Question d'origine :
Bonjour,
Nous connaissons les objectifs de ces affichages, dont font partie "HVE" et les "ACV" par exemple. S'ils semblent pertinents pour de nombreux produits, ils me semblent très limités dès que l'ont s'intéresse aux produits agricoles. En effet, des modèles d'agricultures bio ou extensifs pourraient alors être moins bien notés que d'autres, intensifs. De plus, un même produit peut être produit de multiples manières différentes, dans différents pays etc. Simplifier ces analyses pourrait revenir à la fausser complètement, l'effectuer au cas par cas représenterais j'imagine un coût énorme. Pourriez vous m'éclairer sur ce sujet?
Merci beaucoup,
Cordialement
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 17/03/2015 à 15h30
Bonjour,
Nous allons tenter de trouver des avis éclairés sur cette question pointue d’agroécologie, dont les scientifiques débattent, comme lors de ce séminaire : « Comparaison de l’ACV* et de la certification HVE** comme outils d’affichage environnemental: évaluation des impacts ou évaluation des pratiques », dont vous trouverez en lien la captation.
La logique du Grenelle de l’environnement est d’améliorer l’information du consommateur en apposant un label qui garantit un contrôle de l’impact écologique du produit, au moins en termes de production pour ce qui concerne les produits agricoles.
« L’affichage environnemental consiste à informer le consommateur du contenu en équivalent carbone des produits et de leur emballage, ainsi que de la consommation de ressources naturelles ou de l’impact sur les milieux naturels imputables à ces produits.
La loi portant engagement national pour l’environnement (juillet 2010) avait prévu l’expérimentation d’un tel affichage, à laquelle 168 entreprises ont participé entre juillet 2011 et juillet 2012, ainsi que la transmission au Parlement d’un bilan évaluant l’opportunité d’une généralisation de ce dispositif. »
(Gazette des Communes, 30/05/13)
La méthode d’analyse du cycle de vie (ACV) inventorie les impacts environnementaux (notamment les émissions) à chaque étape de vie du produit, production, distribution, usage, recyclage (norme ISO 14040.43-47.49). En agriculture, il s’agit d’un calcul des impacts par quantité de produits, sur lequel travaille Agribalyse, qui produit des inventaires par groupes de produit.
Le label « Agriculture à Haute Valeur Environnementale », certifie le respect d’un certain nombre de critères dans la production :
- au minimum, le respect de l’écoconditionnalité
- à l’étape 2 du processus, le respect de bonnes pratiques en matière de biodiversité, stratégie phytosanitaire, gestion des ressources en eau, fertilisants, qui incite surtout le producteur à bien connaître son exploitation et connaître la traçabilité des produits qu’il emploie.
L’étape de labellisation à proprement parler, qui suppose une progression de l’exploitant d’un niveau à l’autre, impose un système agronomique avec des contraintes fortes. L’exploitant doit remplir un certain nombre de critères qui lui rapportent des points dans les 4 matières précitées ; en matière de biodiversité par exemple : la rotation des cultures (plus de 3 rapporte des points), les surfaces refuges, bandes enherbée, etc.
Une autre option de labellisation, plus administrative, à partir d’indicateurs : 10% de surface en agriculture écologique, 50% de prairie permanente, intrants représentant au max. 30% du CA de l’exploitation (60% en moyenne actuellement).
Outre que l’étiquetage HVE est peu connu du public, il ne représente pour l’instant qu’une faible information : HVE ou non HVE, issu d’une agriculture contrôlée ou non ; mais comme une intervenante le précise dans le débat du séminaire, rien ne précise qu’un concombre à un moindre impact écologique qu’une côtelette, contrairement à la méthode ACV qui elle prend aussi en compte le bilan carbone de la distribution par exemple (les étapes d’usage du produit et de son recyclage étant moins pertinent pour les produits agricoles).
Le rapport d’évaluation sur l’expérimentation française, « L'affichage environnemental », présenté par Mme Sophie Errante et M. Martial Saddier, députés (Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire) en Novembre 2013, est toutefois très critique :
« En raison de ces marges d'incertitude et de l'absence de validation scientifique des résultats, l'affichage environnemental ne peut pas être assimilé à l'affichage nutritionnel ou à l'affichage énergétique, directement mesurables et contrôlables en laboratoire, qui restituent au consommateur une information directe, vraie et incontestable.
La méthode ACV ne permet donc pas d'éclairer le consommateur sur la base d'une information « sincère, objective et complète » comme l'ambitionnait le Grenelle I de l'environnement. L'affichage environnemental s'est écarté de la volonté initiale du législateur. Au mieux, le consommateur sera informé d'impacts environnementaux moyens, plus ou moins fiables, résultant de modélisations.
Il est donc légitime de s'interroger sur la pertinence d'afficher en valeur les résultats issus de l'ACV, qui, en tant que valeurs d'impact absolu, n'ont pas de sens du fait de la méthodologie retenue. L'ACV peut être utile pour effectuer des comparaisons sur l'impact environnemental des produits « toutes choses égales par ailleurs », mais ne permet pas, en l'état actuel des travaux, d'afficher des informations en valeur absolue fiables.
Ces critiques étaient, en réalité, prévisibles. Issue du monde industriel, l'ACV sert à faire de l'éco-conception, en repérant les « points durs » d'une chaîne de production, afin d'améliorer les process. L'ACV en tant qu'outil d'éco-conception est d'ailleurs généralement très féconde. L'ACV n'a pas été conçue pour déboucher sur de l'affichage environnemental. C'est la raison pour laquelle le bureau européen des consommateurs recommande de ne pas utiliser l'ACV à cette fin. »
(Gazette des Communes, Lundi 13 janvier 2014)
Voir aussi :
Qu’est-ce que l’agriculture écologiquement intensive ?
