Question d'origine :
Bonjour,
En europe vers le XIV°s, XV° siècle, de combien d'hommes est composé le fief d'un seigneur ? Et celui d'un vassal ? Combien de vassaux y a-t-il sous la tutelle d'un seigneur ?
Ceux qui défendent le fief sont-ils uniquement les chevaliers et leurs ecuyers, ou y a-t-il aussi d'autres guerriers ? Le seigneur reçoit l'aide de ses vassaux en cas d'attaque, mais qu'en est-il du vassal isolé, doit-il se battre seul ou a-t-il des gardes ?
merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 09/10/2015 à 13h32
Bonjour,
De façon générale, le nombre d’hommes composant un fief, qu’il soit celui d’un vassal ou d’un seigneur, et le nombre de vassaux d’un seigneur dépendent de l’importance du seigneur ou du vassal et/ou de celle de ses terres.
« Il existait des tenures féodales de toutes tailles : le duché de Bourgogne était un fief de la couronne de France, mais d'autres consistaient en une église, une simple exploitation paysanne, une fraction de redevance. Beaucoup d'entre eux étaient de véritables cadeaux prélevés sur la fortune du seigneur. D'autres, les fiefs « de reprise », étaient au contraire d'anciennes propriétés personnelles du feudataire, dont celui-ci, entrant en vasselage, avait cédé à son patron la seigneurie éminente. Le statut féodal fut celui d'un grand nombre de terres – de la majorité, sinon de la totalité d'entre elles, dans certaines régions comme l'Angleterre ou la Normandie. »
Article Fief, Encyclopédie Universalis en ligne
« Des 80 ou 100 états féodaux, huit étaient supérieurs par la puissance et l’étendue, et leurs souverains, égaux entre eux, reconnaissaient à peine la supériorité morale de celui qui avait le titre de roi. C’étaient : 1° le comte de Flandre ; 2° le comte de Vermandois ; 3° le comte de Paris, roi de France ; 4° le duc de Normandie ; 5° le duc de Bourgogne ; 6° le duc d’Aquitaine ; 7° le duc de Gascogne ; 8° le comte de Toulouse. Les titres de comté ou de duché n’impliquent aucune situation d’infériorité ou de supériorité du possesseur. Les contemporains appellent en effet indifféremment regnum le comté, le duché, le royaume, etc. Ces huit souverains avaient d’autres souverains pour vassaux ; mais la dépendance de ceux-ci était peu marquée et rarement effective : ainsi les ducs de Bretagne relevaient nominalement des ducs de Normandie, les comtes d’Anjou immédiatement des rois de France ; les comtes d’Angoulême, de la Marche, du Périgord, des ducs d’Aquitaine ; les comtes d’Armagnac et de Bigorre, des ducs de Gascogne, etc.
Ces vassaux étaient pairs entre eux, et n’avaient l’un envers l’autre rien de commun que la suzeraineté ; isolés, étrangers et même ennemis, ils n’avaient entre eux aucuns droits et aucuns devoirs ; seigneurs à leur tour, d’autres vassaux, pairs aussi entre eux, et ceux-ci d’arrière-vassaux, il semble qu’on devrait descendre ainsi jusqu’au plus petit propriétaire. Mais cette échelle ne fut jamais complète ; il y eut toujours dans la hiérarchie féodale une multitude d’exceptions et d’incohérences qui tenaient à l’essence même du système, l’indépendance individuelle. Les espèces de fiefs furent très-nombreuses et très compliquées.
Ducange compte en effet 80 espèces de possesseurs de fiefs, qu’on peut réduire à cinq : 1° les vassaux-souverains, appelés plus tard pairs de France ; 2° les possesseurs de fiefs à grande mouvance (haute noblesse) ; 3° les possesseurs de fiefs de bannière, ou bannerets : ils devaient de dix à vingt-cinq hommes ; 4° les possesseurs de fiefs de haubert, ou chevaliers : ils devaient un cavalier armé avec deux ou trois valets ; 5° les possesseurs de fiefs d’écuyer : ils devaient un vassal armé.»
Extrait de :Système féodal : hiérarchie, obligations, justice, vassalité et fiefs, conditions des vilains et des serfs, d’après « Histoire des Français depuis le temps des Gaulois jusqu’en 1830 » par Théophile Lavallée, paru en 1838) sur le site La France Pittoresque.
Cet extrait vous montre en outre que les chevaliers n’étaient pas les seuls à défendre le fief.
