) publié le 15 mai dernier.
Dans les pays à revenu faible, l'espérance de vie moyenne a connu une croissance de 9 ans entre 1990 et 2012, contre 6 ans en moyenne, tous pays confondus. C'est dans l'Afrique sub-saharienne, où neuf pays sont sous les 55 ans pour les deux sexes, que l'espérance de vie est la plus faible. Pour la première fois dans le cadre de ce rapport, l'OMS évalue les "années de vie perdues", donnée qui tient compte de l'âge auquel surviennent les décès et de leur nombre, pour discerner les causes de la mortalité.
[…]
Dans de nombreuses régions du monde, le sort des hommes et leur qualité de vie se sont davantage améliorés en quelques décennies qu’en plusieurs siècles et pour la première fois dans sa longue histoire, l’espèce humaine est aujourd’hui en capacité de pouvoir raisonnablement espérer éradiquer la faim et la misère au cours de ce XXI° siècle et réaliser ainsi le rêve de Victor Hugo qui disait " Vous voulez la misère secourue, moi je la veux supprimée!"
Ces immenses progrès humains n’auraient jamais pu être obtenus sans une succession de découvertes scientifiques et de ruptures technologiques majeures et il faut souhaiter qu’à une époque où de multiples formes d’obscurantisme et de conservatisme cherchent à s’imposer, nous restions résolument tournés vers la connaissance scientifique et le progrès technologique qui depuis 26 siècles n’ont cessé de libérer les corps et les esprits, d’améliorer la vie des hommes et d’élargir leur vision du monde. »
Malgré ces chiffres et ces faits, de nombreuses personnes estiment que le monde va de plus en plus mal… et beaucoup en France. D’après les résultats d’un sondage publié en décembre 2014, la France fait partie des pays les moins optimistes du monde ! Elle est classée 60 sur 65 pays interrogés.
Le journal Le Point a consacré un article à cette étude :
« Sur 65 nationalités, il n'y a guère que les Italiens à être encore plus pessimistes que nous, selon la nouvelle édition du "baromètre mondial de la confiance en l'avenir", publié par BVA-WIN*. Seuls 17 % des Français pensent que l'année 2015 sera "meilleure" que l'année 2014 contre une moyenne mondiale de 53 %.
Mais c'est toute la vieille Europe qui semble perdre confiance en l'avenir. 42 % des Italiens, 40 % des Belges et 29 % des Portugais pensent que 2015 sera "pire" que l'année écoulée. Encore plus que les Français (34 %) ! Seuls les Allemands, et plus étonnamment les Espagnols, sont moins touchés par ce pessimisme ambiant.
Les 10 pays les plus confiants en l’année 2015 : 1.Fidji, 2.Nigéria, 3.Inde, 4.Arabie Saoudite, 5.Maroc, 6.Pakistan, 7.Afghanistan, 8.Chine, 9. Vietnam, 10.Panama.
Les 10 pays les moins confiants en l’année 2015 : 1.Bosnie-Herzégovine, 2.Italie, 3.Liban, 4.Serbie, 5.Belgique, 6.France, 7.Bulgarie, 8.Mexique, 9.Hong-Kong, 10.Grèce.
[…]
11% des Français sont malheureux
Sans surprise, le tableau brossé par les Français est encore plus noir sur le front économique. L'Hexagone est le pays qui affiche l'indicateur de confiance le plus bas du monde (voir illustration) ! 57 % des Français pensent que 2015 sera une année "de difficultés économiques" et 33 % qu'elle sera "semblable à 2014". Ils ne sont que 6 % à prédire une "année de prospérité économique". Seuls les Autrichiens et les Belges sont encore moins nombreux à y croire.
Plus grave encore, les Français ont du mal à apprécier leur propre vie. Ils ne sont que 43 % à se déclarer "heureux" ou "très heureux", contre une moyenne de 70 % dans l'ensemble des pays étudiés. 11 % d'entre eux se déclarent même "malheureux", voire "très malheureux". Des résultats qui les classent à la 55e place sur 65, devant les Irakiens, les Grecs, les Bulgares, les Roumains, les Hongkongais, les Italiens, les Serbes, les Israéliens, les Turcs et tout juste avant les Irlandais. Là encore, toute l'Europe de l'Ouest vieillissante est touchée par la déprime. »
Le pessimisme serait donc un trait de caractère commun à tous les français, mais quelles sont les raisons d’une telle morosité. Des historiens, des économistes, des sociologues et des politologues se sont penchés sur cette question et ont cherché les raisons de ce pessimisme, leurs résultats ont été publiés dans un article du Monde, Liberté, égalité, morosité :
« C'est une énigme aussi vieille que les classements internationaux sur le bonheur : si l'on en croit les enquêtes, les Français sont un peuple d'incorrigibles grincheux. Un sondage du réseau Gallup mené en 2013 dans 51 pays les sacre ainsi champions du monde du pessimisme, loin devant les Afghans ou même les Irakiens.
