Réponse de Cap’Culture Santé :
Bonjour,
Votre question est très intéressante et reflète effectivement les préoccupations grandissantes de futures mamans qui s'interrogent sur des
forums ou sites internet peu fiables.
Il y a effectivement une solution scientifique être sûre et certaine de donner naissance à un garçon ou à une fille mais elle est interdite en France sauf pour des fins médicales. C'est le
Diagnostic Pré-Implantatoire (DPI) qui consiste à chercher certaines anomalies sur des embryons obtenus au préalable par fécondation in vitro. Leurs chromosomes sont analysés afin de ne réintroduire dans l'utérus de la mère que les embryons sains. Pour des maladies génétiques qui ne sont transmises que par les garçons (par exemple), on peut donc ne choisir que les embryons filles. Dans certains pays (c'est le cas au États-Unis), le DPI peut servir à choisir le sexe de son bébé.
En ce qui concerne les méthodes dites naturelles ou pseudoscientifiques, il faut parcourir l'ouvrage de Claude Humeau,
Choisir le sexe de son enfant, qui, sur deux chapitres nous livre les détails croustillants et les recherches effectuées dans ce domaine. Pour la plupart ce sont des méthodes anciennes, qui datent de l’antiquité et qui se sont transmises de générations en générations avec diverses adaptations. Parfois même, des médecins ou de grands scientifiques se sont portés caution de pratiques qui se sont révélées sans fondement. On trouve l’intervention de conjonctions astrales, de positions lors des rapports sexuels, de la nourriture ingérée… avec un petit historique très édifiant pour chacune des pratiques, nous vous conseillons de le lire si vous pouvez vous le procurer ou de lire les
chapitres sur google books p.42 à 96. Et comme le dit le docteur Humeau, il y a 50% de chances que ça marche !
Pour vous, on va faire un très bref tour des différentes méthodes présentées par le docteur Humeau, qui, nous le rappelons, sont qualifiées de «
recettes de grand-mère » et ont, hélas, peu de fondements scientifiques malgré quelques études trop subjectives et trop peu représentatives pour être significatives :
Les méthodes naturelles empiriques :
l’
idéoplastie : l’influence des images mentales (idéo) de la femme sur la morphogénèse, la formation (plastie) de son enfant. C’est une branche de l’ « imaginationisme », théorie qui stipulait que les caractéristiques physiques ou psychologiques de l’enfant à naître pouvaient être marquées par l’effet de la seule imagination de la mère.
La technique du rapport sexuel : Hippocrate conseillait d’incliner la femme du côté droit pour avoir un garçon et du côté gauche pour avoir une fille. La distinction entre droite et gauche a beaucoup d’importance en médecine ancienne : la droite est associée au masculin et la gauche à la femme. Hippocrate pensait que le testicule droit produisait des garçons et le gauche des filles. Bref, pour finir, un dernier soubresaut en 1930, parlait encore d’ovaires droit pour les garçons et ovaires gauche qui engendraient des filles si on choisissait la bonne période d’ovulation.
Les conjonctions astrales : une très ancienne croyance qui s’appuie sur le côté quasi mystique, à l’époque, des cycles menstruels qu’on liait aux cycles lunaires. Il est vrai que le cycle lunaire a énormément d’influence sur la vie végétale, sur les marées… mais pas sur la conception d’enfants.
L’environnement physique : dès l’antiquité, on pensait que les garçons étaient conçus quand il fait beau et les filles quand il pleut. Quand il fait chaud on produit plus d’hommes, quand il fait froid des femmes. Sur des critères de chaleur, de météo, d’orientation spatiale, d’humidité, de lumière… Il semble que la conjonction d’un si grand nombre de paramètres rendent très hypothétique la mise au point d’une méthode simple et efficace de choix de sexe.
La nutrition : C’est certainement le domaine où les fantasmes sont les plus forts. Il existe un nombre incroyable de recettes diverses qui ont parfois été signées par de grands naturalistes ou médecins. Pour Aristote « les femelles, tenant de l’eau, croissent par les choses froides aliments, boissons et régime ; les mâles, tenant plus du feu, croissent par les choses sèches et chaudes, aliments et le reste ». Autre recette de Quillet sur le même registre pour avoir un garçon : l’homme et la femme doivent boire du vin blanc mêlé de poudre de matrice de hase ; si seule la femme en absorbe, elle mettra au monde un hermaphrodite. Pourtant si la femme mange des testicules de lièvre avant la menstruation elle donnera naissance à un garçon. A noter aussi qu’en Bretagne, on obtient des garçons en mangeant beaucoup de carottes et surtout pas d’oignons. ( !)
Les traitements médicaux : au début du 20ème siècle, avec les progrès de la médecine, on voit fleurir un florilège de traitements : l’injection d’adrénaline, prendre de l’insuline, prendre des médications antiacides (citrate, borate, bicarbonate de soude, …) pour des garçons, prendre des médications antialcalines (chlorure d’ammonium, de calcium, de sodium…) pour des filles, surdoser en vitamine B1…Dont l’efficacité n’a jamais été démontrée et dont les essais pratiqués par les auteurs sur un nombre trop peu significatif pour avoir de la valeur scientifique. Par contre attention aux effets indésirables de ces traitements.