On peut aussi lire dans l’article BAN & ARRIÈRE-BAN de l’Universalis que : « Dans le système féodal, les vassaux, ou titulaires de fiefs, doivent au seigneur, donc au roi en particulier, un temps de service militaire, le service d'ost : ils forment le ban. En cas de grand péril, les seigneurs procèdent à la levée en masse de tous les hommes, vassaux et paysans : c'est l'arrière-ban, service sans limitation de durée. Dès la fin du Moyen Âge, il devient possible pour chaque fief de se racheter de ce service moyennant le versement d'une somme d'argent ; avec le produit de cet impôt, le roi entretient des mercenaires, archers ou gens d'armes, soldats de métier, qui supplantent au xve siècle l'armée féodale, disponible seulement quelques semaines par an. »
Précisons donc qu’au XIVe-XVe siècle, comme vous le voyez ci-dessus, les fiefs sont de plus en plus défendus par des mercenaires ou bien des vassaux auxquels on paye une rente pour ce faire :
« Mais tous les vassaux n'étaient pas également tenus de ces trois obligations et n'y étaient pas astreints dans les mêmes conditions. Les uns ne devaient l'ost et la chevauchée que quarante jours par an, aux frais du seigneur, tantôt seuls, tantôt avec une escorte de chevaliers qui variait suivant l'importance du fief. Les autres (ceux qui étaient engagés par l'hommage lige) devaient l'ost, à leurs frais, aussi longtemps que durait la guerre entreprise par leur seigneur. D'autres n'étaient tenus qu'à l'estage; d'autres même pouvaient se dispenser de servir en personne, moyennant une subvention en argent, proportionnelle au nombre de chevaliers qu'ils devaient fournir.
A partir du XIIIe siècle, comme le service des vassaux détenteurs de fiefs en terres était devenu insuffisant, la plupart des seigneurs multiplièrent les concessions de fiefs en argent, par lesquels ils obtenaient des nobles de leur seigneurie (et surtout de ceux qui dépendaient d'une seigneurie étrangère), moyennant une rente ou une pension viagère, un service permanent d'autant mieux assuré qu'il était soldé. » Extrait de l’article : «La société féodale. Le régime politique, sur le site Cosmovisions.
Enfin, pour répondre à votre dernière question, il faut rappeler que : « L’objet de l’obligation du seigneur présente un parallélisme très marqué avec l’objet de l’obligation du vassal. […] Le seigneur doit à son vassal protection et entretien. [...]Cela revient à dire – et tous les témoignages concordent à cet égard – que le seigneur est tenu de répondre à l’appel de son vassal, quand celui-ci est injustement attaqué, qu’il est tenu de le défendre contre ses ennemis. Cette défense peut prendre divers aspects ; elle fait quelquefois l’objet de dispositions arrêtées de commun accord entre parties. L’aspect le plus essentiel est l’aspect militaire, qui peut entraîner le seigneur à faire la guerre pour défendre son vassal. »
Qu’est-ce que la féodalité ?, François L. Ganshof p. 159- 161, que vous pouvez lire avec profit pour tout autre questionnement. Vous pouvez le retrouver en grande partie en ligne, sur Google Livres.
Voir aussi : Article Féodalité, Encyclopédie Universalis en ligne
Bonnes lectures !
De façon générale, le nombre d’hommes composant un fief, qu’il soit celui d’un vassal ou d’un seigneur, et le nombre de vassaux d’un seigneur dépendent de l’importance du seigneur ou du vassal et/ou de celle de ses terres.
« Il existait des tenures féodales de toutes tailles : le duché de Bourgogne était un fief de la couronne de France, mais d'autres consistaient en une église, une simple exploitation paysanne, une fraction de redevance. Beaucoup d'entre eux étaient de véritables cadeaux prélevés sur la fortune du seigneur. D'autres, les fiefs « de reprise », étaient au contraire d'anciennes propriétés personnelles du feudataire, dont celui-ci, entrant en vasselage, avait cédé à son patron la seigneurie éminente. Le statut féodal fut celui d'un grand nombre de terres – de la majorité, sinon de la totalité d'entre elles, dans certaines régions comme l'Angleterre ou la Normandie. »
Article Fief, Encyclopédie Universalis en ligne
« Des 80 ou 100 états féodaux, huit étaient supérieurs par la puissance et l’étendue, et leurs souverains, égaux entre eux, reconnaissaient à peine la supériorité morale de celui qui avait le titre de roi. C’étaient : 1° le comte de Flandre ; 2° le comte de Vermandois ; 3° le comte de Paris, roi de France ; 4° le duc de Normandie ; 5° le duc de Bourgogne ; 6° le duc d’Aquitaine ; 7° le duc de Gascogne ; 8° le comte de Toulouse. Les titres de comté ou de duché n’impliquent aucune situation d’infériorité ou de supériorité du possesseur. Les contemporains appellent en effet indifféremment regnum le comté, le duché, le royaume, etc. Ces huit souverains avaient d’autres souverains pour vassaux ; mais la dépendance de ceux-ci était peu marquée et rarement effective : ainsi les ducs de Bretagne relevaient nominalement des ducs de Normandie, les comtes d’Anjou immédiatement des rois de France ; les comtes d’Angoulême, de la Marche, du Périgord, des ducs d’Aquitaine ; les comtes d’Armagnac et de Bigorre, des ducs de Gascogne, etc.
