Question d'origine :
Cher guichet,
Je lis dans un carnet de mon grand-père en 1915 : "Je reçois une bombe à tige" .
S'agit-il d'une grenade ?
Merci.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 13/05/2015 à 07h57
Bonjour,
Le Collectif de Recherche International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918 (CRID 14-18) propose sur son site quelques éléments permettant d'appréhender le vocabulaire des poilus :
Afin de faciliter la lecture des sources et en particulier des témoignages de combattants, le CRID 14-18 propose un lexique des termes employés en 1914-1918. En effet, les textes et les mots des contemporains de la Grande Guerre sont loin de nous être transparents. Certains mots sont apparus et ont disparu avec le conflit, d’autres ont changé de sens, beaucoup sont incompréhensibles ou n’évoquent rien de bien précis pour un lecteur d’aujourd’hui. [...]
Dans sa volonté d’encourager une histoire de la Grande Guerre fortement étayée par des sources, le CRID 14-18 espère que ce lexique permettra à tous ceux qui s’intéressent à la période, enseignants et étudiants en particulier, de se familiariser avec le langage employé par les acteurs du conflit. Toutefois, il n’a aucune dimension normative : nous ne prétendons pas fixer strictement et définitivement le sens des mots, mais en montrer au contraire les multiples usages, parfois contradictoires, en fonction des acteurs et du contexte. C’est pourquoi les définitions sont, autant que possible, appuyées par des citations de sources contemporaines.
Il faut noter que si les termes argotiques et techniques occupent ici une place importante, ce n’est pas un dictionnaire complet de l’argot ou des armes que nous entreprenons. La question de l’argot appelle quelques remarques complémentaires : l’argot militaire existe bien avant 1914-1918, et se trouve partiellement repris et transformé durant le conflit. Toutefois, il existe un risque de surévaluer la place de l’argot en 1914-1918. Cela peut fausser à travers le prisme de l’argot, inégalement diffusé, dont l’origine est multiple (Paris, la caserne, les troupes coloniales…), la vision qu’on peut avoir des combattants. Si beaucoup partagent quelques termes simples et fortement répandus, le maintien des langages régionaux, l’utilisation de termes ordinaires et fonctionnels, la pluralité des niveaux de langue sont des données à ne pas oublier. Enfin, la logique de ce lexique est bien loin de celle des dictionnaires d’argot « poilu » parus au lendemain du conflit : ils avaient pour but de fixer à l’écrit une langue orale, le but est ici d’éclairer les usages de termes régulièrement présents dans les sources.
Enfin, l’histoire des mots est d’un intérêt particulier pour comprendre les transformations apportées par la guerre, entre les héritages du passé et l’inventivité sémantique des acteurs du conflit. On rencontre en 1914-1918 des mots nouveaux comme des termes anciens transformés ou détournés de leur sens. Mais on ne propose pas ici une étude étymologique fouillée, ce lexique ayant pour but essentiel d’éclairer les pratiques des contemporains. Les usages des mots, davantage que leur origine, sont au centre de ce travail.
Les premières recherches effectuées l'ont été dans plusieurs ouvrages parus récemment sur le vocabulaire des poilus et des tranchées, mais la "bombe à tige" n'apparait pas, quelles que soient les entrées (bombe, grenage, tige...)
- L'argot de la guerre d'après une enquête auprès des officiers et soldats / Albert Dauzat (2007, réédition d'un ouvrage de 1918)
- L'argot des poilus : dictionnaire humoristique et philologique / François Déchelette (2004, réédition d'un ouvrage de 1918)
- Le poilu tel qu'il se parle / Gaston Esnault (2014, réédition d'un ouvrage de 1919)
- L'argot des tranchées, d'après les lettres des poilus et les journaux du front / Lazare Sainean (2015, réédition d'un ouvrage de 1915)
- Les mots des tranchées / Odile Roynette (2010)
- Vocabulaire illustré de la Grande Guerre / Joël Meyniel
Pour aller plus loin, deux autres ouvrages publiés au cours de la guerre (non réédités) ne donnent pas plus de détail :
- Expressions d'argot allemand et autrichien / René Delcourt (1917). Pourtant trilingue et très complet en ce qui concerne les projectiles)
- Dictionnaire des termes militaires et de l'argot poilu (1916)
En revanche, une piste à suivre est celle d'une grenade à fusil évoquée sur le forum pages 14-18 (peut-être par vous-même?) et qui pourrait correspondre
On la retrouve présentée sur ces deux sites :
- Vestiges militaria (l'auteur de ce site propose de répondre aux questions des internautes sur ce sujet...)
- Passion-compassion 14-18
Les ouvrages mentionnés plus haut ainsi qu'un dictionnaire d'argot en ligne nous apprennent que cette grenade est aussi appelée queue de rat : grenade allemande terminée par une tige de 40 cm environ, d'où le surnom donné par les poilus. Cette tringle sert à lancer la grenade avec un fusil à une distance de 350 à 400 mètres. La queue de rat peut aussi se lancer à la main
N'étant pas spécialistes des armes de la Grande Guerre et sans connaitre le contexte du carnet de votre grand-père, cette solution parait plausible mais sans certitude...