Le choix du partenaire : il fallait le choisir « robuste, sanguin, bien tempéré, ayant de gros testicules, fort adonné au jeu des dames, ayant le testicule droit plus gros et plus ample que le gauche » pour avoir un garçon d’après Liébault au 12ème siècle. Et d’autres critères sur la constitution physique, sur l’âge, sur la force ou la faiblesse, le taux de stress seraient des indications –non prouvés- sur le futur sexe de bébé
Les méthodes pseudo-scientifiques :
l’intensité de l’orgasme féminin : depuis l’antiquité, on pense que l’intensité de l’orgasme donne plus ou moins des chances d’avoir des garçons. Ensuite des scientifiques se sont emparés du sujet avec plus ou moins de bonheur, selon un chercheur, l’intensité de l’orgasme permet une forte contraction des muscles qui amoindrit l’apport nutritif, donc il y aura une fille, si l’orgasme est de plus faible intensité, l’apport nutritif sera plus important, alors ce sera un garçon. En ce qui concerne la rapidité des spermatozoïdes hommes (Y), par rapport aux spermatozoïdes femmes (X), une théorie a été avancée par Shettles en 1970 mais elle reste très controversée car personne n’a pu la reproduire et il existe des doutes sur sa méthodologie. Il démontrait que les spermatozoïdes Y migraient plus vite à l’intérieur de la glaire cervicale qui entoure l’ovule, tout ça observé dans une pipette. La question demeure, comment repérait-il les spermatozoïdes Y ? D’ailleurs, comment pourrait-on monter une étude valable en mesurant une intensité d’orgasme ? Ce serait très subjectif.
l’intromission d’un membre viril : la position pour faire l’amour impacterait sur le sexe de l’enfant, avec toujours l’idée que les spermatozoïdes X seraient des marathoniens et les spermatozoïdes Y des sprinters, donc qu’une position favoriserait l’un et pas l’autre.
Le rythme des rapports : on croyait qu’une activité sexuelle débordante empêchait d’avoir des garçons, tout ce qui pourrait épuiser le futur père compromettrait ses chances d’avoir des garçons. D’où l’idée d’une abstinence sexuelle qui favoriserait le côté masculin. Les bases théoriques de cette procédure ne tiennent pas. Certes, il bien démontré que la qualité de sperme diminue avec la fréquence des éjaculations, les spermatozoïdes étant moins nombreux. Mais, ça ne touchera pas uniquement un type de spermatozoïde en particulier, comme les Y censés donner des garçons. De plus, des études menées sur des couples utilisant la fécondation in vitro avec un protocole d’abstinence avant l’hospitalisation, ne montrent aucune incidence significative sur le sexe de l’enfant.
L
a date du rapport dans le cycle : faire l’amour au plus près de l’ovulation pourrait donner des garçons, au plus loin des filles. Des études ayant été faites, les résultats se contredisent tous, donc pas de facteur déterminant.
Les irrigations vaginales : irriguer avec un produit alcalinisant pour les filles, acidifiant pour les garçons.
Le cycle de polarité des ovocytes : sur l’hypothèse d’un cycle de variation de la polarité électrique des ovocytes, ce qui les rendrait réceptifs à l’une ou l’autre catégorie de spermatozoïdes. Ce type d’intervention qui pourrait favoriser l’apparition d’un bébé fille ou garçon est uniquement menée par un laboratoire qui garde sa méthode secrète. D’après leurs communiqués, il semblerait que ça marche, mais il faudrait des études contradictoires pour être certain.
Les régimes alimentaires : d’abord testé chez la vache, puis étudié à travers de grandes études en France et au canada, les régimes à dominante calcique produisent plus de femelles, et des régimes à dominante potassique produisent plus de mâles. Mais il reste encore des flous dans ces études qui ne sont pas significatives. Pourtant, la recherche dans ce domaine s’avère potentiellement intéressante, le docteur Humeau ne rejette pas d’emblée ces régimes.
Le docteur Humeau termine son chapitre sur la question avec humour «
Il y a en tout cas une chance sur deux d’obtenir satisfaction, ce qui n’est pas si mal, et on pourra toujours attribuer les échecs à la négligence dans le suivi des recettes. On trouvera donc toujours des couples satisfaits prêts à vanter les mérites de telle ou telle méthode, tandis que les déçus, résignés, se tairont. »
Vous pouvez aussi lire une petite interview autour de son livre sur le site
migrosmagazine.ch.
Vous pouvez aussi regarder
l’émission d’Allodocteurs sur le sujet, avec le témoignage de Natacha qui a essayé « les méthodes alternatives » alimentaire, alcalisant, et loin de l’ovulation pour avoir une fille.
Vous pouvez aussi finir par la précédente question du Guichet du Savoir sur connaître le sexe de son bébé avant l'échographie :
Connaitre le sexe de son enfant quand on est enceinte.
Cordialement,
L’équipe Cap’Culture Santé.
Retrouvez nous sur