Dépôt légal tous les livres depuis 1537
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 27/08/2015 à 12h47
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Question d'origine :
Bonjour,
Peut-on dire que tous les livres édités et imprimés en France sont conservés, grâce au dépôt légal, depuis 1537 ? Entre 1537 et la Bnf, que s'est-til passé ?
Merci
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 28/08/2015 à 08h20
Bonjour,
Quand François 1er signe l’ordonnance de Montpellier en 1537, son but est à la fois de conserver les ouvrages dignes de mémoire dans la Bibliothèque Royale du château de Blois, et de contrôler la diffusion d’idéologies dissidentes… et en particulier protestantes.
C’est à partir de Charles V qui installe sa collection de 917 livres dans une salle spécialement aménagée du Louvre, que les rois de France ont eu à cœur de réunir leurs livres dans une Librairie particulière.
En 1537, le roi François 1er introduit un principe nouveau par une ordonnance du 28 décembre, enjoignant aux imprimeurs et aux libraires de déposer à la librairie du château de Blois tout livre imprimé mis en vente dans le royaume. Cette obligation, appelée dépôt légal, constitue une étape fondamentale pour la bibliothèque royale. Ramenée à Paris, dans la seconde moitié du XVIe siècle, elle traverse, non sans dommages, les guerres de religion.
La Bibliothèque connaît son véritable développement à partir de 1666 sous Colbert, qui a pour ambition d'en faire un instrument à la gloire de Louis XIV. Il l'installe dans le quartier qu'elle occupe encore en faisant transférer les collections royales qui ne pouvaient trouver place au Louvre. Il mène une politique d'accroissement des collections, achetant ou recevant en don un grand nombre de bibliothèques privées.
L'ère des grands bibliothécaires
En quelques décennies, la Bibliothèque s'empare de la première place en Europe. L'abbé Bignon, nommé bibliothécaire du Roi en 1719, va donner à la bibliothèque un éclat sans précédent. Il l'organise en départements et poursuit l'œuvre de ses prédécesseurs en matière d'acquisition de documents, très soucieux de faire entrer tous les ouvrages importants de l'Europe savante. Il se préoccupe aussi de faciliter l'accès de la Bibliothèque, aux savants comme aux simples curieux.
Les bouleversements de la Révolution
La Révolution française marque profondément la Bibliothèque. Le dépôt légal est supprimé pendant trois ans. Pourtant, la bibliothèque du Roi, devenue Nationale, enrichit considérablement ses fonds pendant cette période grâce aux confiscations pratiquées en France et à l'étranger : biens du clergé, bibliothèques des émigrés, collections particulières des princes... Les bibliothèques privées de Louis XVI, de Marie-Antoinette, de Madame Élisabeth viennent ainsi enrichir les collections nationales.
Des efforts de modernisation au XIXe siècle
L'entrée en grand nombre de ces documents due aux confiscations révolutionnaires ne fait que rendre plus aigu le manque de place dont souffre alors la Bibliothèque. La première moitié du dix-neuvième siècle est une longue période de tâtonnements. En 1858, une commission conduite par Prosper Mérimée rédige un rapport sur les modifications à introduire dans l'organisation de la Bibliothèque impériale. Ses conclusions sont en partie reprises par Napoléon III qui confie à l'architecte Henri Labrouste la reconstruction sur place d'une partie des bâtiments. Son nom reste surtout attaché à la construction de la salle de travail des Livres imprimés (1868) où triomphe l'emploi de la fonte.
Ce redressement sera poursuivi par Léopold Delisle, médiéviste, administrateur général. À partir de 1874, il lance la réalisation du Catalogue général des livres imprimés dont la partie Auteurs ne sera terminée qu'en 1981. Une politique d'acquisitions de manuscrits d'écrivains est stimulée par le célèbre legs de Victor Hugo en 1881.
Des collections en expansion et un public croissant
Au XXe siècle, la Bibliothèque ne cesse de s’agrandir : construction de trois annexes à Versailles (1934, 1954 et 1971) puis à Sablé en 1980 et à Provins en 1981 ; ouverture de diverses salles de catalogues et de lecture, … Mais ces extensions ne suffisent pas à résoudre les problèmes de stockage dus à l’explosion de la production imprimée (à titre d’exemple, 12 414 ouvrages reçus au titre du dépôt légal en 1880 et 45 000 en 1993). L'arrivée de plus en plus massive des collections, de nouveaux supports notamment audiovisuels pose des problèmes de conservation de plus en plus aigus. Le nombre de places offertes aux lecteurs est devenu insuffisant.
