Animaux Eglise
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 17/02/2015 à 15h43
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Question d'origine :
Bonjour,
Il existe à certaines périodes de l'année, à l'occasion de la St François D'assise, entre autres, une "bénédiction des animaux" dispensée par des prêtres dans certaines paroisses.
Est-ce une tendance récente? ou cela a-t'il existé de tous temps?
De même, Saint Roch est, je crois bien, le protecteur des animaux.
J'ai cru lire que certaines églises, qui lui sont dédiées autorisaient le fait d'entrer avec son chien par exemple.
Est-ce le cas? une particularité de certaines paroisses? un fait propre à une région ou un pays?
Merci de votre réponse!
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 18/02/2015 à 15h49
Bonjour,
La bénédiction des animaux de compagnie est une pratique récente et relativement rare, mais en réalité la bénédiction des animaux (surtout le bétail), des semailles, de la nourriture, des lieux et des objets (maison, barque, bateau… et aujourd’hui voitures, motos, et même portables et tablettes !) remonte loin dans la tradition chrétienne. On trouve sur Google Books un document daté de 1700 dont la table des matières vous donnera une idée de la diversité des bénédictions qui étaient alors pratiquées dans le rituel chrétien : Rituel de Toul, Monseigneur Henry de Thyard-Bissy, évêque Comte de Toul.
Saint François d’Assise, qui considérait les animaux comme des créations vivantes de Dieu et les élevait au rang de frères de l'homme, est devenu le Saint Patron des animaux, ce qui explique pourquoi c’est souvent le jour de sa fête qu’ont lieu des bénédictions d’animaux, comme on en trouve plusieurs exemples :
- bénédictions d’animaux à l’église Sainte Rita (Paris), Le Monde
- Chapelle Saint-Cassien de Cannes, Nice Matin
- L’église Saint-Bonaventure à Lyon, Metronews
Certaines bénédictions d’animaux ont aussi lieu lors de la Saint-Antoine, lui aussi Saint Patron des animaux (entre autres) : une bénédiction d’animaux d’élevage a notamment eu lieu au Vatican à cette date : Bénédiction des animaux au Vatican.
Quant à Saint Roch, sa légende fait intervenir un chien qui, selon les versions, lui rapporte du pain ou le soigne en léchant ses plaies :
En Europe, la bénédiction des chiens est pratiquée dans la plupart des paroisses dédiées à saint Roch. Ce dernier est né à Montpellier et, après avoir perdu ses parents vers l'âge de 18 ans, est parti en pèlerinage vers Rome. En route, il a croisé des gens souffrant de la peste noire. Aidé par sa foi, il a utilisé ses quelques connaissances en médecine et a guéri plusieurs malades. Néanmoins, il a lui-même contracté la maladie et s'est isolé dans une forêt pour éviter la contagion. Un chien est venu lui porter à manger et le maître du chien, intrigué, s'est approché de saint Roch pour le soigner.
À sa mort, saint Roch était reconnu en tant que guérisseur partout en Europe. Il est donc devenu le patron des exclus, tels les pestiférés et des malades. Depuis, il est toujours représenté en pèlerin, muni d'un bâton et d'une besace et accompagné d'un chien.
[…]
La bénédiction des chiens montre comment Dieu peut intervenir dans la vie des hommes par l'intermédiaire des animaux. En bénissant les chiens, le prêtre demande à Dieu de bénir le chien, mais surtout son maître.
La bénédiction des chiens peut être pratiquée lors de la chasse, mais dans ce cas elle n'est pas liée à l'histoire de saint Roch mais à celle de saint Hubert. Lors de la cérémonie, une personne incarne saint Roch afin de bien identifier la bénédiction à la fête du saint patron. En effet, seules les paroisses dédiées à Saint-Roch célèbrent cette cérémonie (Saint-Roch-des-Aulnaies, par exemple).
Le rituel est encadré d’une liturgie de la parole et non d’une messe. Le prêtre rappelle l'histoire de saint Roch et invoque la providence de Dieu, qui prend soin des hommes de multiples manières. La cérémonie se termine par la bénédiction. C'est une fête populaire et un grand nombre de résidents accompagnés de leurs chiens remplissent le parvis et l'église ce jour-là.
Source : La bénédiction des chiens à l'église Notre-Dame de Saint-Roch (Québec), Université Laval
Pour quelle raison bénir un animal, ou un moyen de transport ? Franck Javary, curé de la cathédrale de Nanterre, explique que ce n’est pas l’objet ou l’animal qui est béni, mais la personne qui va l’utiliser, ou dont il est le compagnon :
Vous bénissez tout, les chiens, les chats, les voitures ?