Ces vassaux étaient pairs entre eux, et n’avaient l’un envers l’autre rien de commun que la suzeraineté ; isolés, étrangers et même ennemis, ils n’avaient entre eux aucuns droits et aucuns devoirs ; seigneurs à leur tour, d’autres vassaux, pairs aussi entre eux, et ceux-ci d’arrière-vassaux, il semble qu’on devrait descendre ainsi jusqu’au plus petit propriétaire. Mais cette échelle ne fut jamais complète ; il y eut toujours dans la hiérarchie féodale une multitude d’exceptions et d’incohérences qui tenaient à l’essence même du système, l’indépendance individuelle. Les espèces de fiefs furent très-nombreuses et très compliquées.
Ducange compte en effet 80 espèces de possesseurs de fiefs, qu’on peut réduire à cinq : 1° les vassaux-souverains, appelés plus tard pairs de France ; 2° les possesseurs de fiefs à grande mouvance (haute noblesse) ; 3° les possesseurs de fiefs de bannière, ou bannerets : ils devaient de dix à vingt-cinq hommes ; 4° les possesseurs de fiefs de haubert, ou chevaliers : ils devaient un cavalier armé avec deux ou trois valets ; 5° les possesseurs de fiefs d’écuyer : ils devaient un vassal armé.»
Extrait de :Système féodal : hiérarchie, obligations, justice, vassalité et fiefs, conditions des vilains et des serfs, d’après « Histoire des Français depuis le temps des Gaulois jusqu’en 1830 » par Théophile Lavallée, paru en 1838) sur le site La France Pittoresque.
Cet extrait vous montre en outre que les chevaliers n’étaient pas les seuls à défendre le fief.
On peut aussi lire dans l’article BAN & ARRIÈRE-BAN de l’Universalis que : « Dans le système féodal, les vassaux, ou titulaires de fiefs, doivent au seigneur, donc au roi en particulier, un temps de service militaire, le service d'ost : ils forment le ban. En cas de grand péril, les seigneurs procèdent à la levée en masse de tous les hommes, vassaux et paysans : c'est l'arrière-ban, service sans limitation de durée. Dès la fin du Moyen Âge, il devient possible pour chaque fief de se racheter de ce service moyennant le versement d'une somme d'argent ; avec le produit de cet impôt, le roi entretient des mercenaires, archers ou gens d'armes, soldats de métier, qui supplantent au xve siècle l'armée féodale, disponible seulement quelques semaines par an. »
Précisons donc qu’au XIVe-XVe siècle, comme vous le voyez ci-dessus, les fiefs sont de plus en plus défendus par des mercenaires ou bien des vassaux auxquels on paye une rente pour ce faire :
« Mais tous les vassaux n'étaient pas également tenus de ces trois obligations et n'y étaient pas astreints dans les mêmes conditions. Les uns ne devaient l'ost et la chevauchée que quarante jours par an, aux frais du seigneur, tantôt seuls, tantôt avec une escorte de chevaliers qui variait suivant l'importance du fief. Les autres (ceux qui étaient engagés par l'hommage lige) devaient l'ost, à leurs frais, aussi longtemps que durait la guerre entreprise par leur seigneur. D'autres n'étaient tenus qu'à l'estage; d'autres même pouvaient se dispenser de servir en personne, moyennant une subvention en argent, proportionnelle au nombre de chevaliers qu'ils devaient fournir.
A partir du XIIIe siècle, comme le service des vassaux détenteurs de fiefs en terres était devenu insuffisant, la plupart des seigneurs multiplièrent les concessions de fiefs en argent, par lesquels ils obtenaient des nobles de leur seigneurie (et surtout de ceux qui dépendaient d'une seigneurie étrangère), moyennant une rente ou une pension viagère, un service permanent d'autant mieux assuré qu'il était soldé. » Extrait de l’article : «La société féodale. Le régime politique, sur le site Cosmovisions.
Enfin, pour répondre à votre dernière question, il faut rappeler que : « L’objet de l’obligation du seigneur présente un parallélisme très marqué avec l’objet de l’obligation du vassal. […] Le seigneur doit à son vassal protection et entretien. [...]Cela revient à dire – et tous les témoignages concordent à cet égard – que le seigneur est tenu de répondre à l’appel de son vassal, quand celui-ci est injustement attaqué, qu’il est tenu de le défendre contre ses ennemis. Cette défense peut prendre divers aspects ; elle fait quelquefois l’objet de dispositions arrêtées de commun accord entre parties. L’aspect le plus essentiel est l’aspect militaire, qui peut entraîner le seigneur à faire la guerre pour défendre son vassal. »
Qu’est-ce que la féodalité ?, François L. Ganshof p. 159- 161, que vous pouvez lire avec profit pour tout autre questionnement. Vous pouvez le retrouver en grande partie en ligne, sur Google Livres.
Voir aussi : Article Féodalité, Encyclopédie Universalis en ligne
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