Malgré son effort de modernisation et d'informatisation, l'établissement a du mal à s'adapter aux nouvelles conditions de la production imprimée et de la demande de lecture.
Naissance de la BnF
Confrontée à ces difficultés inévitables nées de la croissance de la production imprimée et de la demande culturelle, la Bibliothèque nationale devait opérer une mutation.
Celle-ci intervient à un moment où les développements scientifiques et techniques ouvrent des perspectives nouvelles à l'accomplissement de ses missions, aussi bien dans le domaine de la conservation que dans celui de l'accès aux documents. En particulier, les outils informatiques et les progrès des télécommunications, renouvellent les moyens donnés à la gestion des collections et à leur repérage. Conjugués à la numérisation des textes et des images, ils enrichissent les pratiques de recherche et de lecture et ouvrent sur la transmission des documents à distance. La Bibliothèque nationale de France s'inscrit dans la nouvelle génération de bibliothèques, qui voit le jour, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Japon, à Alexandrie.
Le 14 juillet 1988, lors de son traditionnel entretien télévisé dans le parc de l'Elysée, le Président de la République, François Mitterrand, annonce « la construction et l'aménagement de l'une ou de la plus grande et la plus moderne bibliothèque du monde....(qui) devra couvrir tous les champs de la connaissance, être à la disposition de tous, utiliser les technologies les plus modernes de transmission de données, pouvoir être consultée à distance et entrer en relation avec d'autres bibliothèques européennes ». La déclaration surprend le public et les professionnels. De fait, elle lance un nouveau « grand projet ».
Le site finalement retenu pour la construction est situé en bordure de Seine dans le XIIIe arrondissement de Paris. En août 1989, le projet de l’architecte Dominique Perrault est choisi par le président de la République au terme d’une procédure de sélection de projets par un jury international.
Le 20 décembre 1996, la bibliothèque d'étude du site François-Mitterrand s'ouvre.
Le 8 octobre 1998, l'ouverture de la bibliothèque de recherche scelle l'achèvement de ce grand projet.
Source : De la Librairie royale à la BnF
Pour aller plus loin :
- François 1er, exposition de la BnF
- Le dépôt légal en France, Wikipedia
- Approche historique du dépôt légal en France, Frédéric Saby, Sociétés & Représentations 2013/1 (n° 35)
- le dépôt légal : son sens et son évolution, Marie-Thérèse Dougnac, M. Guilbaud, BBF 1960/8 (n°8)
Bonne journée.
Quand François 1er signe l’ordonnance de Montpellier en 1537, son but est à la fois de conserver les ouvrages dignes de mémoire dans la Bibliothèque Royale du château de Blois, et de contrôler la diffusion d’idéologies dissidentes… et en particulier protestantes.
C’est à partir de Charles V qui installe sa collection de 917 livres dans une salle spécialement aménagée du Louvre, que les rois de France ont eu à cœur de réunir leurs livres dans une Librairie particulière.
En 1537, le roi François 1er introduit un principe nouveau par une ordonnance du 28 décembre, enjoignant aux imprimeurs et aux libraires de déposer à la librairie du château de Blois tout livre imprimé mis en vente dans le royaume. Cette obligation, appelée dépôt légal, constitue une étape fondamentale pour la bibliothèque royale. Ramenée à Paris, dans la seconde moitié du XVIe siècle, elle traverse, non sans dommages, les guerres de religion.
La Bibliothèque connaît son véritable développement à partir de 1666 sous Colbert, qui a pour ambition d'en faire un instrument à la gloire de Louis XIV. Il l'installe dans le quartier qu'elle occupe encore en faisant transférer les collections royales qui ne pouvaient trouver place au Louvre. Il mène une politique d'accroissement des collections, achetant ou recevant en don un grand nombre de bibliothèques privées.
En quelques décennies, la Bibliothèque s'empare de la première place en Europe. L'abbé Bignon, nommé bibliothécaire du Roi en 1719, va donner à la bibliothèque un éclat sans précédent. Il l'organise en départements et poursuit l'œuvre de ses prédécesseurs en matière d'acquisition de documents, très soucieux de faire entrer tous les ouvrages importants de l'Europe savante. Il se préoccupe aussi de faciliter l'accès de la Bibliothèque, aux savants comme aux simples curieux.
