Gravure en couverture de la chronique lyonnaise
PATRIMOINE
+ DE 2 ANS
Le 08/10/2015 à 07h26
296 vues
Question d'origine :
Madame, Monsieur,
La chronique lyonnaise de Jean Guéraud (1536-1562) publiée par Jean Tricou et imprimé par Audin en 1929 reprend, semble-t-il, une gravure du XVIe siècle en couverture. Cette gravure représente un cadre architecturé de fantaisie peuplé de personnages mythologiques comme Pan, Cupidon (en bas), Apollon (en haut).
J'aurais voulu savoir de quel ouvrage, très probablement lyonnais, du XVIe siècle est tirée cette gravure.
Par avance, je vous remercie de vos recherches.
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 09/10/2015 à 16h46
Bonjour,
La Chronique lyonnaise de Jean Guéraud est issue d’un manuscrit lyonnais contenant plusieurs écrits des XVIe et XVIIe siècles dont la redécouverte remonte au début du XXe siècle seulement. Compte tenu du fait qu’elle a été éditée pour la première fois en 1929 à Lyon sous les presses d’un imprimeur lyonnais passionné par l’histoire de sa ville, Marius Audin, et accompagnée d’une introduction de la main d’un érudit lyonnais également, Jean Tricou, il y a toutes les chances pour que vos suppositions soient fondées et que l’estampe vous intéressant provienne effectivement d’une matrice lyonnaise. Le style du frontispice vient conforter votre datation et semble indiquer une estampe du XVIe siècle. Cette hypothèse paraît d’autant plus fiable que la gravure choisie pour illustrer la page de titre est une œuvre de Bernard Salomon (1506/1510-1561).
Il est à noter que l’ouvrage que vous mentionnez comporte :
- un titre-frontispice ou titre à encadrement ou encore titre gravé (celui qui vous occupe)
- une page de titre proprement dite, mentionnant avec davantage de précision les éléments d’identification bibliographique de l’œuvre (ce feuillet est illustré par une vignette de Bernard Salomon).
Il ne s’agit donc pas d’une gravure « en couverture ». Le Dictionnaire encyclopédique du livre est d’un utile secours pour résoudre ces interrogations portant sur le vocabulaire technique du livre.
En partant du postulat que La Chronique lyonnaise de Jean Guéraud a bénéficié du réemploi d’une matrice ayant servi à illustrer un livre lyonnais du XVIe siècle, il apparaît utile de se tourner vers la Bibliographie lyonnaise de Baudrier. Cette dernière recense les ouvrages publiés à Lyon au XVIe siècle et présente l’avantage de renfermer des reproductions de certaines illustrations contenues dans les livres mentionnés. Il est alors possible de se livrer à un dépouillement - facilité par la présence d’une table des figures à la fin de chaque volume. Par chance, on reconnait à la page 183 du tome IX l’encadrement ayant servi pour illustrer la chronique de Jean Guéraud. Il était initialement dévolu à l’illustration de la page de titre d’une édition des Dames de Renom de Boccace, dont la Bibliothèque municipale de Lyon conserve deux exemplaires :
- Rés 373210
- Rés 389471
L’œuvre est par ailleurs numérisée dans Gallica et Google Books.
La légende de la Bibliographie lyonnaise précise que cette estampe a été réalisée par Pierre de Vase, également connu sous le nom de Pierre Eskrich (vers 1530-après 1590). Outre la consultation du Bénézit pour obtenir une biographie sommaire, la lecture des références suivantes vous apportera des éléments de connaissance sur cet artiste :
- Vanessa Selbach, « Artisan ou artiste ? La carrière de Pierre Eskrich, brodeur, peintre et graveur, dans les milieux humanistes de Lyon et Genève (ca 1550-1580) », Chrétiens et sociétés, 2011.
- Natalis Rondot, « Pierre Eskrich, peintre et tailleur d’histoires à Lyon au XVIe siècle : étude posthume », La Revue du Lyonnais, 1901.
- Maurice Audin, « Aperçus sur les ‘peintres en bois’ et les ‘tailleurs d’histoire’ au XVIe siècle à propos d’une collection de bois gravé récemment trouvée », Bulletin de la Société des Bibliophiles de Guyenne, 1967.
Dans le cas moins heureux où la Bibliographie lyonnaise n’aurait pas contenu l’image recherchée, il aurait fallu procéder comme pour toute estampe inconnue et s’attacher avant toute chose à une identification sûre de la technique (à l’aide du guide How to identify prints, par exemple). Cette démarche nous aurait naturellement amenés vers la monographie Graveurs sur bois à Lyon au XVIe siècle, dans laquelle Pierre Eskrich apparaît aux côtés d’autres artistes.