Ils se disent inquiets pour leur avenir, mécontents de leurs élites, déçus par leur école : à les entendre, leur pays va à vau-l'eau, leurs élus sont des incapables, leur économie est en lambeaux. "Ce qui fait aujourd'hui défaut, en France, c'est la capacité à se projeter dans des lendemains qui chantent", résume en souriant l'historien Christophe Prochasson, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
Cette mélancolie persistante intrigue depuis des années sociologues, historiens, politologues et économistes. "Ces chiffres contrastent avec le niveau de vie élevé des Français, s'étonne Claudia Senik, professeure à l'université Paris-IV-Sorbonne et à l'Ecole d'économie de Paris. Ils ont tous accès gratuitement aux soins médicaux, aux hôpitaux, aux écoles et aux universités, et ils bénéficient d'équipements de qualité, comme en témoigne l'afflux exceptionnel de touristes." Pour tenter de comprendre ce mystérieux "paradoxe français", l'économiste a disséqué pendant deux ans les enquêtes internationales afin d'en traquer le moindre biais.
[...]
DE PIRE EN PIRE
Ils sont également beaucoup plus sceptiques qu'eux à l'idée que l'on puisse "faire confiance à la plupart des gens", voire que l'on puisse "s'aider les uns les autres dans un quartier". La proportion de sondés convaincus que "pour la plupart des gens, la vie est de pire en pire" bat, en France, tous les records...
Contrairement à une idée reçue, les Français ne sont guère plus optimistes au sujet de leur situation personnelle : sur une échelle graduée de 0 à 10, ils s'infligent spontanément une note de 7,2 - seuls les Portugais font pire. Là encore, les Français sont bien moins heureux que ne laisserait présager l'indice de développement humain, qui prend en compte le revenu par tête, l'éducation et l'espérance de vie. Selon Claudia Senik, le fait de vivre dans l'Hexagone réduit de 20 % la probabilité de se déclarer très heureux. "Il y a sans doute, en France, une difficulté à se projeter dans quelque chose qui a du sens", résume-t-elle.
Le spleen français varie évidemment en fonction de la conjoncture - lors des crises financières de 2008 et 2011, les Français étaient encore plus méfiants et malheureux que d'habitude -, mais l'affliction française est ancienne : on la repère dès les premières enquêtes internationales, c'est-à-dire depuis les années 1970.
Elle a même ses intellectuels, les "déclinistes", dont le chef de file, l'essayiste Nicolas Baverez, a publié en 2003 La France qui tombe. Un constat clinique du déclin français (Perrin). "Si la France n'obtient pas toutes les médailles olympiques et tous les prix Nobel, les Français considèrent qu'elle est nulle", résume ironiquement François Dubet, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
D'où vient cette inaptitude au bonheur, à la confiance et à l'optimisme ? Si elle était liée aux conditions de vie, les immigrés installés dans l'Hexagone seraient, eux aussi, touchés par cette étrange maladie. Mais ce n'est pas le cas : selon l'économiste Claudia Senik, ils sont aussi heureux en France qu'ailleurs. [...] »
L’article explique ensuite les différents faits qui participent à la morosité des français : leur manque de confiance en eux et dans le collectif dû à l’école, le manque de confiance dans les institutions, la solidarité en berne, l’histoire de la nation, les rivalités dans l’Etat-providence…
Tous ces éléments mis bout à bout favorisent la diffusion du pessimisme, mais certains ont décidé de lutter contre cette morosité comme dans cet article de L’Express Rester zen face à la morosité :
« La crise n'en finit pas de déprimer les Français, ces champions du pessimisme. Et pourtant, les mêmes sont nombreux à se bricoler une nouvelle sagesse entre quête de soi, goût des autres et petits plaisirs du quotidien. Quelles pistes pour lutter contre la sinistrose? Pour L'Express, des personnalités de tous horizons livrent les leurs :
Se faire plaisir
Une recherche de « fond » plus que de « sens »
« Nous vivons à côté de nous même »
