Question d'origine :
Madame, Monsieur,
Ma question porte sur la devise "Nutrisco et Extinguo" utilisée par le roi François 1er. D'après les articles que j'ai parcourus, François 1er aurait repris de ses prédécesseurs ou de ses ancêtres cette devise ainsi que le symbole de la salamandre qui l’accompagne généralement. Je souhaiterais cependant savoir 1) d'où vient initialement cette citation, c’est-à-dire quel auteur ou quel personnage historique l'a formulée pour la première fois ? 2) dans quel contexte (livre ou lieu de la citation orale) ? En plus de réponses à ces deux questions, je recherche également des noms d’ouvrages, d’articles ou d’autres sources susceptibles de détailler le sujet.
En vous remerciant d'avance pour votre aide, je vous transmets mes cordiales salutations.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 07/04/2015 à 11h03
Bonjour,
Il ne nous a pas été possible de trouver l’origine exacte de ce « motto ». Son invention est attribuée le plus souvent tantôt à François Ier lui-même, tantôt à Artus Gouffier de Boisy. D’autres commentateurs ou historiens l’attribuent à Charles d’Angoulême, ou à Jean d’Angoulême, voire à Louise de Savoie mais sans dire si ce sont eux qui l’ont inventé.
Il faut dire que l’époque voit se développer une véritable mode de l’emblème (qui viendrait peut-être d’Italie mais là non plus rien n’est sûr) et des poètes et hommes de lettres sont payés pour inventer ces devises.
Voir : L’époque de la Renaissance, vol. 4, paragraphe Les livres d’imprese.
Dictionnaire des Beaux Arts, Aubin Louis Millin, 1806, article Devise
Le lys et le globe, Alexandre Y. Haran, 2000
L’exemple de ce recueil : Devises des princes … de Claude François Ménestrier suffit à montrer le nombre incroyable de devises existantes, toutes plus ou moins latines et dont l’origine est rarement connue.
Voici quelques titres qui vous permettront de voir plusieurs origines et interprétations pour cette devise et tout au cours des siècles. Nous avons souvent utilisé le lien Google Livres ou Gallica pour que vous ayez l’extrait en ligne mais sachez que la plupart de ces ouvrages sont disponibles à la Bml :
Artus Gouffier de Boisy, gouverneur du jeune François d’Angoulême, est donc souvent crédité de cette devise :
« Son goût pour les belles-lettres lui méritèrent la faveur du roi, qui lui confia l’éducation de Francois Ier, alors duc d’Angoulême. Boissy trouvant dans son élève «un caractère plein de feu», il lui fit prendre comme emblème une salamandre dans le feu, avec ces mots: Nutrisco et extinguo.»
Corpus historique étampois
« L'éducation de François fut aussi confiée par Louis XlI à un sage, c'était Artus de Gouffier-Boisy, gentilhomme qui osait être éclairé dans un siècle où la noblesse mettait encore l'ignorance au nombre des titres dont elle était jalouse. Cet excellent instituteur trouva dans son élève un tempérament plein de feu, capable de toutes les vertus et de toutes les passions. Il fallait diriger ce feu utile et dangereux, tantôt l'animer, tantôt l'amortir; c'est, dit-on, ce que Boisy voulut signifier par la devise qu'il fit prendre à François; c'était une salamandre dans le feu, avec ces mots assez peu intelligibles : Nutrisco et extinguo… »
Histoire de François 1er roi de France, par Gabriel-Henri Gaillard, 1819
Voir aussi : Légendaire de la noblesse de France, Volume 30, par Oscar Bessas de la Mégie, 1865
La bibliothèque de Fontainebleau et les livres ders derniers Valois…, par Ernest Quentin-Bauchart, p. 47, qui fournit l’explication de l’ « historien Mezeray » dans son Histoire de France, Paris, 1685, Tome II, p. 1042
Mercure de France, juin 1730, l’auteur rend compte de ces doutes sur l’origine de la devise, et se rend à son attribution à Artus Gouffier de Boisy.
Autres hypothèses :
Voir :
Salamandre, exposition François 1er, BNF
Histoire archéologique, descriptive et graphique de la Sainte Chapelle du palais, Decloux, 1857, planche 8
L'Art de vérifier les dates, Volume 11, 1818
Collection des meilleures dissertations, notices et traités particuliers, Jean-Michel-Constant Leber, p. 247
Chambord, Jean-Toussaint Merle, 1832
Bulletin de la Société scientifique historique et archéologique de la Corrèze, 1936, tome 58
Les nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, 29/06/1935
Attributs et symboles dans l’art profane, Guy de Tervarent, 1997, p. 388, article Salamandre, qui fournit une explication de la devise, avec notamment des citations d’auteurs anciens qui pourraient en expliquer l’origine.
Dans La Mosaïque du Midi, vol. 3, 1839, p. 183 : la note 1 donne plusieurs interprétations et origines pour la devise.
Pour revenir à ce Paradin souvent évoqué, voir Les devises héroïques, Claude Paradin.
Vous trouverez un petit panorama des hypothèses dans :
Histoire de François Ier roi de France, Gabriel Henri Gaillard, 1766.
Mémoires. Société des sciences et arts de Vitry le François
Enfin, plus récemment, dans François Ier l’imaginaire, Anne-Marie Lecoq consacre un chapitre entier, Le prince à la salamandre, à la devise. Rappelant toutes les différentes possibilités vues ci-dessus, elle conforte plutôt le fait qu’il s’agit d’une devise inventée par un « professionnel » de la devise qui se serait inspiré des remarques sur la salamandre de Aristote (Hist. Animalium, V, 19), Pline (Hist. Nat., X, 67), Isidore de Séville (Etym., XII, 7) et du Physiologus latinus. « Les "deviseurs" français mirent-ils une certaine coquetterie nationale à montrer la supériorité de la salamandre, qui reste toujours vivante dans le feu, sur le phénix qui y meurt pour ressusciter ensuite ? ».
