Question d'origine :
Bonjour,
Je suis à la recherche d'un mot grec croisé lors de mes études d'art. Le prof nous décrivait des "oeuvres naturelles" trouvées de tous temps et collectionnées comme miracles ou curiosités : par exemple une bataille ou un paysage infiniment détaillés découverts dans un bloc de marbre ou autre.
Ce sont un peu les ancêtre des vierges sur tortillas et autres Jésus sur sandwiches grillés...
Dans mon souvenir, le mot que je cherche signifie en grec quelque chose comme "non créé/ non touché par la main de l'homme".
Il me semble que Léonard de Vinci a écrit sur ce sujet aussi, trouvant lui-même l'inspiration dans la contemplation de murs ou autres surfaces "alléatoires", dans lesquels il décelait des formes complexes créées par hasard.
Merci !
C.
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 12/04/2005 à 08h08
On trouve la trace des «oeuvres» dont vous parlez depuis l'Antiquité. En effet, «Une longue tradition de pensée imaginative, qui continue à avoir son répertoire le plus consulté dans la
Dans Histoire naturelle de Pline (édition de 1848-1850), dans livre XXXVII consacré aux pierres, il est fait allusion à une pierre qui aurait appartenu à Pyrrhus : «une agathe par laquelle on voyait les neuf muses et Apollon tenant la lyre, non pas par un travail de l’art, mais par un produit spontané de la nature». Il évoque aussi les «émeraudes de Médée» qui figurent «des objets naturels, par exemple des pavots, des oiseaux, des nageoires, des cheveux et choses semblables.»
Mais nulle trace d'un terme regroupant ces pierres qui ont l'air d'être travaillées par l'homme mais sont «naturelles».
De même, Krzysztof Pomian, dans son ouvrage Collectionneurs, amateurs et curieux, cite un ouvrage de 1622 consacré au musée de Francesco Calzolari, qui parle de ces pierres «qui a natura sunt effigiati», et un article de la revue FMR paru dans le n° 107 (2003), intitulé Miracles lapidaires, fait allusion à des pierres italiennes, peintes naturellement ou par l'homme... mais aucun d'eux encore ne cite de terme spécifique.
Les objets des cabinets de curiosité se classent en deux groupes : artificialia et naturalia : «Les collections des XVIe et XVIIe siècles sont organisées selon deux grands axes : les
Il est clair que tout cela tourne autour des concepts de nature, d'art et de divin... et cela nous a conduits à chercher dans un autre domaine : celui des icônes. Et nous avons trouvé le terme «acheiropoetes». Dans son livre Icônes et saintes images, p. 48, Philippe Sers dit :
«Car le deuxième principe fondateur de l’icône est celui de la ressemblance avec le visage humain revêtu par Jésus lors de son Incarnation. De cette forme, il nous reste la trace
Cette image est la source de toutes les icônes représentant le Christ. Elle a évidemment un statut très exceptionnel puisqu’elle n’est pas faite de main d’homme (a-cheiro-poïetos) : elle est une empreinte directe sur un linge de la Face de Jésus.»
Ce terme ne s'applique apparemment très rarement à d'autres domaines, mais il est la traduction exacte de non créé par la main de l'homme ; sur internet nous avons trouvé quelques allusions : à propos de l'oeuvre de Vera Molnar (site de la galerie Oniris et dans la revue Figures de l'art, sous la plume de Bernard Lafargue, professeur d'histoire de l'art et d'esthétique à l'Université de Bordeaux III...
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