Les pistes, on le voit, sont nombreuses. Parce qu'il est toujours possible d'agir et de modifier son rapport au monde, parce que renouer avec les plaisirs simples est une façon plus subtile qu'on ne le pense de défier l'adversité, nous avons demandé à de nombreuses personnalités - intellectuels, écrivains, psychologues, économistes - de nous parler, avec leurs mots, du temps présent. Le résultat ? Un formidable et réconfortant changement de perspective. »
Pour dépasser cet état psychologique, le psychologue Christophe Fauré propose quelques conseils sur le site Psychologies.com :
« Ecoutez attentivement les nouvelles du matin. Que disent-elles ? A de rares exceptions, il ne s’agit que d’accidents, de décès, de catastrophes, de difficultés, de tension. Elles ne véhiculent que de la lourdeur psychique ! On nous fait très rarement part de bonnes nouvelles qui nous inspireraient, nous tireraient vers le haut, nous donneraient envie de fournir le meilleur de nous même et de nous dépasser pour autrui…
Le conditionnement médiatique a un effet pervers car il agit comme des suggestions hypnotiques : à force d’entendre répéter encore et encore des messages négatifs, nous finissons par les intégrer au niveau inconscient et nous y réagissons émotionnellement par une forme d’abattement.
Faites l’expérience : pendant un mois, éteignez votre télévision, éteignez votre radio, cessez de lire les journaux et regardez si, premièrement le monde s’en porte plus mal et deuxièmement, si vous n’allez pas mieux...
Qu’on soit clair : ce n’est pas faire la politique de l’autruche. En effet, si toutes ces informations négatives vous poussaient concrètement à l’action pour que les choses changent (vous engager politiquement ou au niveau associatif, donner de votre temps pour défendre une cause… etc), alors oui, ces informations auraient un impact positif : elles vous permettraient de vous mettre en mouvement. Mais que se passe-t-il en réalité ? Que faisons nous de ces informations ? Rien. Ou presque.
Elles ne font que se déposer en nous, consciemment et inconsciemment, sans que nous puissions y faire quoi que ce soit. Que se passe-t-il alors ? Comme nous ne pouvons agir concrètement sur les affaires du monde, toutes ces nouvelles catastrophiques induisent en nous, jour après jour, un sentiment d’impuissance, nous donnant une impression de perte de contrôle et de fatalité. Triste résultat, n’est-ce pas ?
Comprenez alors que vous avez réellement le pouvoir de bloquer le flot chaotique de ces informations négatives.
En fait, à vouloir, à tout prix, « être au courant » des affaires du monde, on se trouve happé et on se déconnecte émotionnellement de sa réalité immédiate. Au lieu de vous alarmer sur la pauvreté dans le monde, demandez-vous plutôt : quelles actions concrètes puis-je accomplir contre la pauvreté dans mon quartier ? Qu’est-il possible de mettre en œuvre, ici et maintenant, dans mon environnement immédiat ?
Là, vous ne subirez pas passivement l’impuissance du non-agir. Le Dalaï lama affirme que le premier pas pour faire cesser la guerre dans le monde est de faire cesser la guerre en soi. Quelles sont alors les zones de conflits ou de mal être dans mon existence présente, avec mes proches, mes collègues, mes amis ? Comment y remédier ? Que puis-je y faire maintenant ? Voilà les véritables questions ? »
Pour approfondir le sujet mais aussi positiver, nous vous proposons quelques ouvrages disponibles à la bibliothèque :
- Comment les médias nous parlent (mal) : contre le pessimisme médiatique et ses effets politiques, Mariette Darrigrand.
- Du pessimisme, Jean-Marie Pol.
- La fabrique de la défiance : ... et comment s'en sortir, Yann Algan, Pierre Cahuc, André Zylberberg.
- L'Europe d'après : en finir avec le pessimisme, Thierry Chopin, Christian Lequesne, Jean-Francois Jamet.
- La France d'après : rebondir après la crise, Guillaume Duval.
- Manifeste pour l'optimisme, Thierry Saussez.
- 101 raisons d'être optimiste et de croire en demain, Eduardo Punset.
Bonne journée.
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