Pour finir, vous pouvez compléter votre recherche en concentrant votre attention sur Marius Audin, qui ne s’est pas contenté d’être un imprimeur mais a également pris la plume. Les impressions de Marius Audin permettent d’embrasser la richesse d’une carrière marquée notamment par la fondation du Musée de l’imprimerie. Le fonds Marius Audin y est conservé.
La Chronique lyonnaise de Jean Guéraud est issue d’un manuscrit lyonnais contenant plusieurs écrits des XVIe et XVIIe siècles dont la redécouverte remonte au début du XXe siècle seulement. Compte tenu du fait qu’elle a été éditée pour la première fois en 1929 à Lyon sous les presses d’un imprimeur lyonnais passionné par l’histoire de sa ville, Marius Audin, et accompagnée d’une introduction de la main d’un érudit lyonnais également, Jean Tricou, il y a toutes les chances pour que vos suppositions soient fondées et que l’estampe vous intéressant provienne effectivement d’une matrice lyonnaise. Le style du frontispice vient conforter votre datation et semble indiquer une estampe du XVIe siècle. Cette hypothèse paraît d’autant plus fiable que la gravure choisie pour illustrer la page de titre est une œuvre de Bernard Salomon (1506/1510-1561).
Il est à noter que l’ouvrage que vous mentionnez comporte :
- un titre-frontispice ou titre à encadrement ou encore titre gravé (celui qui vous occupe)
- une page de titre proprement dite, mentionnant avec davantage de précision les éléments d’identification bibliographique de l’œuvre (ce feuillet est illustré par une vignette de Bernard Salomon).
Il ne s’agit donc pas d’une gravure « en couverture ». Le Dictionnaire encyclopédique du livre est d’un utile secours pour résoudre ces interrogations portant sur le vocabulaire technique du livre.
En partant du postulat que La Chronique lyonnaise de Jean Guéraud a bénéficié du réemploi d’une matrice ayant servi à illustrer un livre lyonnais du XVIe siècle, il apparaît utile de se tourner vers la Bibliographie lyonnaise de Baudrier. Cette dernière recense les ouvrages publiés à Lyon au XVIe siècle et présente l’avantage de renfermer des reproductions de certaines illustrations contenues dans les livres mentionnés. Il est alors possible de se livrer à un dépouillement - facilité par la présence d’une table des figures à la fin de chaque volume. Par chance, on reconnait à la page 183 du tome IX l’encadrement ayant servi pour illustrer la chronique de Jean Guéraud. Il était initialement dévolu à l’illustration de la page de titre d’une édition des Dames de Renom de Boccace, dont la Bibliothèque municipale de Lyon conserve deux exemplaires :
- Rés 373210
- Rés 389471
L’œuvre est par ailleurs numérisée dans Gallica et Google Books.
La légende de la Bibliographie lyonnaise précise que cette estampe a été réalisée par Pierre de Vase, également connu sous le nom de Pierre Eskrich (vers 1530-après 1590). Outre la consultation du Bénézit pour obtenir une biographie sommaire, la lecture des références suivantes vous apportera des éléments de connaissance sur cet artiste :
- Vanessa Selbach, « Artisan ou artiste ? La carrière de Pierre Eskrich, brodeur, peintre et graveur, dans les milieux humanistes de Lyon et Genève (ca 1550-1580) », Chrétiens et sociétés, 2011.
- Natalis Rondot, « Pierre Eskrich, peintre et tailleur d’histoires à Lyon au XVIe siècle : étude posthume », La Revue du Lyonnais, 1901.
- Maurice Audin, « Aperçus sur les ‘peintres en bois’ et les ‘tailleurs d’histoire’ au XVIe siècle à propos d’une collection de bois gravé récemment trouvée », Bulletin de la Société des Bibliophiles de Guyenne, 1967.
Dans le cas moins heureux où la Bibliographie lyonnaise n’aurait pas contenu l’image recherchée, il aurait fallu procéder comme pour toute estampe inconnue et s’attacher avant toute chose à une identification sûre de la technique (à l’aide du guide How to identify prints, par exemple). Cette démarche nous aurait naturellement amenés vers la monographie Graveurs sur bois à Lyon au XVIe siècle, dans laquelle Pierre Eskrich apparaît aux côtés d’autres artistes.
Pour finir, vous pouvez compléter votre recherche en concentrant votre attention sur Marius Audin, qui ne s’est pas contenté d’être un imprimeur mais a également pris la plume. Les impressions de Marius Audin permettent d’embrasser la richesse d’une carrière marquée notamment par la fondation du Musée de l’imprimerie. Le fonds Marius Audin y est conservé.
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