Question d'origine :
Bonjour,
La locution "ne... que" s'emploie de la même manière que l'ensemble des formules de négation : "ne... pas" ; "ne... jamais" ; "ne... plus" etc.
Pourtant, elle est synonyme de "seulement" : la phrase "je n'aime que le sirop de coquelicot" peut être remplacée par "j'aime seulement le sirop de coquelicot".
D'où ma question : d'où vient le "ne" de "ne... que" ? Il ne me semble pas exprimer la négation, puisque effectivement, dans cet exemple, j'aime le sirop de coquelicot ; mais plutôt la restriction.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 02/07/2015 à 09h09
Bonjour,
En effet, comme vous le disiez, le ne… que… ne semble pas, de prime abord, exprimer la négation.
D’après Le Bon usage,
Ne… que… n’a pas vraiment un sens négatif, puisque cette locution équivaut à seulement. C’est en quelque sorte une négation infirmée. […] Le tour ne… que n’est pas spécifiquement exceptif à l’origine. […] La restriction marquée par ne… que peut porter sur n’importe quel mot ou élément à condition que ceux-ci soient placés après le verbe.
Cela étant dit, si une restriction n’est pas synonyme de négation, elle s’en rapproche tout de même, puisqu’il s’agit de la négation d’une partie de quelque chose : « je n’aime que le sirop de coquelicot » peut également être remplacé par « je n’aime aucun sirop, sauf le sirop de coquelicot » ou « je n’aime pas d’autre sirop que celui de coquelicot ». On exprime donc à la fois le fait d’aimer le sirop de coquelicot, en même temps que l’on nie en aimer aucun autre : une restriction peut être considérée comme une négation partielle.
Par ailleurs, historiquement, le « ne » de ne… que n’est pas venu seul, on ne peut pas le détacher de l’expression :
On doit considérer ne… que comme ancien et comme remontant au latin tardif non… quam, représentant non aliud quam influencé par non… nisi.
Enfin, d’après l’ouvrage La Négation en français : syntaxe, sémantique et comparaison avec d’autres langues romanes, la locution adverbiale ne… que est véritablement à considérer comme une négation.
En effet, « je n’aime que le sirop de coquelicot » est synonyme de « j’aime le sirop de coquelicot et non un autre », ce qui expliquerait, d’après l’ouvrage, « le rôle d’inverseur de polarité de que,introduisant un constituant négatif dans une phrase comparative. […] L’analyse de Moignet, 1959, pourrait expliquer ce phénomène : pour Moignet, l’origine historique et la signification de base de ne que l’associent à la négation de l’altérité , non d’une quantité. »
Si vous souhaitez pousser plus loin votre réflexion, vous pouvez également vous reporter à des ouvrages étudiant la question d’un point de vue plus philosophique ou psychologique, comme La Négation, Qu’est-ce que la négation ?, Fonctionnement de la négation : étude psycholinguistique d’un problème d’énonciation, Dire et contredire : pragmatique de la négation et acte de la réfutation dans la conversation ou encore Etude descriptive du système de la négation en français contemporain.
Bonne journée !
En effet, comme vous le disiez, le ne… que… ne semble pas, de prime abord, exprimer la négation.
D’après Le Bon usage,
Ne… que… n’a pas vraiment un sens négatif, puisque cette locution équivaut à seulement. C’est en quelque sorte une négation infirmée. […] Le tour ne… que n’est pas spécifiquement exceptif à l’origine. […] La restriction marquée par ne… que peut porter sur n’importe quel mot ou élément à condition que ceux-ci soient placés après le verbe.
Cela étant dit, si une restriction n’est pas synonyme de négation, elle s’en rapproche tout de même, puisqu’il s’agit de la négation d’une partie de quelque chose : « je n’aime que le sirop de coquelicot » peut également être remplacé par « je n’aime aucun sirop, sauf le sirop de coquelicot » ou « je n’aime pas d’autre sirop que celui de coquelicot ». On exprime donc à la fois le fait d’aimer le sirop de coquelicot, en même temps que l’
Par ailleurs, historiquement, le « ne » de ne… que n’est pas venu seul, on ne peut pas le détacher de l’expression :
On doit considérer ne… que comme ancien et comme remontant au latin tardif non… quam, représentant non aliud quam influencé par non… nisi.
Enfin, d’après l’ouvrage La Négation en français : syntaxe, sémantique et comparaison avec d’autres langues romanes, la locution adverbiale ne… que est véritablement à considérer comme une négation.
En effet, « je n’aime que le sirop de coquelicot » est synonyme de « j’aime le sirop de coquelicot et non un autre », ce qui expliquerait, d’après l’ouvrage, « le rôle d’inverseur de polarité de que,
Si vous souhaitez pousser plus loin votre réflexion, vous pouvez également vous reporter à des ouvrages étudiant la question d’un point de vue plus philosophique ou psychologique, comme La Négation, Qu’est-ce que la négation ?, Fonctionnement de la négation : étude psycholinguistique d’un problème d’énonciation, Dire et contredire : pragmatique de la négation et acte de la réfutation dans la conversation ou encore Etude descriptive du système de la négation en français contemporain.
Bonne journée !
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