Bonnes lectures !
Il ne nous a pas été possible de trouver l’origine exacte de ce « motto ». Son invention est attribuée le plus souvent tantôt à François Ier lui-même, tantôt à Artus Gouffier de Boisy. D’autres commentateurs ou historiens l’attribuent à Charles d’Angoulême, ou à Jean d’Angoulême, voire à Louise de Savoie mais sans dire si ce sont eux qui l’ont inventé.
Il faut dire que l’époque voit se développer une véritable mode de l’emblème (qui viendrait peut-être d’Italie mais là non plus rien n’est sûr) et des poètes et hommes de lettres sont payés pour inventer ces devises.
Voir : L’époque de la Renaissance, vol. 4, paragraphe Les livres d’imprese.
Dictionnaire des Beaux Arts, Aubin Louis Millin, 1806, article Devise
Le lys et le globe, Alexandre Y. Haran, 2000
L’exemple de ce recueil : Devises des princes … de Claude François Ménestrier suffit à montrer le nombre incroyable de devises existantes, toutes plus ou moins latines et dont l’origine est rarement connue.
Voici quelques titres qui vous permettront de voir plusieurs origines et interprétations pour cette devise et tout au cours des siècles. Nous avons souvent utilisé le lien Google Livres ou Gallica pour que vous ayez l’extrait en ligne mais sachez que la plupart de ces ouvrages sont disponibles à la Bml :
Artus Gouffier de Boisy, gouverneur du jeune François d’Angoulême, est donc souvent crédité de cette devise :
« Son goût pour les belles-lettres lui méritèrent la faveur du roi, qui lui confia l’éducation de Francois Ier, alors duc d’Angoulême. Boissy trouvant dans son élève «un caractère plein de feu», il lui fit prendre comme emblème une salamandre dans le feu, avec ces mots: Nutrisco et extinguo.»
Corpus historique étampois
« L'éducation de François fut aussi confiée par Louis XlI à un sage, c'était Artus de Gouffier-Boisy, gentilhomme qui osait être éclairé dans un siècle où la noblesse mettait encore l'ignorance au nombre des titres dont elle était jalouse. Cet excellent instituteur trouva dans son élève un tempérament plein de feu, capable de toutes les vertus et de toutes les passions. Il fallait diriger ce feu utile et dangereux, tantôt l'animer, tantôt l'amortir; c'est, dit-on, ce que Boisy voulut signifier par la devise qu'il fit prendre à François; c'était une salamandre dans le feu, avec ces mots assez peu intelligibles : Nutrisco et extinguo… »
Histoire de François 1er roi de France, par Gabriel-Henri Gaillard, 1819
Voir aussi : Légendaire de la noblesse de France, Volume 30, par Oscar Bessas de la Mégie, 1865
La bibliothèque de Fontainebleau et les livres ders derniers Valois…, par Ernest Quentin-Bauchart, p. 47, qui fournit l’explication de l’ « historien Mezeray » dans son Histoire de France, Paris, 1685, Tome II, p. 1042
Mercure de France, juin 1730, l’auteur rend compte de ces doutes sur l’origine de la devise, et se rend à son attribution à Artus Gouffier de Boisy.
Autres hypothèses :
Voir :
Salamandre, exposition François 1er, BNF
Histoire archéologique, descriptive et graphique de la Sainte Chapelle du palais, Decloux, 1857, planche 8
L'Art de vérifier les dates, Volume 11, 1818
Collection des meilleures dissertations, notices et traités particuliers, Jean-Michel-Constant Leber, p. 247
Chambord, Jean-Toussaint Merle, 1832
Bulletin de la Société scientifique historique et archéologique de la Corrèze, 1936, tome 58
Les nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, 29/06/1935
Attributs et symboles dans l’art profane, Guy de Tervarent, 1997, p. 388, article Salamandre, qui fournit une explication de la devise, avec notamment des citations d’auteurs anciens qui pourraient en expliquer l’origine.
Dans La Mosaïque du Midi, vol. 3, 1839, p. 183 : la note 1 donne plusieurs interprétations et origines pour la devise.
Pour revenir à ce Paradin souvent évoqué, voir Les devises héroïques, Claude Paradin.
Vous trouverez un petit panorama des hypothèses dans :
Histoire de François Ier roi de France, Gabriel Henri Gaillard, 1766.
Mémoires. Société des sciences et arts de Vitry le François
Enfin, plus récemment, dans François Ier l’imaginaire, Anne-Marie Lecoq consacre un chapitre entier, Le prince à la salamandre, à la devise. Rappelant toutes les différentes possibilités vues ci-dessus, elle conforte plutôt le fait qu’il s’agit d’une devise inventée par un « professionnel » de la devise qui se serait inspiré des remarques sur la salamandre de Aristote (Hist. Animalium, V, 19), Pline (Hist. Nat., X, 67), Isidore de Séville (Etym., XII, 7) et du Physiologus latinus. « Les "deviseurs" français mirent-ils une certaine coquetterie nationale à montrer la supériorité de la salamandre, qui reste toujours vivante dans le feu, sur le phénix qui y meurt pour ressusciter ensuite ? ».
Bonnes lectures !
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