F. J. : L'Eglise propose un rituel de bénédiction pour des maisons, des instruments de travail, des animaux, des voitures, des avions, des trains, tout cela est prévu pour sanctifier l'activité humaine qui est ainsi accompagnée. Toute réalité humaine peut contribuer à la gloire de Dieu. Mais encore une fois ce n'est pas l'objet qui est béni. Dans le rituel pour la bénédiction d'une voiture par exemple, le prêtre dit : "Nous te prions pour ceux qui se serviront de cette voiture. Qu'ils fassent route en toute sécurité, qu'ils fassent preuve de prudence…" Bénir une voiture, c'est demander au Seigneur d'accompagner la route de ceux qui la conduiront.
Et les animaux alors ?
F. J. : Ils sont bénis parce qu'ils sont les compagnons de l'homme, et c'est important. On demande au Seigneur qui a créé les êtres humains, mais aussi tout le vivant avec les animaux pour servir notre vie humaine, de bénir ces compagnons, pour qu'ils soient de bons compagnons et que nous soyons de bons maîtres. Pour beaucoup de gens, un animal est vraiment un compagnon de vie, à sa juste place bien sûr, mais on peut souhaiter que ce compagnon soit béni.
Autrefois on bénissait les moissons. On le fait moins aujourd'hui, est-ce dommage ?
F. J. : C'est une question de culture : notre société est moins rurale qu'autrefois, où l'on demandait au curé de bénir les champs, les semailles, les premiers fruits... C'est toujours prévu. En France, dans une société plus urbaine et moins chrétienne, certaines bénédictions se sont effacées, mais elles peuvent être encore très vivaces dans d'autres pays.
[…]
Donc, faire bénir des objets, cela sert à quoi ? Protéger la personne ? Lui donner un peu de l'amour de Dieu ?
F. J. : Cela sert d'abord à bénir Dieu, à reconnaître qu'il est présent à chaque instant de notre vie et, parce que Dieu me bénit, à réaliser davantage son amour prévenant, qui veut en effet nous protéger du mal. Ce n'est pas magique : ce n'est pas parce qu'une voiture est bénie qu'on peut conduire n'importe comment ! Bien au contraire, on doit d'autant plus avoir une conduite responsable. Manifester l'amour de Dieu, voilà le sens de toute bénédiction. Bien sûr, il y a des déviations possibles. J'ai trouvé sur internet tout un trafic d'objets bénis, et j'ai eu la satisfaction de voir qu'on tient en haute estime la bénédiction d'un prêtre catholique sur des sites absolument pas catholiques ! L'Eglise n'encourage pas cela, bien au contraire. C'est la relation à Dieu qui sanctifie, l'objet n'est qu'un moyen par lequel est signifiée cette bénédiction de Dieu, qui est pour les personnes qui la demandent dans la foi.
[…]
Finalement, c'est bien de faire bénir des objets ?
F. J. : Oui, il y a un très bon usage de la bénédiction des objets, qui ne doit pas devenir systématique, mais pour que soit manifesté l'amour de Dieu à travers tel objet, dans telle situation. Il ne faut pas hésiter à faire connaître cette possibilité, à faire savoir qu'elle est prévue par l'Eglise, et à demander à votre prêtre ce qui est possible.
Source : Pourquoi faire bénir des objets ?, croire.com
(voir aussi : Des animaux bénis par la grâce du curé, à Champagne-au-Mont-d’Or par Bernard Joustrate, leforumcatholique.org)
Bonne journée.
La bénédiction des animaux de compagnie est une pratique récente et relativement rare, mais en réalité la bénédiction des animaux (surtout le bétail), des semailles, de la nourriture, des lieux et des objets (maison, barque, bateau… et aujourd’hui voitures, motos, et même portables et tablettes !) remonte loin dans la tradition chrétienne. On trouve sur Google Books un document daté de 1700 dont la table des matières vous donnera une idée de la diversité des bénédictions qui étaient alors pratiquées dans le rituel chrétien : Rituel de Toul, Monseigneur Henry de Thyard-Bissy, évêque Comte de Toul.