Affichage environnemental, site de l’AFNOR
Une agriculture pour le XXIe siècle
Agroécologie
Les Moissons du futur
Bonne journée.
Nous allons tenter de trouver des avis éclairés sur cette question pointue d’agroécologie, dont les scientifiques débattent, comme lors de ce séminaire : « Comparaison de l’ACV* et de la certification HVE** comme outils d’affichage environnemental: évaluation des impacts ou évaluation des pratiques », dont vous trouverez en lien la captation.
La logique du Grenelle de l’environnement est d’améliorer l’information du consommateur en apposant un label qui garantit un contrôle de l’impact écologique du produit, au moins en termes de production pour ce qui concerne les produits agricoles.
« L’affichage environnemental consiste à informer le consommateur du contenu en équivalent carbone des produits et de leur emballage, ainsi que de la consommation de ressources naturelles ou de l’impact sur les milieux naturels imputables à ces produits.
La loi portant engagement national pour l’environnement (juillet 2010) avait prévu l’expérimentation d’un tel affichage, à laquelle 168 entreprises ont participé entre juillet 2011 et juillet 2012, ainsi que la transmission au Parlement d’un bilan évaluant l’opportunité d’une généralisation de ce dispositif. »
(Gazette des Communes, 30/05/13)
La méthode d’analyse du cycle de vie (ACV) inventorie les impacts environnementaux (notamment les émissions) à chaque étape de vie du produit, production, distribution, usage, recyclage (norme ISO 14040.43-47.49). En agriculture, il s’agit d’un calcul des impacts par quantité de produits, sur lequel travaille Agribalyse, qui produit des inventaires par groupes de produit.
Le label « Agriculture à Haute Valeur Environnementale », certifie le respect d’un certain nombre de critères dans la production :
- au minimum, le respect de l’écoconditionnalité
- à l’étape 2 du processus, le respect de bonnes pratiques en matière de biodiversité, stratégie phytosanitaire, gestion des ressources en eau, fertilisants, qui incite surtout le producteur à bien connaître son exploitation et connaître la traçabilité des produits qu’il emploie.
L’étape de labellisation à proprement parler, qui suppose une progression de l’exploitant d’un niveau à l’autre, impose un système agronomique avec des contraintes fortes. L’exploitant doit remplir un certain nombre de critères qui lui rapportent des points dans les 4 matières précitées ; en matière de biodiversité par exemple : la rotation des cultures (plus de 3 rapporte des points), les surfaces refuges, bandes enherbée, etc.
Une autre option de labellisation, plus administrative, à partir d’indicateurs : 10% de surface en agriculture écologique, 50% de prairie permanente, intrants représentant au max. 30% du CA de l’exploitation (60% en moyenne actuellement).
Outre que l’étiquetage HVE est peu connu du public, il ne représente pour l’instant qu’une faible information : HVE ou non HVE, issu d’une agriculture contrôlée ou non ; mais comme une intervenante le précise dans le débat du séminaire, rien ne précise qu’un concombre à un moindre impact écologique qu’une côtelette, contrairement à la méthode ACV qui elle prend aussi en compte le bilan carbone de la distribution par exemple (les étapes d’usage du produit et de son recyclage étant moins pertinent pour les produits agricoles).
Le rapport d’évaluation sur l’expérimentation française, « L'affichage environnemental », présenté par Mme Sophie Errante et M. Martial Saddier, députés (Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire) en Novembre 2013, est toutefois très critique :
« En raison de ces marges d'incertitude et de l'absence de validation scientifique des résultats, l'affichage environnemental ne peut pas être assimilé à l'affichage nutritionnel ou à l'affichage énergétique, directement mesurables et contrôlables en laboratoire, qui restituent au consommateur une information directe, vraie et incontestable.
La méthode ACV ne permet donc pas d'éclairer le consommateur sur la base d'une information « sincère, objective et complète » comme l'ambitionnait le Grenelle I de l'environnement. L'affichage environnemental s'est écarté de la volonté initiale du législateur. Au mieux, le consommateur sera informé d'impacts environnementaux moyens, plus ou moins fiables, résultant de modélisations.
Il est donc légitime de s'interroger sur la pertinence d'afficher en valeur les résultats issus de l'ACV, qui, en tant que valeurs d'impact absolu, n'ont pas de sens du fait de la méthodologie retenue. L'ACV peut être utile pour effectuer des comparaisons sur l'impact environnemental des produits « toutes choses égales par ailleurs », mais ne permet pas, en l'état actuel des travaux, d'afficher des informations en valeur absolue fiables.
Ces critiques étaient, en réalité, prévisibles. Issue du monde industriel, l'ACV sert à faire de l'éco-conception, en repérant les « points durs » d'une chaîne de production, afin d'améliorer les process. L'ACV en tant qu'outil d'éco-conception est d'ailleurs généralement très féconde. L'ACV n'a pas été conçue pour déboucher sur de l'affichage environnemental. C'est la raison pour laquelle le bureau européen des consommateurs recommande de ne pas utiliser l'ACV à cette fin. »
(Gazette des Communes, Lundi 13 janvier 2014)
Qu’est-ce que l’agriculture écologiquement intensive ?
Affichage environnemental, site de l’AFNOR
Une agriculture pour le XXIe siècle
Agroécologie
Les Moissons du futur
Bonne journée.
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