La Révolution française marque profondément la Bibliothèque. Le dépôt légal est supprimé pendant trois ans. Pourtant, la bibliothèque du Roi, devenue Nationale, enrichit considérablement ses fonds pendant cette période grâce aux confiscations pratiquées en France et à l'étranger : biens du clergé, bibliothèques des émigrés, collections particulières des princes... Les bibliothèques privées de Louis XVI, de Marie-Antoinette, de Madame Élisabeth viennent ainsi enrichir les collections nationales.
L'entrée en grand nombre de ces documents due aux confiscations révolutionnaires ne fait que rendre plus aigu le manque de place dont souffre alors la Bibliothèque. La première moitié du dix-neuvième siècle est une longue période de tâtonnements. En 1858, une commission conduite par Prosper Mérimée rédige un rapport sur les modifications à introduire dans l'organisation de la Bibliothèque impériale. Ses conclusions sont en partie reprises par Napoléon III qui confie à l'architecte Henri Labrouste la reconstruction sur place d'une partie des bâtiments. Son nom reste surtout attaché à la construction de la salle de travail des Livres imprimés (1868) où triomphe l'emploi de la fonte.
Ce redressement sera poursuivi par Léopold Delisle, médiéviste, administrateur général. À partir de 1874, il lance la réalisation du Catalogue général des livres imprimés dont la partie Auteurs ne sera terminée qu'en 1981. Une politique d'acquisitions de manuscrits d'écrivains est stimulée par le célèbre legs de Victor Hugo en 1881.
Au XXe siècle, la Bibliothèque ne cesse de s’agrandir : construction de trois annexes à Versailles (1934, 1954 et 1971) puis à Sablé en 1980 et à Provins en 1981 ; ouverture de diverses salles de catalogues et de lecture, … Mais ces extensions ne suffisent pas à résoudre les problèmes de stockage dus à l’explosion de la production imprimée (à titre d’exemple, 12 414 ouvrages reçus au titre du dépôt légal en 1880 et 45 000 en 1993). L'arrivée de plus en plus massive des collections, de nouveaux supports notamment audiovisuels pose des problèmes de conservation de plus en plus aigus. Le nombre de places offertes aux lecteurs est devenu insuffisant.
Malgré son effort de modernisation et d'informatisation, l'établissement a du mal à s'adapter aux nouvelles conditions de la production imprimée et de la demande de lecture.
Confrontée à ces difficultés inévitables nées de la croissance de la production imprimée et de la demande culturelle, la Bibliothèque nationale devait opérer une mutation.
Celle-ci intervient à un moment où les développements scientifiques et techniques ouvrent des perspectives nouvelles à l'accomplissement de ses missions, aussi bien dans le domaine de la conservation que dans celui de l'accès aux documents. En particulier, les outils informatiques et les progrès des télécommunications, renouvellent les moyens donnés à la gestion des collections et à leur repérage. Conjugués à la numérisation des textes et des images, ils enrichissent les pratiques de recherche et de lecture et ouvrent sur la transmission des documents à distance. La Bibliothèque nationale de France s'inscrit dans la nouvelle génération de bibliothèques, qui voit le jour, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Japon, à Alexandrie.
Le 14 juillet 1988, lors de son traditionnel entretien télévisé dans le parc de l'Elysée, le Président de la République, François Mitterrand, annonce « la construction et l'aménagement de l'une ou de la plus grande et la plus moderne bibliothèque du monde....(qui) devra couvrir tous les champs de la connaissance, être à la disposition de tous, utiliser les technologies les plus modernes de transmission de données, pouvoir être consultée à distance et entrer en relation avec d'autres bibliothèques européennes ». La déclaration surprend le public et les professionnels. De fait, elle lance un nouveau « grand projet ».
Le site finalement retenu pour la construction est situé en bordure de Seine dans le XIIIe arrondissement de Paris. En août 1989, le projet de l’architecte Dominique Perrault est choisi par le président de la République au terme d’une procédure de sélection de projets par un jury international.
Le 20 décembre 1996, la bibliothèque d'étude du site François-Mitterrand s'ouvre.
Le 8 octobre 1998, l'ouverture de la bibliothèque de recherche scelle l'achèvement de ce grand projet.
Source : De la Librairie royale à la BnF
- François 1er, exposition de la BnF
- Le dépôt légal en France, Wikipedia
- Approche historique du dépôt légal en France, Frédéric Saby, Sociétés & Représentations 2013/1 (n° 35)
- le dépôt légal : son sens et son évolution, Marie-Thérèse Dougnac, M. Guilbaud, BBF 1960/8 (n°8)
Bonne journée.
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