Saint François d’Assise, qui considérait les animaux comme des créations vivantes de Dieu et les élevait au rang de frères de l'homme, est devenu le Saint Patron des animaux, ce qui explique pourquoi c’est souvent le jour de sa fête qu’ont lieu des bénédictions d’animaux, comme on en trouve plusieurs exemples :
- bénédictions d’animaux à l’église Sainte Rita (Paris), Le Monde
- Chapelle Saint-Cassien de Cannes, Nice Matin
- L’église Saint-Bonaventure à Lyon, Metronews
Certaines bénédictions d’animaux ont aussi lieu lors de la Saint-Antoine, lui aussi Saint Patron des animaux (entre autres) : une bénédiction d’animaux d’élevage a notamment eu lieu au Vatican à cette date : Bénédiction des animaux au Vatican.
Quant à Saint Roch, sa légende fait intervenir un chien qui, selon les versions, lui rapporte du pain ou le soigne en léchant ses plaies :
En Europe, la bénédiction des chiens est pratiquée dans la plupart des paroisses dédiées à saint Roch. Ce dernier est né à Montpellier et, après avoir perdu ses parents vers l'âge de 18 ans, est parti en pèlerinage vers Rome. En route, il a croisé des gens souffrant de la peste noire. Aidé par sa foi, il a utilisé ses quelques connaissances en médecine et a guéri plusieurs malades. Néanmoins, il a lui-même contracté la maladie et s'est isolé dans une forêt pour éviter la contagion. Un chien est venu lui porter à manger et le maître du chien, intrigué, s'est approché de saint Roch pour le soigner.
À sa mort, saint Roch était reconnu en tant que guérisseur partout en Europe. Il est donc devenu le patron des exclus, tels les pestiférés et des malades. Depuis, il est toujours représenté en pèlerin, muni d'un bâton et d'une besace et accompagné d'un chien.
[…]
La bénédiction des chiens montre comment Dieu peut intervenir dans la vie des hommes par l'intermédiaire des animaux. En bénissant les chiens, le prêtre demande à Dieu de bénir le chien, mais surtout son maître.
La bénédiction des chiens peut être pratiquée lors de la chasse, mais dans ce cas elle n'est pas liée à l'histoire de saint Roch mais à celle de saint Hubert. Lors de la cérémonie, une personne incarne saint Roch afin de bien identifier la bénédiction à la fête du saint patron. En effet, seules les paroisses dédiées à Saint-Roch célèbrent cette cérémonie (Saint-Roch-des-Aulnaies, par exemple).
Le rituel est encadré d’une liturgie de la parole et non d’une messe. Le prêtre rappelle l'histoire de saint Roch et invoque la providence de Dieu, qui prend soin des hommes de multiples manières. La cérémonie se termine par la bénédiction. C'est une fête populaire et un grand nombre de résidents accompagnés de leurs chiens remplissent le parvis et l'église ce jour-là.
Source : La bénédiction des chiens à l'église Notre-Dame de Saint-Roch (Québec), Université Laval
Pour quelle raison bénir un animal, ou un moyen de transport ? Franck Javary, curé de la cathédrale de Nanterre, explique que ce n’est pas l’objet ou l’animal qui est béni, mais la personne qui va l’utiliser, ou dont il est le compagnon :
F. J. : L'Eglise propose un rituel de bénédiction pour des maisons, des instruments de travail, des animaux, des voitures, des avions, des trains, tout cela est prévu pour sanctifier l'activité humaine qui est ainsi accompagnée. Toute réalité humaine peut contribuer à la gloire de Dieu. Mais encore une fois ce n'est pas l'objet qui est béni. Dans le rituel pour la bénédiction d'une voiture par exemple, le prêtre dit : "Nous te prions pour ceux qui se serviront de cette voiture. Qu'ils fassent route en toute sécurité, qu'ils fassent preuve de prudence…" Bénir une voiture, c'est demander au Seigneur d'accompagner la route de ceux qui la conduiront.
F. J. : Ils sont bénis parce qu'ils sont les compagnons de l'homme, et c'est important. On demande au Seigneur qui a créé les êtres humains, mais aussi tout le vivant avec les animaux pour servir notre vie humaine, de bénir ces compagnons, pour qu'ils soient de bons compagnons et que nous soyons de bons maîtres. Pour beaucoup de gens, un animal est vraiment un compagnon de vie, à sa juste place bien sûr, mais on peut souhaiter que ce compagnon soit béni.
F. J. : C'est une question de culture : notre société est moins rurale qu'autrefois, où l'on demandait au curé de bénir les champs, les semailles, les premiers fruits... C'est toujours prévu. En France, dans une société plus urbaine et moins chrétienne, certaines bénédictions se sont effacées, mais elles peuvent être encore très vivaces dans d'autres pays.
