Question d'origine :
en ethnologie, qu'est ce que le diffusionnisme et quelles sont les théories autour de cela ? à quels auteurs sont elles rattachées ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 27/08/2015 à 14h19
Bonjour,
Voici une présentation du diffusionnisme extraite du Dictionnaire des sciences humaines :
Diffusionnisme
Né à la fin du XIXe siècle, ce courant théorique de l'anthropologie entend remplacer les lois de l'évolution par celles de la diffusion : selon ses partisans, l'existence de traits culturels similaires dans des sociétés différentes s'explique par leur diffusion à partir d'un petit nombre de « foyers culturels ».
C'est en Allemagne que le courant est initié. Prenant pour exemple la forme et le mode de fabrication des arcs africains, le géographe Friedrich Ratzel (1844-1904) met en lumière le rôle des mouvements migratoires comme « processus civilisateurs » permettant la diffusion des techniques. De son côté, Léo Frobenius (1873-1938) développe la théorie des « cercles culturels » (Kulturkreise), foyers de civilisation qui se déploient sur une zone donnée. Cette idée va lui permettre de formuler l'hypothèse d'influences méditerranéennes sur les civilisations africaines et de classer celles-ci en plusieurs cultures différentes. En classant les objets selon leur style, le conservateur du musée de Cologne Fritz Graebner (1877-1934) prend conscience de l'existence de « complexes culturels » (Kulturekomplex). Ses travaux, avec ceux de l'africaniste Bernhard Ankermann, trouvent leur aboutissement dans le cercle de Vienne. Malgré des hypothèses hasardeuses, cette école a apporté une contribution reconnue au savoir anthropologique. Ce n'est pas le cas de l'« hyperdiffusionnisme » britannique, dont les travaux sont aujourd'hui considérés comme largement fantaisistes et ne trouvèrent pas de repreneur. Le modèle « pan égyptien » de Grafton E. Smith (1871-1937) et William J. Perry (1887-1949), en particulier, voulait faire de l'Egypte ancienne le berceau à partir duquel toutes les inventions de l'humanité se seraient diffusées sur la planète et auraient « dégénéré » en certains endroits.
Aux Etats-Unis, Franz Boas, Robert H. Lowie, Clark Wissler, Alfred L. Kroeber, Edward Sapir ou Melville J. Herskovits utilisent les thèses diffusionnistes tout en les mettant à distance. Pour F. Boas par exemple, les phénomènes d'emprunt d'une société à une autre sont toujours transformés par la société réceptrice. M.J. Herskovits tirera de cette idée le concept d'« acculturation ». RH. Lowie, quant à lui, définit la culture comme « un manteau d'Arlequin fait de pièces rapportées » (« a planless hodge-podge, that thing of shreds and patches »). A.L. Kroeber (1876-1960), également disciple de F. Boas, est le théoricien des « aires culturelles ». Ses études ethnographiques sur les Indiens de Californie l'amènent à découper l'Amérique du Nord en aires culturelles hiérarchisées. Selon lui, chaque culture est définie par un modèle (pattern) particulier et l'on peut repérer des influences réciproques entre modèles voisins.
Le diffusionnisme a eu le mérite de souligner l'importance des contacts entre les civilisations. S'il a été abandonné en tant que théorie (à partir de la deuxième moitié du XXe siècle), c'est en raison de ses interprétations reposant sur des analogies souvent superficielles. Certains travaux anthropologiques ont cependant continué de s'en inspirer, comme l'étude de Roger Bastide sur les religions afro-américaines.
Nous vous invitons, pour approfondir le sujet, à consulter les documents suivants :
- Introduction à l'ethnologie / Jacques Lombard, au chapitre 5
- Les notions clés de l'ethnologie : analyses et textes / Marie-Odile Géraud, Olivier Leservoisier, Richard Pottier, au chapitre 10
- Article DIFFUSIONNISME de l'encyclopaedia universalis
Bonne journée.
Voici une présentation du diffusionnisme extraite du Dictionnaire des sciences humaines :
Né à la fin du XIXe siècle, ce courant théorique de l'anthropologie entend remplacer les lois de l'évolution par celles de la diffusion : selon ses partisans, l'existence de traits culturels similaires dans des sociétés différentes s'explique par leur diffusion à partir d'un petit nombre de « foyers culturels ».
C'est en Allemagne que le courant est initié. Prenant pour exemple la forme et le mode de fabrication des arcs africains, le géographe Friedrich Ratzel (1844-1904) met en lumière le rôle des mouvements migratoires comme « processus civilisateurs » permettant la diffusion des techniques. De son côté, Léo Frobenius (1873-1938) développe la théorie des « cercles culturels » (Kulturkreise), foyers de civilisation qui se déploient sur une zone donnée. Cette idée va lui permettre de formuler l'hypothèse d'influences méditerranéennes sur les civilisations africaines et de classer celles-ci en plusieurs cultures différentes. En classant les objets selon leur style, le conservateur du musée de Cologne Fritz Graebner (1877-1934) prend conscience de l'existence de « complexes culturels » (Kulturekomplex). Ses travaux, avec ceux de l'africaniste Bernhard Ankermann, trouvent leur aboutissement dans le cercle de Vienne. Malgré des hypothèses hasardeuses, cette école a apporté une contribution reconnue au savoir anthropologique. Ce n'est pas le cas de l'« hyperdiffusionnisme » britannique, dont les travaux sont aujourd'hui considérés comme largement fantaisistes et ne trouvèrent pas de repreneur. Le modèle « pan égyptien » de Grafton E. Smith (1871-1937) et William J. Perry (1887-1949), en particulier, voulait faire de l'Egypte ancienne le berceau à partir duquel toutes les inventions de l'humanité se seraient diffusées sur la planète et auraient « dégénéré » en certains endroits.
Aux Etats-Unis, Franz Boas, Robert H. Lowie, Clark Wissler, Alfred L. Kroeber, Edward Sapir ou Melville J. Herskovits utilisent les thèses diffusionnistes tout en les mettant à distance. Pour F. Boas par exemple, les phénomènes d'emprunt d'une société à une autre sont toujours transformés par la société réceptrice. M.J. Herskovits tirera de cette idée le concept d'« acculturation ». RH. Lowie, quant à lui, définit la culture comme « un manteau d'Arlequin fait de pièces rapportées » (« a planless hodge-podge, that thing of shreds and patches »). A.L. Kroeber (1876-1960), également disciple de F. Boas, est le théoricien des « aires culturelles ». Ses études ethnographiques sur les Indiens de Californie l'amènent à découper l'Amérique du Nord en aires culturelles hiérarchisées. Selon lui, chaque culture est définie par un modèle (pattern) particulier et l'on peut repérer des influences réciproques entre modèles voisins.
Le diffusionnisme a eu le mérite de souligner l'importance des contacts entre les civilisations. S'il a été abandonné en tant que théorie (à partir de la deuxième moitié du XXe siècle), c'est en raison de ses interprétations reposant sur des analogies souvent superficielles. Certains travaux anthropologiques ont cependant continué de s'en inspirer, comme l'étude de Roger Bastide sur les religions afro-américaines.
Nous vous invitons, pour approfondir le sujet, à consulter les documents suivants :
- Introduction à l'ethnologie / Jacques Lombard, au chapitre 5
- Les notions clés de l'ethnologie : analyses et textes / Marie-Odile Géraud, Olivier Leservoisier, Richard Pottier, au chapitre 10
- Article DIFFUSIONNISME de l'encyclopaedia universalis
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter