Question d'origine :
Bonjour,
je vous relaye la question de mon fils de 7 ans, question à laquelle je n'ai pas trouvé de réponse sur internet:
on dit que chaque personne a des sensations de goût et d'odorat qui lui sont propres. Mais qu'en est-il des jumeaux ?
Merci.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 22/06/2015 à 12h29
Bonjour,
L’article Gustation de l’Encyclopaedia Universalis nous informe que
Associée à l'olfaction, la gustation, dont le mécanisme intime est mieux connu, joue un rôle essentiel dans le contrôle sensoriel des aliments. Les préférences ou réponses de palatabilité, basées sur les perceptions de saveurs, ont fait l'objet de nombreux travaux. Présente dès la naissance, l'attirance pour les solutions sucrées, la préférence maximale pour les solutions isotoniques du NaCl et l'aversion pour les solutions amères (généralement toxiques) marquent une préadaptation congénitale de ces réponses à la régulation des appétits caloriques et spécifiques. Ces réponses sont ultérieurement modifiées et réajustées dans des apprentissages ou conditionnements alimentaires.
(Par gustation, l’auteur entend le goût dans le sens de la perception chimique.)
Il précise également que
la sensation gustative est fonctionnelle déjà in utero (dès le quatrième mois de la gestation chez l'homme) ; elle nécessite toutefois, par la suite, un véritable apprentissage, lié en partie à la maturation même du système nerveux central. D'après les physiologistes, cet apprentissage est nécessaire afin de déterminer, au niveau individuel, autant les aspects qualitatifs que la magnitude sensorielle perçue.
Cela signifierait donc quela perception du goût (et de l’odorat, les deux étant liées) n’est pas déterminée totalement dès la naissance, même si les préférences générales sont déjà définies .
Si la sensation gustative elle-même (et non seulement le goût comme préférence) nécessite un apprentissage et est corrélée à la maturation du système nerveux, cela signifie donc qu’elle dépend en partie de l’environnement dans lequel l’individu évolue, de l’éducation qu’il reçoit, de son caractère, etc.
La chercheuse Nathalie Rigal, dans son essai La Naissance du goût, souligne également la question de la construction de l’identité par le biais de l’alimentation :
Il est aujourd’hui établi qu’il existe un lien très fort entre l’aliment que l’on choisit de mettre à l’intérieur de soi et le fait qu’à travers l’aliment, on se construit une personnalité. L’alimentation met en jeu à la fois des mécanismes d’imitation et des mécanismes de différenciation, le deuxième de la fratrie se distinguant par exemple des autres par des goûts particuliers. Dans cet ordre d’idées, il faut citer les travaux effectués sur les jumeaux et notamment ceux qui montrent que d’après les tests de personnalité, les jumeaux vrais ayant vécu séparés se ressemblent plus que ceux qui ont vécu ensemble, probablement parce queces derniers ont été différenciés par « l’effet de couple » . Quand je suis en couple, j’ai besoin de trouver ma place et donc de me différencier d’autrui . Si le deuxième enfant de la fratrie est très sélectif sur ses choix alimentaires, ce n’est donc pas forcément parce qu’il est hypergueusique, mais parce qu’il peut se dire, puisque l’aîné mange de tout, moi je serais l’inverse, c’est-à-dire difficile à table. C’est une façon de forger sa personnalité, et d’occuper une place dans la famille.
En somme, on peut dire que ce que les études montrent, c’est quemême les vrais jumeaux ne sont jamais parfaitement identiques , et que cela se manifeste notamment dans leur perception du goût, puisque celle-ci dépend certes de leur génétique (identique) mais également de leur environnement, de la façon dont ils se perçoivent dans celui-ci, de la façon dont ils ont été éduqués… Tout ceci étant différent même pour des vrais jumeaux .
L’ouvrage Les jumeaux : 1 fois 2 ou 2 fois 1 ? met ainsi en évidence les différences de comportements des parents vis-à-vis de leurs jumeaux, en fonction du caractère du bébé ou du jeune enfant (par exemple, si l’un est plus « difficile » que l’autre, on le forcera plus ou moins à manger, etc).
Si vous souhaitiez approfondir votre réflexion, vous pouvez consulter les ouvrages ou articles suivants :
- Les jumeaux (idées reçues sur les jumeaux)
- Le paradoxe des jumeaux, de René Zazzo, psychologue français qui s’est beaucoup penché sur les jumeaux
- Cette étude de l’Inra sur les déterminants des comportements alimentaires
Bonne journée !
L’article Gustation de l’Encyclopaedia Universalis nous informe que
Associée à l'olfaction, la gustation, dont le mécanisme intime est mieux connu, joue un rôle essentiel dans le contrôle sensoriel des aliments. Les préférences ou réponses de palatabilité, basées sur les perceptions de saveurs, ont fait l'objet de nombreux travaux. Présente dès la naissance, l'attirance pour les solutions sucrées, la préférence maximale pour les solutions isotoniques du NaCl et l'aversion pour les solutions amères (généralement toxiques) marquent une préadaptation congénitale de ces réponses à la régulation des appétits caloriques et spécifiques. Ces réponses sont ultérieurement modifiées et réajustées dans des apprentissages ou conditionnements alimentaires.
(Par gustation, l’auteur entend le goût dans le sens de la perception chimique.)
Il précise également que
la sensation gustative est fonctionnelle déjà in utero (dès le quatrième mois de la gestation chez l'homme) ; elle nécessite toutefois, par la suite, un véritable apprentissage, lié en partie à la maturation même du système nerveux central. D'après les physiologistes, cet apprentissage est nécessaire afin de déterminer, au niveau individuel, autant les aspects qualitatifs que la magnitude sensorielle perçue.
Cela signifierait donc que
Si la sensation gustative elle-même (et non seulement le goût comme préférence) nécessite un apprentissage et est corrélée à la maturation du système nerveux, cela signifie donc qu’elle dépend en partie de l’environnement dans lequel l’individu évolue, de l’éducation qu’il reçoit, de son caractère, etc.
La chercheuse Nathalie Rigal, dans son essai La Naissance du goût, souligne également la question de la construction de l’identité par le biais de l’alimentation :
Il est aujourd’hui établi qu’il existe un lien très fort entre l’aliment que l’on choisit de mettre à l’intérieur de soi et le fait qu’à travers l’aliment, on se construit une personnalité. L’alimentation met en jeu à la fois des mécanismes d’imitation et des mécanismes de différenciation, le deuxième de la fratrie se distinguant par exemple des autres par des goûts particuliers. Dans cet ordre d’idées, il faut citer les travaux effectués sur les jumeaux et notamment ceux qui montrent que d’après les tests de personnalité, les jumeaux vrais ayant vécu séparés se ressemblent plus que ceux qui ont vécu ensemble, probablement parce que
En somme, on peut dire que ce que les études montrent, c’est que
L’ouvrage Les jumeaux : 1 fois 2 ou 2 fois 1 ? met ainsi en évidence les différences de comportements des parents vis-à-vis de leurs jumeaux, en fonction du caractère du bébé ou du jeune enfant (par exemple, si l’un est plus « difficile » que l’autre, on le forcera plus ou moins à manger, etc).
Si vous souhaitiez approfondir votre réflexion, vous pouvez consulter les ouvrages ou articles suivants :
- Les jumeaux (idées reçues sur les jumeaux)
- Le paradoxe des jumeaux, de René Zazzo, psychologue français qui s’est beaucoup penché sur les jumeaux
- Cette étude de l’Inra sur les déterminants des comportements alimentaires
Bonne journée !
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