[…]
F. J. : Cela sert d'abord à bénir Dieu, à reconnaître qu'il est présent à chaque instant de notre vie et, parce que Dieu me bénit, à réaliser davantage son amour prévenant, qui veut en effet nous protéger du mal. Ce n'est pas magique : ce n'est pas parce qu'une voiture est bénie qu'on peut conduire n'importe comment ! Bien au contraire, on doit d'autant plus avoir une conduite responsable. Manifester l'amour de Dieu, voilà le sens de toute bénédiction. Bien sûr, il y a des déviations possibles. J'ai trouvé sur internet tout un trafic d'objets bénis, et j'ai eu la satisfaction de voir qu'on tient en haute estime la bénédiction d'un prêtre catholique sur des sites absolument pas catholiques ! L'Eglise n'encourage pas cela, bien au contraire. C'est la relation à Dieu qui sanctifie, l'objet n'est qu'un moyen par lequel est signifiée cette bénédiction de Dieu, qui est pour les personnes qui la demandent dans la foi.
[…]
F. J. : Oui, il y a un très bon usage de la bénédiction des objets, qui ne doit pas devenir systématique, mais pour que soit manifesté l'amour de Dieu à travers tel objet, dans telle situation. Il ne faut pas hésiter à faire connaître cette possibilité, à faire savoir qu'elle est prévue par l'Eglise, et à demander à votre prêtre ce qui est possible.
Source : Pourquoi faire bénir des objets ?, croire.com
(voir aussi : Des animaux bénis par la grâce du curé, à Champagne-au-Mont-d’Or par Bernard Joustrate, leforumcatholique.org)
Bonne journée.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 24/02/2015 à 11h07
Bonjour,
Suite à votre demande de précisions, voici les informations complémentaires que nous avons trouvées :
Il semble que l’église Sainte Rita à Paris, toujours menacée de démolition, accueille des animaux avec leurs maîtres toute l’année.
(Sources : Les animaux vont perdre leur église Sainte Rita menacée de démolition, ladepeche.fr ; A l’église, Spencer Le Border)
Toutefois cette pratique est exceptionnelle, et on ne trouve que quelques exemples d’églises acceptant les animaux de compagnie pendant la messe, notamment aux Etats-Unis : l’église méthodiste de Sheboygan dans le Wisconsin, ou encore l’église presbytérienne d’Underwood Hills dans l’Omaha.
On peut aussi citer le cas un peu particulier de l’église de Santa Maria Assunta à San Donaci, dans le sud de l’Italie, où un berger allemand de 12 ans assiste à toutes les messes depuis le décès de sa maîtresse.
(Source : Ciccio, le chien qui va prier à l’église, letemps.ch)
Dans l’absolu, avoir le droit ou non d’entrer dans une église avec son animal dépend du bon vouloir du prêtre, comme l'indique le Père Edward McNamara dans cette interview : Bringing Pets into Church, zenit.org.
Toutefois les animaux sont rarement les bienvenus, ce qui peut conduire à des situations d’incompréhension, à l’exemple de l’église de Challans où un SDF a été prié de sortir pendant une messe car il était entré accompagné de son chien.
(Source : Incompréhension pendant la messe, Ouest-France)
Bonne journée.
Suite à votre demande de précisions, voici les informations complémentaires que nous avons trouvées :
Il semble que l’église Sainte Rita à Paris, toujours menacée de démolition, accueille des animaux avec leurs maîtres toute l’année.
(Sources : Les animaux vont perdre leur église Sainte Rita menacée de démolition, ladepeche.fr ; A l’église, Spencer Le Border)
Toutefois cette pratique est exceptionnelle, et on ne trouve que quelques exemples d’églises acceptant les animaux de compagnie pendant la messe, notamment aux Etats-Unis : l’église méthodiste de Sheboygan dans le Wisconsin, ou encore l’église presbytérienne d’Underwood Hills dans l’Omaha.
On peut aussi citer le cas un peu particulier de l’église de Santa Maria Assunta à San Donaci, dans le sud de l’Italie, où un berger allemand de 12 ans assiste à toutes les messes depuis le décès de sa maîtresse.
(Source : Ciccio, le chien qui va prier à l’église, letemps.ch)
Dans l’absolu, avoir le droit ou non d’entrer dans une église avec son animal dépend du bon vouloir du prêtre, comme l'indique le Père Edward McNamara dans cette interview : Bringing Pets into Church, zenit.org.
Toutefois les animaux sont rarement les bienvenus, ce qui peut conduire à des situations d’incompréhension, à l’exemple de l’église de Challans où un SDF a été prié de sortir pendant une messe car il était entré accompagné de son chien.
(Source : Incompréhension pendant la messe, Ouest-France)
Bonne journée.
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