Le Collectif de Recherche International et de Débat sur la Guerre de 1914-1918 (CRID 14-18) propose sur son site quelques éléments permettant d'appréhender le vocabulaire des poilus :
Afin de faciliter la lecture des sources et en particulier des témoignages de combattants, le CRID 14-18 propose un lexique des termes employés en 1914-1918. En effet, les textes et les mots des contemporains de la Grande Guerre sont loin de nous être transparents. Certains mots sont apparus et ont disparu avec le conflit, d’autres ont changé de sens, beaucoup sont incompréhensibles ou n’évoquent rien de bien précis pour un lecteur d’aujourd’hui. [...]
Dans sa volonté d’encourager une histoire de la Grande Guerre fortement étayée par des sources, le CRID 14-18 espère que ce lexique permettra à tous ceux qui s’intéressent à la période, enseignants et étudiants en particulier, de se familiariser avec le langage employé par les acteurs du conflit. Toutefois, il n’a aucune dimension normative : nous ne prétendons pas fixer strictement et définitivement le sens des mots, mais en montrer au contraire les multiples usages, parfois contradictoires, en fonction des acteurs et du contexte. C’est pourquoi les définitions sont, autant que possible, appuyées par des citations de sources contemporaines.
Il faut noter que si les termes argotiques et techniques occupent ici une place importante, ce n’est pas un dictionnaire complet de l’argot ou des armes que nous entreprenons. La question de l’argot appelle quelques remarques complémentaires : l’argot militaire existe bien avant 1914-1918, et se trouve partiellement repris et transformé durant le conflit. Toutefois, il existe un risque de surévaluer la place de l’argot en 1914-1918. Cela peut fausser à travers le prisme de l’argot, inégalement diffusé, dont l’origine est multiple (Paris, la caserne, les troupes coloniales…), la vision qu’on peut avoir des combattants. Si beaucoup partagent quelques termes simples et fortement répandus, le maintien des langages régionaux, l’utilisation de termes ordinaires et fonctionnels, la pluralité des niveaux de langue sont des données à ne pas oublier. Enfin, la logique de ce lexique est bien loin de celle des dictionnaires d’argot « poilu » parus au lendemain du conflit : ils avaient pour but de fixer à l’écrit une langue orale, le but est ici d’éclairer les usages de termes régulièrement présents dans les sources.
Enfin, l’histoire des mots est d’un intérêt particulier pour comprendre les transformations apportées par la guerre, entre les héritages du passé et l’inventivité sémantique des acteurs du conflit. On rencontre en 1914-1918 des mots nouveaux comme des termes anciens transformés ou détournés de leur sens. Mais on ne propose pas ici une étude étymologique fouillée, ce lexique ayant pour but essentiel d’éclairer les pratiques des contemporains. Les usages des mots, davantage que leur origine, sont au centre de ce travail.
Les premières recherches effectuées l'ont été dans plusieurs ouvrages parus récemment sur le vocabulaire des poilus et des tranchées, mais la "bombe à tige" n'apparait pas, quelles que soient les entrées (bombe, grenage, tige...)
- L'argot de la guerre d'après une enquête auprès des officiers et soldats / Albert Dauzat (2007, réédition d'un ouvrage de 1918)
- L'argot des poilus : dictionnaire humoristique et philologique / François Déchelette (2004, réédition d'un ouvrage de 1918)
- Le poilu tel qu'il se parle / Gaston Esnault (2014, réédition d'un ouvrage de 1919)
- L'argot des tranchées, d'après les lettres des poilus et les journaux du front / Lazare Sainean (2015, réédition d'un ouvrage de 1915)
- Les mots des tranchées / Odile Roynette (2010)
- Vocabulaire illustré de la Grande Guerre / Joël Meyniel
Pour aller plus loin, deux autres ouvrages publiés au cours de la guerre (non réédités) ne donnent pas plus de détail :
- Expressions d'argot allemand et autrichien / René Delcourt (1917). Pourtant trilingue et très complet en ce qui concerne les projectiles)
- Dictionnaire des termes militaires et de l'argot poilu (1916)
En revanche, une piste à suivre est celle d'une grenade à fusil évoquée sur le forum pages 14-18 (peut-être par vous-même?) et qui pourrait correspondre
On la retrouve présentée sur ces deux sites :
- Vestiges militaria (l'auteur de ce site propose de répondre aux questions des internautes sur ce sujet...)
- Passion-compassion 14-18
Les ouvrages mentionnés plus haut ainsi qu'un dictionnaire d'argot en ligne nous apprennent que cette grenade est aussi appelée queue de rat : grenade allemande terminée par une tige de 40 cm environ, d'où le surnom donné par les poilus. Cette tringle sert à lancer la grenade avec un fusil à une distance de 350 à 400 mètres. La queue de rat peut aussi se lancer à la main
N'étant pas spécialistes des armes de la Grande Guerre et sans connaitre le contexte du carnet de votre grand-père, cette solution parait plausible mais sans certitude...
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